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La RD Congo et le retour « des réfugiés » du Rwanda. Que faire ?
Par J.-P. Mbelu
Quand la guerre d’agression menée contre notre pays éclate, ses initiateurs poursuivent deux objectifs majeurs : ouvrir le Congo à l’économie mondialisée de la prédation et redessiner la carte de l’Afrique centrale pour le néocoloniser en créant de l’espace à leurs alliés Ougandais, Rwandais et Burundais. Contrairement aux apparences et aux beaux discours, ces deux objectifs demeurent. Africom pourrait participer de leur réalisation. En douceur !
Une relecture attentive de notre histoire immédiate nous enseigne que parmi les initiateurs de cette guerre se trouvent « les amis » luttant pour la relance de la CGPL, le RCD se rebellant pour que Minembwe devienne un territoire réservé aux « Banyamulenge », certains gouvernants actuels s’inscrivant dans la logique de l’organisation des élections sans recensement et sans carte d’identité, etc.
Tenez. Au moment où l’Europe se choisit un Président et que les autres grands blocs asiatiques et latino-américains se consolident pour faire face aux multiples crises de notre temps, il serait incompréhensible que les pays africains optent pour la logique de la division. Faire de l’intégration régionale ne peut être que souhaitable.
Le modus operandi
Le problème pour la région des Grands Lacs se pose, à notre avis, au niveau de la manière (le modus operandi) dont procèdent les Acteurs Pléniers de la guerre d’agression de notre pays et leurs alliés : esclavagiser nos populations dans les mines au nom des profits mirobolants à réaliser et dépeupler nos villages pour les repeupler à partir des pays voisins. Ces mécanismes fonctionnent sur fond du mépris pour l’identité congolaise, des règles du droit international et des droits humains. Surtout des droits sociaux et de certaines libertés fondamentales. Ces mécanismes atteignent leurs résultats au grand dam d’une certaine presse kinoise mettant régulièrement notre histoire immédiate entre parenthèse pour traiter des questions d’actualité comme étant des générations spontanées.
Il arrive que cette presse soit placée devant ses propres contradictions. Qu’elle soutienne d’une part que les relations entre la RD Congo et certains de ses voisins sont au beau fixe et d’autre part, elle ne s’explique pas le retour des réfugies « d’un autre genre » à partir du Rwanda, sans une pièce (d’identité) pouvant convaincre de leur appartenance au territoire Congolais. Dans le cas précis, la contradiction a atteint son comble : pendant que les populations congolaises sont dans les camps de réfugiés, leurs villages sont repeuplés.
Ce repeuplement a lieu avant que la question du recensement et celle de la carte d’identité soient résolues. Est-ce le fruit d’un hasard ? Non. Nous nous croyons à « une planification » ; planification à laquelle participe une bonne partie de gouvernants actuels : par action ou par omission.
Il est un fait que cette situation présage des lendemains agités. Nos populations dépossédées de leurs terres pourraient chercher à les récupérer par tous les moyens. La partie de gouvernants actuels participant du processus du dépeuplement-repeuplement pourrait multiplier par cent ses actes de répression pour mater « les résistants ».
Dans ce contexte, penser aux élections locales et aux autres (probables) de 2011 dans un climat apaisé devient davantage difficile.
Que faire ?
Il faut opérer une rupture dans la marche de notre pays. Cette rupture pourrait signifier, dans un premier temps, que « les résistants » de la base se réorganisent pour être « maîtres chez eux, là » comme disait Mzee Laurent-Désiré Kabila.
Cette réorganisation à la base devrait dépasser le cadre étroit, partial et partiel du parti politique. Nous avons besoin des « réorganisations » qui prennent la famille comme cellule de base de la participation politique. C’est-à-dire des « réorganisations » qui politisent les familles en leur apprenant à bâtir ensemble leur devenir commun.
Se mettre ensemble à dix familles par exemple (en mettant en pratique le principe de la liberté d’association) et se relier aux autres (dix familles) dans un quartier où les groupes de dix peuvent être multipliés par cinquante par exemple. Se donner des objectifs à atteindre à court, moyen et long terme. Se choisir, après un comité provisoire ayant permis de créer une atmosphère de confiance au sein du groupe, un comité permanent, avec un porte parole élu pour un temps précis. Instituer des élections régulières des porte-parole et exiger du comité de rendre compte en permanence du travail du collectif. Susciter une conférence permanente des porte-parole de tous les autres groupes du quartier pour la mise en commun des expériences et la reconquête du pouvoir à la base serait salutaire pour le devenir collectif.
De toutes les façons, l’expérience du multipartisme en RD Congo nous a prouvé que l’élément familial, clanique et ethnique reste très présent en son sein. Le dépassement de cet élément pour un regroupement plus large est souvent le fruit du clientélisme. En faire un usage positif pourrait recréer autrement l’esprit collectif. Il y a va de la protection de nos terres à la base. « Kutwa ne munya, nkudimukila mvula, dit-on dans ma langue maternelle ! » Tout en luttant pour que nos terres l’est ne soient pas repeuplées, organisons-nous pour que celles qui n’ont pas encore été vendues comme carrés miniers nous appartiennent effectivement. La démocratie (mal-) représentative de Kinshasa et de nos provinces a un urgent besoin d’une démocratie participative fondée sur le principe de l’auto-organisation de nos populations à partir de la famille comme cellule de base. L’exemple du budget participatif au Brésil ou celui des Conseils communaux au Venezuela devraient nous inspirer si nous voulons que la démocratie devienne réellement le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Le dépassement du parti politique moderne et de la société civile à l’occidentale s’impose surtout au niveau des élites politiques et intellectuelles. A notre humble avis, nous, Congolais(es) avons besoin d’un grand mouvement populaire où les clivages liés à nos différentes appartenances politiques, religieuses et idéologiques peuvent être tirées vers le haut. Un mouvement populaire orienté par un leadership collectif né de la base et en synergie constante avec elle ; et battant en brèche la navigation à vue à quelque niveau de l’organisation sociétale que ce soit.