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Par Abidjan.net
La question de la révision constitutionnelle est au centre de grands enjeux à l’Assemblée nationale et au Sénat de la République démocratique du Congo. Cette révision est initiée par un groupe de trois députés issus des rangs de la majorité au pouvoir.
Selon ces députés, en raison de l’environnement sociopolitique de la Rdc, la Constitution en vigueur depuis le 18 février 2006 est dépassée et « sa mise en application a dévoilé des lacunes et des zones d’ombre qu’il importe de combler et d’éclairer afin de la rendre plus cohérente, plus opérationnelle et plus efficace ». La population s’attendait donc à un grand débat à l’hémicycle du Palais du peuple, siège du Parlement, surtout que parmi les huit articles visés figuraient l’article 71 alinéa 1 relatif au mode de scrutin présidentiel. Et au lieu d’un débat contradictoire, les députés ont préféré faire usage des muscles, d’où cette bataille rangée majorité – opposition qui n’a pas été sans conséquence sur l’image de l’institution parlementaire de la Rdc. Les initiateurs de la thèse de la révision du mode du scrutin présidentiel faisaient remarquer qu’à la présidentielle de 2006, les contraintes matérielles et techniques avaient entraîné le report du 2ème tour qui n’a pas été organisé dans le délai constitutionnel. Par ailleurs, la cristallisation de la compétition sur deux candidats a conduit non seulement à une bipolarisation du pays épousant le contour politico géographique Est- Ouest, mais aussi à des affrontements armés graves ayant causé des pertes en vies humaines. La majorité a également soutenu qu’une élection présidentielle à un seul tour présente le double avantage non seulement de la simplification et de la rapidité, mais aussi de la réduction significative du coût de l’élection présidentielle en ce moment où les finances de la Rdc sont peu reluisantes.
Une opposition mobilisée
Pour l’opposition, qui a brillé par une absence remarquable lors du vote, la proposition de la mouvance présidentielle de ramener le scrutin présidentiel à un tour est « une dangereuse démarche, rétrograde dont l’unique objectif est d’organiser la tricherie à grande échelle ». L’un des ténors de l’opposition, François Mwamba, affirme que cette révision constitutionnelle « participe à une dynamique de confiscation de tous les pouvoirs par un seul individu » : Joseph Kabila.
Selon « La République », un journal paraissant à Kinshasa et proche de la mouvance présidentielle, pour contrer la révision constitutionnelle, Francois Muamba a sollicité les moyens à la Monusco (Mission de l’Onu pour la stabilisation du Congo). « Au lendemain de l’adoption de la révision constitutionnelle », affirme ce journal dans son édition 357, « F. Mwamba n’a pas trouvé mieux que de solliciter à la Monusco la disponibilisation des moyens en faveur de l’opposition afin de permettre à cette dernière de mener une mission d’explication à travers le monde ». Dans la même perspective de bloquer cette révision, Vital Kamerhe, l’ancien patron du parti présidentiel passé corps et bagage dans l’opposition, a initié une pétition. Ses émissaires éparpillés à travers le pays récoltent des signatures pour faire annuler la révision constitutionnelle du 20 janvier 2011. Le Cardinal Laurent Monsengwo, dont les déclarations sont perçues comme celles de l’Eglise catholique, partage la même lecture que l’opposition. Il a laissé entendre à ce sujet que les arguments de la majorité ne sont pas convaincants. « Il faut que le président de la République ait suffisamment d’assises dans le pays, qu’on le reconnaisse partout, qu’il ait au moins 50% plus une voix, c’est-à-dire 51% », a-t-il soutenu en faisant remarquer qu’un président de la République élu avec 20% par la population. Néanmoins, l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en congrès conformément à l’article 218, alinéa 3 de la Constitution, ont approuvé la proposition sans les membres de l’opposition. Désormais, le président de la Rdc sera élu à un seul tour du scrutin. La position prise par la communauté internationale qui considère qu’il s’agit d’une affaire de politique intérieure dans laquelle elle n’a pas à s’ingérer, réconforte les « révisionnistes » et pourrait avoir un effet démobilisateur sur la campagne de collecte des signatures initiées par l’opposition.
Si certains analystes politiques soutiennent que le président sortant Joseph Kabila est le grand favori des joutes électorales de 2011, au regard de l’incapacité de l’opposition à s’accorder sur une candidature unique, certains proches du Raïs congolais pensent que le risque est partagé. Rien n’est acquis d’avance.
Leonard Buketi Correspondant à Kinshasa
Courrier d’Afrique
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