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Le débat prévu sur la motion de censure contre Muzito a fini en queue de poisson. Le retrait par l’opposition de sa motion contre le Premier ministre suscite divers commentaires dans les colonnes des journaux kinois qui bien sûr ne s’accordent pas sur la manière dont il faut l’interpréter. Les uns insistent sur le fait que le pouvoir est en face d’une opposition dont l’incapacité à jouer son rôle de contrepoids est avérée. Les autres estiment que le pouvoir a évité la critique sinon par la force, au moins par la menace. Une chose est certaine : éviter un débat ne fait jamais que le reporter, lui donner de l’importance et l’envenimer !
Dans le courant de l’après-midi d’hier tout le monde est resté perplexe devant l’annonce faite par Radio Okapi : « Au cours d’une courte plénière tenue ce mercredi 19 mai à l’Assemblée nationale, le député de l’opposition François Mwamba a retiré la motion de censure contre le gouvernement Muzito indiquant que les conditions ne sont pas réunies pour l’examiner, sans préciser lesquelles. Consécutivement à cette déclaration, le président de l’Assemblée nationale, Evariste Boshab a levé la séance puisqu’il n’y avait plus matière à discussion ».
Il fallait entendre par là que des militants des partis politiques de la majorité et de l’opposition avaient pris d’assaut le balcon de la salle du Congrès dans un grand vacarme, scandant des slogans favorables ou défavorables au Premier ministre Adolphe Muzito. S’agissait-il seulement de chahut, ou des actes de violence étaient-ils à craindre ? Quelle en aurait été la gravité ? On l’ignore. On parle de dégâts au Palais du Peuple, sans en préciser l’étendue.
« Devant ce spectacle, dit encore RO, Evariste Boshab a sèchement interpellé le Gouvernement. Le président de l’Assemblée nationale a accusé la classe politique congolaise, dont les membres du gouvernement font partie, d’instrumentaliser les militants des partis politiques ».
«Coup de théâtre au Palais du peuple. La motion de censure contre Muzito retiré ! ». C’est le titre qui barre la manchette du Phare. Il note qu’alors que toute l’attention de l’opinion nationale et étrangère était focalisée au Palais du peuple où les députés nationaux devaient débattre de la motion de censure adressée au Premier ministre Adolphe Muzito et son gouvernement, quelle n’a pas été la surprise de constater que l’unique matière inscrite à l’ordre du jour de la plénière venait de tomber caduque. Selon Le Phare, tous les scénarii pouvaient être imaginés, sauf le retrait de la motion de censure contre le Premier ministre et son gouvernement, initiée par l’opposition et qui a été déposée au bureau du président de l’Assemblée nationale, le vendredi 14 mai 2010 vers 10h 00. Pour quelques membres de la majorité contacté par ce journal, cette démarche cache en fait l’échec éventuel que l’Opposition allait encore une fois essuyer face à la majorité.
(Cette interprétation du Phare a de quoi étonner, puisque l’issue du vote ne paraissait pas jouée d’avance, et que, si on na pas compté avec précision le nombre de « manifestants » appartenant à tel et tel parti politique, il semble clair que le PALU était représenté par un fort bataillon, ce qui dirige plutôt les soupçons sur la Majorité ou pourrait inspirer l’idée qu’au sein de celle-ci, le parti de Muzito, ou le PM en personne, ont pu juger bon d’empêcher un débat où ils ne se sentaient pas sûrs du soutien inconditionnel de l’AMP. NdlR)
Un certain nombre de journaux avancent que l’Opposition aurait recouru à des méthodes pour le moins douteuses pour introduire sa motion. Le « chahut aurait simplement servi à François Mwamba de prétexte honorable pour retirer la motion sans perdre la face.
C’est ce que dit, par exemple, L’Observateur : « Il convient par ailleurs de signaler que la véritable raison à la base de la décision de retrait de la motion de censure se trouve être l’irrégularité constatée dans la liste des signataires de ladite motion, irrégularité que François Mwamba n’a pas voulue évoquer dans sa motion de procédure, ni le président de l’Assemblée nationale qui a eu à lever la séance après l’intervention de F. Mwamba sans même y faire référence. Dans cette liste sensée comporter 126 signatures, il a été relevé des cas de dédoublement de signatures.
« En effet, deux noms des députés et leurs signatures ont été repris deux fois, ramenant ainsi le nombre de signataires à 124 alors que le nombre requis pour la motion est de 125.
« S’agit-il là d’une erreur ? Telle est la question que beaucoup se sont posée. Pour leur part, certains députés de l’opposition qui ont été interrogés estiment que dans tous les cas, le retrait de la motion est conforme au règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
« De leur côté, des députés de la majorité ont accusé l’opposition d’avoir tenté de faire passer la motion par tricherie tout en se servant des incidents provoqués par les militants du Palu comme prétexte pour expliquer le retrait de la motion de censure.
« L’on apprend à ce sujet que François Mwamba avait été prié par ses collègues au cours de la conférence des présidents qui a précédé la plénière d’hier de retirer la motion suite à l’irrégularité déplorée, mais il aurait refusé, préférant le faire à la plénière. »
AfricaNews donne « les raisons cachées de la démarche de l’opposition ». Ce journal rapporte que la motion de censure était un pétard très mouillé. L’opposition incapable de réunir les 125 signatures a employé des méthodes peu orthodoxes qui ont fini par la rattraper. Au finish, elle a trouvé un bouc émissaire pour éviter l’opprobre. AfricaNews en déduit que l’alternance ce n’est pas pour demain. Et en face du pouvoir il y aurait un vide criant.
Dans le même registre, Le Palmarès affirme que l’opposition constitutionnelle s’est rendue coupable de tricherie en dédoublant des noms, en changeant de signature et en signant à la place d’autrui sans mandat. Ainsi, le député Marcel Tshibuyi a signé sur deux listes différentes en changeant de signature. L’honorable Valentin Bope a, lui, signé sur la même liste mais en essayant de jongler avec son nom. Bref, loin de s’être sentie en insécurité, l’opposition a plutôt eu honte d’être démasquée en public.
Sous le titre : « Echec du coup contre Muzito », La Prospérité relève que sur la liste de 126 signatures enregistrées, le Bureau de l’Assemblée nationale aurait déniché deux députés qui ont signé deux fois. Il s’agit des députés Marcel Tshibuyi et Valentin Bope Bope Shamba. Un troisième, en la personne du député Patrick Mazembele, affirme n’avoir pas signé. Qui l’a fait à sa place ? Mystère.
L’Avenir émet le souhait de voir le procureur général se saisir de ce dossier. Cela en vaut la peine dans la mesure où des députés législateurs et violeurs de la loi, ne sont plus que des « kuluna en cravate ». (On ne peut que souhaiter un bon fonctionnement de la justice. La RDC n’est elle pas un état de droit ? Euh… Bon ! Mais pourquoi se focaliser sur les députés de l’Opposition, alors que le Premier Ministre a tout l’air d’avoir recouru à des « militants musclés » pour gêner les travaux parlementaires, ce dont se plaint un personnage aussi peu suspect d’opposition qu’Evariste Boshab. De plus, une action judiciaire devrait en principe déjà être en cours, du fait de conduites délictueuses dénoncés à charge du PM, et de la plainte de celui-ci pour diffamation. Singulière myopie. NdlR)
Pour Le Soft, qui titre « La honte », l’affaire de la motion Bussa était prise très au sérieux par l’Amp, elle aura été une vraie boulette pour l’opposition. Il note que ce n’est pas Muzito qui a gagné, c’est la démocratie qui a perdu. Depuis 10 jours, l’opposition avait réussi à tenir la dragée haute à l’opinion, voici que devant la Nation entière, elle capitule, incapable de transformer un essai pourtant victorieux. L’opposition avait menti dès le départ. Elle jouait au poker menteur. Elle a menti sur le nombre de signatures collectées qui aurait rendu la motion valide et ils ont fait perdre du temps, de l’énergie à tout le monde. Comment François Muamba qui se voulait un destin national a-t-il été incapable de déceler ses propres pièges, de démêler le faux du vrai ? That is the question.
Le Potentiel s’efforce de la manière suivante de discer ner les causes et les conséquences de l’affaire :
« CAUSES : La première interprétation qui pourrait expliquer le retrait de cette motion par l’Opposition, c’est qu’elle s’est rendue à l’évidence qu’elle ne récolterait pas les avis favorables avec cette probabilité que certains signataires se dédisent. Aussi, l’Opposition a-t-elle jugé utile d’arrêter le processus pour qu’il n’y ait pas match. Dans ce cas, l’on n’exclut pas l’hypothèse que certains d’entre eux auraient été « courtisés » et qu’au résultat du vote, l’on n’aurait pas retrouvé le même nombre de signatures, c’est-à-dire moins que 126. Pour n’être pas allée au bout de sa logique, l’Opposition a fait preuve d’irresponsabilité politique. « La deuxième interprétation c’est que depuis le dépôt de cette motion sur la table du Bureau de l’Assemblée nationale, l’Opposition aurait été intensément intimidée. Intimidation qui s’est poursuivie jusque mercredi dans la salle, le président de cette institution ayant été même victime de cet acte de vandalisme. Prise de peur, l’Opposition a préféré retirer sa motion. « Mais il s’agit d’une cause externe qui ne devrait pas du tout aboutir au retrait. L’Opposition a mal joué alors qu elle devrait prouver à l’opinion publique que le gouvernement gère mal et use des manières peu tout orthodoxes.
« Enfin, la troisième interprétation, c’est de surprendre les militants de ce parti en faisant en sorte que la séance se termine en queue de poisson, en quelque sorte. Car dès cet instant de la levée de la séance, ils ont difficile à imaginer la suite des événements. Sans effet sur la démarche initiée par l’Opposition.
« LES CONSEQUENCES : La première conséquence est que la coalition AMP pourrait voler en éclats. En effet, les accusations du président de l’Assemblée nationale ont été directes. Il a rendu responsable le gouvernement des incidents commis au Palais du peuple et, bien plus, s’en est pris aux militants du PALU qui n’ont pas hésité à « agresser » un partenaire, le PPRD, le parti – phare de l’AMP. Pour quel objectif ? La boulimie des privilèges du pouvoir ?
« La deuxième conséquence qui découle de la première, c’est que la « guerre inter-institutionnelle » est désormais déclarée. Fini les passes d’armes que l’on observait jusqu’ici entre les deux institutions. En décrétant la suspension des plénières jusqu’à ce que le gouvernement ait réparé les dégâts causés, le président de l’Assemblée nationale a exprimé le ras-le-bol de tous les parlementaires face à des pratiques inadmissibles du gouvernement dans la gestion des affaires de l’Etat. Il a franchi le Rubicon.
« A ce stade, le ciel politique congolais est nuageux. Ces relations tendues n’accoucheront pas du tout d’un travail de qualité. Plus grave, l’on a là la preuve irréfutable que les dirigeants n’ont aucune considération pour le peuple congolais. Sinon, ils ne se seraient pas permis ce spectacle indigeste ».
Toujours d’après le Potentiel, le conflit Gouvernement/Parlement étant désormais avéré, il ne serait pas impossible que les Chambres soient dissoutes.