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Sanctions- Rwanda : Bruxelles entraînera-t-elle l’UE ?

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Par Lalibre

La question des sanctions contre Kigali sera examinée le 19 novembre.

Didier Reynders- Ministre des affaires Etrangeres Belge

-Alors que le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a annoncé sur Twitter, dimanche, la suspension de la coopération militaire belge avec le Rwanda en raison de son soutien à la rébellion congolaise du M23 (1 200 à 1 500 hommes), d’éventuelles sanctions contre Kigali seront examinées, plus largement, lors du prochain conseil des ministres européens des Affaires étrangères, à Bruxelles, le 19 novembre.

Ce durcissement de la réaction internationale au rôle joué par le Rwanda chez son voisin congolais survient alors que Kigali s’entête à nier son rôle auprès du M23, malgré le rapport d’experts onusiens et les aveux de rebelles aux mains de la Monusco (casques bleus au Congo).

Le M23 a remporté plusieurs succès à ses débuts, au Nord-Kivu, mais semble avoir arrêté toute progression depuis septembre : on ne signale plus de ralliements à sa cause et il n’a guère conquis de territoire, alors qu’il multiplie les exactions contre la population, y compris tutsie – en défense de laquelle ont été formulées certaines des revendications du groupe mutin. La caractéristique de cette rébellion est d’ailleurs qu’elle ne dispose pratiquement pas de soutien populaire et qu’elle n’a pu se rallier de chefs coutumiers.

Des observateurs, au Congo, notent que Kigali a aussi tenté de susciter des violences au Sud-Kivu. On signale ainsi que les Rwandais ont fait venir “plusieurs” Banyamulenge (Tutsis du Sud-Kivu) du Canada et tenté de susciter une alliance entre cette population de pasteurs qui s’est rebellée à plusieurs reprises, ces dernières années, et les Maï Maï Yakutumba (groupe armé local). En vain – car les populations du Kivu en ont plus qu’assez de la guerre. “Même la campagne de recrutement de l’armée congolaise ne marche pas”, malgré l’absence d’emplois pour les jeunes, souligne une de nos sources.

De là à conclure que si le Rwanda lui coupait les vivres, le M23 n’existerait plus, il n’y a qu’un pas, que les Occidentaux semblent en passe de franchir, alors que le 1er janvier prochain, le Rwanda aura voix délibérative au Conseil de sécurité de l’Onu, où il espère vraisemblablement pouvoir bloquer certaines accusations contre lui. Le Rwanda s’y trouve parce qu’aucun autre pays africain n’était sur les rangs pour lui disputer la place…

Si, à Kinshasa, on n’a pas eu la présence d’esprit de présenter la candidature du Congo à ce poste tournant mais stratégique, on n’en a pas moins clairement décidé de ne plus céder aux revendications armées des Tutsis congolais. En 2003-2005, ceux de ces derniers qui faisaient partie de l’armée rebelle du RCD-Goma ont été engagés par l’armée congolaise au sein de “Brigades intégrées” . Laurent Nkunda avait toutefois, avec quelques autres officiers ex-rebelles tutsis, refusé de prêter serment au président Joseph Kabila en raison de revendications non satisfaites et une nouvelle rébellion était née, le CNDP (Congrès national pour la défense du peuple).

En 2007, une nouvelle tentative de les intégrer à l’armée, le “mixage”avait fait long feu et le CNDP, reparti en guerre, avait failli prendre Goma, avant d’y renoncer sur pression de Kigali. En 2009, des accords entre Kigali et Kin-shasa mettaient sur pied une collaboration militaire entre les deux pays pour mettre hors d’état de nuire les FDLR (rebelles hutus rwandais issus des génocidaires, parfois utilisés comme supplétifs par l’armée congolaise), tandis que le Rwanda incarcérait Laurent Nkunda et poussait son remplaçant, Bosco Ntaganda, à rallier l’armée congolaise. Au passage, le président de l’Assemblée nationale à Kinshasa, Vital Kamerhe, passera à la trappe pour avoir critiqué cet accord, grâce auquel 7 000 CNDP ont intégré les rangs de l’armée nationale.

Au printemps, toutefois, redoutant d’être livré par Kinshasa à la Cour pénale internationale (pour des méfaits antérieurs), Bosco Ntaganda s’était mutiné avec 300 hommes; Kinshasa avait répliqué en arrêtant les opérations anti-FDLR – au grand mécontentement de Kigali. Le 6 mai, Ntaganda disparaissait de la scène et le M23 était officiellement créé. Mais la “mayonnaise” n’a jamais pris, même appuyée sur le non-respect par Kinshasa de certaines clauses des accords de 2009.

Kigali semble engagé sur une voie sans issue.

Marie-France Cros