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SE TENIR DEBOUT – DRESSONS NOS FRONTS LONGTEMPS COURBÉS (Réflexion sur le cinquantenaire de la RDC)


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Par Albert R. Teuwen

La République démocratique du Congo marquera ses 50 ans d’indépendance ce 30 juin 2010. C’est une étape remarquable pour un pays. Loin du pays, j’ai pris cette résolution d’écrire une série d’article d’ici le 30 juin pour vous offrir à vous mes compatriotes ma petite contribution personnelle. Je vis à Ottawa (Canada) et bien à chaque fois que je lis un journal je ne peux m’empêcher d’associer certains articles à la situation du Congo. Est-ce que je vais parvenir à travers mes réflexions à éveiller les consciences, à éduquer ou encore à nous motiver? Bonne lecture et bonne réflexion.

1. Hommage au camarade MC

MC, vous avez maintenu intacte, toute votre vie, cette flamme de l’indignation et vous avez agi en conséquence. Vous auriez pu à mille reprises prendre un repos mérité et recevoir des louanges comme personne d’entre nous n’en méritera jamais, mais vous avez continué. Rien n’était artificiel, hypocrite ou intéressé chez vous. Vous osiez critiquer le capitalisme et suggérer aux gens pauvres de s’organiser! Votre intolérance face à la misère humaine et aux injustices était réelle, viscérale…

Tout au long de votre vie, vous vous êtes battu pour les travailleurs, les démunis, les exploités et les accidentés du travail. Votre honnêteté et votre intégrité ont aussi été évoquées à plusieurs reprises parmi les personnes qui vous rendaient un dernier hommage le samedi 17 avril 2010 à Longueuil. Pour vous, la prise du pouvoir par le peuple pouvait se faire de deux manières: par les armes ou par les urnes. C’est cette dernière option que vous avez choisi, et qui fait de vous, défenseur des plus faibles, un démocrate.

Lors de votre discours du 1er mai, en 1969, vous disiez que pour transformer la société, il ne faut pas l’«attaquer tranquillement et de temps à autre et à peu près», mais bien de l’attaquer «régulièrement et constamment, sans aucun répit». Vous aviez ajouté que la voie de la légalité «qui favorise une minorité au détriment d’une majorité» n’est pas celle qui est à suivre, car c’est dans l’illégalité qu’est né, qu’a grandi et que devra continuer de vivre le mouvement syndical (ou tout mouvement de libération) s’il veut défendre efficacement les prérogatives du peuple.

C’est ailleurs que votre irréductible patrimoine se trouve. Votre héritage se trouve dans cette lutte pour la liberté et la dignité que la petite bourgeoisie (les nouveaux colonisateurs du peuple Congolais) tente de laminer et de nier, mais plutôt dans la résistance des contestataires, des protestataires et des révolutionnaires. Le nationalisme de MC s’avère être de la même veine anticolonialiste et révolutionnaire que celui de Franz Fanon. Qui ose aujourd’hui dans l’espace public de parler encore de classe ouvrière, de bourgeoisie, de socialisme, de révolution?

Les paragraphes précédents sont des extraits de plusieurs articles écrits rendant hommage à Michel Chartrand, combattant et syndicaliste qui a marqué durant plusieurs décennies l’histoire sociale du Québec. Il a porté avec tant de passion et tant de fougue le flambeau syndical. Si les organisations syndicales au Québec ont obtenues des gains substantiels et une amélioration des droits et des conditions salariales de la classe ouvrière québécoise c’est grâce entre autre à ce grand homme qu’a été Michel Chartrand et grâce à sa lutte constante pour la classe ouvrière.

2. Très très bref historique du Congo belge (Source Wikipedia)

Le début de la colonisation du Congo est marqué par la prise de possession du pays par le roi Léopold II de Belgique (1885) en son nom propre. Lors du décès de Léopold II en 1908, le Parlement belge reprit la tutelle sur le territoire de ce qui allait désormais s’appeler le Congo belge. Une colonisation plus “classique” se met en place pour mieux exploiter les ressources requises pour l’industrialisation de la Belgique et de l’Europe. La domination et l’exploitation officielle par les Européens durèrent des années 1880 jusqu’à l’indépendance en 1960.

La situation de la population s’améliora graduellement : un réseau d’institutions sanitaires permit de faire reculer les maladies et la malnutrition, l’enseignement fut développé, et le pays fut mis en exploitation, avec notamment la découverte des formidables ressources minières du Congo. Le travail forcé persista cependant sous diverses formes jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, et le contrôle de la population se structura, ayant notamment recours au fichage ethnique et à des méthodes d’apartheid.

Une émancipation de la population, notamment par l’accès à des études supérieures, ne fut envisagée qu’à l’aube de l’indépendance en 1960. De nombreuses personnalités du Congo se dressèrent contre cette oppression dès son origine. C’est l’exemple de Nzinga Nkuwu, Mpanzu a Nzinga, plus tard de Kimpa Vita jusque Simon Kimbangu.

Les Belges pensaient avoir trouvé le système parfait pour justifier leur présence permanente tout en gardant l’estime des Congolais.

L’image de l’ordre parfait était donnée par une amélioration microscopique et lente mais continue du niveau de vie. Mais sous cet ordre en surface se développaient des revendications de plus en plus fortes venant de tous les Congolais, peu importe leur appartenance ethnique et religieuse. Les intellectuels de l’époque seront les premiers nationalistes et seront reconnus comme les pères de notre indépendance malheureusement leur attention n’étaient que focalisés sur l’obtention du pouvoir politique.

Le Congo obtient donc le 30 juin 1960 son indépendance, sa souveraineté n’était essentiellement que politique. Cette «petite indépendance» politique devait servir de tremplin pour permettre aux nouveaux parlementaires élus, par le peuple et en particulier par sa classe ouvrière, de donner au Congo tous les outils et leviers requis pour obtenir sa «véritable indépendance» (indépendance économique, indépendance monétaire, indépendance sécuritaire et militaire, indépendance alimentaire, indépendance industrielle et technologique, indépendance culturelle, etc.).

3. Quel sera mon héritage, ton héritage et notre héritage

Pourquoi est-ce que nous, Congolais et Congolaises de bonne volonté et de toutes les générations, avons tout simplement négligé d’enseigner à nos enfants la vraie histoire des pères de l’indépendance, de leurs luttes et de leurs sacrifices? Quels étaient les objectifs de leurs luttes? Est-ce que le peuple Congolais lutte encore aujourd’hui pour éliminer les mêmes injustices et mêmes discriminations 50 ans après notre indépendance?

Pourquoi est-ce que nous, Congolais et Congolaises de bonne volonté et de toutes les générations, n’avons plus ce courage, cette audace, cette honnêteté intellectuelle de dénoncer avec véhémence les injustices sociales qui affligent le peuple Congolais? Une injustice demeure une injustice, peu importe qu’elle a été commise à l’époque coloniale belge ou encore à l’époque de nos gouvernements dirigés par nos propres frères et sœurs depuis les 50 dernières années. Sommes-nous tout simplement devenus complaisants à l’égard de nos dirigeants actuels?

Pourquoi est-ce que nous, Congolais et Congolaises de bonne volonté et de toutes les générations, n’avons plus cette fougue et cette passion pour lutter et pour nous sacrifier pour la défense des droits de nos compatriotes les plus démunis soit la classe ouvrière, les pauvres, les défavorisés, les vétérans, les veuves, les enfants abandonnés, etc.? Avons-nous tout simplement perdu confiance en nos moyens? Ô peuple ardent. Par le labeur. Nous bâtirons un pays plus beau qu’avant. Dans la paix.

Pourquoi est-ce que nous, Congolais et Congolaises de bonne volonté et de toutes les générations, allons nous contenter simplement de nous attaquer aux injustices sociales comme le disait Michel Chartrand «tranquillement et de temps à autre et à peu près» au lieu de nous attaquer aux injustices sociales avec persévérance, ténacité et furie «régulièrement et constamment, sans aucun répit»?

Nous, Congolais et Congolaises de bonne volonté et de toutes les générations, quel sera notre héritage au terme de nos vies, est-ce que nos compatriotes et en particulier toute sa classe ouvrière, viendront un jour nous rendre un dernier hommage tout comme ce vibrant hommage rendu à Michel Chartrand, syndicaliste, humaniste et défenseur impénitent de la classe ouvrière québécoise? Est-ce nous allons nous tenir DEBOUT? Est-ce que nous allons DRESSER nos fronts?

Trente juin, ô doux soleil. Trente juin, du trente juin. Jour sacré, soit le témoin. Jour sacré, de l’immortel. Serment de liberté. Que nous léguons. À notre postérité. Pour toujours. Quel sera donc mon héritage, ton héritage et notre héritage?

Salutation patriotique et bonne réflexion.