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Par Le Vif
-Les affrontements continuent entre les forces gouvernementales de la République démocratique du Congo et les mutins du Mouvement du 23 mars (M23).
Le Comité International de la Croix Rouge donne l’alarme. La situation humanitaire et la sécurité de milliers d’habitants de la province du Nord-Kivu deviennent de plus en plus imprévisibles et précaires en raison des affrontements qui se poursuivent entre les forces gouvernementales de la République démocratique du Congo (FARDC) et le Mouvement du 23 mars (M23), a déploré mercredi le Comité International de la Croix Rouge (CICR).
Ces derniers jours, le CICR et la Croix-Rouge de la République démocratique du Congo (CRRDC) ont évacué du territoire du Rutshuru vers Goma, 32 blessés de guerre (31 militaires et 1 civil) qui nécessitaient des soins d’urgence. « La violence touche d’autres territoires de la province, au nord de Ntoto, dans le Masisi par exemple, a déclaré Frédéric Boyer, chef de la sous-délégation du CICR à Goma. À cet endroit, nous avons pu évacuer deux femmes malades et quatre blessés de guerre par hélicoptère. Nous avons également évacué quatre enfants séparés de leurs parents, dont un bébé dont la mère a été tuée».
Toujours dans le Masisi, 17 500 personnes déplacées à Katoyi ont reçu le 6 juillet dernier des biens de première nécessité incluant des bâches et des couvertures. Dans le sud du territoire de Lubero, au nord de la province, trois personnes capturées et remises au CICR ainsi qu’un blessé de guerre ont pu être évacués de la zone de combats par le CICR.
« Aujourd’hui, dans les territoires où les troupes du M23 et des FARDC sont présentes, certaines personnes ont fui les combats, mais d’autres commencent à revenir. Pour répondre au plus vite aux besoins les plus pressants, nos équipes de spécialistes en santé, eau et hygiène notamment, sont auprès des populations des villes de Bunagana, Kinyoni, Ntamugenga, et Kiwanja et des alentours », poursuit Frédéric Boyer.
Afin d’éviter tout risque de propagation du choléra qui sévit actuellement dans la région de Rwanguba, le CICR a approvisionné l’hôpital de cette localité en eau potable. Le fait que toutes les parties en conflit reconnaissent le CICR comme étant un acteur humanitaire neutre et indépendant est essentiel pour agir en faveur de ceux qui en ont le plus besoin. Dans la province du Nord-Kivu, les délégués du CICR poursuivent également leurs visites aux personnes détenues en raison du conflit, afin d’évaluer les conditions de détention et le traitement réservé qui leur est réservé.
Le CICR continue de rappeler à toutes les parties du conflit qu’elles ont l’obligation de respecter les blessés, les personnes détenues et les civils, ainsi que leurs biens.
Le Mouvement du 23 mars (M23)
Le M23 est constitué d’ex-combattants de la rébellion tutsi congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrés dans les forces armées de la République démocratique du Congo, dans le cadre d’un accord de paix avec Kinshasa signé le 23 mars 2009.
Le M23 réclame la pleine application de cet accord, dénonçant notamment les conditions de vie des militaires.Le général Bosco Ntaganda, ex-chef d’état-major du CNDP, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour recrutement d’enfants soldats, est accusé d’être à la tête de la mutinerie.
Par contre, le M23, dirigé officiellement par le colonel Sultani Makenga, ex-N.3 du CNDP, a toujours démenti tout lien avec Ntaganda.Au cours des deux dernières semaines, les mutins sont passés de 1 000 à 2 000 combattants et ont pris plusieurs localités. Ce regain de violence a fait plus de 200 000 déplacés et plus de 30 000 réfugiés au Rwanda et en Ouganda.
La réaction de la communauté internationale
L’Union européenne s’est déclarée, ce mardi 10 juillet, « très préoccupée » par la situation dans l’est de la RDC. Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, a appelé le Rwanda à « cesser tout soutien aux groupes armés » actifs dans la région. Le Rwanda a été pointé du doigt par le gouvernement congolais à la suite des rapports de l’ONU et d’organisations non gouvernementales affirmant que Kigali soutenait le M23.
Les Nations unies, de leur côté, se sont montrées préoccupées par des informations persistantes selon lesquelles les mutins du M23 reçoivent « de l’aide extérieure et sont bien armés, équipés et entraînés ».Une réunion interministérielle des pays de la région des Grands Lacs est prévue pour aujourd’hui, à Addis-Abeba pour tenter de réduire précisément la tension entre Kinshasa et Kigali.
Le Vif.be avec Belga