Le Danemark a déjoué un projet d’« attaque » sur son sol contre des opposants au régime iranien, a affirmé, mardi 30 octobre, le chef de la diplomatie danoise, Anders Samuelsen. L’ambassadeur d’Iran à Copenhague a été convoqué dans l’après-midi au ministère des affaires étrangères.
« Le Danemark ne peut, en aucune façon, tolérer que des individus liés aux services de renseignement iraniens fomentent des attaques contre des personnes, a protesté M. Samuelsen, lors d’une conférence de presse à Copenhague. C’est le gouvernement iranien, c’est l’Etat iranien qui est derrière. »
De son côté, le premier ministre danois, Lars Lokke Rasmussen, a jugé sur son compte Twitter« inacceptable que l’Iran ou tout autre Etat étranger fomente des assassinats sur le sol danois » et fait savoir que « des mesures contre l’Iran [seraient] discutées au sein de l’Union européenne ». Un porte-parole de la diplomatie iranienne cité par l’agence officielle Irna a réfuté ces accusations, accusant les ennemis de l’Iran de vouloirnuire à ses relations avec l’Europe.
Attentat déjoué en France
Selon les services du renseignement du pays scandinave, au moins un individu lié au renseignement iranien, arrêté le 21 octobre, projetait un attentat contre trois membres présumés du Mouvement arabe de lutte pour la libération d’Ahvaz résidant au Danemark. Cette organisation est soupçonnée par Téhéran d’avoir participé à un attentat contre un défilé militaire qui avait fait 24 morts le 22 septembre à Ahvaz, capitale de la province iranienne du Khouzestan (sud-ouest).
Fin septembre, Téhéran avait accusé le Danemark, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne « d’héberger certains membres du groupe terroriste » que l’Iran accuse d’être responsable de l’attentat.
Ce projet d’attentat au Danemark rappelle l’annonce à la fin du mois de juin des autorités françaises, qui auraient également déjoué un attentat organisé par les services de renseignement de Téhéran, visant un rassemblement en France d’un groupe d’opposants iraniens. Un couple belge d’origine iranienne avait notamment été arrêté à Bruxelles en possession de 500 grammes de TATP, un explosif artisanal très instable, et un diplomate iranien, contact de ce couple, avait alors été interpellé en Allemagne.
Deux semaines avant les élections de mi-mandat, le New York Timesrévélait que le ministère de la santé américain avait proposé de définir très strictement l’identité sexuelle comme étant liée aux organes sexuels à la naissance, ôtant aux personnes transgenres la possibilité de se fairereconnaître officiellement.
Cette mesure, si elle est adoptée, ne constitue qu’une des attaques supplémentaires de l’administration Trump contre plusieurs mesures protégeant les personnes transgenres et la communauté LGBT+ (lesbienne, gay, bi, trans…) en général.
C’est pour répondre à ces attaques qu’une vague de candidats aux couleurs arc-en-ciel s’est lancée et a décroché des investitures pour les élections du 6 novembre. Il n’y a actuellement qu’un sénateur, six élus à la Chambre des représentants et une gouverneure (Kate Brown, dans l’Oregon) qui se réclament de la communauté LGBT+, rapporte le Victory Institute, qui se présente comme la seule organisation à œuvrer pour l’élection de personnes ouvertement LGBT+. Cette année, près de 400 candidats de la communauté LGBT+ sont en course pour des postes, alors qu’ils n’étaient que 250 lors des élections de 2016. Parmi eux, seize le sont pour un poste de gouverneur ou au Congrès.
« Les candidats issus de la communauté LGBT+ se présentent en nombre parce qu’ils en ont assez des attaques venant de la Maison Blanche et des législatures d’Etat », confirme Elliot Imse, chargé de la communication du Victory Fund. Il ajoute : « Ils se présentent aussi parce qu’ils ont vu qu’il était possible de se faire élire dans plein d’endroits. »
Comme pour la vague féminine, la vague LGBT+ est unilatérale, ou presque, le Parti républicain étant en retard. « Les politiques anti-LGBT+ menées par la Maison Blanche ont pour conséquence que peu de membres de cette communauté se présentent ouvertement aux élections primaires républicaines. Et lorsqu’elles le font, elles sont mises à l’écart, alors que l’électeur républicain moyen est de plus en plus prêt à voter pour un candidat LGBT+. »
Le site Log Cabin Republican, qui essaye de défendre la cause LGBT+ au sein du Parti républicain, n’a ainsi identifié que… six membres de la communauté candidats à des postes à la Chambre ou au Sénat : Gina Sosa (Floride), Jeffrey Sossa-Paquette (Massachusetts), Eugene Truono, un ancien dirigeant de PayPal (Delaware) et Bradley Boivin (Wisconsin). Aucun d’eux n’a dépassé les primaires. Deux candidats sortants se représentent à la Chambre des représentants : Jason Elliott (Caroline du Sud) et Todd Novak (Wisconsin).
Plusieurs candidatures démocrates
A l’inverse, le camp démocrate soutient plusieurs candidatures, comme Lupe Valdez, ancienne shérif du comté de Dallas, qui aspire à devenir gouverneure du Texas, ou celle de Gina Ortiz Jones, dans la 23e circonscription du Texas, où elle fait face à de nombreux défis : elle serait la première femme élue au Congrès dans cette circonscription, en serait la première représentante ouvertement lesbienne et la première américaine d’origine philippine élue.
Dans le Vermont, Christine Hallquist est la première candidate transgenre à un poste de gouverneur, mais elle aura fort à faire face au républicain sortant, Phil Scott, tandis que dans le Colorado, Jared Polis, déjà élu du Colorado à la Chambre des représentants, est en passe de devenir le premier gouverneur ouvertement homosexuel des Etats-Unis.
Kyrsten Sinema, démocrate ouvertement bisexuelle élue de l’Arizona à la Chambre des représentants, dispute le siège du sénateur républicain sortant Jeff Flake à Martha McSally, élue républicaine de l’Arizona à la Chambre des représentants. Quel qu’en soit le résultat, l’élection entrera dans l’histoire, puisque la vainqueure sera la première sénatrice de l’Arizona.
Elliot Imse du Victory Fund explique l’arrivée de candidats issus de la communauté LGBT+ comme une révolution dans la politique américaine : « Les électeurs les choisissent comme solution aux divisions et aux dysfonctionnements observés à Washington. Les luttes et les expériences des candidats LGBT+ rencontrent un écho auprès des électeurs. »
« J’ai honte. 70 % de ma ville natale a voté Bolsonaro, confie Luis, 41 ans. J’ai honte, parce que mes copains et mes parents ont donné carte blanche à un mouvement qui est contre l’avortement et qui envisage de flexibiliser le port d’armes, dans un pays où 60 000 personnes sont mortes l’année dernière par arme à feu. » Comme cet informaticien arrivé il y a dix ans à Paris, de nombreux Brésiliens de France se sont réveillés, lundi 29 octobre, avec la gueule de bois. La veille, leur pays natal élisait le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro, avec plus de 55 % des voix.
Dans un appel à témoignages du Monde, des dizaines d’entre eux ont confié leur surprise, voire leur incompréhension face à la victoire de cet ancien militaire, nostalgique de la dictature qui a dirigé d’une main de fer le Brésil entre 1964 et 1985. Une dictature que certains d’entre eux ont fuie, avec leurs parents, pour la France, et qu’ils craignent de voir revenir avec Jair Bolsonaro.
Cette envie de faire barrage à l’extrême droite s’est vue dans les urnes : 69 % des Brésiliens de France ont voté pour le candidat de gauche Fernando Haddad – contre moins de 30 % pour les expatriés brésiliens du monde entier. L’échec digéré, ils hésitent aujourd’hui entre s’engager davantage pour la démocratie brésilienne… ou couper le cordon, au moins quelque temps, avec un pays qu’ils ne reconnaissent plus.
Sidération
Erika est « accablée ». Cette universitaire est arrivée en France en 1966, à l’âge de deux ans, dans les bras de ses parents qui fuyaient la dictature. Impossible pour elle de comprendre comment 55 % des Brésiliens habitant dans son pays natal ont choisi Jair Bolsonaro, même si « les désillusions et les corruptions de l’ère Lula [ont été] bien effectives et bien décevantes ». Pour elle, le travail de mémoire autour de la dictature n’a pas été fait. D’où le réveil d’une certaine nostalgie pour l’autoritarisme. « Dans le musée de Rio, la partie dévolue aux années de plomb m’avait paru très succincte. Comme si ces années dictatoriales avaient du mal à être élaborées dans une perspective à la fois critique et historique », analyse-t-elle. Depuis sa visite, le musée est parti en flammes en septembre et le peu qu’il restait de la mémoire sur les crimes de la dictature a été réduit en cendres. « Une étrange allégorie » de cette élection, conclut-elle.
Mais le vote Bolsonaro ne s’est pas seulement construit sur le souvenir vague de la dictature, selon les soutiens brésiliens du nouveau président interrogés par Le Monde. Parmi la minorité d’expatriés faisant part de leur « bonheur » au lendemain de cette élection, Lucca, 28 ans, insiste sur la hausse de la délinquance et « la dégradation de la santé publique et de l’éducation nationale » ces dernières années, qu’il impute à la « corruption colossale » du Parti des travailleurs de Fernando Haddad.
Le parti, au pouvoir entre 2003 et 2016, est, en effet, englué dans des scandales de corruption depuis plus de dix ans, allant du mensalao (grosse mensualité), en 2005 – l’achat de votes auprès des membres du Congrès –, à « Lava Jato » (lavage express), en 2014 – une opération anticorruption ayant abouti à la condamnation à douze ans de prison de l’ancien président Lula. « Maintenant, j’ai l’espoir de pouvoir un jour rentrer dans mon pays, un pays plus prospère et moins dangereux », poursuit le jeune homme de 28 ans.
Inquiétude pour les proches
Si Lucca se réjouit du retour de la sécurité dans son pays, la libéralisation du port d’armes et l’amnistie des crimes des policiers promises par Bolsonaro inquiètent certains Brésiliens de France, dont les proches sont restés au pays.
Un effroi particulièrement vif chez les minorités, qui craignent des bavures policières, voire la création de milices, galvanisées par le discours raciste, homophobe et misogyne de Jair Bolsonaro. Luisa, étudiante à Sciences Po, raconte avoir appelé sa sœur, lesbienne, le soir du scrutin :
« Elle pleurait parce qu’elle avait peur pour sa vie. »
Une angoisse partagée par Aline, femme noire originaire de la banlieue nord de Rio, qui raconte « craindre pour la vie de [sa] famille, de [ses] amis et de [son] peuple ». Car les menaces sont bien réelles, raconte cette femme de 32 ans, rappelant que le 14 mars, l’élue locale lesbienne et militante antiraciste Marielle Franco a été assassinée. Aline espère, cependant, soutenir ses proches depuis la France, d’où elle se sent « privilégiée de pouvoir raconter [son] histoire et de protester sans craindre d’être assassinée ».
Car, au sein de la communauté brésilienne en France, le rejet de Jair Bolsonaro est tel que certains refusent de le reconnaître comme leur nouveau chef de l’Etat. « Il salue les tortionnaires, diffuse des fake news, n’en a rien à faire de l’environnement… Il n’est pas mon président », lâche Tarciane, 29 ans. Et s’il espère qu’il retrouvera son Brésil intact après le mandat présidentiel de quatre ans, d’autres ont décidé d’abandonner pour de bon un pays qui leur semble perdu. « Je viens de faire ma demande de nationalité française, explique Adriano, coiffeur installé depuis treize ans à Paris. Vivre dans une société dominée par les militaires, ce n’est pas possible ! »
Luisa, fraîchement arrivée en France pour étudier à Paris, elle, ne veut pas baisser les bras. « Ce n’est pas la fin, je continuerai à lutter contre les injustices. Et si Bolsonaro et ses électeurs prennent des armes, moi, je prendrai des livres. Après tout, c’est pour ça que je suis là. »
Il a été incarné au cinéma par Jack Nicholson et Johnny Depp. Le gangster américain James « Whitey » Bulger a été retrouvé mort, mardi 30 octobre, dans une prison fédérale de Virginie-Occidentale où il venait d’être transféré, ont annoncé les services pénitentiaires. Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances de sa mort.
Figure légendaire du crime organisé de Boston, James Bulger, qui avait 89 ans, a mené pendant des années une double vie de criminel particulièrement violent à la tête du Winter Hill Gang – un gang irlandais – dans les quartiers sud de Boston et d’informateur du FBI.
Bulger s’était hissé aux commandes de la pègre de Boston au prix d’une meurtrière guerre des gangs. Les complicités nouées avec des responsables du FBI, qui partageaient comme lui des origines irlandaises et fermaient les yeux sur ses agissements en échange de ses informations sur la mafia italienne, lui ont permis de verrouiller son emprise sur le crime organisé.
Arrêté en 2011 après seize ans de cavale
Prévenu de son arrestation imminente par un agent fédéral corrompu, il avait fui Boston en 1994 et a échappé pendant plus de seize ans à la traque du FBI, qui l’avait placé sur sa liste des dix criminels les plus recherchés. Il avait finalement été capturé en juin 2011 dans un appartement de Santa Monica, en Californie, où il vivait sous une fausse identité.
En 2015, l’acteur Johnny Depp avait incarné au cinéma le célèbre mafieux dans Strictly Criminal de Scott Cooper. Bugler avait auparavant inspiré en partie à Martin Scorcese le personnage de Frank Costello, un chef de gang irlandais interprété par Jack Nicholson dans Les Infiltrés (2006).
Dans son clip, publié sur Youtube, le groupe Rap Against Dictatorship critique ouvertement la junte militaire thaïlandaise au pouvoir depuis un coup d’Etat en 2014. Corruption, népotisme, manque de transparence, suppression de la liberté d’expression, privilèges accordés aux plus riches… les rappeurs évoquent les sujets qui font mal.
Ce genre de critique du pouvoir est rare dans le pays. En Thaïlande, porter atteinte à l’image du pays est, en effet, puni de prison au nom de la « stabilité nationale ». Ce clip reflète le ras-le-bol de la population à l’égard des généraux et de leurs pratiques liberticides. La vidéo a déjà été vue plus de 22 millions de fois en une semaine.
La police a d’abord menacé le groupe de rap et ceux qui osaient partager le clip. Mais face à la popularité de la chanson, les militaires n’ont pu empêcher sa diffusion. En s’affichant tolérants, ils veulent éviter de se mettre à dos une partie de leur futur électorat. En effet, des élections libres doivent se tenir en Thaïlande en février 2019. L’armée compte s’y présenter comme un parti politique légitime. C’est en partie pour ça qu’ils laissent les rappeurs s’exprimer. Malgré les élections à venir, la Constitution devrait permettre à l’armée de continuer à garder le pouvoir directement ou indirectement.
Repliés dans le sud de la Libye, des mouvements rebelles soudanais ou tchadiens se retrouvent au cœur des enjeux de pouvoir, attisant les tensions régionales.
Par Frédéric BobinPublié hier à 18h31, mis à jour hier à 19h08
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Le terme est dur : « occupation étrangère ». Ainsi le maire de Sebha, chef-lieu du Fezzan, région méridionale de la Libye, qualifiait-il au printemps, selon la presse libyenne, la présence dans cette zone de groupes armés originaires du Tchad et du Soudan. Six mois plus tard, le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de la Cyrénaïque (est) et l’un des principaux protagonistes de la crise libyenne, cherche à exploiter au mieux les crispations nationalistes autour d’une telle « occupation » en jouant de ses muscles dans le sud du pays, où il renforce lentement sa présence.
Alors que l’impasse politico-militaire se prolonge entre les deux pôles de pouvoir, l’un établi à Benghazi (est) et l’autre à Tripoli (ouest), le Sud libyen devient un théâtre de plus en plus disputé, d’autant que sa position frontalière avec le Niger, le Tchad et le Soudan en accroît la valeur stratégique. Le 13 octobre, l’aviation de Haftar, chef autoproclamé de l’Armée nationale libyenne (ANL), soutenu par l’Egypte, les Emirats arabes unis et, un peu, par la France, a bombardé une nouvelle fois – la précédente série de raids avait eu lieu en mars – les positions d’un groupe de l’opposition armée tchadienne évoluant dans le Fezzan. Quelques jours plus tard, le 16 octobre, le maréchal rendait visite à N’Djamena au président tchadien, Idriss Déby. La bonne coopération entre les deux hommes est l’une des données cruciales dans la géopolitique de cette partie de l’aire sahélo-saharienne.
Base de projection vers Tripoli
Leurs intérêts convergent. M. Déby veut mettre hors d’état de nuire les factions de son opposition armée ayant trouvé refuge dans le Sud libyen, d’où elles lancent des attaques contre le nord du Tchad. Le 11 août, le Conseil du commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), le principal groupe rebelle tchadien, a revendiqué une attaque sur une localité du Tibesti, le plus important assaut de ce type depuis 2009. Depuis, l’aviation de N’Djamena multiplie les raids aériens dans le but de « nettoyer » – selon le terme employé officiellement – la zone d’orpailleurs y opérant de manière « illégale » et d’empêcher ainsi la jonction entre ces derniers et des mouvements rebelles.
Quant à Khalifa Haftar, le déclenchement d’une offensive contre ces groupes « étrangers » lui permet de justifier sa présence croissante dans le Sud libyen, qui vise, selon de nombreux observateurs, à bâtir une future base de projection vers Tripoli. Le maréchal, qui ne reconnaît pas la légalité du gouvernement d’accord national établi dans la capitale sous la présidence de Fayez Al-Sarraj (et soutenu par les Nations unies), n’a jamais fait mystère de son intention de « libérer » la ville. A cette fin, relèvent les analystes du théâtre libyen, il cherche à se glisser progressivement vers le nord-ouest tripolitain à partir du sud, et à prendre ainsi la capitale en étau.
A l’origine, l’homme fort de la Cyrénaïque ciblait les groupes de l’opposition armée tchadienne repliés en Libye, car ces derniers s’étaient alliés aux milices proches de Misrata, la cité portuaire de la Tripolitaine où se recrutent ses plus farouches adversaires. C’est, du reste, à l’instigation de la Troisième Force, la grande brigade misratie déployée dans le Fezzan, que s’était créé en 2016 le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) à partir d’une dissidence de l’Union des forces pour la démocratie et le développement, jusqu’alors le principal groupe rebelle tchadien. Dans la généalogie tourmentée de ces mouvements d’opposition, le FACT sera à son tour ébranlé par une scission, celle qui donnera naissance au CCMSR défiant aujourd’hui ouvertement N’Djamena à partir de la Libye.
L’effectif total de ces formations se situerait « entre 2000 et 3500hommes », selon un rapport du groupe d’experts des Nations unies sur la Libye publié début 2018. Le fait que nombre d’entre eux se soient mis au service – rémunéré – des factions libyennes antagonistes leur a valu l’appellation de «mercenaires étrangers». Les combattants tchadiens ont ainsi pris part à nombre d’opérations militaires aux côtés de la Troisième Force et de la Brigade de défense de Benghazi, un groupe « révolutionnaire » à inclination islamiste. Ils sont intervenus en mars 2017 sur le Croissant pétrolier – un arc de terminaux situé en bordure du golfe de Syrte –, ravi temporairement à Haftar, ainsi que dans l’attaque sanglante (entre 75 et 141 morts) en mai 2017 de la base de l’ANL à Brak Al-Shati, à proximité de Sebha, la « capitale » du Fezzan.
Le sort des groupes tchadiens en Libye connaît toutefois un profond bouleversement à partir de ce printemps 2017, alors que la Troisième Force se retire progressivement du Fezzan, affaiblie par le grignotage de Haftar épaulé par l’aviation des Emirats arabes unis. Avec le repli des Misratis disparaît un précieux protecteur ; dès lors, certains mouvements tchadiens sont forcés de composer avec le maréchal libyen. Dans le district d’Al-Jufrah, le FACT est ainsi autorisé à rester sur place sous réserve qu’il « se tienne tranquille », selon le mot d’un observateur international basé à Tunis. Pour d’autres formations, « la survie passe par une implication croissante dans les réseaux de contrebande », note un journaliste libyen issu de la communauté des Toubou, installée de part et d’autre des frontières entre le Tchad, la Libye et le Niger.
« Gangs, terroristes et criminels »
La récente dégradation de la situation sécuritaire dans le Fezzan, due notamment à la multiplication d’enlèvements assortis de demandes de rançon, découle à l’évidence de cette reconversion de rebelles tchadiens dans des activités criminelles. En lançant son opération contre « les gangs, terroristes et criminels » dans le Sud libyen, Haftar cherche à capitaliser sur l’exaspération de la population locale. Si sa présence – bien que croissante – est à ce stade plutôt limitée dans le Fezzan, l’ANL du maréchal peut s’y appuyer sur des groupes supplétifs. Parmi ces derniers figure notamment la brigade Khalid Bin Walid, une force dirigée par un Toubou salafiste et active ces dernières semaines dans des escarmouches contre des rebelles tchadiens.
Dans ce contexte, la pression sur les « mercenaires tchadiens » est vouée à s’intensifier. La signature, fin mai, d’un accord de coopération sécuritaire entre le Soudan, le Tchad, la Libye et le Niger, qui autorise notamment un « droit de poursuite », va légaliser de possibles incursions de l’armée tchadienne du côté libyen de la frontière pour traquer des rebelles anti-N’Djamena.
Pour ces derniers, la situation s’annonce d’autant plus délicate que les Toubou libyens, avec lesquels ils partagent d’étroits liens ethniques, ne sont pas – ou plus – nécessairement disposés à embrasser leur cause. « Nombre d’entre eux estiment que les autres communautés [les tribus arabes] de cette zone géographique remettent en cause leur présence même sur ce territoire. Dans ce contexte, les Toubou de Libye sont contraints de conserver de bonnes relations avec le Tchad », écrivent Jérôme Tubiana et Claudio Gramizzi dans un rapport (« Les Toubou dans la tourmente : présence et absence de l’Etat dans le triangle Tchad-Soudan-Libye ») publié en juin 2017 par l’organisation Small Arms Survey.
La reprise des affrontements à Sebha entre des Toubou et la tribu arabe des Ouled Slimane, en fin d’année 2017, a confirmé – après la guerre de 2014-2015 à Oubari entre Toubou et Touareg – la fragilité des relations intercommunautaires dans le Sud libyen. Le discours sur une « occupation étrangère » menaçant la « souveraineté nationale » rencontre un écho croissant dans les communautés arabes libyennes de la région, qu’il s’agisse des Ouled Slimane à Sebha ou des Zway à Kufrah (sud-est). « Les Toubou de Libye, du Tchad et du Niger veulent créer leur République sur le modèle kurde, dénonce un responsable Ouled Slimane de passage à Tunis. Et cela, nous ne pouvons pas l’accepter. » De telles visées irrédentistes n’ont jamais été proclamées par les Toubou eux-mêmes, mais certaines figures des autres communautés le croient, ou feignent de le croire, nourrissant une certaine paranoïa autour d’un péril séparatiste dans le Sud libyen.
Le paradoxe est que le maréchal Haftar, qui cherche à exploiter ce malaise à son profit, n’hésite pas lui-même à recourir aux services des « mercenaires étrangers », notamment des rebelles darfouris en lutte contre le régime soudanais, que l’ex-Guide libyen Mouammar Kadhafi avait jadis déjà abrités. L’un des principaux groupes darfouris, l’Armée de libération du Soudan de Minni Minawai (SLA-MM), est ainsi déployé pour garder des installations du Croissant pétrolier, dont Haftar s’était emparé à l’automne 2016. Preuve de cette collusion, le dernier rapport du groupe d’experts des Nations unies, publié en septembre, reproduit un « laissez-passer » signé par un commandant de l’ANL de la zone d’Al-Jufrah au bénéfice d’un convoi darfouri de la SLA-MM en route vers le sud de Sebha. « Haftar dénonce et utilise à la fois les mercenaires étrangers en Libye », remarque un observateur international à Tunis. Et, comme pour le Tchad, la présence dans le pays de ces groupes darfouris met la frontière avec le Soudan sous pression.
Le Sri Lanka s’enfonce dans une grave crise politique depuis le limogeage, vendredi 26 octobre, du premier ministre Ranil Wickremesinghe par le président Maithripala Sirisena. Le chef du gouvernement sortant, qui s’accroche à son siège, a reçu le soutien mardi de plusieurs dizaines de milliers de personnes, qui dénoncent un « coup antidémocratique ».
Entre 25 000, selon la police, et 100 000 personnes, selon le United National Party (UNP) parti de M. Wickremesinghe, se sont rassemblées devant sa résidence, où il vit retranché depuis le début de la crise politique, paralysant des axes routiers clés de la ville. Le rassemblement s’est dispersé en début de soirée sans que des incidents violents n’aient été signalés.
M. Wickremesinghe, qui estime que son renvoi est anticonstitutionnel, a été remplacé par Mahinda Rajapakse, l’ex-président (2005-2015) du Sri Lanka. Ce dernier, accusé de corruption et de violation des droits de l’homme, a d’ores et déjà annoncé une partie de son gouvernement.
Dimanche, deux jours après cette nomination surprise, M. Sirisena a justifié sa décision au cours d’une longue déclaration retransmise à la télévision, dans laquelle il accuse un ministre du précédent gouvernement d’avoir préparé une tentative d’assassinat le visant. Il reproche également au chef du gouvernement sortant d’avoir pris des « décisions individuelles » sans le concerter et d’avoir laissé prospérer la « fraude et la corruption » dans le pays. Le président et le premier ministre sortant, qui s’étaient alliés en 2015 pour évincer M. Rajapakse, ont notamment des divergences sur la politique économique et les tensions entre eux étaient montées d’un cran à un an de la prochaine élection présidentielle, où tous deux envisagent d’être candidats.
« Coup d’Etat constitutionnel »
Mais M. Wickremesinghe réclame une session d’urgence du Parlement, suspendu par le président jusqu’au 16 novembre, pour prouver qu’il détient toujours la majorité. « Nous sommes contre le limogeage, les gens n’ont pas voté pour que Sirisena se comporte de cette manière, a lancé à ses soutiens M. Wickremesinghe depuis un podium improvisé. Nous résisterons à ce qu’a fait le président. »
La foule de vert vêtue, la couleur de l’UNP, a également déchiré des effigies du président Sirisena et chanté « A bas le premier ministre voyou » en protestation à ce que de nombreux journaux locaux ont qualifié de « coup d’Etat constitutionnel ». Cette crise est aussi celle du système politique sri-lankais, à mi-chemin entre régime parlementaire et régime présidentiel. Le premier ministre sortant a reçu le soutien du président du Parlement, Karu Jayasuriya, qui est également issu de l’UNP. Dans une lettre écrite au président, il dit redouter un « bain de sang » si les députés ne sont pas consultés pour trancher.
« Si vous ne le faites pas, nous ne pourrons empêcher le peuple de recourir à des moyens alternatifs pour protéger leurs droits démocratiques. Au nom de la démocratie, je vous enjoins de reconsidérer votre position de proroger le Parlement et autoriser que justice soit faite. »
La présidence Trump s’est ouverte, le 21 janvier 2017, sur une marée de bonnets roses dans les rues de Washington et d’ailleurs, une marche inédite de femmes protestant contre son investiture. Vingt-deux mois plus tard, la même marée rose – et bleue, aux couleurs du parti démocrate – s’apprête à déferler, sur le Congrès, cette fois, à l’issue des élections de mi-mandat.
Un an après la vague #metoo, Donald Trump est toujours en délicatesse avec l’électorat féminin. A trois semaines du scrutin, mardi 16 octobre, il a renouvelé ses attaques contre la sénatrice démocrate Elizabeth Warren et a adressé une bordée d’insultes à l’actrice pornographique Stormy Daniels, qu’il a appelée « Horseface » (Face de cheval)… Ces remarques sont lancées à un moment où le scrutin du 6 novembre s’annonce comme un référendum plutôt « contre » que « pour » le président, relève une étude de Pew Research.
Un constat s’impose, la saison des primaires pour le cycle électoral de 2018 s’est terminée sur un record : 257 femmes ont décroché une investiture pour le Congrès pour les élections de mi-mandat, relève le Center for American Women and Politics de l’université Rutgers (CAWP). Cette vague n’est pas sans rappeler l’année 1992, qui est restée dans les mémoires comme « l’année des femmes » : 51 candidates avaient fait leur entrée au 103e Congrès des Etats-Unis (47 à la Chambre, 4 au Sénat), doublant la représentation féminine au Parlement.
Ce phénomène avait été interprété comme une réponse au choc ressenti par les femmes face à la manière humiliante dont avait été traitée Anita Hill, une jeune professeure d’université afro-américaine qui accusait de harcèlement le juge Clarence Thomas, pressenti pour entrer à la Cour suprême. En 2018, l’élément déclencheur est Donald Trump, par ses propos sexistes, les menaces qu’il fait peser sur les droits des femmes ou ses positions rétrogrades, sur l’avortement notamment.
Alexandria Ocasio-Cortez, l’espoir du parti démocrate
Membre des socialistes démocrates américains, Alexandria Ocasio-Cortez est la star des candidates démocrates à la Chambre. A la fin de juin, elle a bousculé l’establishment démocrate en remportant les primaires du parti dans la 14e circonscription de New York, face à Joseph Crowley, 56 ans, élu à la Chambre des représentants depuis 1999. Son discours a séduit les communautés afro-américaines, asiatiques et latino-américaines du Bronx. Son élection en novembre semble une formalité, et elle s’apprête à devenir, à 28 ans, la plus jeune élue du Congrès. Elle pourra prétendreincarner le « futur du parti démocrate ».
Duel de candidates en Pennsylvanie
La Pennsylvanie, qui est l’un des onze Etats sans élue, œuvre à corriger cette anomalie. Deux candidates se présentent dans la 5e circonscription : l’ancienne procureure Pearl Kim, pour les républicains, et l’avocate Mary Gay Scanlon, 59 ans, pour les démocrates. Si Pearl Kim l’emportait dans cette circonscription qui vote largement démocrate, elle deviendrait la première personne d’origine asiatique à représenter la Pennsylvanie au Congrès, note le CAWP. Sur CNN, elle a expliqué qu’elle soutenait le mouvement #metoo et la lutte contre les violences sexuelles, combat qui, selon elle, devrait transcender les partis.
Trois candidates amérindiennes
En plus d’être l’année des femmes, 2018 devrait être celle des Amérindiennes, note le site Indian Country Today. Debra Haaland, 58 ans, issue de la tribu Pueblo of Laguna, au Nouveau-Mexique, se présente dans la première circonscription. Cette démocrate, en passe d’être élue face à Janice Arnold-Jones dans une circonscription aux mains des démocrates et où Hillary Clinton l’a emporté en 2016 avec 17 points d’avance, défend le droit à l’avortement et veut une réforme de l’immigration.
Yvette Herrell, républicaine de la tribu Cherokee, se présente dans la 2e circonscription du Nouveau-Mexique (favorable aux républicains), face à la démocrate Xochitl Torres Small. Elle se définit comme « une chrétienne conservatrice » et réclame un renforcement des contrôles aux frontières et l’expulsion des clandestins.
Sharice Davids, qui appartient à la nation Ho-Chunk du Wisconsin, est en position de l’emporter. Cette ancienne championne de MMA (arts martiaux mixtes), qui revendique aussi son homosexualité, qui entre en lice pour le parti démocrate dans la 3e circonscription du Kansas face au candidat sortant, Kevin Yoder, est bien placée selon les sondages – portant sur de faibles échantillons – qui lui donnent entre 8 et 12 points d’avance.
Musulmanes, afro-américaines et latino-américaines
Minnesota.La démocrate Ilhan Omar, Américaine d’origine somalienne et de confession musulmane, part à la conquête de la 5e circonscription, qui comprend la ville de Minneapolis. Née à Mogadiscio en 1982 et installée aux Etats-Unis depuis l’âge de 14 ans, elle a été élue à la Chambre des représentants du Minnesota en novembre 2016. Lors de la primaire du printemps, elle a reçu le soutien d’Alexandria Ocasio-Cortez. Ilhan Omar devrait remporter l’élection – ayant levé plus de fonds que son adversaire, Jennifer Zielinski, et faisant campagne dans une circonscription considérée comme acquise aux démocrates – et devenir ainsi l’une des deux musulmanes à entrer au Congrès.
Michigan.Rashida Tlaib, candidate musulmane d’origine palestinienne, native de Detroit, est l’aînée d’une famille de quatorze enfants. Elle est la première de sa famille à faire des études supérieures. Elle est élue au parlement du Michigan depuis 2008. Sans opposant dans la 13e circonscription du Michigan, qui comprend des portions de Detroit, Rashida Tlaib, qui a fait campagne avec Ilhan Omar, sera élue.
Massachusetts.Ayanna Pressley et Jahana Heyes sont en passe de devenir les premières Afro-Américaines à représenter des Etats de Nouvelle-Angleterre au Congrès. Ayanna Pressley n’a pas d’opposant dans la 7e circonscription du Massachusetts (une portion de Boston) dans laquelle elle se présente. Comme nombre de candidates, elle a, à 44 ans, bousculé l’establishment démocrate. Elle s’est imposée face à Michael Capuano, élu depuis 1998, sur un argument fédérateur : « Une circonscription jeune et majoritairement non blanche a besoin d’une voix nouvelle à Washington. »
Connecticut. Pour sa part, la démocrate Jahana Hayes, candidate dans la 5e circonscription du Connecticut, fait figure de « survivante », comme les aiment les Américains : fille d’une mère toxicomane, mère à 17 ans, elle a reçu des mains de Barack Obama, en mai 2016, le titre d’enseignante de l’année 2016. Comme beaucoup d’enseignants, elle s’est portée candidate pour protester contre les politiques éducatives au niveau fédéral et s’est imposée dans les primaires face à une représentante de l’establishment démocrate, Mary Glassman. Un de ses chevaux de bataille : l’idée de Donald Trump de répondre aux fusillades dans les écoles en puisant dans le budget fédéral alloué à l’éducation pour armer les enseignants.
Texas. Deux candidates latino-américaines sont en passe d’être élues au Texas : dans la 16e circonscription (celle d’El Paso), Veronica Escobar, 47 ans, ancienne juge du comté d’El Paso, s’est lancée pour sa première candidature à la conquête du siège de représentant détenu par Beto O’Rourke, lui-même candidat au Sénat face à Ted Cruz. A elle seule, sa candidature résume la somme des angoisses qu’a fait naître l’élection de Donald Trump : « Je m’inquiète pour la planète. Je m’inquiète pour les immigrants. Je m’inquiète pour les femmes. Je m’inquiète pour la communauté LGBT. Je m’inquiète pour El Paso et la frontière. Et je ressens un sentiment d’angoisse très intense », dit-elle. Dans la 29e circonscription (Houston), favorable aux démocrates, Sylvia Garcia devrait être élue.
Première sénatrice en Arizona et au Tennessee
L’Arizona aura pour la première fois une sénatrice : les deux partis envoient en effet chacun des candidates à la bataille, la républicaine Martha McSally étant opposée à la démocrate Kyrsten Sinema pour prendre le siège du républicain Jeff Flake, qui ne se représente pas :
La républicaine Marsha Blackburn, qui est la première femme à décrocher l’investiture dans le Tennessee pour un siège au Sénat, en remplacement de Bob Corker, deviendrait, si elle remporte l’élection, la première sénatrice de cet Etat du Sud ; mais elle ne fait pas de son sexe un argument de campagne, préférant être appelée… congressman.
Les élections au poste de gouverneur sont plus compliquées pour les candidates : 22 Etats n’ont jamais eu de femme à ce poste et, actuellement, seules six femmes occupent cette fonction de chef de l’exécutif. En 2018, douze démocrates et quatre républicaines sont candidates à un poste de gouverneur.
A 44 ans, la démocrate Stacey Abrams, élue à la Chambre des représentants de Géorgie, se présente dans cet Etat sudiste et conservateur : elle s’est fait repérer lors de la convention démocrate de Philadelphie en 2016, parlant de sa passion pour le service public. Et elle est depuis entrée dans l’histoire en devenant la première Afro-Américaine à décrocher l’investiture d’un parti pour un poste de gouverneur. Mais la bataille s’annonce difficile : l’Etat n’a pas élu de gouverneur démocrate depuis 1998, et Donald Trump s’y est imposé en 2016.
Dans l’Idaho, Paulette Jordan, candidate démocrate, pourrait, elle aussi, entrer dans l’histoire. Si elle l’emporte face au républicain Brad Little, elle sera la première Amérindienne (de la nation Cœur d’Alene), première femme – et premier candidat démocrate depuis le gouverneur Cecil Andrus (1987-1995) – à s’imposer dans ce bastion républicain.
Une loi votée dimanche 28 octobre permet désormais aux autorités kazakhes de couper toutes les communications sur l’ensemble du territoire dans l’éventualité d’une « situation d’urgence à caractère social ». En clair, le pouvoir s’est offert les moyens de plonger tout le pays dans le silence en cas de contestation.
Succession
Ce nouveau durcissement de l’emprise qu’exercent les autorités du Kazakhstan sur une société aux libertés sans cesse rognées intervient au moment où la question de la succession de M. Nazarbaïev, 78 ans, se pose d’une manière de plus en plus pressante. Depuis le mois de mai, une loi lui permet de continuer à régner sur le pays, même s’il devait quitter son poste officiel de président à la fin de son mandat actuel, en 2020.
La loi accorde en effet un statut constitutionnel au conseil de sécurité du Kazakhstan, dont les recommandations étaient auparavant uniquement consultatives, et autorise M. Nazarbaïev à le diriger jusqu’à sa mort. L’homme fort des steppes kazakhes est aussi officiellement détenteur du titre de « père de la nation », qui lui garantit une immunité judiciaire ainsi qu’un rôle influent s’il finissait par quitter la présidence.
Ces décisions de justice sont les premières poursuites majeures engagées dans le cadre de l’opération « Stovewood », portant sur une vaste affaire d’exploitation sexuelle de mineures dans le Yorkshire.
Le Monde avec AFPPublié aujourd’hui à 20h21, mis à jour à 20h21
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Les premières condamnations tombent après la découverte, il y a quelques années, d’un scandale d’abus sexuels dans le Yorkshire. Lundi 29 octobre, sept hommes, membres d’un même gang, ont été reconnus coupables d’avoir violé et exploité sexuellement des adolescentes à Roterham, au nord de l’Angleterre.
Ces décisions de justice sont les premières poursuites majeures engagées dans le cadre de l’opération « Stovewood », une enquête de la National Crime Agency (l’agence britannique de lutte contre le crime, NCA) portant sur une vaste affaire d’exploitation sexuelle de mineures dans le Yorkshire. L’enquête avait été lancée après qu’un rapport rendu en 2014 à la suite d’une enquête publique avait révélé l’ampleur des faits, survenus entre 1997 et 2013, et l’échec de la police et des services sociaux à y mettre fin. Au total plus de 1 500 victimes ont été identifiées.
Le gang était composé d’hommes originaires du Pakistan, âgés aujourd’hui d’une trentaine d’années, qui s’en prenaient à des adolescentes « ciblées » et « dans certains cas, soumises à des actes dégradants et violents », a expliqué la procureure Michelle Colborne. Les jeunes filles étaient alcoolisées, droguées et victimes de viol collectif. Une des victimes est tombée enceinte après avoir été violée à quatorze ans par plusieurs hommes dans une forêt, qui l’ont menacée de l’y abandonner si elle refusait de se plier à leurs ordres. Ses parents l’ont ensuite forcée à avorter.
Plusieurs condamnations en octobre
« Les filles étaient fascinées par des hommes asiatiques plus âgés, des hommes qui avaient une voiture », a déclaré la procureure. « Elles pensaient qu’ils menaient la grande vie » et « aucune n’avait la maturité de réaliser qu’elles étaient manipulées et exploitées ». Pour Robin Pearson, responsable des enquêtes de la NCA pour l’opération « Stovewood », les accusés sont des « prédateurs » ; « aucun n’avait exprimé de remords. »
Depuis le début du mois d’octobre, une vingtaine d’hommes ont également été condamnés pour viols et agressions sexuelles graves sur des mineurs. Quatre hommes ont été condamnés le 8 octobre par le tribunal de Leeds pour de multiples agressions contre des jeunes filles dans la région d’Huddersfield, dans le Yorkshire de l’Ouest, au nord de l’Angleterre, entre 2004 et 2011.
Seize autres hommes avaient précédemment été condamnés par le même tribunal lors de deux précédents procès. Le chef du groupe, Amere Singh Dhaliwal, un père de famille de 35 ans, a été condamné à la prison à vie avec une période de sûreté de 18 ans. Il a été reconnu coupable de 54 infractions, dont 22 viols envers onze adolescentes.
« Ces hommes ont délibérément pris pour cible des victimes vulnérables, les manipulant et les exploitant pour leur propre satisfaction sexuelle », a déclaré Michael Quinn, du Crown Prosecution Service (CPS), service chargé de l’accusation au Royaume-Uni, cité dans un communiqué.