En RDC, le président du tribunal de grande instance de Kinshasa Raphael Yanyi, est mort brusquement et mystérieusement dans la nuit de mardi à mercredi à Kinshasa. Ce décès du magistrat en charge du procès Vital Kamerhe, directeur de cabinet du président Tshisekedi, a surpris tout le monde en RDC.
D’après ses proches, il avait commencé sa journée normalement, mais c’est vers 16 heures que les premiers signes de faiblesse ont été constatés. Son état de santé s’est dégradé davantage dans la soirée. Raphael Yanyi a été transféré à l’hôpital vers 21 heures où son décès a été constaté. Est-ce qu’il y aura une autopsie ? C’est en tout cas la demande d’une partie de la famille, mais aucune décision n’a encore été prise.
Après l’annonce de sa mort, la situation était tendue autour de la résidence du juge. Des jeunes s’étaient mobilisés ce matin. Des barricades avaient été placées avant que la police ne se déploie et fasse usage de gaz lacrymogènes pour disperser la dizaine de manifestants.
Sur les réseaux sociaux aussi, c’est l’emballement. Chacun y va de son commentaire. On retient par exemple l’appel du mouvement citoyen Lucha qui demande que toute la lumière soit faite sur ce cas de décès. Il y a aussi l’appel de Hervé Diakese, avocat et activiste membre du mouvement Le Congolais debout qui déclare : « Honorer sa mémoire c’est aussi poursuivre sans désemparer toutes ces actions judiciaires autour du “programme des 100 jours” ».
La première conséquence de ce décès va être la désignation d’un nouveau juge. D’après les sources judiciaires, lorsqu’un membre de la composition est décédé, le président du tribunal désigne un nouveau juge. Dans un deuxième temps, l’ensemble des procès-verbaux des deux audiences qui avaient eu lieu dans cette affaire vont être relus.
L’autre question est de savoir qui sera le juge président dans l’affaire. Si celui qui entre a la même ancienneté que celui qui est décédé, le nouveau juge deviendra le juge président, mais c’est assez rare. L’hypothèse la plus plausible serait de prendre le plus gradé des deux juges. A priori, au sens procédural, il n’y aura pas d’incidence sur la suite du procès, mais au niveau psychologique, perdre le juge président quand on sait que la précédente audience était tendue, pourrait laisser des traces.
-Lors d’une séquence diffusée le 1er avril sur la chaîne française LCI, un médecin, chef de service à l’hôpital Cochin à Paris, et un chercheur de l’Inserm, l’Institut français de la recherche médicale, évoquaient l’idée de tester un vaccin contre le coronavirus en Afrique. Leurs propos ont provoqué la colère et l’indignation de nombreux internautes.
« L’Afrique n’est pas un laboratoire », « Nous ne sommes pas des rats de labo », autant de slogans apposés sur une carte de l’Afrique et relayés massivement ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Autant de réactions à l’hypothèse d’un test de vaccin BCG sur le continent émise par Camille Locht et Jean-Paul Mira, lors d’un échange mercredi 1er avril sur LCI.
Des excuses et des tentatives d’explication
Après avoir déclenché la polémique, ils tentent de l’éteindre. Ce vendredi 3 avril, l’Inserm a déclaré que le chercheur Camille Locht, interrogé deux jours plus tôt sur la chaîne française, présentait ses excuses. Ce dernier souligne « qu’il n’a tenu aucun propos raciste », « que les conditions de l’interview ne lui ont pas permis de réagir correctement ». Son intention était selon lui d’affirmer que « tous les pays devront pouvoir bénéficier des fruits de la recherche ».
En face, l’Assistance publique des hôpitaux de Paris pour laquelle travaille Jean-Paul Mira a également réagi. Le directoire de l’AP-HP se dit « choqué » par les propos du médecin qui fait lui aussi son mea culpa : « Je veux présenter toutes mes excuses à celles et à ceux qui ont été heurtés, choqués, qui se sont sentis insultés par des propos que j’ai maladroitement prononcés », déclare le chef de service de médecine intensive et réanimation à l’hôpital Cochin.
Réaction du ministère français des Affaires étrangères
En tout cas, la polémique est telle que le ministère français des Affaires étrangères s’est exprimé vendredi 3 avril. Il déclare pour sa part que les propos tenus sur LCI « ne reflètent pas la position des autorités françaises ».
Et dans une volonté de marquer le soutien de Paris dans cette crise sanitaire, le Quai d’Orsay précise que le président Emmanuel Macron s’est entretenu vendredi par visioconférence avec une dizaine d’homologues africains « pour faire un état des lieux et voir comment appuyer les efforts du continent ».
-En République démocratique du Congo (RDC), un deuxième cas de Covid-19 a eté confirmé. Une réunion d’urgence sur le coronavirus s’est tenue ce jeudi 12 mars. Des décisions ont été prises par les autorités, mais les mesures annoncées ne semblent pas rassurer les Kinois.
Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa
« Un deuxième cas de coronavirus a été confirmé en RDC. Il s’agit d’un sujet Camerounais. Il se trouve dans une institution hospitalière de la place pour une prise en charge. Le Ministère de la Santé exhorte une fois de plus à la population le respect strict d’hygiène », écrit le ministère de la Santé sur son compte Twitter.
Le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba a réuni jeudi 12 mars les autorités sanitaires, en tête le ministre de la Santé, mais aussi ceux de l’Intérieur, des Affaires étrangères, de la Défense, des Transports et des Sports. Des décisions ont été prises pour renforcer les mesures d’hygiène corporelle et surtout des mesures aux frontières. Des mesures qui sont loin de pourtant rassurer les Kinois.
Aux termes de la réunion, le ministre de la Santé, Dr Eteni Longondo, s’est voulu rassurant. Quelque 109 personnes ayant eu des contacts avec le premier cas ont été mis en quarantaine. « Le gouvernement a pris toutes les dispositions », a-t-il affirmé, ajoutant qu’a « ce stade le port du masque n’était pas nécessaire ».
Des fiches de renseignements ont été mises à disposition dans les aéroports pour une identification minutieuse des passagers. Des espaces d’accueil pour d’éventuels cas qui se déclareraient sont aménagés dans quelques hôpitaux de la capitale.
Mais la veille, le virologue, Jean-Jacques Muyembe, qui pilote la riposte contre l’épidémie d’Ebola, a émis des réserves sur la capacité des structures sanitaires à répondre aux urgences, en cas de propagation de la maladie.
Dans les rues de la capitale, les Kinois se disent également inquiets surtout avec l’apparition d’un deuxième cas. Ils jugent les mesures prises insuffisantes et estiment qu’elles devraient s’étendre notamment au secteur des transports urbains et aux écoles, pour limiter au maximum les contacts.
Par ailleurs, RFI a joint par téléphone, le premier cas de coronavirus en RDC, un Congolais âgé de 52 ans qui vivait en France. Celui-ci ne cesse de se plaindre des conditions de son isolement dans un hôpital sino-congolais où il dit ne pas être à l’abri des moustiques et de l’insalubrité. Autre affirmation de sa part : il n’a reçu aucun traitement depuis son isolement.
-Fort de sa “victoire” sur les “Combattants” qui, depuis quelques années, empêchaient la tenue de ses concerts notamment en Europe, le célèbre chanteur congolais se produira à Londres le 29 mars 2020.
Le chanteur congolais Fally Ipupa a pu se produire sur la scène de l’AccorHotels Arena le 28 février 2020 à Paris. Il a ainsi eu raison de ces fameux “Combattants”. Ce mouvement, constitué par des membres de la diaspora originaire de la République démocratique du Congo (RDC) et installée en Occident, est depuis quelques années le cauchemar des artistes congolais.
Le phénomène des “Combattants” date de 2006, expliquait Radio Okapi dans un article publié en 2012. “Plusieurs artistes musiciens de la RDC ne se produisent plus en Europe. Ils sont menacés par les Congolais vivant à l’étranger qui leur reprochent leur appartenance politique. La plupart d’entre eux ont participé aux campagnes électorales de Joseph Kabila de 2006 et de 2011. Ce jeudi 21 juin (2012), ils ne pourront pas aller se produire en Europe à l’occasion de la Fête internationale de la musique”.
“La détermination” et “le courage” des fans de Fally Ipupa
A l’instar d’autres grands noms de la musique congolaise, Fally Ipupa n’avait pu se produire en Europe depuis une décennie. C’est pourquoi, dès le lendemain du concert, l’artiste congolais se réjouissait et remerciait les “20 000 personnes” qui avait rendu “cette soirée du 28.02.2020 inoubliable” et saluait “(leur) détermination, (leur) courage, mais surtout (leur) amour (qui avaient) permis de réécrire une nouvelle histoire”. “Mes regrets les plus sincères à tous ceux et celles qui n’ont pas pu accéder à l’intérieur de la salle, ce n’est que partie remise”, poursuivait-il.Car en dépit de l’arrêté du 26 février 2020 de la préfecture de police interdisant toute manifestation aux abords du lieu du spectacle, situé dans le XIIe arrondissement de Paris, les “Combattants” n’ont pas renoncé à leur action.
Objectif atteint, en partie. Avec la fermeture de la gare de Lyon à Paris aux alentours de laquelle une trentaine de véhicules ont été brûlés, la perturbation du trafic des bus de la RATP (lignes 71, 29 et 64), mais aussi avec leurs barrages et leurs manœuvres d’intimidation, les “Combattants” ont réussi à empêcher quelques fans d’accéder à la salle de spectacle. Pourtant, les spectateurs ne se sont pas découragés en cherchant par tous les moyens à aller écouter leur idole. Comme cette jeune femme rencontrée dans le bus 64, qui avait déjà dû trouver un trajet alternatif, avant de poursuivre sa route et de s’entendre dire par d’autres fans que les accès à la salle étaient bloqués par les “Combattants”.
A la suite des incidents, rapportait l’AFP le 1er mars 2020, “au moins 71 personnes ont été interpellées pendant la soirée, ce qui a donné lieu à 52 gardes à vue”. De même, “à l’issue de ces gardes à vue, au moins quatre personnes seront jugées, soit très prochainement en comparution immédiate, soit ultérieurement via une convocation devant le tribunal”.
Le concert du 28 février 2020 s’apparente à une double performance à la fois artistique et symbolique. Outre le soutien de ses compatriotes, Fally Ipupa a été félicité par ses pairs africains. Notamment le célèbre groupe ivoirien Magic System qui soulignait “cette belle victoire au profit de la musique africaine”.
Une “victoire” puisqu’en 2017, la préfecture de police de Paris avait tout simplement annulé le concert de Fally Ipupa à La Cigale par crainte de débordements. Trois ans après, le rendez-vous de Bercy sonnait comme un défi. D’autant que Fally Ipupa avait rencontré certains “Combattants”, confiait-il, quelques jours avant l’événement, sur les antennes de France 24. “J’ai rencontré plusieurs ‘Combattants’ qui veulent juste combattre pour le bien de notre pays, (pas) pour boycotter les artistes musiciens. Aujourd’hui, il y a des ‘Combattants’ qui ont avancé dans leur combat, qui ont une autre vision de leur combat. Ils sont pour la reprise de la musique congolaise en France et en Europe, un peu partout”.
Le grand Papa Wemba, disparu en 2016, soulignait dans l’article de Radio Okapi sur le phénomène des “Combattants”, que les artistes étaient “pris au piège de la politico-politique”. “Mais j’ai toujours dit qu’on finira par fumer le calumet de la paix”, avait-il ajouté.
Le calumet de la paix a-t-il été fumé à Bercy ? Rien n’est moins sûr. Les méthodes des “Combattants” sont source de controverse, mais elles posent la problématique de la neutralité politique pour les artistes africains, dont certains se font le chantre de régimes abhorrés par leurs compatriotes. Les artistes congolais sont d’autant plus tiraillés qu’ils sont passés maîtres dans l’art de l’”atalaku” (“crieur” en lingala, l’une des principales langues parlées en RDC), à savoir faire l’éloge de quelqu’un en glissant son nom dans une chanson. Les noms des amis, des producteurs, des animateurs ou des politiques appréciés des interprètes, tout y passe. Cependant, au niveau politique, l’exercice peut se révéler périlleux.
“Je suis un artiste, comme l’église dans le village”
Fally Ipupa était ainsi interrogé à propos de l’opposant congolais Martin Fayulu, qui venait d’être déclaré candidat unique de l’opposition à la présidentielle de 2018, cité dans l’un de ses titres sur le plateau du journal Afrique de TV5.
“C’est ‘un vieux’ (terme affectueux, NDLR) qui m’a soutenu, depuis que j’ai commencé mon aventure en 2006 (…). Je suis très fier de lui (…), expliquait-il. C’est d’ailleurs très bien que les politiciens se mettent d’accord pour l’intérêt du pays. En tout cas, bonne chance à mon ‘vieux’ Martin Fayulu”. Dans la foulée, l’artiste précisait : “Je ne soutiens pas le politique parce que j’estime que je suis un artiste, comme l’église dans le village, même si j’ai des relations avec des politiciens. Je préfère pour l’instant chanter (…) Quand il y a des problèmes, j’arrive juste pour panser les plaies, pour ramener un peu d’amour”.
Fally Ipupa est, entre autres, ambassadeur de bonne volonté de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco). Par ailleurs, il avait annoncé qu’une partie des recettes du concert du 28 février irait à la fondation du Dr Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018, qui soigne les femmes victimes de violences sexuelles en RDC. Après le concert de Bercy, Fally Ipupa attend donc ses nombreux fans le 29 mars 2020 à Londres.
-À peine rentré au pays après son séjour aux États-Unis, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a remis sur la table l’affaire du décès du général Delphin Kahimbi. Il a évoqué la thèse de la mort par pendaison.E
Le général-major Delphin Kahimbi, chef du renseignement militaire, avait été retrouvé mort, le 28 février, dans sa résidence, au lendemain de sa suspension des fonctions. Il faisait l’objet d’une enquête en rapport avec la sécurité du pays.
Selon Jolino Makelele, porte-parole du gouvernement, Félix Tshisekedi a évoqué cette probabilité, vendredi 6 mars, au Conseil hebdomadaire des ministres. Les éléments en possession du chef de l’Etat indiquent bien « qu’il s’agit d’une mort par pendaison », a déclaré Jolino Makelele. Néanmoins, là n’est pas encore la conclusion définitive de l’enquête qui, à la demande du président de la République lui-même, doit se terminer rapidement, afin de soulager la famille éplorée.
Que dire alors de l’autre version, la première et celle de crise cardiaque entendue le jour du drame ? Ce jour-là, répondant au cellulaire personnel du général Delphin Kahimbi, celle qui s’était présentée comme sa veuve, au nom de Brenda Kahimbi, avait répété cette version à plusieurs médias internationaux.
Une enquête indépendante
Le président Félix Tshisekedi indique, selon les termes du communiqué, « avoir diligenté une enquête indépendante, à l’initiative de la Monusco », sans plus de précision.
Le corps du général Delphin Kahimbi est à la disposition de la Justice militaire, a rassuré de son côté le porte-parole du gouvernement qui a déclaré que la police scientifique participe à l’enquête.
-Environ dix mois après le lancement des travaux du programme des 100 jours du président Félix Tshisekedi, les activités sont paralysées par les embouteillages dus aux travaux de construction dits des “sauts de mouton”.
Une seule route relie le centre-ville de Kinshasa, qui concentre les activités principales des habitants, à l’aéroport international de Ndjili.
Il s’agit du boulevard Lumumba, sur lequel on compte trois chantiers “sauts de mouton” dans le district de la Tshangu, le plus peuplé de Kinshasa. Les habitants se plaignent des conséquences de ces travaux. L’un d’entre eux, qui préfère ne pas donner son nom, explique le calvaire que cela représente au quotidien.
“Il y a trop d’embouteillages et de perte de temps. Pour arriver à temps il faut venir à pieds. Si vous prenez la moto ou bien un taxi c’est que pour quelques mètres. Ensuite, il faut descendre et en prendre un autre et ça coute beaucoup d’argent. Et puis quand on marche, on rentre à la maison fatigué. Nous dépensons plus de 8.000 francs par jour dans les transports.”
Kinshasa compte sept chantiers “sauts de mouton” sur les boulevards qui sont souvent rétrécis sur une ou deux voies dans lesquelles les véhicules, les milliers de motos, les pousse-pousse et les piétons s’agglutinent.
C’est un véritable calvaire que subit la population au quotidien, comme l’explique ce conducteur qui a aussi requis anonymat.
“Ça perturbe la circulation et la population souffre. Nous, les conducteurs, souffrons également mais la population souffre plus parce qu’ils ne font que courir du matin au soir. Nous allons le matin au boulot et nous devons partir tôt pour pouvoir circuler facilement. Les sauts de mouton nous font souffrir. Les vendeurs arrivent en retard et ceux qui vont au boulot arrivent aussi en retard, parfois même à neuf heures.” Malversations financières
Les travaux ne devaient durer que six mois mais désormais la barre des dix mois est franchie et ceux-ci sont loin d’être finis.
La raison est liée en partie aux détournements des fonds destinés à ces travaux.
Des enquêtes sont en cours et plusieurs arrestations ont eu lieu, dont celle du patron de la compagnie Safricas, l’américain David Blattner, et du directeur général de l’Office des routes, Mutima Sakrini.
Ceux-ci ont été placés en détention préventive pour abus de confiance.
Ce scandale a été évoqué la semaine dernière en Conseil des ministres et le président Félix Tshisekedi a insisté sur le respect des lois, comme le précise cet extrait du compte rendu lu par le porte-parole du gouvernement, Jolino Makelele.
“S’agissant des enquêtes judiciaires, le chef de l’Etat a insisté sur le fait que celles-ci doivent se dérouler dans le strict respect de la constitution et des lois de la République. Il a en effet déploré que certains magistrats en charge des dossiers soient l’objet de menaces et de manipulations. De même, il a relevé que certaines personnes interpelées sont victimes de mauvais traitement dans l’unique but d’extorquer leurs aveux.”
Le lancement de ces travaux avait suscité un grand espoir au sein des habitants de Kinshasa mais désormais, c’est la déception qui l’emporte face aux retards et même à une aggravation des bouchons. La population souhaite aussi voir les coupables de détournements réellement punis.
-Anciens médiateurs entre l’opposition et le pouvoir, les évêques ont fait une déclaration musclée. S’ils se sont dits satisfaits de quelques actions du président Tshisekedi, ils ont émis des critiques acerbes contre la coalition au pouvoir.
Avec notre correspondant à Kinshasa, Pascal Mulegwa
Les évêques congolais se sont réunis du 24 au 28 février pour plancher sur la situation du pays. Ils ont notamment salué la mise en œuvre de la gratuité de l’enseignement primaire et des « avancées significatives » en matière de liberté d’expression, ainsi que le retour de la RDC sur le plan international.
Mais ils ont aussi listé leurs inquiétudes, tout particulièrement les dysfonctionnements au sein de l’appareil d’État. « Beaucoup de problèmes auxquels le pays est confronté restent sans solution adéquate, à cause de la crise qui mine la coalition. Il est inacceptable que le pays soit pris en otage par un accord qui, du reste, est occulte », a estimé l’abbé Donatien Nshole, le secrétaire général de l’épiscopat congolais.
La Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) dit ne pas être intéressée par les contours de l’accord entre Félix Tshisekedi et son prédécesseur, mais elle reste convaincue que cet accord est à l’origine des tensions actuelles. Les prélats sont d’autant plus préoccupés qu’ils disent avoir constaté une mauvaise gestion des finances publiques et redoutent des détournements.
« Nous assistons à un enrichissement injustifié et scandaleux d’une poignée d’acteurs politiques, au détriment de la grande majorité de la population. La corruption et le détournement de deniers publics persistent. Ces détournements sont l’œuvre de ceux-là mêmes qui sont appelés à être des garants du bien commun », ajoute Donatien Nshole.
Les évêques, déjà irrités par la non-tenue des élections locales, ont appelé les populations à « demeurer vigilantes » dans l’exercice du contrôle citoyen des institutions.
-La star congolaise a pu se produire vendredi soir devant des milliers de spectateurs. Des groupes d’opposants congolais radicaux ont pourtant tout fait pour empêcher le concert de Fally Ipupa, à l’AccorHotels Arena.
Les dernières heures précédant le concert de Fally Ipupa à Paris laissaient craindre le pire. Un incendie spectaculaire, déclenché par des feux de scooters et de poubelles, a d’abord enfumé, dans l’après-midi, le quartier de la gare de Lyon, proche de l’AccorHotels Arena du XIIe arrondissement. Ce n’est que vers 18h30, à un peu plus d’une heure du début théorique de l’événement, que les pompiers ont maîtrisé les flammes. Vous risquez gros en y allant
Mais les intimidations ne se sont pas arrêtées là. Plusieurs centaines de “combattants”, la plupart des hommes jeunes et déterminés, se sont donnés rendez-vous aux abords de la salle de 20 000 places dans le but d’empêcher le concert. « C’est annulé », « Vous risquez gros en y allant », « Vous êtes fiers de ce que vous faites ? » « Là-haut, Dieu vous voit ! »… Mêlant mensonges et menaces, empoignant parfois des spectateurs ou les bousculant, les combattants ont tenté le tout pour le tout.
C’était sans compter sur un impressionnant dispositif de sécurité. Métros fermés, dizaines de fourgons de gendarmerie, barrières métalliques… Des contrôles de billets ont été mis en place à distance de la salle pour trier spectateurs et agitateurs. Et le parcours menant à l’enceinte de l’AccorHotels n’avait rien à envier à la sécurité des aéroports : boissons et parapluies confisqués, consigne obligatoire pour les sacs, fouilles, passage sous un portique de détection de métal : rien n’a été laissé au hasard. Faire la fête, loin des querelles politiques
Après cette parenthèse pesante, qui a tout de même réussi à intimider une petite partie du public, on découvrait une ambiance totalement différente. Sapeurs, familles au complet, Africains de tous les pays, s’étaient donné rendez-vous pour chanter et danser. Bref, faire la fête, loin des querelles politiques.
« Bien sûr, on a eu un peu peur en voyant les dernières infos, mais après l’Olympia annulé en 2017, c’était ce soir ou jamais », confiait une maman ivoirienne venue avec sa fille applaudir « l’aigle » depuis la fosse. En regardant le public rire et papoter, on pouvait même penser qu’il s’agissait d’un concert presque comme un autre.
Presque, seulement. La première partie, du spectacle, avec notamment Robinio Mundibu, l’un des protégés de Fally, a commencé avec une quarantaine de minutes de retard du fait des incidents dans une salle à moitié vide. Et ce n’est qu’après un long entracte (sans doute pour attendre que la jauge se remplisse) que la star de la soirée a fait une entrée triomphante.
à lire RDC : Fally Ipupa, sous l’aile de « l’aigle »
Après une vidéo montrant un aigle survoler Kinshasa et les grandes métropoles occidentales, le rideau s’est levé sur une gigantesque structure gonflable du rapace qui a lentement elle-même « pris son envol. » “Jour historique”
Sa Majesté Fally, en peignoir et baskets, une couronne revisitée posée sur la tête, pouvait enfin commencer à chanter… après un long silence dans la capitale française. La chanson inaugurale « La vie est belle », sonnait comme un pied de nez aux combattants.
Le concert, maîtrisé de bout en bout, a été une véritable démonstration de force. Fally, en forme vocalement, était accompagné sur scène par une quarantaine de danseurs, chanteurs et musiciens, dans la grande tradition congolaise. Il a su alterner tubes urbains façon Tokooos et classiques rumba, multipliant les costumes et faisant le show pendant plus de deux heures.
Sur scène, quelques personnalités sont apparues : les chanteurs Mokobé et Bramsito, l’actrice et réalisatrice Angela Bassett… Mais c’est surtout le Franco-Congolais Dadju qui a retenu l’attention avec un tour de chant inspiré et en clamant tout haut ce que beaucoup de spectateurs pensaient tout bas : « Aujourd’hui est un jour historique, c’est une grande victoire pour le Congo ! »
Mais quelques minutes avant 23h30, un agent venait glisser un mot à l’oreille de Fally, visiblement agacé. Le chanteur était contraint de terminer son concert, assez brutalement, à l’heure convenue avec la salle, sans avoir le temps d’interpréter tous les tubes qu’il avait répétés pour la soirée.
Avant de quitter la scène la star congolaise a néanmoins promis de venir rapidement faire à nouveau l’événement en France. On espère le retrouver dans une ambiance plus apaisée.
-Environnement des affaires délétère, morose et peu transparent, harcèlement fiscal… Albert Yuma, le président de la fédération des entreprises du Congo (FEC), a lancé une violente charge contre la politique du gouvernement. Mais aussi contre l’« ingérence étrangère » dans les questions minières.
« Aucun gouvernement ne devrait jamais promettre ce qu’il n’est pas certain de tenir. C’est une question de crédibilité et de responsabilité de l’action publique vis-à-vis des gouvernés ». Actuellement au centre d’une enquête judiciaire ouverte par le parquet de Kinshasa portant sur une dette de 128 millions d’euros contractée par la Gécamines, qu’il préside, c’est sous sa casquette de président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) qu’Albert Yuma Mulimbi a tapé du poing sur la table le 29 février, lors de la traditionnelle cérémonie des vœux de l’organisation patronale, à l’hôtel Pullman.
Ce proche de Joseph Kabila – qui avait un temps tenté de l’imposer à la primature, en avril 2019 – a appelé le nouveau pouvoir à amorcer des grandes réformes pour améliorer le climat des affaires et instaurer un système fiscal efficace en RDC. Des réformes, qui permettraient à l’État, assure-t-il, de stimuler les investissements et les recettes publiques.
Son appel intervient quelques jours après la fin de la mission d’évaluation du programme intérimaire du FMI, dont le compte-rendu témoigne d’inquiétudes similaires. Croissance économique en repli
Les dernières données statistiques publiées par la Banque centrale du Congo indiquent que l’activité économique en RDC a fléchi en 2019 par rapport à l’année 2018. Ainsi, le taux de croissance économique a atteint 4,6 % contre 5,8 % en 2018. « Bien que ce taux de croissance soit supérieur à la moyenne des pays subsahariens, la croissance économique de la RDC demeure fragile et peu inclusive car portée par le secteur minier, secteur hautement capitalistique mais peu pourvoyeur d’emplois », souligne Albert Yuma.
Pour démontrer l’impact négatif de cette fragilité, le président de la FEC fait référence au dernier Rapport sur le développement humain de 2019, du Pnud, qui classe la RDC à la 179e position avec un IDH de 0,459. « Cette position est en recul de 3 places par rapport à l’année 2018. Sans grande surprise nous continuons donc à stagner, voire à régresser, dans le peloton de queue des pays à développement humain les plus faibles », s’inquiète Albert Yuma.
Ce n’est pas la sortie la plus sévère du patron des patrons sur le sujet. Lors de la même cérémonie des vœux de la FEC, en janvier 2014, il avait ainsi remis en cause les chiffres officiels de la croissance et déploré la persistance du sous-emploi et de la pauvreté, critiquant sévèrement la politique économique d’Augustin Matata Ponyo, alors Premier ministre. Un climat des affaires qui « dissuade toute velléité d’entreprendre »
La loi de finances 2020 prévoit la collecte d’environ 203 taxes et impôts pour alimenter les caisses de l’État. Pour Albert Yuma, « l’environnement des affaires reste largement délétère, morose et peu transparent, dominé par la corruption, le harcèlement fiscal, l’insécurité juridique et judiciaire ainsi que par des coûts de facteurs de production si élevés, qu’ils dissuadent toute velléité d’entreprendre ». Pas de concertation dans les décisions publiques
« Les capacités d’intervention de l’État se sont dégradées en raison d’initiatives prises sans concertation aucune, et si certaines d’entre elles ont eu certaines mérites, elles s’avèrent en fin de compte créatrices de frustrations car non applicables financièrement », a déploré Albert Yuma.
Le patron des patrons est ainsi revenu sur le plan de trésorerie publié début février, qui réduit les recettes courantes à environ deux millions de dollars, contre une prévision de plus de sept millions de dollars dans la loi de finance. « Nous avons observé avec regret, mais avec le sentiment qu’il ne pouvait en être autrement, la réduction implicite du budget de l’État », a-t-il déclaré, rappelant avoir « émis des doutes » lors de l’adoption de ce budget « sur la capacité du pays à soutenir de telles dépenses avec des recettes que nous jugions irréalistes et […] sans rapport avec nos capacités contributives ».
Soutien au gouvernement sur la sous-traitance minière
Sur la question des mines, en revanche, le patron des patrons congolais a espéré la fermeté de Kinshasa après que les ambassadeurs de 19 pays ainsi que la délégation de l’union européenne ont saisi le gouvernement, le 21 février, pour réclamer un moratoire de six mois quant à l’application de la loi sur la sous-traitance [imposant de recourir exclusivement à des entreprises locales] et un dialogue en vue d’aplanir les « incompréhensions ». « Je le dis très clairement ici, il est inadmissible que que des ambassades étrangères se mêlent des politiques publiques internes », a martelé Albert Yuma pour qui cette loi est un « levier à l’émergence d’entreprises locales » et à des investissements futurs.
« Il est patent qu’aujourd’hui, le tissu économique n’est pas en capacité d’absorber 100 % de la demande de sous-traitance », a-t-il reconnu. « Mais il est tout aussi clair que si on ne fait rien, on trouvera difficilement des acteurs locaux susceptibles d’investir dans la durée sans avoir la garantie de pouvoir compter sur des contrats futurs », a-t-il argué.
Albert Yuma a également fait part de ses « inquiétudes » quant aux futures propositions du FMi pour le secteur minier, accusant les rapports officiels de l’organisation de « plagier quasi intégralement les conclusions de certaines ONG ». « Soit le FMI n’a pas de vision propre pour l’industrie minière, ce qui est troublant, soit c’est que les dés sont déjà pipés en fonction des intérêts représentés par ces ONG et que je juge contraires à ceux du Congo et à sa souveraineté ».
-Le chef du service de contre-espionnage au sein de l’Agence nationale de renseignement est mort ce lundi, dans des circonstances qui restent encore floues.
Plusieurs sources gouvernementales, ainsi que des sources au sein des services du renseignement congolais, ont confirmé l’information à Jeune Afrique : Léon Lukaku, chef du service de contre-espionnage de l’Agence nationale de renseignement (ANR), est décédé ce lundi à Kinshasa.
Les causes de son décès ne sont, pour le moment, pas connues. Plusieurs cadres des services de renseignement congolais, sous couvert d’anonymat, ont cependant avancé que ce dernier « était malade ». Selon nos informations, Léon Lukaku avait été suspendu de son poste de directeur des services contre-espionnage de l’ANR au cours du mois de février.
Ce décès intervient trois jours après celui du général Delphin Kahimbi, chef d’état-major adjoint chargé du renseignement militaire, décédé vendredi 28 février dans des circonstances encore non élucidées. L’armée et la présidence ont annoncé avoir ouvert des enquêtes sur la mort de ce haut gradé qui fut un proche de Joseph Kabila.