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Laurent Gbagbo, un procès crucial pour la Cour pénale internationale
-L’un fut président de la Côte d’Ivoire et l’autre rêve d’entrer à son tour dans l’Histoire. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé s’assiéront côte à côte, jeudi 28 janvier, dans le box des accusés de la Cour pénale internationale (CPI). L’ex-chef d’Etat ivoirien et son éphémère ministre de la jeunesse y répondront de crimes contre l’humanité commis lors des violences qui ont enflammé la Côte d’Ivoire après la présidentielle de novembre 2010, faisant, selon l’ONU, plus de 3 000 morts en cinq mois.
Selon l’accusation, les deux hommes auraient planifié, organisé et coordonné « un plan commun » pour permettre à Laurent Gbagbo de conserver le pouvoir « par tous les moyens, y compris en commettant des crimes ». Entre le 27 novembre 2010 et le 12 avril 2011, les forces armées ivoiriennes, appuyées par des milices et des mercenaires, auraient visé les partisans d’Alassane Ouattara, déclaré vainqueur d’une élection présidentielle controversée, attaquant, tuant, blessant, violant et persécutant des centaines de civils. Laurent Gbagbo aurait activé les forces armées dans cet objectif.
Quant au « général de la rue », doté d’un indéniable charisme dont il use jusque dans le box des accusés, il aurait mobilisé la jeunesse, ciblé l’ennemi, lancé les mots d’ordre. Contre les deux accusés, le substitut du procureur, Eric MacDonald, entend appeler plus de cent témoins à la barre. Ils déposeront notamment sur les cinq faits retenus par l’accusation : la répression d’une marche vers la Radio-Télévision ivoirienne, d’une manifestation dans le quartier populaire d’Abobo, puis son bombardement, et des tueries commises à Yopougon. Plusieurs témoins déposeront sous pseudonyme. Pour les juges, « la société ivoirienne est encore polarisée », et Laurent Gbagbo compte « beaucoup de partisans », ce qui, estiment-ils, pourrait « augmenter les risques sur les témoins ».
Coopération sélective
A La Haye, Charles Blé Goudé se présente en nouveau Mandela, « pas forcément pour le parcours », reprend, dans un semblant d’humilité, son avocat, Me Simplice Seri Zokou, mais parce qu’il se sent comme l’icône sud-africaine : diabolisé. L’ambitieux politicien, qui « aspire à jouer sa partition en Côte d’Ivoire », a constitué une équipe formée de camarades de lycée pour plaider sa cause hors du prétoire. Lors de sa première audition à La Haye, il avait dû assurer ses partisans de son soutien à Laurent Gbagbo.
Selon l’un des experts psychiatres de la Cour, il serait d’abord soucieux de« ce qu’il laissera comme trace dans l’Histoire de son pays »A 70 ans, l’ex-président laisse à ses avocats le soin de mener la bataille procédurale. Selon l’un des experts psychiatres de la Cour, il serait bien moins soucieux de l’issue du procès, que de « ce qu’il laissera comme trace dans l’Histoire de son pays ». Pour autant, Laurent Gbagbo n’appartient pas encore au passé. Il pèse encore en Côte d’Ivoire. Sur son parti, qui se déchire l’héritage, ou sur les candidats, qui cherchent l’adoubement du chef. Sur le pouvoir ivoirien, qui suit minutieusement toutes les étapes de l’affaire, contrant régulièrement, par des courriers à la Cour, les allégations des deux accusés.
Les avocats de la Côte d’Ivoire, les français Jean-Pierre Mignard et Jean-Paul Benoît, ont même demandé à participer au procès, rappelant avoir eu « une coopération effective avec la Cour depuis l’ouverture de l’enquête par le procureur ». Une coopération sélective : poursuivie depuis février 2012, Simone Gbagbo n’a pas été livrée par le pouvoir ivoirien, qui assure vouloir désormais conduire devant ses propres tribunaux les procès sur les violences de 2010-2011. L’ex-première dame a déjà été condamnée dans une première affaire à vingt ans de prison. Et le président Ouattara a affirmé, au printemps 2015, qu’aucun suspect ne serait désormais livré à la Cour.
« L’absence d’accusations contre les forces pro-Ouattara a porté atteinte à la légitimité de la Cour dans l’opinion populaire »Les autorités ivoiriennes assurent qu’elles peuvent juger les acteurs de la crise devant leurs propres tribunaux. Une façon d’éviter d’avoir à livrer, à l’avenir, ceux qui se sont aussi illustrés aux côtés d’Alassane Ouattara et sur lesquels la procureure, Fatou Bensouda, assure toujours enquêter. Mais faute de mandats d’arrêt à ce jour contre les partisans du chef d’Etat, la CPI est accusée de conduire une justice de vainqueurs. « L’absence d’accusations contre les forces pro-Ouattara (…) a entraîné une opinion très polarisée à propos de la CPI », estime Human Rights Watch dans un communiqué et a « porté atteinte à la légitimité de la Cour dans l’opinion populaire ».
L’organisation de défense des droits de l’homme regrette que le procureur n’ait pas conduit dans le même temps ses enquêtes contre les deux camps et se soit ainsi lié les mains. La Cour a encore besoin de la coopération de la Côte d’Ivoire pour faire venir ses témoins contre Laurent Gbagbo et se trouve en quelque sorte prise en otage. A ce jour, le pouvoir a pu instrumentaliser la Cour à ces seules fins : écarter l’ex-chef d’Etat de la scène politique, sans permettre à celle-ci de remplir pleinement son mandat.
Affaire d’envergure
Pour la Cour, le procès de Laurent Gbagbo est l’occasion de conduire une affaire d’envergure. Depuis qu’elle a ouvert ses portes en 2002, c’est la première fois qu’elle juge un ancien chef d’Etat. Ambitieuse, elle a déjà visé le président soudanais, Omar Al-Bachir, contre lequel pèsent deux mandats d’arrêt, Mouammar Kadhafi, avant qu’il ne soit tué en Libye en octobre 2011, et a mis en accusation Uhuru Kenyatta, élu malgré cela président du Kenya et dont l’affaire s’est finalement soldée par un non-lieu.
Cette fois, c’est à un « ex » que la Cour s’attaque, pour lequel l’Union africaine ne s’est pas mobilisée, comme elle l’avait fait pour le Kényan et le Soudanais. « En Afrique francophone, avoir un geste pour Gbagbo, c’est prendre des risques, estime Guy Labertit, ancien directeur Afrique du Parti socialiste et ami de l’ancien président. Les pays du Sahel pensent d’abord à leur sécurité. »Politicien ivoirien et gendre de Laurent Gbagbo, Stéphane Kipré estime que « les chefs d’Etat en service ne peuvent pas s’immiscer dans des questions qui concernent un ancien chef d’Etat ».
Laurent Gbagbo, devant la CPI, à La Haye, en février 2013. CRÉDITS : MICHAEL KOOREN/AFP Quoi qu’il en soit, Laurent Gbagbo vient allonger la liste des ex-chefs d’Etat poursuivis pour crimes contre l’humanité. Avant lui, le Serbe Slobodan Milosevic, le Libérien Charles Taylor et le Tchadien Hissène Habré ont eux aussi fait face à des juges internationaux pour des crimes de masse. Le premier est décédé en prison avant le verdict, le second a été condamné à cinquante ans de prison, qu’il purge aujourd’hui au Rwanda. Le troisième est toujours en procès à Dakar. Ce dernier est le seul jugé avec l’aval de l’Union africaine.
Pour retrouver une crédibilité écornée au fil des ans, la Cour devra aussi s’emparer de l’Histoire. Comme si elle craignait d’affaiblir sa thèse, mais au risque de présenter un récit biaisé, l’accusation n’a pas inclus dans son mémoire d’avant procès le récit des confrontations entre les forces régulières et les rebelles, malgré les demandes des juges. Ces derniers avaient aussi invité le procureur à enquêter sur les crimes commis depuis 2002, début de la crise ivoirienne issue de la partition durable du pays. La défense entend bien compléter le récit de l’accusation, et il appartiendra aux juges d’établir la réalité.
Mais, par le passé, dans des affaires visant des miliciens de l’est de la République démocratique du Congo, la Cour avait ramené à de simples conflits ethniques la course régionale au pillage des richesses congolaises. Dans ce « puzzle de 5 000 pièces » à conviction, ainsi que le décrit la défense, les juges seront donc aussi attendus sur l’Histoire. En attendant, ils vont devoir gagner la bataille du temps. Le procès devrait durer plusieurs années.
(Le Monde Afrique)
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Ouattara : pas de gouvernement d’union
-Alassane Ouattara s’est exprimé à la télévision nationale, quelques heures après l’annonce officielle de sa victoire à la présidentielle.
Le président sortant a donné dans les grandes lignes les priorités de son mandat.
Il a écarté l’idée d’un gouvernement d’union. « Les gouvernements de transition et d’union, en général, ne donnent pas preuve d’efficacité », a-t-il déclaré.
Alassane Ouattara a fait de la prospérité « un des éléments qui aide le plus la réconciliation », insistant également sur le fait que « la justice doit faire son travail et que les victimes doivent être indemnisées ». Il a ajouté que « l’opposition doit jouer son rôle d’opposition ».
Le président ivoirien a est réélu pour un second mandat avec 83,66 % des voix, selon les résultats rendus publics par la Commission électorale indépendante.
Pascal Affi N’Guessan (FPI) arrive deuxième, avec 9,29 % des suffrages, contre 3,88 % pour Bertin Konan Kouadio, candidat indépendant.
Les autres candidats sont à moins de 1 %. Une partie de l’opposition avait appelé à boycotter l’élection.
BBC
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Côte d’Ivoire : un mort et des blessés dans des heurts à propos de la candidature du président Ouattara
-Les heurts jeudi en Côte d’Ivoire – principalement dans l’ouest – au cours de manifestations contre la candidature du président Alassane Ouattara à l’élection présidentielle du 25 octobre ont fait un mort et plusieurs blessés, a appris l’AFP de sources concordantes.
Le Conseil Constitutionnel ivoirien a rendu publique, mercredi, la liste définitive des dix candidats, autorisant notamment M. Ouattara à briguer un deuxième mandat face à une opposition morcelée. Le président sortant est le favori de ce scrutin crucial pour la stabilisation de la Côte d’Ivoire après la crise postélectorale qui a suivi sa victoire en 2010 sur son prédécesseur Laurent Gbagbo.
Ce dernier attend dans une cellule de la Cour pénale internationale (CPI) l’ouverture de son procès le 10 novembre pour crimes contre l’humanité en raison de son rôle présumé dans la crise de fin 2010-début 2011. Plus de 3.000 Ivoiriens étaient morts en cinq mois de violences causées par son refus de reconnaître sa défaite.
Une partie de l’opposition favorable à l’ancien président et qui conteste l’éligibilité de M. Ouattara avait appelé à des marches jeudi.
Les principaux événements se sont produits dans la région natale de M. Gbagbo. Des jeunes Betés (ethnie locale de M. Gbagbo) ont érigé des barrages à Gagnoa (230 km au nord-ouest d’Abidjan), sa ville natale, ainsi qu’à plusieurs carrefours des environs, bloquant la circulation, a appris l’AFP auprès de témoins et d’une source sécuritaire désirant garder l’anonymat.
Avec AFP
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Côte d’Ivoire : 33 candidats enregistrés pour la présidentielle en octobre, un record
-Trente-trois candidats, dont trois femmes, ont déposé leur dossier pour l’élection présidentielle du 25 octobre en Côte d’Ivoire, cruciale pour la stabilisation du pays après la crise postélectorale de 2011 qui a fait 3.000 morts, a annoncé mardi la Commission électorale.
“Au total, ce sont trente hommes et trois femmes qui ont fait acte de candidature”, souligne un communiqué du service de communication de la Commission électorale indépendante (CEI) ivoirienne, chargée de l’organisation du scrutin.
“C’est un record car c’est la première fois qu’on atteint ce nombre pléthorique”, a expliqué à l’AFP Gervais Coulibaly, vice-président de la CEI.
En 2010, la CEI avait enregistré 20 candidatures à la présidentielle contre moins les années précédentes dans ce pays abonné aux élections multipartites qu’en 1990.
Ouverts le 4 août dernier, les enregistrements des candidatures auprès de la CEI se sont clôturés mardi à 17 heures (GMT et locales).
La CEI dispose désormais de 72 heures pour transmettre les dossiers de candidatures au Conseil constitutionnel ivoirien qui devra rendre publique la liste définitive le 10 septembre, soit 45 jours avant le scrutin.
Outre Alassane Ouattara, candidat à sa propre succession et favori, l’ex-Premier ministre ivoirien Charles Konan Banny et Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), le parti de l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo, en pleine dissension, ont déposé leur candidature.
Ces personnalités ont été suivies par Mamadou Koulibaly, fondateur du Lider et ancien président de l’Assemblée nationale sous Gbagbo, Amara Essy, ancien ministre des Affaires étrangères (1990-1999) de Côte d’Ivoire et le député de la majorité Bertin Konan Kouadio.
Le scrutin sera ouvert à 7 heures (GMT et locales) et clos le même dimanche 25 octobre 2015 à 17 heures.
Plus de 300.000 nouveaux électeurs (un nombre bien inférieur aux prévisions) se sont inscrits sur les listes électorales.
Au total, la liste électorale définitive, dont la publication est attendue fin août, devrait comporter 6,2 millions d’électeurs environ.
Alors que 5,7 millions de personnes étaient inscrites sur les listes électorales du scrutin de 2010 – 4,6 millions avaient voté -, le dernier recensement de la population, effectué en 2014, faisait état de 8 à 9 millions de majeurs. Soit 2,3 à 3,3 millions de nouveaux électeurs potentiels
En 2010-2011, plus de 3.000 Ivoiriens avaient été tués en cinq mois de violences causées par le refus de Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010.
(Avec AFP)
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Côte d’Ivoire : dépigmentation interdite
-Le gouvernement ivoirien a décidé d’interdire l’utilisation des produits de dépigmentation, jugés nocifs pour la santé.
La dépigmentation de la peau rencontre depuis plusieurs années un succès auprès des jeunes femmes africaines – et de quelques hommes – qui pensent qu’elle les embellit.
Mais les experts médicaux estiment que ces crèmes peuvent entraîner l’apparition d’un cancer ou d’autres maladies.
L’utilisation de ces produits est particulièrement répandue au Nigeria.
L’Afrique du Sud a les lois les plus sévères au monde concernant les produits d’éclaircissement de la peau, ayant notamment interdit l’ingrédient hydroquinone, mais plus d’un tiers des femmes sud-africaines les utilisent tout de même.
(BBC)
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Alassane Ouattara souhaite que Laurent Gbagbo soit jugé pour crimes de guerre
Au cours d’un entretien exclusif avec FRANCE 24 – RFI, Alassane Ouattara a insisté sur la nécessité que son prédécesseur, Laurent Gbagbo, soit jugé pour crimes de guerre par la CPI, pour les exactions commises dans le pays ces six derniers mois.
Par FRANCE 24 (texte) (more…)