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  • Pas d’accord au dialogue en RDC : la plénière suspendue jusqu’au 21 décembre

    Pas d’accord au dialogue en RDC : la plénière suspendue jusqu’au 21 décembre

    -Les évêques catholiques ont annoncé samedi que des solutions consensuelles n’ont pas été trouvées dans les commissions traitant de la gouvernance et des institutions et dans celle en charge du processus électoral. Ils ont levé la séance et appelé la prochaine au 21 décembre en attendant le retour du président et du vice-président de la Cenco (Conférence épiscopale nationale des évêques) qui doivent se rendre à Rome pour une audience avec le pape.

    “Des solutions consensuelles autour de quelques questions confiées aux commissions du processus électoral et la gouvernance des institutions n’ont pas été trouvées. Pour faire justice à toutes ces questions, nous demandons aux commissions concernées de poursuivre leurs discussions sous la coordination du secrétariat technique de la Cenco, profitant de la présence des évêques modérateurs de ces commissions qui sont encore à Kinshasa”, a indiquée l’abbé Donatien Nshole, secrétaire général adjoint de la Cenco.

    Les travaux devront continuer dans ces commissions sous la coordination du secrétariat technique de la Cenco, en présence des évêques modérateurs restés à Kinshasa.

    La Cenco annonce qu’elle poursuivra pendant ce temps les contacts aussi bien avec le pouvoir que l’opposition signataire de l’accord du dialogue de septembre et octobre derniers et celle qui l’avait boycotté.

    Pour certains participants au dialogue cette annonce des évêques constitue un aveu d’échec.

    Felix Tshisekedi

    Comme annoncé,les discussions ont échoué.À présent,peuple congolais,la balle est dans votre camp!Ns sommes arrivés au bout de nos efforts. 

    “Comme annoncé, les discussions ont échoué. A présent, peuple congolais, la balle est dans votre camp! Nous sommes arrivés au bout de nos efforts”, a posté sur son compte Twitter, Felix Tshisekedi, fils du leader de l’opposition et secrétaire général adjoint chargé des relations extérieures de l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps) qui prend part aux negocitations. .

    Les divergences persistent notamment sur l’avenir politique du président Joseph Kabila dont le dernier mandat arrive à la fin le 19 décembre et sur l’étendue des pouvoirs devant être les siens pendant la transition points. La situation est tendue dans le pays car l’élection le successeur du chef de l’Etat congolais n’a été pas organisée avant la date consacrant la fin du dernier mandat de celui-ci, le 19 décembre.

    Les évêques ont dû discuter vendredi avec Etienne Tshisekedi, leader de l’opposition, et le président Kabila pour essayer de concilier les divergences persistantes entre les camps de ceux qui ont pris part au dialogue de septembre et octobre derniers et celui de ceux qui l’ont boycotté.

    Appel de paix de Washington

    Le gouvernement américain a, la veille, lancé un appel à la paix et demandé aux autorités congolaises et à l’opposition de finaliser avant le 19 décembre un accord inclusif sur la tenue des élections, le format d’un gouvernement intérimaire et le transfert pacifique de pouvoir.

    Le département d’Etat a, par la même occasion, mis en garde contre la répression violente des manifestations ou rassemblements pacifiques, ou la violence de l’opposition, qui sont incompatibles avec les normes démocratiques et la primauté du droit.

    En septembre, plus de 50 personnes ont été tuées à Kinshasa dans des affrontements entre les forces de l’ordre et des manifestants qui réclamaient le départ de M. Kabila du pouvoir au 19 décembre.

    Le président Kabila est au pouvoir depuis 2001, la Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels et lui interdit de se représenter.

    VOA

  • Edem Kodjo: Tshisekedi ne me connaît pas. S’il veut la guerre, je vais le démolir !

    Edem Kodjo: Tshisekedi ne me connaît pas. S’il veut la guerre, je vais le démolir !

    Après dix mois de facilitation chahutée, l’ancien secrétaire général de l’OUA et ex-Premier ministre du Togo a déposé (provisoirement ?) les armes. En exclusivité pour JA, et alors que les Congolais retiennent leur souffle dans la perspective de la fin du mandat du président Kabila, le 19 décembre, Edem Kodjo raconte ici son parcours du combattant.
    Comment (et pourquoi) j’ai mis les pieds dans le « marigot »

    Je n’ai rien sollicité, c’est venu à moi. Je me trouvais par hasard à Brazzaville un jour de janvier 2016, lorsque j’ai reçu un appel du commissaire Paix et Sécurité de l’Union africaine, l’Algérien Smaïl Chergui. « Mme Dlamini-Zuma souhaite savoir si vous accepteriez une mission de bons offices en RD Congo, me dit-il. Il s’agit de mettre en place un dialogue entre le pouvoir et l’opposition et de déboucher sur un accord politique en vue de l’élection présidentielle. » Rien de moins ! Réponse prudente de ma part: « Laissez-moi vingt-quatre heures de réflexion. » Cela tombe bien, un chef d’État d’expérience et qui connaît la RD Congo comme sa poche, le président Sassou Nguesso, loge à deux pas.

    Il me reçoit, je lui soumets la proposition, et il m’encourage aussitôt à dire oui : «Je connais tes convictions panafricaines, je ne vois donc pas comment tu pourrais te défiler. Je vais t’aider. » Ma décision est prise : j’accepte. Vous ne vous en doutiez pas, mais la deuxième personne à qui j’ai parlé de cette mission, c’était vous-même. Je me souviens de votre question: « Edem, qu’allez-vous faire dans ce marigot ? » Etde ma réplique : « Il faut bien que quelqu’un se sacrifie. »

    Premiers pas encourageants

    Muni du mandat de Mme Dlamini-Zuma, qui fait de moi un facilitateur du dialogue, je débarque à Kinshasa, résolu à entrer en contact avec toutes les parties. Paradoxal, au vu de ce qui allait advenir, mais vrai : c’est de la part du principal parti de l’opposition, l’UDPS d’Étienne Tshisekedi, que je reçois le meilleur accueil. Deux délégations viennent me voir pour me féliciter, se réjouir du choix d’« un grand médiateur africain » (je les cite) et me prier de me rendre au plus vite à Bruxelles pour y rencontrer le « líder máximo ».

    Ce qui, pour moi, allait de soi. Le 4 février, j’effectue mon premier déplacement dans la capitale belge, à la rencontre de celui que vous avez surnommé, à JA, « Monsieur Non ». Tshisekedi me reçoit, entouré de son fils Félix, de l’abbé Tshilumba, son directeur de cabinet, et de son inséparable assistant Gilbert Kankonde. Cette fois, il dit oui. Oui au dialogue, sans réserves apparentes. Bien qu’une partie de la mouvance de l’opposition s’obstine à me regarder avec suspicion, le fait d’être soutenu par l’UDPS m’encourage. Début mars, je tombe malade et me fais soigner à Paris.

    C’est là que le directeur de cabinet du président Kabila, Néhémie Wilondja, vient me rendre visite à mon appartement du XVIIe arrondissement pour m’annoncer qu’une délégation de la sensibilité présidentielle et une autre de l’UDPS se trouvent dans la capitale française pour y discuter du dialogue. Les deux parties, ajoute-t-il, demandent que je préside aux pourparlers. Convalescent, mais requinqué par la nouvelle, j’accepte et choisis le lieu: l’hôtel Raphael. Le 26 mars 2016, veille de Pâques, on s’installe : six côté mouvance, six côté UDPS, et moi au milieu.

    Ce n’est pas la première fois que les uns et les autres discutent. Pour le pouvoir, rechercher un accord avec Tshisekedi est une constante, en fonction d’un calcul simple: mouvance présidentielle + UDPS = majorité absolue, plus besoin des autres.

    Ils se sont déjà vus à Venise, puis à Ibiza, sans résultats. Y parviendront-ils à Paris? La réunion dure deux heures, et je dois dire que nous faisons un excellent travail. Nous réglons tous les problèmes, ou presque, et nous signons un accord portant sur le comité préparatoire au dialogue, son règlement, son ordre du jour et surtout sa composition. Trente membres au total : douze pour la partie présidentielle, six pour la société civile et douze pour l’opposition. Certes, l’opposition, ce n’est pas que l’UDPS, mais il est clair que cette dernière entend garder la main.

    Munie d’un mandat dûment signé de Tshisekedi lui-même, dont j’ai exigé et conservé copie (on n’est jamais trop prudent!), la délégation UDPS au Raphael est conduite par deux de ses proches, Floribert Tendayi et Papis Tshimpangila. Elle comprend aussi l’un des propres fils du Vieux, Christian Tshisekedi, et l’un de ses neveux, Bona Kabongo. Comme rien n’est simple dans cette famille, Félix Tshisekedi me dira plus tard, sur le ton du reproche, que son frère Christian n’y connaît rien en politique puisque c’est un homme d’affaires. Comme si j’avais moi-même composé cette délégation ! Toujours est-il qu’en ce 26 mars l’UDPS nous annonce qu’elle se réserve le droit de nommer elle-même les douze personnalités de l’opposition qui participeront au comité préparatoire. Explication : « On se connaît entre nous, hors de question de nous laisser infiltrer par de faux-vrais opposants ! » Après tout, c’est son affaire. On se sépare donc bons amis.

    De retour à Kinshasa, je reçois le secrétaire général de l’UDPS, Bruno Mavungu, accompagné de Félix Tshisekedi. Félix joue les durs, et je m’aperçois rapidement qu’il a pris l’ascendant sur Mavungu, mais il ne remet rien en question. Il ne me reste plus qu’à recevoir la liste des opposants membres du comité préparatoire. On me l’annonce d’une heure à l’autre. Je suis confiant, presque euphorique. À tort.

    Quand Tshisekedi tourne casquette

    J’ai en main les listes de la mouvance présidentielle et de la société civile, mais, côté UDPS, rien ne vient. Une, deux, trois semaines, rien. Je me rends donc de nouveau à Bruxelles pour y rencontrer Étienne Tshisekedi. Il me reçoit le 5 mai dans un hôtel de la capitale belge, entouré, cette fois encore, de Félix, de l’abbé Tshilumba et de Gilbert Kankonde. Je les sens un peu crispés, exigeant notamment ce qu’ils appellent un renforcement de la facilitation. Mais comme ils ne me montrent aucune hostilité, je sors de l’entretien rassuré, même si je n’ai toujours pas obtenu la fameuse liste. Retour à Kinshasa.

    Au sein de la mouvance présidentielle et de l’opposition non UDPS, on s’impatiente et on me critique. À leurs yeux, je favorise l’UDPS, je fais tout pour ressusciter Tshisekedi et le remettre en selle. C’est alors que surgit cette étrange idée de panel de personnalités censées m’épauler et m’encadrer, afin de « remettre le dialogue sur les rails ». Puisque le facilitateur piétine, entend-on dire, aidons-le à s’en sortir.

    C’est évidemment tout sauf désintéressé car derrière ce schéma se profile l’ombre des Américains, en particulier celle de l’envoyé spécial pour les Grands Lacs, Tom Perriello. Via le panel, dont ils seraient membres, les États-Unis, puissance extracontinentale, souhaitent être directement au cœur du dialogue, ce qui à mes yeux n’est pas souhaitable. J’ai rapidement vu la manœuvre, d’où la contre-idée, lancée par moi, d’un groupe de soutien à la facilitation, composé de l’UA, de l’ONU, de l’Union européenne, de l’OIF et des organisations régionales africaines. Cris d’orfraie de la part des Américains et des politiciens congolais qui leur sont proches !

    Début juin, je suis à nouveau à Bruxelles, face à Tshisekedi. Je demande un tête-à-tête. On me le refuse, non sans une certaine indignation : « Le président ne voit jamais personne en tête à tête! » Va donc pour l’inévitable duo Tshilumba-Kankonde, témoins muets de notre échange. « Grand frère, lui dis-je. J’attends les noms de vos représentants au dialogue depuis deux mois, quand les aurai-je ? » Réponse : « Petit frère, nous sommes jeudi. Lundi, dans quatre jours, vous les aurez. » Je saurai plus tard que la liste, effectivement, était prête. Elle ne m’a jamais été remise.

    Qui l’a fait passer à la trappe ? Mystère. Pendant des jours, j’ai cherché à le joindre depuis Kinshasa, en vain. Il a fallu m’y résoudre: Tshisekedi avait tourné casquette. Pourquoi? Je me souviens que, pendant l’entretien, il n’avait cessé de me répéter que j’étais trop seul et que la formule du panel, qui avait la faveur des Américains, était à ses yeux la meilleure pour m’entourer. Est-ce là la clé de sa volte-face ? Je l’ignore.

    Kodjo: « Quand aurai-je les noms des délégués au dialogue? » Tshisekedi: « Lundi, dans quatre jours. »

    Six mois, plus tard, j’attends encore…

    Avec Katumbi, un rendez-vous manqué

    Heureusement, l’iceberg de l’opposition commence à craquer. Le député Samy Badibanga, qui deviendra Premier ministre en novembre, puis d’autres, manifestent avec insistance le souhait de participer au dialogue. Au même moment se pose le problème de Moïse Katumbi. J’avais prévu de le rencontrer peu après mon second séjour à Bruxelles, début mai.

    Mon projet était d’aller le voir chez lui, à Lubumbashi, ce qui d’ailleurs ne plaisait guère au pouvoir en place à Kinshasa, qui estimait que c’était là une sorte de reconnaissance. La veille du jour fixé pour notre rendez-vous, l’un de ses proches, l’ex-président de l’assemblée provinciale du Haut-Katanga, Gabriel Kyungu, connu pour la brutalité de son langage, se livre dans les médias locaux à une violente diatribe contre moi, avant de conclure que je ne serai pas le bienvenu à Lubumbashi.

    Dans la foulée, le G7, regroupement d’anciens kabilistes ralliés à Katumbi, publie une déclaration de la même eau à mon encontre, avant d’en appeler, lui aussi, comme par hasard, à la mise en place du fameux panel cher à M. Perriello. J’annule donc mon déplacement et appelle Katumbi pour le lui signifier. L’échange est aigre-doux : « Kinshasa vous a empêché de venir me voir ! » me dit-il. « Pas du tout, c’est votre ami Kyungu et vos alliés du G7 qui, manifestement, ne le souhaitent pas. Ma sécurité n’est pas assurée à Lubumbashi, pourquoi viendrais-je ? »

    La conversation terminée, je joins aussitôt Mme Dlamini-Zuma pour lui proposer de faire venir Moïse Katumbi en terrain neutre, à Addis-Abeba, afin que nous parlions avec lui. Le principe est rapidement acquis lorsque surviennent l’affaire dite des mercenaires et l’ouverture d’une procédure à l’encontre du candidat.

    Depuis lors, je suis intervenu à sa demande pour faciliter son départ à l’étranger, mais nous ne nous sommes toujours pas rencontrés. Dois-je préciser que je n’ai aucun problème avec M. Katumbi, qui porte le même prénom que celui de mon père ? J’entends souvent dire qu’il est « l’homme des Américains ». Je l’ignore, même s’il en est notoirement proche. Et dans ce cas, il n’est pas le seul.

    Son grand frère, Katebe Katoto, que j’ai rencontré à Bruxelles, était un ardent défenseur de la formule du panel et un critique acerbe de la facilitation que je menais, au point que j’ai dû lui dire, les yeux dans les yeux: « Moi, Monsieur, je ne suis pas achetable ! » Au cours de cette même rencontre, un membre du G7 s’est levé : « Vous, vous avez un mentor qui s’appelle la France, a-t-il commencé. Eh bien, sachez que la RDC, c’est le jardin privé des États-Unis ! » Mon sang n’a fait qu’un tour : « Je ne sais pas si vous êtes conscient de ce que vous venez de dire, ai-je rétorqué. À votre place, je ferais tout pour que ça ne sorte pas de cette salle. Sinon l’Afrique entière va se moquer de vous ! »

    Coup de foudre à Kinshasa

    Nous sommes en juin. L’UA a avalisé mon projet de groupe de soutien à la facilitation, et je décide d’envoyer une nouvelle mission auprès de Tshisekedi à Bruxelles. À Genval, banlieue chic de la capitale belge, l’opposition, UDPS et G7 notamment, vient de lancer le Rassemblement anti-Kabila. Le ton s’est durci, et je crains que ma délégation, composée des Algériens Saïd Djinnit et Smaïl Chergui, ainsi que d’un diplomate belge, ne trouve porte close. Il n’en est rien, et le rapport de quelques lignes que me font ces émissaires est totalement anodin, ce qui m’étonne un peu.

    Était-ce pour m’endormir? Le réveil sera brutal. Le 4 juillet, une réunion du groupe de soutien à Addis-Abeba débouche sur une demande qui est presque une injonction : le facilitateur est prié de mettre en place le comité de préparation au dialogue d’ici à la fin du mois. Une date est retenue : le samedi 30 juillet. Mais il y a un problème : de retour à Kinshasa le 27, Étienne Tshisekedi a prévu de tenir un mégameeting le 31 juillet. L’UDPS hurle au complot : c’est du sabotage!

    D’ailleurs, me dit-on, vos émissaires à Bruxelles se sont entendus avec nous pour que les deux événements ne coïncident pas – si c’est exact, cela m’a été caché ; pourquoi ? Où était mon intérêt dans cette affaire, alors que je me battais depuis des mois pour inclure Tshisekedi dans le jeu ? A-t-on voulu me piéger, me discréditer afin de mettre quelqu’un d’autre à ma place? Je n’en dirai pas plus, mais Mme Dlamini-Zuma, à qui j’ai fait, fin octobre, un compte rendu détaillé de ma mission, connaît les tenants et aboutissants de toute cette histoire.

    Lors de son meeting devant des dizaines de milliers de personnes, Étienne Tshisekedi m’injurie. Je ne m’y attendais absolument pas. Il me traite de « petit kabiliste partial » et ajoute que je suis « un traître ». Oui, « un traître » ! Passé l’instant de sidération, je réfléchis. Si traître il y a, l’insulte convient à celui qui a signé un accord et ne l’a pas respecté. Or, Tshisekedi a violé l’engagement que ses délégués, mandatés par lui, ont conclu à Paris en ma présence. Donc le traître, c’est Tshisekedi. Partial? C’est risible.

    Pendant longtemps, la majorité présidentielle et une partie de l’opposition, dont Vital Kamerhe, le G7 et la Dynamique, m’ont accusé de favoriser l’UDPS et son vieux leader! Ce discours m’est tombé dessus comme un coup de foudre. Je ne pardonne pas à Tshisekedi de s’être montré aussi injuste à mon égard. Il ne s’en est jamais excusé ni expliqué. Lorsqu’un ami commun, Mgr Monsengwo, a voulu que j’aille le voir chez lui, à Limete, pour recoller les morceaux, j’ai refusé. Peut-être nous reverrons-nous, mais ce ne sera pas à son domicile. Tshisekedi ne me connaît pas. S’il veut la guerre, je vais le démolir !

    L’Église catholique : pêchez en paix

    Certes, l’Église est une institution en RD Congo. Certes, je suis moi-même un catholique pratiquant et je me dois de passer le manteau de Noé sur ce que fait ma hiérarchie et qui ne me plaît pas toujours. Je ne dirai donc rien sur le cardinal Monsengwo, que je connais bien et que je respecte.

    Mais tout de même. J’ai beaucoup compté sur la conférence épiscopale, la Cenco, pour qu’elle m’aide dans ma tâche de facilitation. Au sein du comité préparatoire au dialogue, le représentant de la Cenco, l’abbé Donatien Nshole, avait le beau rôle. Idem lorsque, le 1er septembre, s’est ouvert le dialogue lui-même. Surviennent alors les tragiques émeutes des 19 et 20 septembre à Kinshasa, lesquelles – il convient de le préciser, car j’en ai été le témoin – ont commencé par le saccage des sièges des partis membres du dialogue, perpétré par des militants du Rassemblement de l’opposition radicale. Avant que les jeunes kabilistes aillent à leur tour mettre le feu aux locaux de l’UDPS.

    C’est alors que les curés de la Cenco ont changé de ton. Après avoir exigé une semaine de deuil, ils sont venus poser des préalables au dialogue qui ne figuraient pas dans nos accords. J’y ai consenti à une condition : qu’ils restent dans la salle. Libre à eux, par ailleurs, d’aller à la pêche miraculeuse et de ramener dans leurs filets les opposants au dialogue. À l’heure où je vous parle, la pêche continue, et je souhaite qu’elle soit fructueuse.

    D’autant que Joseph Kabila, vous l’aurez remarqué, joue le jeu et encourage les évêques. Cela s’est discuté fin octobre à Luanda, en marge du sommet des chefs d’État de la région, qui a entériné l’accord politique du 18 octobre. Denis Sassou Nguesso et José Eduardo dos Santos ont suggéré à Kabila de tendre la main au Rassemblement de l’opposition, via la Cenco, ce qu’il a fait. Je crois que tout le monde est un peu tétanisé à l’idée qu’il se passe quelque chose le 19 décembre à minuit et que chacun cherche à conjurer les risques de dérapages.

    Présidentielle : 2018 ou le chaos

    Les Américains, les Européens, la Cenco, le Rassemblement: tous ou presque « exigent » que l’élection présidentielle se tienne en 2017.

    Mais c’est impossible avant avril 2018 ! Cette échéance n’est pas le fruit du hasard : le fichier électoral est corrompu, tout le monde l’a dit, sa refonte est indispensable. La RD Congo, c’est 2,5 millions de km², 136 000 bureaux de vote, 20 000 tonnes de matériel électoral à transporter, le plus souvent par voie aérienne ou fluviale. La commission électorale, les experts de l’ONU et de l’OIF, le général malien Siaka Sangaré, que je considère comme le meilleur expert électoral d’Afrique francophone et que j’ai fait venir…

    Tous sont formels : on ne peut pas, en resserrant au maximum les délais, aller plus vite. Le fichier électoral sera fiable et complet début octobre 2017, il faut ensuite six mois pour organiser le scrutin. À condition, bien sûr, que son financement – près de deux milliards de dollars – soit assuré. Préconiser une présidentielle bâclée l’an prochain, c’est irresponsable.

    J’ai entendu récemment Jean-Marc Ayrault, le ministre français des Affaires étrangères, critiquer l’accord du 18 octobre et remettre 2017 sur le tapis. Cela m’a étonné : son ambassadeur à Kinshasa ne lui a donc pas fait rapport ? Il parle en méconnaissance de cause.

    Autre revendication de l’opposition radicale et de ceux qui la soutiennent : que Kabila démissionne au soir du 19 décembre 2016 et laisse la place à une période transitoire spéciale, avec à sa tête le président du Sénat, Léon Kengo Wa Dondo, qui organisera les élections. Ce n’est ni constitutionnel – la Cour suprême a tranché, et les participants au dialogue en sont convenus – ni réaliste. Le mandat de Kengo est forclos depuis quatre ans, faute d’élections provinciales et sénatoriales tenues dans les délais. Quelle est sa légitimité? Sur le plan strictement juridique, le fait que Kabila demeure en place jusqu’à l’élection de son successeur est objectivement la moins mauvaise des solutions.

    Une classe politique brillante, mais toxique

    J’ai eu affaire à une classe politique à la fois brillante, adepte des faux-fuyants, intelligente, toxique… L’argent joue un rôle prépondérant: en Afrique de l’Ouest, les gens pensent qu’ils sont riches quand ils ont 100 millions de F CFA.

    Ici, ils le sont quand ils ont la même somme, mais en dollars. Autre caractéristique: un sentiment national et identitaire à vif. Est-ce un héritage du mobutisme triomphant ? C’est possible, mais les Congolais en général sont allergiques à toute interférence, en particulier occidentale – sauf bien entendu quand elle sert leurs intérêts et qu’ils peuvent l’instrumentaliser à leur profit.

    Aussi les chefs d’État africains, qui connaissent ce sentiment, sont-ils prudents dès qu’il s’agit de se mêler des affaires congolaises. Sassou Nguesso joue un rôle positif, Dos Santos aussi, ainsi – et c’est moins connu – que Faure Gnassingbé. Le président togolais entretient des relations étroites aussi bien avec Kabila qu’avec Vital Kamerhe. Si Kamerhe ne nous avait pas rejoints, il n’y aurait jamais eu de dialogue, et Faure a été décisif dans son ralliement, tout comme son « envoyé spécial », le ministre Gilbert Bawara, très introduit à Kinshasa.

    Pourquoi (et comment) j’ai mis les pieds dans le « marigot »: suite et fin

    Ce n’est pas l’argent qui m’a motivé, et je voudrais être clair, voire trivial à cet égard : Kabila ne m’a pas payé, ce n’est pas lui qui a réglé mes frais de mission ni mes per diem.

    C’est l’UA qui m’a pris en charge, et il ne m’a rien donné. On a, à ce sujet, raconté n’importe quoi. Je me souviens du jour où je suis allé visiter le fameux barrage d’Inga et survoler l’embouchure du fleuve Congo, spectacle dont j’ai toujours rêvé. Une compagnie pétrolière avait mis un hélicoptère à ma disposition à cet effet.

    Le lendemain, des journaux ont écrit que, ça y est, Kodjo est dans le pétrole, Kabila l’y a mis pour l’acheter ! Par contre oui, mon ego, ma place dans l’Histoire, la volonté de sortir par le haut, de ne pas partir sur un échec, celle aussi de démontrer à M. Tshisekedi, qui m’a trahi, que je n’étais pas un nègre de service, tout cela m’a motivé et a forgé ma résilience.

    François Soudan/Jeune Afrique

  • Les évêques catholiques discutent avec Tshisekedi et Kabila

    Les évêques catholiques discutent avec Tshisekedi et Kabila

    -Les évêques catholiques, qui assurent la médiation aux discussions directes à Kinshasa, ont discuté la nuit dernière avec Etienne Tshisekedi, leader de l’opposition, et attendent d’être reçus par le président Joseph Kabila.

    L’incertitude planait vendredi à Kinshasa sur les chances de conclusion dans la journée d’un accord politique permettant de trouver une sortie de crise en République démocratique du Congo avant la fin du mandat du président Joseph Kabila le 20 décembre.

    Les négociations qui se sont ouvertes le 8 décembre sous l’égide de la Conférence des évêques catholiques du Congo (Cenco) sont censées s’achever vendredi, selon le calendrier défini par les prélats.

    Le but de ce dialogue est de trouver un compromis sur la mise en place d’une période de transition politique devant mener à la tenue de la présidentielle.

    Cette élection devait avoir lieu cette année mais n’a pas été organisée. Elle doit permettre la désignation d’un successeur à M. Kabila, à qui la Constitution interdit de se représenter.

    Les détracteurs de M. Kabila l’accusent depuis des mois d’avoir orchestré le report de la présidentielle, de chercher à se maintenir au pouvoir par tous les moyens et pour cela d’envisager de changer la Constitution comme l’ont fait plusieurs présidents du voisinage de la RDC.

    Fidèle à sa réputation de taiseux, le chef de l’État, au pouvoir depuis 2001 et âgé de 45 ans, ne dévoile rien de ses projets, si ce n’est, dans son dernier discours public mi-novembre, sa volonté de se maintenir en poste après le 20 décembre jusqu’à l’élection de son successeur.

    Le dialogue arbitré par la Cenco met aux prises deux délégations. La première regroupe des représentants de la majorité et d’une frange minoritaire de l’opposition ayant signé en octobre un accord renvoyant la présidentielle au plus tôt à avril 2018 et prévoyant jusque-là un partage de l’exécutif entre M. Kabila et un Premier ministre issu de l’opposition.

    L’autre délégation regroupe les opposants à cet accord, essentiellement rassemblés autour d’Étienne Tshisekedi, figure historique de l’opposition congolaise, âgé de 84 ans.

    Jeudi soir, selon des participants aux négociations, des progrès avaient été enregistrés sur la question de la date et de l’organisation de la présidentielle, mais l’impasse persistait sur celle de l’avenir politique de M. Kabila et de l’étendue des pouvoirs devant être les siens pendant la transition.

    – Dans l’antichambre du président –

    Alors que les deux camps soufflent le chaud et le froid avec des déclarations tantôt maximalistes tantôt conciliantes, l’Église a voulu se montrer encore optimiste vendredi matin.

    “Les évêques ont échangé avec M. Tshisekedi cette nuit”, a déclaré à l’AFP l’abbé Donatien Nshole, porte-parole de la Cenco, pour qui ces échanges ont été “positifs”.

    Selon l’abbé Nshole, les prélats “ont sollicité une audience auprès du président Kabila”, ce qui a été confirmé dans l’entourage du chef de l’État.

    Vers 12H30 (11H30 GMT), ils attendaient d’être reçus par le président au Palais de la Nation avant de revenir “présider la grande plénière” devant déboucher sur la signature d’un accord, a ajouté le prélat.

    La RDC n’a connu aucune alternance démocratique depuis son indépendance de la Belgique en 1960. État-continent de quelque 70 millions d’habitants au coeur de l’Afrique, le Congo (ex-Zaïre) a été ravagé par deux guerres entre 1996 et 2003 et la communauté internationale craint que le pays ne plonge dans une nouvelle spirale de violence faute d’accord politique.

    Depuis 2013, plusieurs centaines de personnes ont été tuées dans des violences à caractère politique à Kinshasa et dans plusieurs villes du pays.

    M. Tshisekedi et ses alliés ont menacé d’appeler à des manifestations sur tout le territoire à partir de lundi jusqu’à ce que le chef de l’État quitte le pouvoir. Cet appel à manifester contre M. Kabila est pour l’heure suspendu au résultat des négociations en cours.

    L’opposition ne semble cependant pas avoir mobilisé ses troupes outre mesure en vue de manifestations. Signe néanmoins d’une certaine fébrilité des autorités, le gouvernement a demandé jeudi aux opérateurs internet de filtrer ou couper les réseaux sociaux à compter de 23h59 dimanche.

    “Qu’on ait des garanties (sur la date des élections et le fait que M. Kabila ne cherchera pas à briguer un nouveau mandat) et nous irons parler au peuple parce que de vrais défis commencent après le 19 décembre”, a déclaré à l’AFP Jean-Marc Kabund, secrétaire général du parti de M. Tshisekedi.

  • Entre le marteau de la Communauté internationale et l’enclume du Peuple congolais

    Entre le marteau de la Communauté internationale et l’enclume du Peuple congolais

    -Le Face à face du ‘‘Rassemblement majoritaire’’ et de la ‘‘Majorité minoritaire’’

    En quête de Consensus politique et national

    Entre le marteau de la Communauté internationale et l’enclume du Peuple congolais

     

    ‘‘La meilleure arme, c’est s’asseoir et parler’’

    Nelson Mandela’, Président de la République Sud-Africaine (RSA) 1994 – 1999 et Héros de l’abolition du régime ségrégationniste d’Apartheid

    Depuis le jeudi 8 décembre 2016, Kinshasa est, indéniablement, en pleine ébullition. En effet, à la veille de la fin du second et, surtout, dernier mandat de Joseph Kabila Kabange, la capitale politique et administrative de la République démocratique du Congo (RDC) est, à vrai dire, le théâtre des pourparlers politiques. En fait, ces négociations politiques intercongolaises mettent face à face les signataires du fameux ‘‘Accord du 18 octobre 2016’’ ou ‘‘le Pacte du camp Tshatshi ’’, conclu à la va-vite à la Cité de l’Union africaine (UA), et le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement – [politique et démocratique NDLR] – dont l’acronyme est le (RFPSC).

    À la suite du monologue de la Cité de l’Union africaine (UA), ce nouveau forum politique, se déroulant au siège de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), réunit, en réalité, deux camps aux prétentions politiques et idéologiques, somme toute, variées et diamétralement opposées. Il confronte, réalistement, deux visions intrinsèquement liées à l’avenir politique de la Nation et de l’État. D’un côté, se pavane comme un paon le conglomérat de celles et ceux dont le slogan est ‘‘Wumela’’. Ce signifie ‘‘Régner ad vitam aeternam’’.

    Cette équipe, certes, adossée au pouvoir finissant et vermoulu présente, manifestement, cette particularité et cette singularité d’offrir sur un plateau d’or à ‘‘l’imposteur’’ Joseph Kabila Kabange la certitude de ‘‘glisser’’. En effet, au travers d’une convention ‘‘privée’’ et ‘‘sectaire[i]’’, ce camp plutôt motivé par la seule et unique perspective de partage des maroquins ‘‘proroge’’, sans autre forme de procès, de 18 mois le mandat présidentiel de l’Usurpateur. Ce qui est, indubitablement, une manière d’accorder un sursis au pouvoir maffieux d’occupation étrangère et de pillage meurtrier de toutes ressources nationales. Il sied de mentionner que ce ‘‘cadeau’’ offert à Joseph Kabila Kabange n’est pas vraiment sans rappeler le tristement célèbre épisode de l’Hôtel des Cascades vécu à Sun City, une station balnéaire de la République Sud-Africaine[ii]. Sans compter que dans le cas présent, il a néanmoins cette faculté de violer, de manière flagrante, bon nombre de dispositions de l’édifice constitutionnel.

    Aussi cette équipe dont l’idéologie politique est, sûrement, la ‘‘Wumelacratie’’ présente-t-elle cette particularité et cette singularité de faire d’un simple accord privé et sectaire – ce qui est incompréhensible et inadmissible – une ‘‘loi supraconstitutionnelle’’. Donc, ce conglomérat d’aventuriers et d’opportunistes – pour reprendre cette formule d’ailleurs chère à Mzee Laurent-Désiré Kabila (LDK) – s’arroge, toute honte bue, le droit d’exercer une compétence politique et constitutionnelle qui relève, pourtant, du Parlement réuni normalement en Congrès. Ce qui est, par essence, un impair politique ‘‘gravissime’’. Une telle forfaiture relève, essentiellement, de la ‘‘haute trahison’’ d’autant plus qu’il s’agit, en l’espèce, d’un ‘‘coup d’État’’,  cette fois-ci soft. [Purement et simplement !]

    Aussi cette équipe au service exclusif de l’occupation étrangère et du pillage meurtrier présente-t-elle cette particularité et cette singularité de faire retourner immédiatement la République démocratique du Congo à l’époque de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL). Cette triste période se caractérise par le fait que le destin politique de ce vaste pays au cœur de la région des Grands Lacs africains et d’Afrique centrale dépend inexorablement d’un texte manuscrit. Celui-ci est, d’ailleurs, griffonné par une bande de soudards locaux et étrangers dans l’optique d’hypothéquer tous azimuts l’indépendance de l’État et la souveraineté de la Nation.

    En face des signataires du ‘‘Pacte privé et sectaire’’ du camp militaire Tshatshi, campent solidement les promoteurs de l’Accord de Genval (banlieue bruxelloise). Celui-ci porte, très naturellement, dans les fonts baptismaux le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Celles-ci sont réunies autour d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba, leader charismatique de l’UDPS, qui plus est Opposant historique à la triade despotique incarnée, personnifiée, à diverses époques par le Togolais Mobutu Sese Seko du Zaïre, le Malawite Mzee Laurent-Désiré Kabila et le Rwando-tanzanien Joseph Kabila Kabange. Il sied de souligner que ce camp est viscéralement opposé à toute prorogation du mandat présidentiel de l’imposteur Joseph Kabila Kabange. À cet effet, celui-ci exige – rien que moins – le respect strict et intégral de la Constitution de Liège du 18 février 2006 qui est, par définition, ‘‘un acte de vente [bradage, spoliation] des ressources du pays’’.

    Force est de relever que, vingt-quatre ans après l’ouverture de la véritable Conférence nationale souveraine (CNS), l’Église catholique du Congo accepte volontiers de jouer, en sa qualité de puissance religieuse et d’autorité morale, la ‘‘Modération’’ dans un forum politique. Cette institution adopte cette attitude dans l’optique de trouver une solution viable consolidant aussi bien la paix et l’harmonie que la liberté et la démocratie. Ce qui n’est pas sans arrière-pensée surtout dans un pays gangrené par la montée en puissance des groupes charismatiques, syncrétiques et évangéliques d’obédience protestante.

    Aussi convient-il de noter que, dix-neuf ans après l’effondrement irréversible du régime politique, directement issu d’une CNS revue et corrigée, ‘‘polluée’’ et ‘‘verrouillée’’ par les forces politiques mobutistes, cette Confession religieuse accepte volontiers de jouer la ‘‘Médiation ou les Bons offices’’ dans une crise politique qui affecte sensiblement la Collectivité publique. Cette Assemblée ecclésiastique accepte de jouer très ouvertement ce rôle à haut risque dans un conflit politique où les dés sont pourtant – c’est, d’ailleurs, un secret de polichinelle – déjà pipés. Pourquoi ?

    Comme à l’époque effervescente de la CNS, ce conflit politique oppose brutalement ceux qui sacrifient à tout prix la vie de la Communauté nationale[iii] et ceux qui privilégient la dignité du Peuple et la liberté du Citoyen[iv]. Force est, toutefois, de reconnaître que dans cette crise politique, d’ailleurs, artificiellement provoquée par les officines étrangères, la ‘‘Moraliste’’ Communauté internationale cherche, d’abord et avant tout, à sauvegarder ses intérêts sacrosaints[v]. Ceux-ci passent forcément et logiquement par l’expulsion pure et simple de l’Empire du milieu [la République populaire de Chine] qui a naturellement conquis, et ce sans coup férir, le cœur de l’Afrique et de la région des Grands Lacs.

    Aussi importe-t-il de relever que dans ce conflit politique où tout le monde a réellement tout à gagner et tout à perdre, le Peuple congolais qui est, par définition, plutôt une vue de l’esprit pour l’élite dirigeante et ses soutiens internationaux, veut sans aucun doute le changement politique et démocratique. En effet, celui-ci souhaite ardemment prendre part à la gestion politique et administrative du pays comme tout peuple digne vivant sur son territoire national. Il souhaite, donc, vivre de toutes ses richesses, de ses immenses ressources autant minérales et naturelles que précieuses et stratégiques. ‘‘Privilège lui catégoriquement interdit par la Communauté internationale, a fortiori occidentale, par l’entremise de sa classe politique moribonde et mentalement atrophiée[vi]’’. Ce dernier sera-t-il, vraiment, très largement entendu ? Sera-t-il effectivement le dindon de la farce ? Qui vivra verra !

    [i] Cette convention est conclue le 18 octobre 2016 entre le gouvernement, la soi-disant famille politique de Joseph Kabila Kabange et ses partis satellites. S’y greffent l’opposition alimentaire et les mendiants de la société civile.

    [ii] Le 19 avril 2002, la faction belligérante de Kinshasa incarnée par le général-major Joseph Kabila Kabange et le Mouvement de libération du Congo (MLC) animé par nul autre que l’affairiste postmobutiste Jean-Pierre Bemba Gombo avaient signé un accord pirate et sectaire de partage du pouvoir. Ce pacte clandestin qui excluait de ces pourparlers la véritable opposition politique et démocratique (UDPS) et le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD)-Goma adoubé par le Rwanda de Paul Kagame, avait pour effet de balkaniser la République démocratique du Congo en deux vastes territoires distincts.

    [iii] Ce camp vise à assouvir la soif de pouvoir pathologique d’un individu, a fortiori incompétent et kleptomaniaque, dans l’optique de se créer un espace d’enrichissement sans cause, donc une sécurité matérielle et financière.

    [iv] Ce camp est, plutôt, favorable à l’équité et la justice en tant que garante des droits humains fondamentaux et des libertés républicaines. Il s’oppose farouchement aux caprices loufoques d’un tyran aveuglé par les richesses matérielles et obnubilé par la violence, quelle qu’elle soit, dans l’intention fort délibérée de détruire la Collectivité publique et la Communauté nationale.

    [v] Dans l’agenda politique et diplomatique de la fameuse Communauté internationale, le Peuple congolais meurtri et asservi n’existe malheureusement pas.

    [vi] En clair, le Peuple congolais totalement néantisé est le seul détenteur des clés de cette crise à la fois politique et démocratique. En effet, la République démocratique du Congo sera à l’image de ses propres phantasmes s’il se décide finalement à agir pour se libérer définitivement de la camisole de force que lui font porter aussi bien de puissants intérêts extérieurs que des geôliers internes et qui entrave sa liberté. Donc, la libération nationale ne dépend pas de la classe politique. Ce processus révolutionnaire ou insurrectionnel dépend, plutôt, forcément et logiquement de l’implication positive et irréversible de la population. En d’autres termes, c’est le Peuple qui libère vaillamment la Nation tout entière et les dirigeants politiques et gouvernementaux qu’il se choisit dans le secret des urnes, ne sont que ses serviteurs patentés.

  • La RDC en quête de cohésion politique et de stabilité nationale.  Que représente-t-elle vraiment ‘‘la date du 19 décembre 2016’’ ?

    La RDC en quête de cohésion politique et de stabilité nationale. Que représente-t-elle vraiment ‘‘la date du 19 décembre 2016’’ ?

    -La République démocratique du Congo en quête de cohésion politique et de stabilité nationale

    Que représente-t-elle vraiment ‘‘la date du 19 décembre 2016’’ ?

    ‘‘Enjeux’’ et ‘‘Perspectives’’ du ‘‘Pouvoir’’ populaire

    La ‘‘Symbolique’’ de la ‘‘Puissance’’ démocratique

    A l’instant où l’esclave décide qu’il ne sera plus esclave, ses chaînes tombent.” Mohandas Karamchand, alias Mahatma Gandhi

    Par Joël Asher Lévy-Cohen *

    Le ‘‘lundi 19 décembre 2016’’, le mandat présidentiel de l’usurpateur Joseph Kabila Kabange arrive, pratiquement, à échéance. Ce terme légal présente cette particularité et cette singularité que ce ‘‘saigneur de paix’’ à la tête de la République démocratique du Congo depuis quinze ans ne peut plus se représenter à un scrutin électif pour assumer les plus hautes charges de l’État. Cette contrainte s’opère conformément à l’esprit et la lettre de la Constitution de Liège du 18 février 2006. Mais, dans le contexte d’une crise politique artificiellement créée et, surtout, savamment nourrie par une classe politique moribonde et mentalement ‘‘atrophiée’’, que signifie-t-elle exactement cette date dont la portée ‘‘réflexive’’ et ‘‘universelle’’ est plus politique et idéologique que juridique ?

    Au-delà de toute considération personnelle, le lundi 19 décembre 2016 veut dire que le Peuple congolais meurtri et asservi recouvre l’entièreté de ses droits de souveraineté, d’ailleurs perdus brutalement le 14 septembre 1960[i]. Il sied de constater que ceux-ci ont été, pratiquement, perdus aux mains de la tyrannie des mercenaires locaux et étrangers dont l’objectif primordial consiste à prostituer la souveraineté internationale ainsi que l’indépendance nationale de la République démocratique du Congo. Ils ont été perdus au profit des forces despotiques et ‘‘rétrogrades’’ dont l’arbitraire est, à vrai dire, le mode d’expression légitime. Ils ont été perdus au bénéfice des puissances réactionnaires dont la mission essentielle se résume à priver l’État du droit au développement économique, la population du droit au progrès social, le Citoyen du strict respect des droits humains et des libertés publiques fondamentales.

    En d’autres termes, cette date fatidique du lundi 19 décembre 2016 marque, en réalité, la rupture nette et claire du système politique axé sur la rébellion à la Loi fondamentale. Donc, celle-ci marque, définitivement, une profonde césure dans la ‘‘confiscation’’ de la démocratie en tant que ‘‘capacité’’ du Peuple à se choisir très librement des dirigeants politiques et étatiques, des délégués ou représentants légitimes. En clair, elle marque, de manière décisive, la fin des putschs doublement militaires et révolutionnaires, des coups d’État à la fois politique et électoral.

    C’est donc, en vérité, le début d’une nouvelle ère. Celle de la démocratie qui consacre le Peuple congolais Souverain primaire, qui exalte la Citoyenneté en tant que participation à la vie politique et nationale. Celle de la démocratie qui s’appuie substantiellement sur l’éthique de liberté et aussi de responsabilité, qui s’arc-boute sur la justice en tant que garant du développement et du progrès, de la paix sociale et de l’expansion individuelle et collective et, surtout, expression de la moralité publique. Celle de la démocratie qui érige la Constitution en garant des libertés républicaines, en instrument de sécurisation du Citoyen et de protection de la Nation.

    Par conséquent, dans la seule et unique perspective du lundi 19 décembre 2016, ce qui  importe, à n’en point douter, c’est moins le départ effectif de Joseph Kabila Kabange – en tant que dirigeant étatique et entreprise politique faillitaire[ii] – que l’émasculation de la dictature répressive et oppressive. C’est la rupture absolue avec la tyrannie arbitraire en tant que méthode de gestion des ressources publiques et régime d’administration de la chose politique. C’est la rupture nette et claire avec le despotisme éclairé en tant que système de paupérisation des masses laborieuses, de spoliation des richesses nationales et d’asphyxie des libertés publiques fondamentales.

    D’où l’intérêt fondamental pour l’ensemble du Peuple congolais de manifester, au cours de cette journée consacrée entièrement à la libération nationale et populaire, son ras-le-bol politique, sa désapprobation démocratique, en assujettissant coûte que coûte la dictature féroce aux ‘‘Principes’’ de la Raison humaine, aux ‘‘Lois’’suprêmes de la Dignité du Citoyen devenu pertinemment acteur politique et, surtout, Sujet des droits ‘‘sacrés’’, ‘‘inviolables’’ et ‘‘irrévocables’’.

    Joël Asher Lévy-Cohen

    Journaliste indépendant

     

    [i] Il s’agit du jour où le colonel-major Joseph-Désiré Mobutu réalisa, en fait, son premier coup d’État militaire qu’il qualifia, d’ailleurs, non sans morgue, avec jactance, de ”coup de force”. C’est le jour que ce chef militaire, qui plus est commandant en chef de l’armée nationale congolaise (ANC), trucida la démocratie nationale. Pour ce faire, il encercla le parlement de la République démocratique du Congo avec la soldatesque acquise à sa cause. Cette instance politique et étatique venait, à ce moment précis, de renouveler sa pleine et entière confiance au Premier ministre nationaliste et panafricaniste Patrice Emery Lumumba et à son gouvernement. Par conséquent, le colonel-major Joseph-Désiré Mobutu profita de cette occasion ‘‘unique’’ pour renvoyer sine die les sessions parlementaires, ainsi que les députés et sénateurs.

    [ii]Certes, le Maréchal-despote-pillard Joseph-Désiré Mobutu Sese Seko du Zaïre est bel et bien parti. Il a bel et bien quitté cette Terre des Hommes. Mais, force est d’admettre qu’il est plutôt revenu sous les traits arbitraires et totalitaires du Mercenaire Mzee Laurent-Désiré Kabila. Cette brute dictatoriale s’est vraiment réincarnée et, surtout, a parfaitement pris le visage sanguinaire de Joseph Kabila Kabange. Raison de plus de chasser pour de bon, et ce à compter du lundi 19 décembre 2016, le tristement célèbre Maréchal-tyran Mobutu Sese Seko du Zaïre et ses diverses incarnations hideuses pour avoir indéfiniment paralysé le pays et, par conséquent, plomber tant son ascension morale et spirituelle que son expansion intellectuelle et matérielle.

  • Dialogue en RDC : les travaux suspendus jusqu’à mardi

    Dialogue en RDC : les travaux suspendus jusqu’à mardi

    -Les évêques catholiques ont suspendu les travaux du dialogue jusqu’à mardi prochain au terme de la séance de vendredi à Kinshasa boycottée par le parti de Jean-Pierre Bemba, ancien rebelle et ancien vice-président congolais.

    La séance de vendredi a été levée après validation des listes de différentes parties. Les prélats catholiques ont remis aux délégués présents des documents reprenant les thèmes qui feront l’objet des débats au cours de ces discussions ainsi qu’un code de conduite.

    Mais la question de quotas continue à diviser les participants, surtout l’opposition.

    Le Mouvement pour la libération du Congo (MLC), parti de Jean-Pierre a quitté la salle avant la levée officielle de la séance. Il conteste le quota de deux délégués qui lui est attribué contre cinq pour l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps), parti d’Etienne Tshisekedi.

    Quinze participants devront représenter chacun de deux principaux camps en présence dans ce dialogue. Celui de la majorité et des opposants qui ont pris part au dialogue de septembre et octobre derniers et celui de l’opposition qui l’avait boycotté.

    Le MLC et l’Udps sont, en fait, en tête de deux groupes de l’opposition (le Rassemblement et le Front pour le respect de la Constitution) qui s’avaient rejeté le dialogue précédant, le jugeant non inclusif.

    Le dialogue actuel a été convoqué pour trouver une solution à la crise causée par la non-tenue des élections (principalement la présidentielle) à la proche de la fin du dernier mandat du président Joseph Kabila au pouvoir depuis 2001.

    La Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels et interdit ainsi à M. Kabila de se représenter.

    Les mouvements citoyens mais aussi l’opposition accusent M. Kabila d’avoir délibérément manœuvré pour ne pas organiser les élections et se maintenir au pouvoir.

    Plus de 50 personnes ont été tuées en septembre dernier à Kinshasa lors des affrontements entre les forces de l’ordre et des manifestants qui exigeaient le départ du pouvoir du président Kabila au 19 décembre, date de la fin de son mandat

  • Le nouveau dialogue politique a démarré à Kinshasa

    Le nouveau dialogue politique a démarré à Kinshasa

    -Les discussions directes entre le camp de ceux qui ont pris part au dialogue de septembre et octobre derniers et ceux qui l’ont boycotté ont démarré jeudi à Kinshasa sous la médiation de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).

    “Nous nous retrouvons ici pour la séance inaugurale des discussions politiques pour un plus large consensus sur le processus électoral”, a déclaré Mgr Marcel Utembi, président de la Cenco devant un parterre de négociateurs.

    Ces négociations visent à éviter le chaos au 19 décembre, date constitutionnelle de la fin du dernier mandat du président Joseph Kabila dont le successeur ne sera pas connu faute de la tenue des élections.

    Le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, à gauche, le Premier ministre Samy Badibanga, au centre, et le Directeur de cabinet du président Joseph Kabila, Néhémie Mwilanya, présents au lancement du dialogue politique, à Kinshasa, RDC, 8 décembre

    Le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, à gauche, le Premier ministre Samy Badibanga, au centre, et le Directeur de cabinet du président Joseph Kabila, Néhémie Mwilanya, présents au lancement du dialogue politique, à Kinshasa, RDC, 8 décembre

    Mgr Utembi a reconnu que le pays était dans un enlisement et faisait face à des “conséquences sont incalculables”. Mais il a rappelé aux acteurs politiques congolais que “le pape recommande aux acteurs politiques congolais de construire des ponts, pas des murs”.

    Le regard du nonce apostolique (ambassadeur du Vatican) en RDC était présent à cette cérémonie d’ouverture.

    “Les conclusions de ces travaux vont conduire urgemment à la paix, à la réconciliation, à la tenue d’élections apaisées afin d’obtenir l’alternance politique, comme prescrit dans la Constitution”, a affirmé le numéro un de la Cenco.

    Le prélat s’est félicité “des signaux forts et très encourageants” de la part du président Joseph Kabila. Il a ajouté que “cet élan d’encouragement (avait) été relayé” par Étienne Tshisekedi, opposant de longue dans ce pays.

    Deuxième de la gauche, Monseigneur Luis Mariano Montemayor, Nonce apostolique en RDC, marche avec des évêques congolais avant l’ouverture du dialogue politique, à Kinshasa, RDC, 8 décembre 2016. (VOA/Top Congo)

    Deuxième de la gauche, Monseigneur Luis Mariano Montemayor, Nonce apostolique en RDC, marche avec des évêques congolais avant l’ouverture du dialogue politique, à Kinshasa, RDC, 8 décembre 2016.

    La RDC traverse une crise politique aiguë depuis la réélection de M. Kabila en 2011 à l’issue d’un scrutin marqué par des fraudes massive dont M. Tshisekedi n’a jamais reconnu les résultats officiels, se proclamant “président élu”.

    M. Kabila est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter.

    Néanmoins, la présidentielle n’a pas été organisée à temps et la volonté affichée de M. Kabila de se maintenir à son poste au-delà du terme de son mandat, le 20 décembre, face à une opposition qui brandit la menace de manifestations pour le faire partir, fait craindre une éruption de violences dans un pays qui ne parvient pas à se relever des deux guerres de 1996 à 2003.

  • La liste complète des délégués au dialogue national qui “se poursuit” ce jeudi,

    La liste complète des délégués au dialogue national qui “se poursuit” ce jeudi,

    -Les discussions vont redémarrer ce jeudi après-midi à annoncé la CENCO.

    C’est la continuité du dialogue, “il faut aujourd’hui harmoniser les points de vue afin que les esprits s’apaisent”, a dit à TOP CONGO FM, l’abbé Jean-Marie Bomengola, de la commission sociale de la CENCO.

    “Ce que nous attendons de ces assises est que nous puissions tous voir les choses de la même manière, que nous puissions nous entendre sur l’essentiel afin qu’il y ait la paix et l’harmonie entre tous”.

    La liste complète des participants 

    Répartis en deux groupes, les travaux se tiendront sous la médiation de la CENCO au Centre Interdiocésain.

    Il devrait y avoir 2 composantes

    Les Signataires accord 18 octobre (15 participants)

    La MP, 6 délégués

    – Nehemie Mwilanja
    – Alexis Thambwe
    – Adolphe Lumanu
    – Lambert Mende
    – Martin Kabwelulu
    – Norbert Nkulu

    L’Opposition au dialogue, 6 délégués

    – Ambatobe Nyongole (UDPS)
    – Vital Kamerhé (UNC)
    – José Makila(Atd)
    – Jean Lucien Bussa (CEDR)
    – Steve Mbikayi (NCPS)
    – Azarias Ruberwa
    – Mokonda Bonza

    La société civile, 3 délégués

    – Marie Madeleine Kalala
    – Maguy Kiala
    – Jean-Marie Ntantu Mey

    Le Rassemblement-MLC et leurs alliés

    – Jean marc Kabund (UDPS)
    – Felix Tshisekedi (UDPS)
    – Valentin Mubake (UDPS)
    – Gilbert Kankonde (UDPS)
    – Delly Sessanga (AR)
    – Christophe Lutundula (G7)
    – Joseph Olengha Nkoy (Dynamique)
    – Jean-Pierre Lisanga (alliés UDPS)
    – Eve Bazaïba (MLC)
    – Fidèle Babala (MLC)
    – Raymond Ramazani (MLC)
    – Jacques Lunguana (MLC)
    – Wivine Tshimusa (FRC)
    – Bembe Bati (FRC)
    – Georges kapiamba (société civile)
    – Christopher Ngoy Mutamba (société civile)

  • Dialogue politique de la dernière chance en vue avant la fin de la semaine

    Dialogue politique de la dernière chance en vue avant la fin de la semaine

    Des évêques membres de la CENCO lors d’une conférence de presse le 02/12/2016 à Kinshasa. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

    -La situation politique bloquée depuis des semaines en République démocratique du Congo a semblé s’éclaircir mercredi avec la perspective de négociations de la dernière chance en vue de trouver une solution pacifique à la crise qui mine le pays.

    Le mandat du président Joseph Kabila s’achève le 20 décembre, mais la présidentielle devant permettre le choix de son successeur n’a pas été organisée, engendrant des violences dans un climat politique délétère.

    Pour éviter que le pays ne retombe dans le chaos des deux guerres qui l’ont ravagé entre 1996 et 2003, la communauté internationale multiplie les appels aucompromis.

    Mardi encore, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon a exhorté “tous les acteurs politiques en RDC” à adhérer à la médiation engagée par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) “afin de parvenir à une solution consensuelle et pacifique à l’impasse actuelle”.

    Dans un communiqué publié tard dans la soirée, la Cenco a annoncé que l’ouverture de ces pourparlers était “prévue ce jeudi 8 décembre 2016” à 10 h00 (9h00 GMT) à Kinshasa.

    L’enjeu est de conclure un accord permettant d’organiser une transition jusqu’à l’élection du successeur de M. Kabila, à qui la Constitution interdit de se représenter.

    Mardi, les évêques catholiques ont “reçu les responsables de la majorité et de toutes les tendances de l’opposition”, selon l’abbé André Masinganda, secrétaire général adjoint de la Cenco.

    Les prélats ont rencontré en particulier l’opposant historique Étienne Tshisekedi, président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), qui menace d’appeler à des manifestations pour contraindre M. Kabila à abandonner le pouvoir à partir du 19 décembre si aucun accord politique n’a été conclu d’ici là.

    Selon un diplomate, le fait que M. Tshisekedi, 83 ans, ait accepté de se déplacer est un signe encourageant dans la mesure où celui-ci ne bouge habituellement pas de chez lui.

    Concurrent malheureux à la présidentielle de 2011, entachée d’irrégularités massives, M. Tshisekedi n’a jamais reconnu la victoire de M. Kabila et se considère comme “le président élu”.

    – ‘Bonne volonté’ –

    Pour l’abbé Masinganda, les rencontres de la Cenco ont permis de montrer “qu’il y a de la bonne volonté de part et d’autre”.

    L’UDPS a boudé le “dialogue national” ayant débouché en octobre sur un accord entre la majorité présidentielle et une frange minoritaire de l’opposition consacrant le renvoi de la présidentielle à une date non fixée et le maintien au pouvoir de M. Kabila en contrepartie de la nomination d’un Premier ministre issu de l’opposition.

    Le “Rassemblement” de l’opposition constitué autour de l’UDPS a refusé cet accord, exigeant un “véritable dialogue inclusif” dans l’esprit de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Congo votée en mars.

    Ces nouvelles négociations devraient se dérouler en un temps réduit (trois jours) avec un petit nombre de participants représentant les signataires de l’accord d’octobre et ses détracteurs.

    “Ces pourparlers directs […] doivent débuter vers la fin de la semaine”, a déclaré à l’AFP Vital Kamerhe, dirigeant d’opposition ayant signé l’accord d’octobre.

    “Raisonnablement c’est pour la fin de cette semaine”, estime aussi André-Alain Atundu, porte-parole de la majorité.

    “Nous avons fait des concessions majeures” en vue de ces discussions, a dit pour sa part Augustin Kabuya, porte-parole de l’UDPS .

    Plaidant la nécessité d’obtenir le consensus “le plus large possible”, la Cenco avait entamé sa médiation en septembre en quittant le “dialogue national” après la mort d’une cinquantaine de personnes en deux jours de violences ayant éclaté en marge d’une manifestation du Rassemblement à Kinshasa.

    Vendredi, la Cenco avait dit craindre que le pays ne sombre dans “une situation incontrôlable”, faute d’accord.

    La Majorité avait alors rapidement pris “acte de l’échec des bons offices des évêques”, faisant craindre à certains que le scénario du pire soit enclenché dans un pays n’ayant connu aucune transition pacifique du pouvoir depuis son indépendance en 1960.

    Alors que se multiplient les pressions diplomatiques, M. Kabila a comme remis la Cenco en selle lundi en lui demandant de poursuivre son oeuvre.

    Les évêques ont néanmoins fort à faire. Deux points cruciaux doivent notamment être éclaircis: celui de la date précise des élections, et la question de l’avenir de M. Kabila, à la tête du pays depuis 2001.

    Le président, âgé de 45 ans, ne donne aucun signe de vouloir quitter le pouvoir, mais ses détracteurs veulent obtenir l’assurance que la Constitution ne sera pas modifiée et qu’il ne se représentera pas.

    AvecAFP