Tag: joel

  • Étienne Tshisekedi wa Mulumba : Le Martyr de la démocratie

    Étienne Tshisekedi wa Mulumba : Le Martyr de la démocratie

    -”Une dictature est en train de s’installer dans ce pays. Je vous demande de résister avec la dernière énergie”. Étienne Tshisekedi wa Mulumba, leader charismatique de l’UDPS et chef de file de l’opposition démocratique, Kinshasa-Limete, le 23 mai 1997.
    Par Joël Asher Lévy-Cohen *

     

    Dans le contexte des États vitrifiés par une dictature féroce, très souvent militaire, au service exclusif de puissants intérêts extérieurs, la démocratie africaine est, en réalité, une stratégie destinée à défaire le néocolonialisme en tant que filiation et, surtout, prolongement du régime colonial. C’est en fait une opération politique et idéologique dont l’objectif primordial consiste à recouvrer l’indépendance nationale du pays par la mise en place d’un système qui rend parfaitement la Souveraineté au Peuple pour que celui-ci ne soit plus réduit à la servitude. Cette démarche est profondément au cœur de l’entreprise politique du Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba et de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).

    Axée substantiellement sur les droits fondamentaux de la personne humaine et les droits des Peuples à prendre en charge leur destin propre (à disposer d’eux-mêmes), cette idéologie trouve, très naturellement, sa consécration matérielle lors de la Conférence nationale souveraine (CNS) de 1992. En effet, l’édifice constitutionnel qui en est issu, s’articule autour du multipartisme et de la démocratie parlementaire. Ce qui donne, à n’en point douter, à l’ensemble du Peuple congolais la possibilité de choisir librement ses Représentants ou Délégués légitimes. Aussi s’articule-t-il autour de la typologie fédérale de l’État.

    Légitimité du pouvoir, régime multipartite et système parlementaire

    Pour feu le leader incontesté de l’UDPS Étienne Tshisekedi dont le combat politique remonte, en réalité, à la fin des années soixante, tout autour des années 1968-69[i], la démocratie en qualité de système politique signifie pertinemment la liberté. Celle-ci implique le choix par les Citoyens des Représentants qui incarnent, très profondément, leurs aspirations. Elle représente le choix éclairé, judicieux de l’idéologie porteuse de leurs attentes sans pression ou pesanteur de l’État.

     

    Cette liberté ne peut s’exercer que dans un cadre plural. Ce choix ne peut s’opérer que dans un univers politique ouvert où la concurrence est de mise. En d’autres termes, le régime multipartite en tant que support du système démocratique concourt, selon le Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba, au suffrage universel et, par voie de conséquence, à l’expression de la volonté populaire. Ce dernier l’interprète comme une assurance et un processus de légitimation des acteurs politiques. Il constitue, selon sa perception et sa vision, une garantie de l’accomplissement des vœux du Peuple par le biais de ses Représentants dûment élus ou désignés par leurs seuls et uniques pairs.

    Pour le Dr Tshisekedi, un élu ne l’est politiquement que dans la seule perspective de satisfaction des demandes populaires. En d’autres termes, un élu est, d’abord et avant tout, un serviteur du Peuple. Ce dernier n’est pas désigné par ses pairs citoyens pour défendre les intérêts corporatifs nationaux ou étrangers comme ce fut, assurément, le cas sous le néocolonialisme mobutien[ii]. Y compris sous le régime pseudo-nationaliste de Kinshasa, d’ailleurs, coopté pendant “l’épopée de la guerre dite de libération nationale de 1996-1997” par la fine fleur de la communauté financière et minière internationale.

     

    Par conséquent, l’on ne doit pas perdre de vue que feu le guérillero marxiste et maoïste Mzee Laurent-Désiré Kabila parrainé par des puissances extérieures a renversé moins le régime politique évanescent du Maréchal-despote Mobutu Sese Seko du Zaïre que la démocratie congolaise sustentée par les instruments de la CNS. Force est, d’ailleurs, de constater que les résolutions émises et dispositions constitutionnelles adoptées par les Délégués du Peuple et Représentants de la Nation dans cette Institution au cœur même de la vie politique étaient, pour avoir solennellement réaffirmé le nationalisme congolais fondé sur la loi Bakajika de 1961, totalement incompatibles avec le statut d’un maquisard révolutionnaire à la solde de puissants intérêts financiers et miniers. À cet effet, il y a lieu de souligner que le mercenaire Laurent-Désiré Kabila fut soutenu dans cette entreprise guerrière par la Belgique, les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada.

     

    Dans le cadre des agencements internationaux (la mondialisation des marchés), le rebelle affairiste Kabila est, donc, simplement perçu comme un gendarme par les tenants de l’ordre mondial, et ce au même titre que son sinistre prédécesseur. Il est regardé tout à fait naturellement comme un geôlier du Peuple congolais. Il est considéré rien que moins un surveillant [un cerbère] des intérêts stratégiques de l’oligarchie financière et minière mondiale. C’est pour défaut d’engagements auprès de ses parrains et alliés qu’une guerre fatale au pays lui est, malheureusement, imposée le 2 août 1998.

    C’est la raison fondamentale pour laquelle le Dr Étienne Tshisekedi s’est battu corps et âme pour l’avènement d’une véritable démocratie qui soit réellement la manifestation ou – [l’expression limpide] – de la volonté du Peuple congolais. Ce personnage politique s’est, en effet, toujours battu pour l’avènement d’un paysage démocratique incarné par des élus qui sont vraiment moins des pantins d’États ou de puissants intérêts étrangers que des Commis de la Nation. C’est cette exigence qu’il a toujours fait valoir – et ce à n’importe quel prix – devant n’importe quel interlocuteur national ou international.

     

    Cela est d’autant plus vrai que la légitimité des autorités politiques, administratives et gouvernementales de facto de la République démocratique du Congo procède tout à fait directement, – Ironie de l’Histoire –, non pas de la Nation congolaise (puisqu’elles se targuent d’être des nationalistes) mais malheureusement de l’étranger ! Il en est ainsi de Mobutu Sese Seko du Zaïre dont la mission consista à défaire l’indépendance des pays africains et du seigneur de guerre Laurent-Désiré Kabila dont le rôle majeur fut d’intégrer géopolitiquement la République démocratique du Congo dans la ceinture anti-islamiste. Ainsi en est-il de nos jours de Joseph Kabila Kabange dont la mission primordiale est d’étouffer tous azimuts le développement économique et le progrès social en Afrique au moyen de la rétrocession des richesses congolaises au profit des puissances exogènes.

     

    Aujourd’hui, les dirigeants de pacotille au sommet de la République démocratique du Congo sont maintenus superficiellement en vie voire instrumentalisés par des forces extranationales. Face à ce non-sens idéologique, à cette vraie parodie révolutionnaire, le célèbre Héraut du ‘‘Panafricanisme’’ et du ‘‘Nationalisme congolais’’, Patrice Emery Lumumba dont la mémoire politique est visiblement trahie, pratiquement déviée par des pseudo-héritiers, des soi-disant nationalistes à Kinshasa, préférerait sans l’ombre de doute retourner immédiatement dans sa dernière demeure. Tiens ! Tiens ! Ce fameux dirigeant sacrifié sur l’autel des intérêts colonialistes et impérialistes n’en a, d’ailleurs, jamais eu !

    Si elle porte dans ses germes fondateurs la liberté, la démocratie se cristallise au sein du Parlement. Elle s’y manifeste en tant que lieu sacré du combat politique. En effet, celui-ci est peuplé de véritables Commis de la Nation. C’est-à-dire : des Représentants qui incarnent la volonté populaire. À ce propos, le véritable rôle du Parlement dans un État consiste à encadrer l’action gouvernementale dont la mission primordiale est de mettre en demeure la politique de la Nation. C’est-à-dire : Une politique décidée par la population, le peuple assumant logiquement sa mission de souverain primaire.

     

    Cette politique est menée par un Premier ministre responsable devant ses pairs. C’est-à-dire : un Premier ministre responsable devant le Peuple qui l’a élu, qui s’est prononcé en sa faveur via le processus de suffrage universel. Ce droit de regard du Parlement sur les affaires gouvernementales exprime en réalité la Souveraineté de la Nation. C’est cette vision idéologique que voulait faire valoir le Dr Étienne Tshisekedi et que cherche à implanter l’UDPS afin que la République démocratique du Congo (RDC) recouvre sa totale liberté, assume son entière indépendance vis-à-vis des puissants intérêts autant politiques et économiques que financiers et militaires extérieurs.

    C’est, effectivement, la raison majeure pour laquelle la tristement célèbre Communauté internationale dont le phantasme idéologique est d’asservir, par procuration, le Peuple congolais, ne veut point du tout cautionner cette démarche politique et démocratique. Cela est d’autant plus vrai que cette dernière a pour corollaire immédiat d’extraire du régime d’exploitation coloniale et même impérialiste cet État géant d’Afrique centrale considéré à juste titre de grenier des matières premières. Ainsi, elle préfère résolument coopter toute une série d’acteurs politiques capables de perpétuer le calvaire national. La rébellion politico-militaire dans le Nord et dans l’Est de la RDC est-elle étrangère à cette macabre vocation ? La prolifération des seigneurs de guerre ‘‘sanguinaires’’ dans cette portion du pays est-elle par conséquent un fait anodin ?

    Fédéralisme, démocratie et développement

     
    Jetant son dévolu sur le régime fédéral, la CNS fait, en 1992, le choix de la démocratie institutionnelle, d’une part. En effet, le fédéralisme permet aux différentes Collectivités locales (États ou Provinces) de s’auto-organiser politiquement. Ce mode d’organisation leur permet de choisir leurs Représentants qui siègent aussi bien dans les Institutions publiques fédérales que fédérées en vue de défendre leurs intérêts primordiaux. Ce système comporte, en pratique, cette vertu fondamentale de rendre souverain chaque pan du territoire national.

    Et, d’autre part, en donnant la parole à la base, aux localités, le fédéralisme donne, en réalité, à chacun la possibilité de construire son développement. Il lui permet, surtout, d’être maître de son propre destin politique, culturel, social et économique. De ce fait, il s’oppose catégoriquement au modèle hégémonique du centre. Il rejette du revers de la main le mythe centralisateur. Il récuse le modèle uniformisateur qui nivelle tout par le haut et s’oppose farouchement à tout ‘‘particularisme’’ et toute notion d’autonomie.

     

    C’est en réalité ce type de fonctionnement des structures administratives et institutions publiques mettant un accent particulier sur l’autonomisation que recherchait, à n’en pas finir, le juriste Étienne Tshisekedi wa Mulumba. Pour le leader charismatique de l’UDPS, l’État est, dans ce nouveau régime administratif, réduit aux seules fonctions d’arbitrage et de coordonnateur. En principe, le rôle du pouvoir central consiste à fixer les règles de jeu entre les différentes entités structurelles qui composent l’État.

     

    Force est d’admettre que cette vision centralisatrice, certes adossée à l’uniformisation qui assure bien entendu l’hégémonie de l’État central, a indéniablement montré – et démontré – toutes ses limites abjectes avec le délire mobutiste. Après trente-deux ans de monocratie néocolonialiste incarnée politiquement par le tyran Mobutu Sese Seko du Zaïre sous la bannière inique du Mouvement populaire de la révolution (MPR), le bilan administratif et gouvernemental de la RDC en matière de développement à la fois humain et matériel est sans aucun doute catastrophique. Une grande majorité de la population vit quotidiennement sous le seuil de la pauvreté. Les infrastructures du pays sont quasiment inexistantes, etc.

     

    Il convient de relever que cette même conception et, surtout, cette même application du modèle administratif, d’ailleurs, datant de l’ère ‘‘mobutiste’’, pourtant fort connue pour sa défaillance, continuent malgré tout d’être respectées. Elles continuent, de nos jours, avec quelques retouches cosmétiques ou superficielles. Malgré tout avec les mêmes résultats. ‘‘Les mêmes causes produisent les mêmes effets’’, dit-on ou constate-t-on ! Qui dit mieux ?

    Ainsi, pour Étienne Tshisekedi wa Mulumba, un système politique et démocratique qui donne systématiquement et automatiquement la parole à la base populaire et aux entités locales est, en réalité, le gage du développement national. Cela est d’autant plus vrai que l’essor national est librement défini par les localités elles-mêmes. Il est défini en fonction de leurs aspirations fondamentales et non plus en fonction des desiderata émis par de puissants intérêts étrangers. Il importe de souligner que ceux-ci sont, par essence, incompatibles avec les attentes primordiales de la Communauté nationale. La preuve en est que les entreprises minières exploitées dans le camp gouvernemental aussi bien que dans les zones militairement occupées par la rébellion armée et les États agresseurs ne bénéficient nullement à la population.

     

    Partant de cette considération fondamentale et dans la seule et unique perspective de refondation de l’État et de la reconstruction nationale, le moment n’est-il pas venu de mettre sur pied en RDC une vraie démocratie ? Le moment n’est-il pas finalement venu d’asseoir un régime politique qui soit l’expression manifeste de la volonté nationale en vue de garantir le développement du pays ou le bien-être collectif ? Pour épargner des souffrances horribles et inutiles à la population, le moment n’est-il pas finalement venu d’asseoir un régime politico-institutionnel directement issu du suffrage universel et non pas bénéficiant de l’onction des puissances extérieures ?

     

    Il sied de mentionner qu’un tel système politique se doit, certes, d’incarner les intérêts sacrosaints de la population telle que le préconisait, d’ailleurs, de son vivant le leader de l’Opposition démocratique et légaliste Étienne Tshisekedi wa Mulumba depuis la création effective de l’UDPS le 15 février 1982.

     

    Joël Asher Lévy-Cohen

    Journaliste indépendant

     

    www.joelasherlevy.over-blog.com

    www.joelasherlevy.com

    [i] Période de durcissement du régime militaire mobutiste caractérisé par des exécutions politiques et le lynchage des étudiants au Campus universitaire de Lovanium à Kinshasa.

    [ii] Comme c’est présentement le cas sous le régime prédateur des mercenaires locaux ou étrangers.

  • La Certification de la Haine : La grande défaite de l’Humanité ambiante

    La Certification de la Haine : La grande défaite de l’Humanité ambiante

    La haine est nourrice de mauvaises pensées, souffle la calomnie, inspire les injustices, médite le crime ; et si elle couve une vengeance, elle dissimule son projet, affecte les allures de l’amitié, le ton de la bienveillance, prend tous les masques que l’hypocrisie peut lui fournir’’. Louis-Auguste Martin, Esprit moral du XIXe siècle (1855)

    Par Joël Asher Lévy-Cohen

    -Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la Haine et son corollaire, l’Intolérance, ne se sont véritablement jamais mieux portées. Ces deux sentiments destructeurs de l’Humanité ambiante sont même devenus une raison de vivre. Ils sont même devenus une raison primordiale d’espérer pour une partie somme toute non négligeable de la société, pour des esprits faibles et malades dont le rêve, à n’en point douter loufoque, est l’embrasement des Communautés vivantes.

    À cet égard, la légitimation manifeste de la Haine de l’autre, donc la certification de l’intolérance, par le [président] républicain Donald John Trump Sr des États-Unis a, malheureusement, ouvert toutes les vannes de l’intolérance en Amérique du Nord.

    Très bientôt, – Ceci n’est pas, à vrai dire, une prophétie mais un constat alarmiste – les ‘‘abus’’ dirigés contre l’étranger, deviendront forcément et logiquement des faits anodins. Connaîtront de plus en plus le même sort ‘‘irresponsable’’, ‘‘inconscient’’ et ‘‘dédaigneux’’ les abus à l’encontre des sujets nationaux qui protègent vaillamment l’étranger de toute politique de discrimination et de tous actes d’intolérance.

    Ces exactions, pourtant légalement répréhensibles voire moralement condamnables, deviendront même banalisées par des politiques et des États. Elles seront, surtout, justifiées par bien des esprits soi-disant éclairés au nom de la sacrosainte ‘‘liberté’’. Elles seront, surtout, défendues et étayées au nom de la ‘‘Justice’’ aveuglante et de la ‘‘démocratie’’ moribonde.

    Ce qui est clair, le ‘‘Nazisme’’, – Ce Cancer incurable du XXe siècle –, a très nettement pris le dessus sur la clairvoyance. Cette idéologie sectaire, sanguinaire et mortifère a très nettement pris sa revanche sur l’histoire. Le comble du ridicule, cela se déroule aisément sous nos yeux dans les pays qui, pourtant, claironnent à longueur de journée l’avoir vaincu durablement. ‘‘Charlottesville’’ en est bien l’illustration et l’emblème ! ‘‘Virginie’’ l’esclavagiste en est bien le détonateur ! Quelle ironie ! Quelle mascarade !

    Si, aujourd’hui, il y a une personne qui devrait sans aucun doute jubiler, ce serait bel et bien ‘‘Adolf Hitler’’. En voyant la captation manifeste de son discours idéologique et la reproduction fidèle de son héritage, et du modèle politique qu’il a préconisé par des puissances dites ‘‘victorieuses’’, cet être abominable, haineux posera assurément la question de savoir pourquoi il a été violemment combattu. Ce dirigeant hideux que la Haute sagesse et la morale spirituelle réprouvent, demandera, certes, à l’ensemble de ses interlocuteurs pourquoi l’Humanité hypocrite commémore réellement, avec tant de ferveur, la fin abrupte du Nazisme exterminateur. Pourtant, cette idéologie fort décriée connaît visiblement, de nos jours, une pleine expansion et une fulgurante résurgence.

    Ce qui doit nous interpeller, c’est naturellement le silence amorphe des ‘‘Intellectuels’’ ! Ce qui est déplorable, c’est indéniablement l’atonie de la ‘‘Conscience Universelle’’. Ce qui est inadmissible, c’est, à n’en pas douter, la démission collective. C’est, bien sûr, la politique de l’autruche, c’est l’hypocrisie légendaire.

    En effet, il fut un temps où des Voix fortes et crédibles qui défendaient l’Humanisme et l’Universalisme, s’élevaient courageusement au milieu des tempêtes, des ténèbres, de l’anarchie et du chaos pour crier justement leur colère, pour violemment dénoncer des injustices, des exactions dont pâtissent cruellement leurs pairs et contemporains. Ces voix humaines dont le cri strident ne laissait personne indifférent avaient toutes un visage et un nom. Elles distillaient un message d’amour et de paix, de fraternité et de solidarité, de liberté et de justice. Elles s’appelaient Jean-Paul Sartre, Mohandas Karamchand, alias Mahatma Gandhi, Jean-Paul II, Martin Luther King, Eliezer Wiesel, dit ‘‘Elie Wiesel’’, Nelson Mandela, Abbé Pierre, Mère Teresa, etc.

    Face à ce reniement délibéré, irresponsable et inconscient de l’histoire de l’Humanité, que penseraient-ils des millions de Juifs ‘‘injustement’’ déportés et ‘‘inhumainement’’ exterminés ? Que penseraient-ils des millions de Tziganes ‘‘gratuitement’’ massacrés ? Que penseraient-ils des Témoins de Jéhovah victimes de l’appareil brutal, répressif et génocidaire nazi ? Que penseraient-ils et diraient-ils des millions de Négro-africains engloutis au fond de l’océan Atlantique et de la mer Rouge, et victimes de la Traite négrière et du colonialisme oppresseur ?

    ‘‘Comme la haine n’a jamais fait des heureux’’, selon Pierre-Claude-Victor Boiste[i], tous ces morts arrachés brutalement à leurs familles ont-ils été sacrifiés en vain ? Tous ces morts arrachés sauvagement ont-ils été sacrifiés pour voir resurgir le Mal absolu ? Ont-ils été vainement sacrifiés en vue de finalement voir régner ad vitam aeternam la peste, le cancer qui décimera à jamais l’Humanité ?

    Joël Asher Lévy-Cohen

    Journaliste indépendant

    ‘‘La haine trouble la vie, l’amour la rend harmonieuse; la haine obscurcit la vie, l’amour la rend lumineuse.’’ Martin Luther King

    [i] Pierre-Claude-Victor Boiste, Le dictionnaire universel, 1800.

  • RCD-Goma: Une révolution armée sans suite ?- Histoire d’une escroquerie politique…

    RCD-Goma: Une révolution armée sans suite ?- Histoire d’une escroquerie politique…

    ‘‘On ne ment jamais assez avant les élections, pendant la guerre et après la chasse’’

    Georges Clémenceau, Président du Conseil, République Française (1906 – 1909 et 1917 – 1920)

    Par Joël Asher Lévy-Cohen*

    -Le 2 août 1998, le gouvernement de Laurent-Désiré Kabila qui a, d’ailleurs, marginalisé bon nombre de ses anciens camarades et, surtout, compagnons d’armes de l’AFDL, est sérieusement en porte-à-faux avec une mutinerie militaire. Cette révolte du personnel en béret et kaki désire le renverser violemment. À cet égard, les combats à l’arme lourde font terriblement rage dans la capitale Kinshasa. Ces conflagrations armées, d’ailleurs, d’une virulence inouïe et d’une barbarie indicible opposent, en réalité, les forces armées congolaises (FAC), demeurées très largement fidèles à Mzee Kabila, aux mutins, pour la circonstance, soutenus techniquement et logistiquement par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi.

    Afin de mobiliser toute la population à sa cause ‘‘délicate’’, le chef de l’État autoproclamé évoque, sans retenue, un coup d’État visiblement orchestré par trois pays limitrophes de la région des Grands Lacs africains. À savoir : le Rwanda de Pasteur Bizimungu – depuis lors défenestré par nul autre que le généralissime Paul Kagame –, le Burundi du major Pierre Buyoya et l’Ouganda du général Yoweri Kaguta Museveni. En fait, ce fameux putsch militaire est manigancé par d’anciens parrains régionaux du guérillero postmarxiste et postmaoïste. En réalité, ce pronunciamiento est ourdi par des ex-alliés et, à plus forte raison, partenaires stratégiques dans le renversement du régime dictatorial du Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre. Force est de souligner en effet que les relations politiques et diplomatiques, y compris les liens de bon voisinage, qui unissaient, toutefois, de manière intime le rebelle Mzee Laurent-Désiré Kabila à ce cartel étatique, s’étaient rapidement et exécrablement détériorées.

    Leurs rapports s’étaient tendus à un point tel que le recours à la violence armée était devenu pratiquement inévitable. Bien entendu, il était devenu irréversible en raison de multiples accusations de spoliation des ressources nationales directement lancées par le régime politique de Laurent-Désiré Kabila contre les États limitrophes et alliés. Ce chef de guerre ne supportait plus de se faire damer le pion par ses propres alliés et parrains dans l’exploitation et la vente des matières premières de la République démocratique du Congo.

    Leurs liens étaient devenus tellement conflictuels que le recours à la force physique était inéluctable, pratiquement inévitable en raison de la révocation cavalière, peu élégante, de nombreux contrats d’exploitation d’immenses ressources précieuses et stratégiques par le gouvernement de Kinshasa, et ce au détriment de la fine fleur de la Communauté financière et minière internationale. Toutes ces richesses physiques – [autant naturelles et minérales que stratégiques et précieuses]  – étaient, lors de l’épopée révolutionnaire de 1996 – 1997, pourtant inconditionnellement garanties par le condottiere ‘‘congolais’’ aussi bien aux tuteurs internationaux qu’aux parrains régionaux. Il importe d’admettre que ces trois États limitrophes jouissant, manifestement, de la bénédiction de puissants intérêts économiques et financiers d’extraction anglo-saxonne furent, à titre de parrains et d’alliés régionaux, d’ailleurs, très fortement engagés dans le renversement militaire du Maréchal-président Mobutu Sese Seko du Zaïre.

    Par contre, les forces armées rebelles, en l’occurrence le RCD-Goma, qui n’ont nullement la cote auprès de la population fortement exaspérée, évoquent, dans le but de justifier leur entreprise belliciste et leur agression militaire, un despotisme qui ne porte guère son nom. Celles-ci évoquent, pour la circonstance, l’assise d’une dictature féroce dont la philosophie est en fait l’intolérance politique. Elles fustigent virulemment l’installation d’une tyrannie brutale, l’émergence d’un système arbitraire dont le discours idéologique véhicule, en réalité, le sectarisme, la discrimination d’un pan de la population nationale, pourtant, culturellement intégrée. Aussi allèguent-elles l’instauration d’un autre régime autoritaire et d’un autre pouvoir monocratique, lequel a littéralement bâillonné, pris en otage, l’ensemble du pays aux lendemains de la chute violente d’un autre tyran de triste mémoire.

    C’est dans ce contexte de reniement mutuel entre partenaires qui n’ont vraiment pas su se partager le gâteau du pouvoir politique que le Peuple congolais, naturellement coincé entre deux mâchoires redoutables de la violence armée, certes pris entre les brasiers de deux forces belligérantes, découvre – comme dans un film d’horreur – le fameux groupe rebelle du ‘‘Rassemblement congolais pour la démocratie’’ (RCD). Il fait la connaissance de ce mouvement politique et militaire à la suite d’une conférence de presse qui justifie, politiquement, la mutinerie armée contre le pouvoir visiblement décrié du mercenaire Mzee Laurent-Désiré Kabila. Celui-ci fait, en réalité, la connaissance de cette formation doublement politique et militaire dans un véritable contexte de chaos et d’anarchie.

    Cette situation, au demeurant, confuse ne permet nullement à la population de prendre immédiatement la véritable mesure de la crise politique et du conflit militaire. C’est-à-dire : ‘‘Une sale guerre d’occupation territoriale’’. Conflit dont la finalité est évidemment ‘‘le pillage meurtrier des richesses étatiques, le bradage sauvage des ressources nationales autant minérales et naturelles que précieuses et stratégiques, sur fond de balkanisation territoriale’’.

    Il convient de relever que cette fameuse rébellion politico-militaire hétéroclite présente cette particularité et cette singularité de réunir les cadres politiques et chefs militaires de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL)[i]. Ce mouvement armé les associe aux résidus de factions militaires et politiques mobutistes qui ne supportent absolument guère le traitement leur réservé par le vrai-faux nouveau régime fort de Kinshasa[ii]. Aussi les associe-t-il directement aux divers débris de milices politiques et armées aussi bien lumumbistes que nationalistes[iii]. En vérité, toutes ces factions estiment avoir été ignoblement ‘‘trahies’’ par le dirigeant rebelle autoproclamé président de la République démocratique du Congo.

    Il y a lieu de noter que, outre les Banyamulenges de l’AFDL, les Mobutistes et les acteurs politiques lumumbistes et nationalistes, cette rébellion politico-militaire a recruté parmi les proches compagnons de Mzee Laurent-Désiré Kabila[iv]. Ce mouvement armé proche de Kigali et de Kampala a, également, recruté parmi la crème intellectuelle[v]. Aussi a-t-il réussi à attirer d’anciens fonctionnaires internationaux[vi]. Tout comme il a réussi à attirer sans résistance des membres de l’Opposition légaliste, non armée et non-violente[vii].

    Force est mentionner que le RCD jouit, à cette époque effervescente, des mêmes soutiens logistiques et techniques que la défunte AFDL qui a subverti violemment le tristement célèbre pouvoir politique du Maréchal-tyran Mobutu Sese Seko du Zaïre et, par ricochet, démantelé le régime politique et institutionnel de la Conférence nationale souveraine (CNS). En effet, le Burundi, l’Ouganda et le Rwanda qui agressent physiquement, une fois de plus, la souveraineté internationale et l’indépendance nationale de la République démocratique du Congo, lui ont évidemment apporté leurs appuis stratégiques dans le but de renverser militairement le pouvoir contesté de Mzee Laurent-Désiré Kabila. Aussi bénéficie-t-il largement des mêmes appuis financiers, politiques et diplomatiques que cet ancien mouvement politico-militaire sur le plan purement international. À cet égard, la Belgique – qui est, par essence, l’ancienne puissance coloniale –, la Grande-Bretagne, les États-Unis d’Amérique et, sans oublier, le très discret Canada ont été effectivement les meilleurs alliés de ladite faction rebelle.

    Au début de la guerre civile, donc le 2 août 1998, cette rébellion antikabiliste établit le siège de son commandement politique et de son état-major militaire à Goma (Province du Nord-Kivu), qui est une ville interlacustre de l’Est du pays et frontalière du Rwanda. Toutefois, au début du IIIe millénaire, celui-ci est très rapidement transféré à Kisangani (Province Orientale), de surcroît, la troisième ville du pays. Volonté d’émancipation ou volonté de séduction du Peuple congolais ? Ce qui est sûr, ce transfert de siège politique et militaire est rapidement opéré dans le but de gommer toute filiation avec le Rwanda. Il se justifie dans la mesure où le Peuple congolais voit, plutôt, dans cette organisation politico-militaire un cheval de Troie du général-président Paul Kagame, qui plus est un bras armé de ce petit pays voisin dans le but de balkaniser littéralement le majestueux territoire national.

    À compter du 2 août 1998, le RCD-Goma, en tant que mouvement armé anti-Kabila, a réellement connu une trajectoire en dents de scie. En vérité, il a connu toute une série de fractures et de défections politiques dans son cheminement révolutionnaire. Et non des moindres. En effet, cette organisation politique et militaire a bel et bien implosé, éclaté, en maintes factions armées autonomes, d’ailleurs d’importance fortement inégale.

    Cette rébellion armée a, effectivement, donné naissance au RCD/ML[viii] d’Antipas Mbusa Nyamwisi. Ce groupe est solidement implanté dans le Maniema frontalier de l’Ouganda. Il s’appuie exclusivement sur les ressortissants de l’ethnie nande. Cette faction politique et militaire particulièrement concentrée dans l’Est du pays finit par s’allier, on ne peut plus tard, au MLC[ix] de l’affairiste postmobutiste Jean-Pierre Bemba Gombo. Aussi a-t-elle donné naissance au RCD/N[x] de Roger Lumbala.

    Ce mouvement politico-militaire dont l’affiliation rwandaise l’a énormément desservi, faut-il le rappeler, a en réalité vécu plusieurs départs de ses cadres les plus éminents. Il s’est vite départi des services du Pr Ernest Wamba dia Wamba pour n’avoir pas du tout réussi à séduire la province du Bas-Congo et à conquérir militairement l’Ouest du pays dont la capitale Kinshasa. Force est de souligner que cette région du pays a sérieusement souffert de multiples atrocités de cette rébellion armée au tout début de la guerre civile, d’ailleurs qualifiée par une kyrielle d’observateurs nationaux et d’experts internationaux avertis de guerre d’occupation et de pillage, en 1998.

    Toutefois, dans le but d’exercer son emprise militaire sur l’Est du pays, ce mouvement politique et révolutionnaire fit directement appel à l’ancien fonctionnaire international auprès de l’UNESCO, Arthur Z’Ahidi Ngoma. Cette rébellion se départit définitivement de cet acteur de premier plan à la veille du fameux Dialogue intercongolais en République Sud-Africaine (RSA). Cette rupture fut, totalement, consommée lorsque ce personnage proche des intérêts français commença à critiquer très ouvertement la prépondérance ethnique des Nilotiques tutsis dans la branche politique et militaire de ladite rébellion indubitablement proche du Rwanda. Même pour séduire le grand et richissime Katanga et, par voie de conséquence, mettre immédiatement la main sur son pactole minier, cette entreprise révolutionnaire ‘‘anti-Kabila’’ fit, momentanément, appel au fameux Dr Émile Ilunga afin d’occuper la présidence de son plus haut comité politique et militaire.

    Le RCD-Goma auquel il est, sans doute, attribué des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des crimes de génocide, d’ailleurs couverts par de grandes puissances internationales, tels la Belgique, le Canada, les États-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne et l’ONU, est, faut-il le mentionner, signataire du protocole d’Accords de Lusaka des 10, 30 et 31 juillet, 30 et 31 août 1999. Cette organisation politique et militaire a été, en fait, partie prenante de toutes les négociations politiques intercongolaises successivement tenues à Addis-Abeba (Éthiopie) et à Gaborone (Botswana) dans l’optique de préparer et d’organiser les Assises politiques du Dialogue intercongolais (DIC). Cette rébellion armée anti-Kabila a, aussi, participé à toutes les étapes des pourparlers politiques et à toutes les commissions du DIC en Afrique du Sud en 2002 (Sun City) et 2003 (Pretoria).

    Le RCD-Goma a également été, faut-il le préciser, partenaire et allié de l’UDPS au sein de la fameuse Alliance pour la sauvegarde du Dialogue intercongolais (ASD) dans le seul et unique but de relancer les pourparlers politiques intercongolais devant nécessairement déboucher sur un accord global et inclusif (AGI). En réalité, ces négociations politiques ont été, brusquement, interrompues par la signature de l’accord pirate et sectaire de l’Hôtel des Cascades, susurré par de puissants intérêts belges et américains. En principe, ceux-ci voulaient coûte que coûte tuer dans l’œuf le DIC et, par conséquent, imposer, à la faveur dudit accord controversé et suicidaire, le général-major Joseph Kabila Kabange – [d’ailleurs secondé pour la circonstance par Jean-Pierre Bemba Gombo] – à la tête de la République démocratique du Congo[xi]. De ce fait, ils tenaient à matérialiser leur volonté mesquine de poursuivre incessamment l’entreprise de pillage léopoldien des ressources nationales et richesses étatiques.

    Donc, cette fameuse entente marginalisait, à vrai dire, le RCD-Goma tout à fait proche de Kigali. Il faut mentionner que cet accord clandestin impliquait directement les rebelles armés du Mouvement de libération du Congo (MLC) mené par l’affairiste postmobutiste Jean-Pierre Bemba Gombo et la faction belligérante de Kinshasa dirigée par le général-major Joseph Kabila Kabange. Celui-ci avait certes pour effet de balkaniser le majestueux territoire national. Aussi avait-il assurément pour effet de démembrer et de désintégrer complètement la République démocratique du Congo au profit des belligérants. D’autant plus que l’Est d’ailleurs assujetti à un pillage des plus sauvage et meurtrier devait rester sous l’influence permanente du RCD-Goma, l’Ouest complètement endormi et placé sous le joug du pouvoir de Kinshasa et le Nord tenu au respect à coup de bâton et soumis à la merci du MLC.

    Il ne fait aucun doute que le pacte de l’hôtel des Cascades a donné lieu à une corruption sans précédent touchant différents acteurs politiques. Aussi cette entente certes décriée fut-elle endossée par un certain nombre d’opérateurs nationaux émanant de la Société civile. Ceux-ci furent en réalité plus préoccupés et plus soucieux de se remplir les poches que de s’occuper consciencieusement de l’avenir politique oh ! Combien hypothéqué de la Nation et du Peuple.

    C’est dans ce contexte pathétique qu’intervient rapidement la constitution de l’ASD dont les piliers fondamentaux sont l’UDPS sur le plan politique et le RCD-Goma sur le terrain militaire. Cette plateforme circonstancielle avait effectivement pour objectif primordial la relance des pourparlers politiques intercongolais et la démocratisation du pays. Mais, en réalité, le véritable corollaire de cette plateforme stratégique a été indéniablement le maintien de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo. Donc, son principal crédit fut la matérialisation effective de la réunification de la Nation.

    Si elle a réellement réussi à mener à terme la reprise des négociations politiques soldées, d’ailleurs, par un accord, quoi que tout à fait controversé[xii], l’ASD n’a pas véritablement du tout réussi à concrétiser la démocratisation politique et la libération nationale de la tyrannie sanguinaire. Alors que cela a été, en vérité, son objectif le plus fondamental. En effet, cette association circonstancielle entre l’UDPS et le RCD-Goma n’a pas survécu aux lendemains de la signature de l’AGI. Cette plateforme a été complètement liquidée dans la mesure où la formation politique très chère à Étienne Tshisekedi wa Mulumba n’a pas participé, contrairement à son partenaire et allié stratégique de l’ASD, aux institutions politiques et citoyennes de la Transition couvrant, bien sûr, la période triennale de 2003 à 2006.

    À titre de rappel, contrairement au gentleman agreement négocié par toutes les parties protagonistes, accordant à l’UDPS et a fortiori à Étienne Tshisekedi wa Mulumba, la vice-présidence chargée de la Commission sociale et culturelle de la Transition politique de 2003 à 2006, ce poste a complètement échappé au leader charismatique de l’Opposition politique et démocratique au profit d’Arthur Z’Ahidi Ngoma. Manigance politique voire diplomatique oblige, celui-ci est attribué à un ancien belligérant qui a prêté allégeance politique au pouvoir de Kinshasa. Ceci bien entendu grâce à la complicité indiscutable de la Communauté internationale (Belgique et France) et la duplicité avérée du Médiateur sénégalais Moustapha Niasse qui a soumis la procédure de nomination à cette fonction à la votation.

    Violant ainsi l’esprit et la lettre de l’AGI qui prévoyait, certes, l’adoption et l’application de toutes décisions, ainsi que l’attribution de chaque poste, par voie consensuelle. Mais encore, cette vice-présidence a échappé à l’UDPS et à Étienne Tshisekedi wa Mulumba grâce à la collusion indéniable du MLC de l’homme d’affaires Jean-Pierre Bemba Gombo et du PPRD de Joseph Kabila Kabange. Aussi ce poste a-t-il échappé à cette formation et à son leader grâce à la collusion d’une frange importante de l’Opposition politique et de la Société civile, d’ailleurs, très largement fabriquées par de puissants intérêts extérieurs. C’est cette violation manifeste de l’Accord intercongolais de paix de Pretoria combinée avec la conjuration avérée des bailleurs de fonds internationaux qui incita littéralement l’UDPS, suite aux vives recommandations d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba, à ne point participer à toutes les instances politiques et citoyennes de la Transition.

    Signataire de l’AGI, le RCD-Goma participe, activement, à la fameuse Transition politique de 2003 à 2006. À ce titre, cette rébellion politico-militaire occupe, en vertu de ladite entente, la vice-présidence de la République chargée de la toute-puissante Commission ‘‘Politique, Défense et Sécurité’’. Elle occupe cette Institution hautement stratégique par l’entremise de Me Azarias Ruberwa Manywa. Aussi obtient-elle dans la foulée le poste de deuxième vice-président de l’Assemblée nationale. Celui-ci est, d’ailleurs, occupé par le médecin Adolphe Onosumba Yembe, qui est de surcroît le président de ce parti politique et militaire. Au niveau gouvernemental, ce mouvement armé qui a, effectivement, du mal à trouver ses vraies marques, se voit également gratifier de prestigieux ministères de la défense nationale et anciens combattants, ainsi que celui de l’éducation nationale.

    Il est un fait établi qu’au cours de la Transition politique de 2003 à 2006, le RCD-Goma ne sait véritablement pas se renouveler. Cette formation ne sait pas du tout s’adapter au contexte socioculturel ambiant en tant que formation politique. Il ne sait même pas se moderniser. Il ne sait pas orienter son discours idéologique malgré sa transformation en parti politique.

    Cette organisation militaire directement issue de la rébellion armée anti-Kabila ne sait pas non plus conquérir politiquement les autres espaces régionaux du pays. Elle ne sait pas s’ouvrir très largement aux autres bases ethniques en vue de recruter de meilleurs éléments lui permettant de porter haut son idéal et son discours. Elle se mue, plutôt, en porte-parole de la minorité tutsie. Cette attitude de repli sur soi est, surtout, perceptible lors de la mémorable crise de Minembwe, minuscule territoire disputé violemment par les ressortissants banyamulenges aux populations autochtones du Kivu. Pourtant, lors de sa mise en orbite le 2 août 1998, ce mouvement armé rebelle présentait visiblement un visage plutôt pluriel !

    Les tergiversations politiques du RCD-Goma sur la prise militaire de Bukavu (chef-lieu du Sud-Kivu) par un de ses hauts cadres militaires, le colonel Jules Mutebusi, aggravent incontestablement le fossé abyssal avec le reste du pays. Elles accentuent définitivement les suspicions qu’alimente, à profusion, la majorité absolue de la population congolaise. Elles légitiment les appréhensions qu’entretient celle-ci sur ses velléités expansionnistes et ses ambitions ‘‘partitionnistes’’.

    Toutefois, le divorce politique du RCD-Goma d’avec l’ensemble du Peuple congolais est définitivement consommé lorsque son aile dirigeante banyamulenge prend réellement fait et cause en faveur de toutes revendications aussi bien identitaires que foncières du ‘‘Conseil national pour la défense du peuple (CNDP)’’. À la faveur du processus de paix Amani, ce bras armé finit par fondre dans les structures politiques et gouvernementales. Ce mouvement politico-militaire qui dérive en fait du RCD-Goma, est d’ailleurs dirigé par nul autre de ses anciens cadres que le général-pasteur Laurent Nkundabatware Mihigo, dit ‘‘Laurent Nkunda’’.

    Ce chef de guerre tutsi banyamulenge réputé donner énormément du fil à retordre aux autorités politiques et gouvernementales au Nord-Kivu, est depuis cette période trouble l’objet d’un mandat d’arrêt national émis par le pouvoir de Kinshasa. Officiellement, ce seigneur de guerre est séquestré au Rwanda où il s’est, d’ailleurs, certes réfugié. Mais, officieusement, rapporte-t-on, son ombre longiligne a été vue, et ce à maintes reprises, à la base militaire de Kitona et aussi à Kimpese (une localité située à 150 Km de la capitale Kinshasa). À en croire certaines indiscrétions, celle-ci aurait même été aperçue, vue dans cette riche Province pétrolifère du Bas-Congo. Entre autres pendant les effervescentes périodes préélectorale, électorale et postélectorale (2011), signale-t-on.

    Par ailleurs, le RCD-Goma jouant sensiblement la carte de l’ouverture démocratique et le jeu institutionnel de la Transition politique, a bel et bien participé à la présidentielle et aux législatives de 2006. Aussi a-t-il largement, activement, participé aux sénatoriales et aux provinciales. Au cours de ces élections, il a malheureusement mordu la poussière. Il a réalisé ses pires scores politiques.

    Me Azarias Ruberwa Manywa qui était manifestement son porte-étendard, qui défendait pourtant toutes ses couleurs au scrutin présidentiel, a réellement fait piètre figure. Cette formation politico-militaire n’a même pas fait élire un seul ressortissant tutsi nilotique, fût-il munyamulenge ou munyamasisi à la chambre des Représentants (chambre basse de l’Assemblée nationale). Toutefois, à la chambre haute (le Sénat), un de ses plus hauts cadres politiques et administratifs, en l’occurrence Me Moïse Nyarugabo Muhizi, a réussi à faire, heureusement, son entrée triomphale pour une mandature de six ans. Depuis lors, cet avocat n’a jamais remis son mandat en jeu…

    Par ailleurs, les toutes dernières élections présidentielle et législatives du 28 novembre 2011, lesquelles ont réellement fait couler beaucoup d’encre et de salive, voire beaucoup de sang, n’ont pratiquement pas enregistré la présence des candidats du RCD-Goma tout à fait proche de Kigali. Il importe de reconnaître que cette organisation fut pourtant, à une certaine époque révolue, la force militaire la mieux équipée et la mieux entraînée du pays mais aussi une force politique redoutable, incontournable. Toute la question est de savoir les raisons profondes de cette réelle et soudaine ‘‘disparition’’ politique. S’agit-il, en réalité, d’une hibernation préméditée ? Est-ce en fait un repli stratégique délibéré ?

    Par ailleurs, l’aphonie du RCD-Goma doit-elle être effectivement considérée comme un geste relevant pratiquement du hara-kiri politique ? S’agit-il manifestement d’un acte ou d’une opération s’apparentant plutôt à un solde de tout compte dans la vie nationale ? S’agit-il à vrai dire d’une simple reconversion ou réorientation politique ? À ce propos, est-il question d’une recomposition militaire dudit mouvement révolutionnaire ? S’agit-il par contre d’un vrai sabordage politique délibéré et d’une véritable refonte stratégique en d’autres structures politiques et militaires [tels le CNDP ou le fameux M23] ?

    Par conséquent, le RCD-Goma, grand absent ou grand oublié des élections présidentielle et législatives de 2011 ? Quelle mission politique ou militaire s’assigne-t-il dorénavant ? Quel rôle compte-t-il réellement jouer dans les prochains jours, dans les semaines, mois et années à venir au sein de l’espace national ? L’avenir le dira très certainement.

    Cependant, une chose est sûre et certaine, le RCD-Goma entame son démantèlement progressif aux lendemains de la signature du processus de paix Amani de 2008 à Goma (Nord-Kivu). Force est de constater que celui-ci devait sceller définitivement la paix et la concorde dans cette immense région instable qu’est effectivement devenu le grand Kivu. Il devait, donc, logiquement assurer l’intégrité territoriale…

    Toujours est-il que ce mouvement politique et militaire est, de nos jours, définitivement sans âme. Toujours est-il que cette entreprise politique et révolutionnaire qui, au plus fort du conflit armé, s’assigne d’éradiquer l’intolérance en République démocratique du Congo, est à tout point de vue sans substance. Toujours est-il que cette formation qui se fixe de rompre à tout jamais la tyrannie sanguinaire ainsi que l’immobilisme despotique, est apparemment sans vie.

    Toujours est-il que cette entreprise issue directement de la mouvance révolutionnaire de l’AFDL, dont le leitmotiv politique et idéologique consiste à émasculer l’autoritarisme d’un État anachronique et irresponsable, est à vrai dire pratiquement une coquille vide. Pour quelles raisons majeures ? Celle-ci renaîtrait-elle finalement de ses cendres ? De quelle manière cette opération se ferait-elle si jamais cette hypothèse se confirmait sur le terrain politique et national ? Cette organisation politique et militaire a-t-elle encore, concrètement et logiquement parlant, un certain avenir politique et même une certaine assise en République démocratique du Congo ? A-t-elle suffisamment de ressources pour reconquérir un espace national qui lui est définitivement hostile ?

    Le 20 décembre 2011, le mercenaire Joseph Kabila Kabange, un ancien de l’AFDL, prête serment devant un parterre d’invités de marque dont le président zimbabwéen Robert Gabriel Mugabe et l’Ambassadeur belge Johan Swinnen. Ce dernier personnage est, en fait, l’artisan de la proclamation de faux résultats électoraux. Il est la pierre angulaire de la mascarade ayant reporté Kabila au pouvoir en République démocratique du Congo.

    Face à la réelle contestation de légitimité politique entre le général-major Joseph Kabila Kabange dont la réélection à la tête du pays est, à n’en pas douter, sujette à caution et le juriste Étienne Tshisekedi wa Mulumba dont la victoire électorale à la présidentielle du lundi 28 novembre 2011 a été certainement volée grâce à la complicité manifeste des États phares de la Communauté occidentale[xiii], qu’aurait-il pu entreprendre à ce niveau le RCD-Goma, d’ailleurs proche du Rwanda limitrophe ? Ce mouvement politico-militaire aurait-il pu réellement se pencher en faveur du changement politique et démocratique d’ailleurs prôné par le Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba de l’UDPS qui fut, à juste titre, son allié et partenaire au sein de l’ASD ? Aurait-il pu, par contre, se prononcer en faveur du général-major Joseph Kabila Kabange dont les origines plus que tutsies rwandaises et tanzaniennes sont, en réalité, un secret de polichinelle ?

    Cette question s’impose sans doute dans la mesure où les chansons populaires exhortent sans équivoque, pendant la campagne électorale, le leader de l’UDPS à retourner Joseph Kabila Kabange au Rwanda pour avoir camouflé ses origines ethniques et tribales. Il sied de souligner que cet État limitrophe est, indubitablement, son pays de naissance et aussi celui de ses parents biologiques dont la réalité est complètement tue. D’autres slogans de campagne électorale poussent le chef de ce mouvement en faveur de la démocratie et de la liberté à extrader le jeune tyrannosaure à la Cour pénale internationale (CPI).

    Face aux enjeux internationaux et nationaux de la République démocratique du Congo, le RCD-Goma aurait-il réellement été, au fil de toute son évolution politique et militaire dans l’espace national, une escroquerie révolutionnaire ? Ce qui est franchement clair et net, cette opposition armée, une fois aménagée dans la capitale Kinshasa dans le cadre de la Transition politique (2003 – 2006), entame très graduellement son retrait de la vie politique. Au cours de cet interstice où les principales forces belligérantes se taillent, à n’en point douter, la part du lion, cette organisation entame sa disparition progressive des radars politiques et médiatiques.

    À partir de cet instant, l’apathie manifestée par ce mouvement révolutionnaire dont la filiation avec l’AFDL ne laissait personne indifférent, donnait, en réalité, l’impression que toute son existence politique voire militaire n’avait plus objectivement de justification à faire valoir. En fait, sur le terrain, celle-ci n’avait plus de raison dès lors que le guérillero postléniniste et poststaliniste Mzee Laurent-Désiré Kabila ne faisait manifestement plus partie de l’équation nationale. Donc, l’atonie du RCD donnait sans nul doute l’impression que toute son entreprise politique et militaire n’avait évidemment plus lieu d’être dès lors que le mobile principal de sa rébellion armée avait totalement disparu du paysage congolais et du décor politique national. À savoir : ‘‘la présence nettement remarquée et imposante de Laurent-Désiré Kabila au plus haut sommet de la République démocratique du Congo’’. Il faut comprendre par ce raisonnement son remplacement violent, dans des conditions sujettes à caution, par son beau-fils, – [a fortiori tutsi rwando-tanzanien] –, Joseph Kabila Kabange’’[xiv].

    Hormis quelques présences symboliques de Me Azarias Ruberwa Manywa dans maintes manifestations politiques et civiles, d’ailleurs ciblées, – tel le congrès de l’UDPS à Limete –, le RCD-Goma disparaît définitivement de l’espace national. Il disparaît avant même de matérialiser sa principale raison d’existence qu’est ‘‘la lutte armée contre la dictature et l’intolérance à la fois politique et idéologique’’. En vérité, cette entreprise révolutionnaire disparaît avant d’atteindre son objectif cardinal, pourtant affiché et réaffirmé dans l’acte fondateur de la fameuse Alliance pour la sauvegarde du Dialogue intercongolais (ASD) : ‘‘l’édification d’un environnement politique libre et juste, digne et tolérant, solidaire et fraternel ; la constitution d’un espace démocratique essentiellement fondé sur le respect scrupuleux des droits humains fondamentaux et des libertés républicaines’’. D’ailleurs, dans le document constitutif de l’ASD, ce parti politico-militaire s’est résolument engagé à concrétiser cet idéal noble et patriotique en République démocratique du Congo en utilisant tous les moyens, sans exception, jusqu’à la victoire finale.

    Or, force est d’admettre que les germes d’une société politique complètement piétinée par une tyrannie macabre, totalement écrasée par un despotisme sanguinaire subsistent toujours en République démocratique du Congo. Ceux-ci subsistent même pendant que ce mouvement politico-militaire est, effectivement, une des composantes essentielles de la Transition politique. Pourtant, les relents de la dictature féroce sont toujours présents au sein de la Nation depuis l’élection présidentielle fort controversée de 2006. Y compris celle sensiblement violente de 2011. Le régionalisme, le népotisme et l’intolérance sont toujours présents au sein de la Collectivité publique totalement bâillonnée, visiblement prise en otage par le général-major Joseph Kabila Kabange et sa meute d’artisans et de courtisans.

    À ce portrait peu flatteur du régime Kabila s’ajoutent des massacres de masse, des viols de femmes, l’embrigadement de très jeunes enfants, la transformation littérale du pays en zone de non-droit. De nos jours, rien n’a vraiment changé. C’est absolument du pareil au même ! Alors, à quoi le RCD-Goma pro-Rwanda a-t-il réellement servi ? En d’autres termes, quel a vraiment été son principal objectif ?

    Aujourd’hui, il ne fait aucun doute que l’UDPS se fait mitrailler et bâillonner, sans autre forme de procès, par le pouvoir politique et militaire incarné par Joseph Kabila Kabange dont l’illégalité et l’illégitimité sont, d’ailleurs, en réalité indiscutables, irréfutables, sur le plan démocratique. Dans cette partie déséquilibrée où les violations massives de droits humains fondamentaux et de principes démocratiques et républicains, couvertes par de puissants intérêts extérieurs, sont à n’en point douter monnaie courante, le RCD-Goma choisit définitivement de se taire. Pourquoi ? Qu’est-ce qui justifie vraiment son manque de réactivité politique dans ces circonstances certes exceptionnelles où l’unité politique de l’État et la cohésion sociale de la communauté nationale sont pratiquement en jeu ? Qu’est-ce qui explique un tant soit peu sa léthargie politique ?

    Or en 2006, cette organisation politique et militaire avait adopté le même comportement silencieux lorsque, en guise de contestation des résultats électoraux, les affrontements armés ont violemment éclaté entre Jean-Pierre Bemba Gombo et Joseph Kabila Kabange. En 2011, cette formation armée directement issue de l’AFDL historique n’hésite pas à afficher clairement la même attitude. Par conséquent, cet abandon manifeste de l’UDPS par le RCD-Goma doit-il être interprété, en vérité, de neutralité politique ? Qui ne dit mot consent, dit-on ! À cet effet, le lourd silence de ce mouvement politique et militaire est-il indéniablement coupable ? Devrait-on l’accuser sans retenue de non-assistance à peuple en danger ? Cela est d’autant plus vrai que, lorsque les agressions physiques ou verbales visaient principalement, directement les communautés banyamulenge ou banyamasisi, cette formation n’hésitait pas à monter immédiatement au créneau pour les défendre politiquement.

    Bizarrement, concernant le conflit meurtrier au Grand Kasaï, lequel oppose violemment les autorités politiques, administratives et gouvernementales à une partie importante des Citoyens, le RCD ne se manifeste point. Il importe de mentionner que dans ce conflit, le pouvoir politique incarné par Joseph Kabila Kabange et certains anciens membres de l’AFDL dont est directement issu le RCD-Goma, massacre sa propre population. Pourtant, ces accrochages violents entre les deux camps auraient normalement dû l’interpeller au point même de le positionner en force médiatrice, en tant que principal défenseur des peuples opprimés, écrasés de la République démocratique du Congo (RDC). Ne serait-ce que pour [dé]montrer sa vision des enjeux nationaux ! Rien de tout cela.

    Finalement, pour qui roule-t-il le RCD-Goma pro-Rwanda ? Pour Joseph Kabila Kabange qui est effectivement un sujet tutsi rwandais dont les origines ethniques et tribales ont, d’ailleurs, été dévoilées par cette formation chère au Me Azarias Ruberwa Manywa[xv] ? Pour le fameux CNDP de Laurent Nkundabatware Mihigo sabordé en Mouvement du 23 mars (M-23) ? Pour l’UDPS ou le Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba qui promeut littéralement la paix et la sécurité, la démocratie et la liberté de la Nation, la dignité et la justice, l’Union politique du territoire  national ? Pour le Peuple congolais pratiquement victime d’un pouvoir prédateur et sanguinaire ?

    Ce qui est clair et nettement irréfutable, d’anciens cadres politiques et administratifs du RCD-Goma pro-Rwanda entourent voire supportent, de nos jours, le mercenaire Joseph Kabila Kabange. Il s’agit d’Alexis Thambwe Mwamba, Lambert Mende Omalanga, Tryphon Kin-Kiey Mulumba.  Ceux-ci l’accompagnent dans sa macabre volonté d’extermination de la population congolaise et dans celle éhontée de dilapidation des biens publics. Hormis Azarias Ruberwa Manywa (membre d’un gouvernement illégitime) et Moïse Nyarugabo Muhizi (membre d’un sénat illégitime et illégal), les personnalités politiques ci-dessus citées ont, néanmoins, cette particularité et cette singularité d’avoir servi fidèlement un autre tyran de sinistre mémoire et à plus forte raison massacreur du Peuple congolais. Il s’agit du Maréchal-despote ‘‘Mobutu Sese Seko du Zaïre’’.

    Ce qui est absolument clair et net, les anciens supplétifs du RCD-Goma pro-Rwanda[xvi], ont réellement donné un coup de main décisif à Joseph Kabila Kabange pour être réélu. Tous ces mercenaires à la solde du Rwanda ont naturellement forcé les électeurs à voter en faveur du chef de l’État sortant lors de l’élection présidentielle de 2011. Il y a lieu de relever que ce scénario similaire de ‘‘prise en otage’’ des votants s’était déjà produit en 2006 au grand Kivu lorsque les différentes forces négatives qui pullulent, essaiment et sèment la violence physique et la terreur aveugle dans cette région martyre – [Maï-Maï, FDLR, CNDP] – ont complètement vicié, pollué, le scrutin présidentiel. En effet, celles-ci se sont improvisées– au vu et au su de tout le monde – superviseur de bureaux de vote dans l’Est du pays.

    Cette supervision électorale, d’ailleurs décriée, s’est opérée sans pour autant que toutes ces sectes sanguinaires et terroristes bénéficient réellement du mandat légal et officiel dûment délivré par le pouvoir électoral organisateur[xvii]? Il n’en demeure pas moins vrai que la seule présence intimidante desdites forces négatives dans les centres de vote a en réalité contraint l’ensemble des électeurs de cette région à procurer sans détour leurs suffrages populaires à Joseph Kabila Kabange et ce aux dépens de l’affairiste Jean-Pierre Bemba Gombo. D’ailleurs, au cours d’une entrevue accordée en marge de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), en septembre 2007, au journaliste indépendant américain Jackson Wilson, Joseph Kabila Kabange a évidemment confirmé toute cette information sur l’utilisation des groupes rebelles dans le processus électoral.

    Ainsi, une telle information certes inquiétante a entamé l’appréciation de la crédibilité et de l’intégrité du processus démocratique dans la mesure où la liberté de voter, en tant qu’acte civique et responsable, a été visiblement bafouée. Par ailleurs, en vue de mettre en lumière son implication dans cette mascarade électorale de 2006 et, par conséquent, déterminer sa responsabilité manifeste, ce chef de l’État dont l’élection présidentielle fut entachée de fraudes et d’irrégularités avérées, à une échelle déjà insoupçonnée à cette époque, n’hésita pas à renchérir, à déclarer du même souffle : ‘‘On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs’’. Ce qui dénota, en réalité, toute sa volonté malsaine de tricher et de saboter l’expression politique et démocratique du Souverain primaire.

    Force est de reconnaître que dès 2006, le seigneur de guerre ‘‘Bosco Ntanganda’’, alias Terminator, fut nettement placé sous le coup d’un mandat d’arrêt international[xviii]. Celui-ci fut, d’ailleurs, délivré par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité[xix]. Ce tribunal pénal international le suspectait d’avoir enrôlé de force des enfants soldats. Cependant, le gouvernement de Kinshasa refusa de le livrer à cette juridiction pénale internationale dans la mesure où il participait activement, aux côtés des forces onusiennes (MONUSCO), au démantèlement des poches de résistance et des bases arrière servant stratégiquement de zone de repli aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR)[xx]. À vrai dire, toute la question est de savoir pourquoi et comment l’ONU tolérait une telle coopération armée, surtout, avec un individu, pourtant, officiellement recherché par la justice internationale.

    Par conséquent, il revient strictement au Secrétaire général de l’ONU de l’époque, le Sud-Coréen Ban Ki-moon, d’y répondre. Il appartient, surtout, à son Envoyé spécial et, à plus forte raison, Représentant de la Mission d’observation des Nations unies pour la stabilité institutionnelle de la République démocratique du Congo (MONUSCO), l’Ambassadeur honoraire américain Roger Meece, d’éclairer la lanterne de l’opinion publique aussi bien internationale que nationale, de s’expliquer. Aussi appartient-il plus particulièrement et plus singulièrement au Conseil de sécurité de l’ONU, spécifiquement aux cinq membres permanents, d’apporter sans tarder et sans tergiversations des éclaircissements sur cet impair politique, sur cette supercherie diplomatique.

    Joël Asher Lévy- Cohen

    Journaliste indépendant

    www.joelasherlevycohen.com

    www.joelasherlevycohen.over-blog.com


    [i]Le secrétaire général de l’AFDL Deogratias Bugera, le ministre des affaires étrangères Bizima Karaha, le chef d’état-major général de l’AFDL James Kabarebe, les avocats Azarias Ruberwa Manywa et Moïse Nyarugabo Muhizi.

    [ii]Le Lieutenant Jean-Pierre Ondekane, le commandant Sylvain Mbuki, le commandant Dieudonné Kabengele, le ministre de l’information du Maréchal Mobutu, Tryphon Kin-Kiey Mulumba, Alexis Thambwe Mwamba, Ashila Pashi Tshibwabwa.

    [iii]Le Pr Ernest Wamba dia Wamba, Lambert Mende Omalanga.

    [iv]Le Dr Émile Ilunga.

    [v]Le Pr Ernest Wamba dia Wamba.

    [vi]Arthur Z’Ahidi Ngoma.

    [vii]Roger Lumbala, Kazadi Nashanla Babandoa.

    [viii]Rassemblement congolais pour la démocratie/Mouvement de libération.

    [ix]Mouvement de libération du Congo.

    [x]Rassemblement congolais pour la démocratie/National.

    [xi]Le Dialogue intercongolais prévu par l’Accord de cessez-le-feu Lusaka a été conçu dans le but de renverser politiquement le régime controversé de Mzee Laurent-Désiré Kabila. Dès l’assassinat de ce chef de l’État autoproclamé de la République démocratique du Congo, la communauté occidentale s’est résolue à saboter coûte que coûte ce volet politique du protocole d’Accords de Lusaka dans la mesure où son pion agissant sournoisement dans le cœur du système, Joseph Kabila Kabange, l’a immédiatement succédé dans des conditions fort nébuleuses, et ce avec la triple complicité africaine (Angola, Zimbabwe et République Sud-Africaine).

    [xii]Pour garantir toute son efficacité, la nouvelle entente résultant de la seconde phase des Assises politiques intercongolaises à Pretoria (2002) et à Sun City (2003) se devait forcément et logiquement d’intégrer toutes les forces belligérantes, toutes les organisations de l’Opposition politique et démocratique, ainsi que toutes les forces vives de la Nation et tous les acteurs de la Société civile.

    [xiii] La Belgique, l’Union européenne (UE) et les États-Unis d’Amérique ont joué un rôle nocif dans cette joute électorale. Le peuple congolais paye, aujourd’hui, les effets de leur soutien au régime mercenaire de Joseph Kabila Kabange sous forme de violations criardes des droits fondamentaux de la personne humaine et de confiscation brutale de la démocratie.

    [xiv]Laurent-Désiré Kabila est décédé le 16 janvier 2011 des suites d’assassinat programmé par l’establishment occidental.

    [xv]Le vice-président du RCD-Goma pro-Rwanda, le commandant Jean-Pierre Ondekane, devenu entre-temps général-major des FARDC et ministre de la défense à la faveur de l’AGI, a confirmé dans la foulée du DIC les origines tutsies rwandaises de Joseph Kabila Kabange.

    [xvi] Ce sont des soudards qui ont effectivement grossi les rangs du CNDP du général-pasteur Laurent Nkundabatware Mihigo, dit ‘‘Laurent Nkunda’’. L’on pourrait nommer ‘‘Bosco Ntanganda’’ de Force patriotique de libération du Congo (FPLC).

    [xvii]En l’occurrence deux institutions politiques et citoyennes réellement corrompues : la Commission électorale indépendante [CEI] présidée par le très controversé Abbé Apollinaire Malu-Malu Muholongu en 2006 et la fameuse Commission électorale nationale indépendante [CENI] dirigée par le pasteur méthodiste Daniel Ngoy Mulunda en 2011).

    [xviii] Ce chef de guerre tutsi rwandais fut, dans l’entretemps, élevé au rang de général au sein de l’armée nationale congolaise (FARDC), à la faveur du processus politique de paix ‘‘Amani’’,

    [xix]Bosco Ntanganda, alias ‘‘Terminator’’, est aujourd’hui sous les verrous. Il est un justiciable de la CPI.

    [xx] Il s’agit de la branche armée de la rébellion hutue rwandaise accusée de génocide de 1994 au Rwanda.

  • Les Albinos sont des Êtres humains

    Les Albinos sont des Êtres humains

    ‘‘La Porte Albinos est là dans l’ombre. Elle efface pas à pas tout ce qui m’épouvante encore et me fait pleurer dans l’éblouissement de ses gongs de feu.’’

    André Breton, Poisson soluble (1924), Édition Gallimard, Coll. Poésie, 1996 (ISBN 2-07-032917-8), Partie 26, p. 104 – Prose poétique

    Par Joël Asher Lévy-Cohen *

    -Dans les ‘‘Dix paroles de la Torah[i]’’ consignées dans les Tables de la Loi confiées par ‘‘Hashem’’ au prophète Moshe, d’ailleurs sous forme de prescription ou ordonnance, il est formellement ‘‘interdit’’ de tuer[ii]. C’est-à-dire : ‘‘il est strictement défendu à l’Être humain créé à l’image de D.ieu d’ôter la vie d’une autre personne, – également créée à l’image de D.ieu – qui est, par conséquent et par définition, son semblable’’. En d’autres termes, tuer son semblable, son prochain. C’est, par essence, se trucider. En réalité, le fait de se tuer soi-même, donc le fait de s’ôter la vie, est normalement défini ou qualifié en langage scientifique de ‘‘Suicide’’.

    En effet, tuer un individu équivaut, sur le plan purement spirituel, au fait de lui ôter cette graine spirituelle que ‘‘Hashem’’ a, très divinement, plantée en chacun de nous. À savoir : la ‘‘Vie’’. La Vie est, d’abord et avant tout, l’Esprit de D.ieu qui se manifeste profondément en nous en tout temps et sous diverses formes. C’est, en fait, l’Énergie qui nous relie, directement, à l’Éternel.

    Donc, tuer un Être humain équivaut au fait d’éteindre cette Énergie vitale. C’est, par définition, rompre définitivement tout lien physique et matériel avec l’Éternel. Cela est d’autant plus vrai que l’Humain est composé de [deux] éléments fondamentaux. L’un est spirituel (Énergie ou Esprit de D.ieu) et l’autre est matériel (il est symbolisé sur le plan physique par le sang qui coule dans nos veines, irrigue tous nos organes vitaux[iii]).

    C’est donc dans le sang que se cache ou se loge indéniablement l’Esprit ou l’Énergie divine. Rappelez-vous, à cet effet, l’histoire édifiante de Caïn et Abel relatée de façon poétique, métaphorique, dans la Bible lorsque l’Éternel D.ieu répond directement à Caïn qui vient d’éliminer physiquement son frère de même sang Abel : ‘‘Qu’as-tu fait ? Le sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi[iv]’’. En d’autres termes, tuer, c’est faire mal à Hashem. Tuer signifie perturber la quiétude de l’Eternel. Tuer veut dire perturber l’Esprit de D.ieu. En somme, c’est simplement tuer D.ieu le Créateur de la vie. C’est provoquer le chaos dans l’œuvre de la Création divine car D.ieu a besoin de tous en tant qu’associé ou collaborateur à la construction de son édifice gigantesque qu’est la Nature, à l’édification (à l’accomplissement de son œuvre grandiose) qu’est l’Univers.

    Dans le monde visible fait de matière, assujetti aux limites et contingences du temps et de l’espace, l’acte de tuer – l’acte de supprimer la vie – se réduit substantiellement au fait d’empêcher son semblable d’assurer sa descendance. Cela est d’autant plus vrai que la vie se perpétue normalement par la descendance. En l’occurrence, la progéniture conçue par le produit de la Création divine qu’est l’être humain. Ce qui revient à dire que l’acte de tuer est, en soi, une contravention de la loi divine en ce sens qu’il met un terme définitif à la procréation, qu’il interrompt abruptement la chaîne continue du processus de Création.

    Force est de reconnaître que cette norme divine ordonne pratiquement à l’Humain de procréer. Celle-ci l’enjoint outre mesure de se massifier. Cette prescription divine que l’Être humain se doit d’observer est, d’ailleurs, référencée par le premier Livre de la Genèse lorsque ‘‘Hashem’’ s’adresse directement au Patriarche Noah et à toutes ses descendances en ces termes : ‘‘Et vous, soyez féconds et multipliez. Répandez-vous sur  la terre  et  multipliez  sur  elle[v]’’.

    Par voie de conséquence, tuer son semblable ou son prochain, c’est non seulement se trucider[vi] mais également tuer l’Esprit de D.ieu manifesté en chacun de nous sur le plan spirituel. Sur le plan physique et matériel, c’est en fait tuer à la base le groupe social auquel on appartient. Cet acte de privation consiste, à vrai dire, à empêcher sa Communauté de se massifier. C’est, en vérité, la priver de toute possibilité d’assurer sa permanence aussi bien dans le temps que dans l’espace. C’est, sans autre forme de procès, la priver de tout moyen, donc de toute force, de toute puissance, d’assurer sa reproduction en tant que Communauté vivante appelée à se perpétuer au sein de l’univers physique et matériel.

    Cette vision spirituelle témoigne inlassablement du caractère précieux et privilégié de la Vie aux Yeux sanctifiés de ‘‘Hashem’’. En effet, tout acte de semence de la Vie se veut, par définition, une manifestation de l’Amour divin. Par extension, tout acte de protection de la Vie se veut, par essence, une manifestation continue de son Énergie. La vie est ici comprise comme l’absence de rupture avec ce lien indissoluble qu’est l’Esprit de D.ieu.

    Sur le plan à la fois moral et intellectuel, l’acte de tuer un Être humain correspond au fait de tuer l’harmonie. Cela équivaut au fait de porter atteinte à la paix et la sécurité aussi bien de l’individu que de la Collectivité humaine. C’est-à-dire : le fait d’attenter à l’existence du Groupe social. C’est rompre coûte que coûte les liens de solidarité et de fraternité qui soudent très fermement la Communauté. En d’autres termes, tuer un semblable ou son prochain signifie, en vérité, rompre brutalement la concorde ou la sécurité. C’est-à-dire : ‘‘Rompre l’équilibre harmonieux qui fonde, en substance, la Collectivité’’.

    Toutefois, au regard des lois divines, tuer son prochain ou son semblable s’avère un acte de rébellion à l’autorité sainte de ‘‘Hashem’’. C’est le fait de prendre en aversion l’Éternel D.ieu Tout-Puissant et Tout-Miséricordieux qui est, par essence, la Vie ou l’Esprit, donc l’Énergie qui vivifie l’Être humain et l’Univers.

    Dans le cas plus que malheureux voire préoccupant des Albinos, d’ailleurs devenus objet [non plus de simples quolibets] mais ce qui est surtout inquiétant [de chasse meurtrière] de la part de leurs congénères, il sied de  relever que l’Albinisme est en soi une tare génétique. Cette déficience s’avère une des particularités biologiques des espèces vivantes. Celle-ci est par nature héréditaire, par conséquent transmissible de génération en génération. Elle touche autant des mammifères et des reptiles que des oiseaux et des amphibiens. Par conséquent, cette maladie a fortiori génétique qui se caractérise pratiquement par l’absence peu ou prou de la mélanine, concerne, bien entendu, l’ensemble des Êtres humains du monde entier, indépendamment de leurs localisations respectives.

    Il convient de souligner que dans bon nombre de pays du continent négro-africain, notamment des États d’Afrique orientale tout comme australe, la situation de nos chers Albinos est fortement dramatique. En effet, ceux-ci sont visiblement l’objet de massacres génocidaires. Ils sont réellement pourchassés comme du gibier parce que des croyances sordides nourries par la résurgence de l’anthropophagie d’une autre époque leur prêtent, sans concession et sans retenue, des vertus magiques.

    Pour les adhérents de ce type de cannibalisme version africaine, les os des Albinos imbibés de potions concoctées par des druides indéniablement dépourvus de toute compassion humaniste ouvrent d’immenses possibilités d’amasser à la vitesse de l’éclair du tonnerre des fortunes colossales. Ces carnassiers à la peau humaine qui font nettement fi de l’idéologie du travail s’appuyant substantiellement sur la notion de l’effort et de l’intelligence, sont convaincus qu’ils sont destinés à l’appropriation des richesses considérables dont la taille dépasse fort sensiblement la masse du trou noir de notre galaxie. Cette croyance aussi bien sordide que répugnante pourrait, d’ailleurs, se résumer à ce proverbe oh ! Combien significatif attribué à Paul Éluard : ‘‘Un Albinos ne fait pas le beau temps’’.

    En effet, l’absence de la mélanine destine quotidiennement les Albinos au billot. Elle les expose littéralement à la potence décrétée par des individus déshumanisés ainsi que des féticheurs cupides dont la seule religiosité se réduit au culte du macabre et à l’expression du sordide. Devant un tel spectacle, un Humain digne de ce nom ne peut que manifester toute son indignation et surtout crier sa désapprobation face à des pratiques d’un autre âge.

    Joël Asher Lévy-Cohen

    Journaliste indépendant

    joelasherlevycohen.over-

    [i] C’est le Décalogue. Il est communément connu sous le label de ‘‘Dix commandements’’.

    [ii] Exode 20 : 13.

    [iii] Dans le langage commun, l’acte de tuer correspond symboliquement au fait de ‘‘Verser le sang humain’’. Et, par voie de conséquence, ‘‘Verser le sang’’ est défini humainement comme un acte attentatoire à la vie. C’est purement et simplement une atteinte à l’Esprit de D.ieu si l’on se place de ce point de vue sur le plan spirituel.

    [iv] Genèse : 4 : 10.

    [v] Genèse 9 : 7. ‘‘L’absence de fécondité et de procréation immédiatement est associée à la mort’’.

    [vi] Le fait de se suicider pour avoir brisé son miroir, son propre reflet qu’est l’autre, son semblable ou son prochain.

    [1] C’est le Décalogue. Il est communément connu sous le label de ‘‘Dix commandements’’.

    [1] Exode 20 : 13.

    [1] Dans le langage commun, l’acte de tuer correspond symboliquement au fait de ‘‘Verser le sang humain’’. Et, par voie de conséquence, ‘‘Verser le sang’’ est défini humainement comme un acte attentatoire à la vie. C’est purement et simplement une atteinte à l’Esprit de D.ieu si l’on se place de ce point de vue sur le plan spirituel.

    [1] Genèse : 4 : 10.

    [1] Genèse 9 : 7. ‘‘L’absence de fécondité et de procréation immédiatement est associée à la mort’’.

    [1] Le fait de se suicider pour avoir brisé son miroir, son propre reflet qu’est l’autre, son semblable ou son prochain.

  • Qui est réellement Congolais ?

    Qui est réellement Congolais ?

    Qui est réellement Congolais ?

    ‘‘Notre vraie nationalité est l’Humanité’’

    Herbert George Wells, The Outline of History

    Par Joël Asher Lévy-Cohen *

    -Depuis le mois de septembre 1996, la majestueuse République démocratique du Congo, fort connue pour ses fabuleuses richesses tant naturelles et minérales que précieuses et stratégiques, vit de façon permanente sous le régime draconien et mortifère de violence armée. Cet État ‘‘souverain’’ et ‘‘indépendant’’ sis au cœur du Continent africain et de la région des Grands Lacs est, en effet, confronté à des guerres de prédation économique, d’ailleurs alimentées par des puissances occidentales d’extraction anglo-saxonne. À vrai dire, l’objectif primordial de ces conflits armés artificiellement provoqués et entretenus est la captation brutale de toutes ses ressources matérielles nationales.

    Aussi ce pays connaît-il, de manière récurrente, des guerres d’extermination de toute sa population autochtone dont le leitmotiv s’avère la déflagration du tissu national. Mais, le véritable but poursuivi par différents acteurs sur le terrain, fussent-ils pays agresseurs, mercenaires locaux ou soudards étrangers, sponsors internationaux des belligérants, se réduit indéniablement à l’effondrement de l’État-Nation. Il se réduit à l’affaissement de la ‘‘Souveraineté de la Nation’’, à l’abattage du pouvoir national en tant que rempart à la spoliation matérielle du pays, à l’exploitation éhontée de ses richesses et la destruction de ses ressources humaines.

    Cette perspective destructrice du Joyau congolais par de puissants intérêts extérieurs a suscité un mouvement de colère nationale qui a, sans doute, débordé hors des frontières étatiques. Ce cri de colère intérieure a naturellement trouvé écho au sein d’une Diaspora quoi que éclatée, émiettée, disparate. Celle-ci entend, dorénavant, jouer le rôle de gardien du temple et de sauveur d’un pays somme toute déliquescent, dont les chances de survie tiennent plus de la Providence divine que de la farouche volonté de ses propres enfants.

    C’est dans ce contexte de mobilisation générale au profit d’un Congo moribond, humilié et dépecé par des rapaces et charognards de tous ordres que la question lancinante de la Citoyenneté et de la Nationalité détenue par des dirigeants politiques, administratifs et gouvernementaux est naturellement posée. Force est de reconnaître que, en raison du traumatisme national d’ailleurs provoqué par ces conflagrations armées récurrentes, celle-ci est l’objet de débats autant violents que surréels. En effet, les Congolais qui ont, sans l’ombre d’un doute, perdu tout repère autant politique et idéologique que culturel et historique, assistent pratiquement ‘‘impuissants’’ – cela depuis une vingtaine d’années – au bradage de la Nationalité de leur cher et beau pays.

    Cette liquidation délibérée ou inconsciente de la Nationalité congolaise que la Diaspora remet violemment à l’ordre du jour et sur la table à propos des dirigeants politiques aux origines floues, à qui on impute à tort ou à raison la spoliation de l’État et à qui incombe l’éclatement de la Nation, dérive fort logiquement du phénomène de l’absence de l’État. Aussi découle-t-il de l’inexistence manifeste de l’administration publique. Il importe de mentionner que ce double phénomène destructeur du pays remonte pratiquement aux années ‘‘tyranniques’’ du Mobutisme nationaliste et conquérant. Ce qui paraît, tout à fait, paradoxal. Entre autres pour un régime politique et militaire qui, par essence, se voulait, au cœur de l’Afrique et du monde nègre, hyperfort et surtout hypercentralisé.

    Cela est d’autant plus vrai que, sous la présidence ‘‘autocratique’’ du Maréchal-pillard Mobutu Sese Seko du Zaïre, la Nationalité zaïroise se monnayait aisément au coin de la rue. Pourtant censée normalement conférer à un Citoyen des droits et des obligations au sein de la Collectivité publique, la carte d’identité nationale se négociait à prix d’or dans des officines de l’État. C’est, d’ailleurs, au cours de cette période où la vénalité publique est érigée en mode de gouvernement, en modèle politique et administratif, que bien des étrangers, ayant immigré au Zaïre, ont acquis de façon irrégulière la nationalité zaïroise. Bien entendu avec la complicité manifeste des autorités de l’État.

    Sans compter que, pour survivre à la crise socioéconomique, certes, imposée par l’élite dirigeante, les Zaïrois imitant d’ailleurs à la perfection leurs propres autorités politiques ou administratives et gouvernementales devenues pour la circonstance des négociants des biens de l’État ont marchandé, à leur tour, la carte d’identité nationale. Ces derniers se sont improvisés autorités de l’état civil dans leurs lieux de résidence. Ils ont même vendu sur des étals des marchés ouverts au grand public des actes d’état civil. Avec cette qualité pourtant usurpée, ils n’ont pas hésité à proposer à n’importe qui certificats de naissance ou actes de mariage. Y compris certificats de décès.

    Pour couronner le tout, des certificats des écoles primaire et secondaire, des diplômes académiques trouvaient aisément preneur dans ces lieux de marchandage atypiques. Cette nouvelle occupation permettait assurément aux nombreux laissés pour compte du Mobutisme triomphant de nouer les deux bouts du mois. Ainsi leur permettait-elle de faire face aux rigueurs de la politique de rétention des salaires instituée par le Mouvement populaire de la révolution (MPR) pour affamer les fonctionnaires de l’État-Parti et, par voie de conséquence, détruire leurs familles respectives !

    Il sied de noter que ce bradage de la Nationalité congolaise s’est aggravé depuis la chute brutale de la ‘‘tyrannie mobutiste’’ par le guérillero postlumumbiste et postnationaliste Laurent-Désiré Kabila. En effet, le régime de ce soudard postléniniste et poststaliniste a attribué à l’emporte-pièce la nationalité congolaise à des ethnies tout entières ou à des groupes d’individus. Le pouvoir autant [liberticide] que [démocraticide] de Joseph Kabila Kabange ne fait pas non plus exception. À la tête de l’État congolais depuis le 26 janvier 2001, ce mercenaire tutsi rwando-tanzanien, répondant au nom de ‘‘Joseph Hyppolite Kanambe Kazembere M’Twale Christopher’’, a rapidement intégré une kyrielle de commis étrangers[i] au sein des appareils politique, administratif voire sécuritaire de l’État à la faveur de la fameuse Transition politico-militaro-maffieuse de 2003 à 2006.

    Puisqu’il est question de réhabiliter cette Nationalité congolaise pratiquement vidée de sa substance, manifestement liquidée par des autorités politiques, administratives et gouvernementales, que pourrait-il véritablement signifier aujourd’hui ‘‘le fait d’être Congolais’’ ? En d’autres termes, qu’est-ce que cela implique réellement d’être congolais ? Être congolais veut-il dire être né d’un ou des parents essentiellement congolais ? Veut-il dire être strictement issu des ethnies vivant physiquement sur le sol du territoire national de la République démocratique du Congo telles que répertoriées par le Colonisateur belge à la fin du XIXe siècle ?

    Il est un fait établi qui ne souffre d’aucune contestation voire interprétation. Au regard de la légalité ambiante, donc l’ordonnancement juridique [la Constitution de Liège du 18 février 2006][ii], la Nationalité congolaise est ‘‘une’’ et ‘‘exclusive’’. En d’autres termes, le fait de détenir concurremment avec la nationalité congolaise une citoyenneté étrangère entraîne ipso facto la radiation de la nationalité congolaise. Par voie de conséquence, la réclamation ou l’usage d’un passeport autre que congolais oblitère automatiquement et systématiquement la revendication de la nationalité congolaise. Donc, pour bénéficier sans anicroche de la nationalité congolaise, il faut impérativement renier la citoyenneté étrangère détenue au moment de l’intégration à la Nation congolaise. Voilà ce que dit le principe général du droit congolais en matière de détention de la nationalité congolaise ou inversement de la réclamation de la Citoyenneté étrangère.

    Toutefois, est-on simplement congolais lorsque l’on détient un document administratif disposant que l’on appartient à la grande famille congolaise ? Est-on congolais lorsque l’on est, certes, membre d’une ethnie vivant physiquement en République démocratique du Congo ? Dans ces conditions, qu’en est-il réellement des ethnies à cheval sur deux ou trois pays frontaliers parmi lesquels figure la République démocratique du Congo ? En d’autres termes, quand est-on vraiment congolais ?

    Sur le terrain de la Morale humaniste et des principes universels, l’on appartient, certes, à un pays lorsqu’on l’aime sincèrement et lorsqu’on est surtout disposé à travailler pour lui. On est citoyen à part entière d’un pays lorsqu’on est vraiment disposé à participer à son essor tant politique et économique que social et culturel. On est citoyen d’un pays lorsqu’on est même prêt à mourir pour lui en cas d’agression armée. Dans ce domaine, le plus bel exemple contemporain demeure celui du stratège révolutionnaire argentin Ernesto Rafael Guevara de la Serna, dit [Che].

    En effet, après sa rencontre instructive et déterminante avec Fidel Alejandro Castro Ruz à Mexico (Mexique), ce médecin de formation n’a pas hésité, un seul instant, à se mettre volontairement au service de la libération nationale du Peuple cubain. À cette époque, celui-ci était écrasé comme un ver de terre par la dictature de Rubén Fulgencio Batista y Zaldívar. De son propre gré, l’immortel Ernesto Che Guevara s’est engagé militairement aux côtés des guérilleros cubains pour démanteler un régime qui opprimait leurs droits fondamentaux et libertés publiques, pour bâtir un pays à l’aune de leurs espérances.

    C’est aussi l’exemple de l’Espagnol Manuel Valls, originaire de Barcelone (Catalogne). Cet ancien Premier ministre de François Hollande avait choisi de servir fidèlement la France et le Parti Socialiste avant de devenir réellement Français. L’on peut également mentionner les cas notables des artistes-musiciens, telle Myriam Makeba de Swaziland, tel Johnny Clegg (le fameux Zulu blanc du groupe Savuka) de Grande-Bretagne. Ceux-ci sont, naturellement, devenus des sujets sud-africains après le démantèlement du régime ségrégationniste de Pretoria en 1990 pour avoir farouchement combattu l’Apartheid par la chanson, le militantisme musical et l’engagement socioculturel.

    À cet égard, les exemples de [Che] Enesto Rafael Guevara de la Serna, Myriam Makeba et Johnny Clegg rappellent incessamment que l’appartenance à une Nation ne se limite pas uniquement à la détention d’un document administratif ou l’appartenance à une ethnie. Ils rappellent pertinemment que l’appartenance à une Nation est plutôt un état d’esprit. En effet, celui-ci conduit, par sa force, un être humain qui croit très certainement et très fermement en l’humanité, à prendre sans hésiter la défense de l’opprimé (la veuve et l’orphelin).

    Cet état d’esprit pousse un individu apôtre de la paix et de la justice, soldat de la liberté et artisan de la dignité humaine à défendre sans concession un pays écrasé au nom des droits humains fondamentaux, des valeurs humanistes et des principes universels. Aussi le pousse-t-il à participer activement, donc positivement au rayonnement du pays dans lequel il vit en permanence. Un tel esprit peut se traduire concrètement par la construction des écoles, des hôpitaux, donc par les nombreuses opportunités offertes généreusement aux Citoyens d’une Collectivité publique.

    Au niveau international, l’exemple instructif de l’Albanaise Anjezë Gonxhe Bojaxhiu, en religion ‘‘Mère Teresa’’, devenue indienne, est des plus pertinent ou des plus éminent. En Afrique du Sud, Joe Slovo, devenu ministre de logement sous la présidence de Nelson Mandela en 1994, était d’origine lituanienne. Ce Juif des Pays baltes, né le 13 mai 1926 à Obeliai (Lituanie) et installé dès l’âge de huit ans en Afrique du Sud, n’a nullement hésité à troquer les habits de révolutionnaire pour défaire le régime d’Apartheid.

    Sur le terrain purement congolais, bon nombre d’étrangers se sont illustrés au point de porter dans leurs cœurs les couleurs la République démocratique du Congo, mieux que les enfants du pays. Dans ce registre, se sont, en réalité, distingués les Révérends Pères Léon de Saint-Moulin et Pierre Lecuit de Charleroi pour leur contribution inestimable et remarquable dans le domaine stratégique de l’enseignement et de l’éducation nationale. C’est aussi le cas mémorable de Pierre Jacques Chaloupa d’origine française, portugaise et grecque pour sa vaillante lutte politique et son combat démocratique en faveur d’un État prospère et développé, juste et pacifique, libre et digne. En raison de leur amour sans faille de la République démocratique du Congo, toutes ces personnes précitées sont des Congolais à part entière.

    Leur nationalité congolaise ne souffre d’aucune contestation d’autant plus qu’en vertu des accords de Lusaka (Zambie) des 30, 31 juillet et 31 août 1999, est congolais tout individu dont les groupes ethniques étaient physiquement présents sur le territoire du pays lors de son accession à la souveraineté internationale et à l’indépendance nationale en 1960. À cette époque, vivaient au Congo bon nombre de communautés étrangères venant de divers horizons culturels. il y avait sûrement des Belges wallons et flamands, des Portugais, des Grecs, des Italiens, des Polonais, des Français, des Indiens, des Allemands, des Tchèques, des Chinois, des Sénégalais, des Maliens, des Togolais, des Guinéens, des Libériens, des Sierra-Léonais, des Malawites, des Rwandais, etc.

    Cette riche diversité des peuples et, par conséquent, des cultures démontre, d’ailleurs, à quel point la République démocratique du Congo est, par définition, dès sa naissance, une terre d’accueil et d’ouverture. Elle n’est pas du tout un pays isolé et refermé sur lui-même. C’est un État profondément ouvert à toutes les influences de la planète, fussent-elles politiques et idéologiques, économiques, sociales et culturelles. À cet effet, elle compte bien garder cette spécificité de mosaïque culturelle et raciale. Cette vision d’un Congo défini comme un kaléidoscope culturel et racial est, d’ailleurs, portée au plus haut point par le premier ministre nationaliste et panafricaniste Patrice Emery Lumumba surtout lorsqu’il déclare ouvertement, publiquement, aux lendemains de la proclamation de l’indépendance nationale en 1960 : ‘‘Les Belges, les Flamands et les Européens qui resteront avec nous, travailleront avec nous. Ils seront même une des ethnies du Congo’’.

    Force est de constater que cette vision sacrosainte d’une République démocratique du Congo plurielle, d’un pays multiethnique, multiracial et multiculturel, est aussi partagée par le Premier ministre katangais Moïse Kapenda Tshombe. Elle ne pose pas non plus de problème particulier au Maréchal-président Mobutu Sese Seko du Zaïre qui a offert, gracieusement, la Nationalité congolaise aux Libanais, aux Centrafricains et Rwandais. Lui-même togolais d’origine était entouré d’étrangers en provenance du Sénégal (Léon Engulu Baangampongo Bakokele Lokanga), de la Tanzanie (Alphonse-Roger Kithima bin Ramazani), du Rwanda (Barthélémy Bisengimana Rwema, Léon Lubitsch Kengo wa Dondo), du Burundi (Alexis Thambwe Mwamba), de Cabinda en Angola (Roger Patrick Nyimy Mayidika Ngimbi), du Sud-Soudan (Terminator Honoré Ngbanda Nzambo ko Atumba [selon les déclarations de l’Honorable rwando-burundais Vital Kamerhe]), etc.

    Ce sujet délicat ne constitue pas non plus un véritable problème de fond pour l’UDPS d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba. En l’occurrence, un problème de fond susceptible de provoquer arbitrairement l’exclusion des bonnes volontés ou des énergies dont le pays a expressément besoin pour son propre essor tant économique et social que politique et culturel. En effet, ce parti à l’avant-garde de la lutte en faveur des droits humains fondamentaux, a définitivement intégré dans son combat politique et démocratique des valeurs humanistes et principes universels. Cela est d’autant plus vrai que des sujets occidentaux, vivant dans ce pays d’Afrique centrale ou militant ardemment à l’extérieur du pays pour la cause politique et démocratique défendue par cet avocat du peuple, étaient des adhérents ou sympathisants de l’UDPS.

    En fait, l’exemple le plus notable est, à ce propos, celui de l’Américain John Metzel, alias ‘‘Tshimanga’’, spécialisé dans les questions des droits humains fondamentaux et de santé publique. Tout comme celui du Belge Ronald van den Bogaert, fonctionnaire du Parlement européen et membre du Parti Socialiste belge [aile flamande]. Cet amoureux du Congo a été emprisonné, et ce pendant six mois, au centre pénitentiaire de Kinshasa en 1985 pour son soutien explicite à l’UDPS. Cet enfermement est intervenu après un jugement bidon, fantaisiste, rendu par la cour de sûreté de l’État, d’ailleurs, embrigadée par le Maréchal-despote.

    En d’autres termes, qui est réellement ‘‘Congolais’’ ?

    Se veut Congolais tout individu de bonne volonté, peu importe sa race, sa culture, ses origines ethniques, sa condition ou son statut social. Est Congolais tout individu qui participe activement au développement économique de la République démocratique du Congo et au progrès social de ses ressortissants. Est, en fait, Congolaise toute personne amoureuse de ce pays. Est, certes, Congolais tout individu qui entend apporter sa part généreuse à la construction de cet édifice national. Il s’agit de toute personne de bonne foi dont le grand cœur porte, évidemment, intérieurement un ‘‘tatouage’’ à l’effigie de la République démocratique du Congo.

    Par conséquent, n’est point Congolais tout celui qui conspire contre ce pays merveilleux quand bien même il peut être rattaché à la République démocratique du Congo par des liens ethniques et tribaux. N’est pas du tout Congolais, tout celui qui bloque violemment la marche de ce pays vers les rivages sacrés de la paix et de la justice quand bien même il peut avoir des parents congolais d’origine. N’est pas Congolais tout celui qui asphyxie la liberté, éteint la démocratie, assassine le progrès et étrangle le pouvoir du Souverain primaire. N’est pas Congolais tout celui qui provoque violemment la discorde nationale et attise par des artifices la haine interethnique, massacre les Congolais pour instaurer la dictature.

    Joël Asher Lévy-Cohen

    Journaliste indépendant

    www.joelasherlevycohen.over-blog.com

    Cet article est dédié à Moïse Katumbi Chapwe et Sindika Dokolo


    [i] Des Angolais, Zambiens, Burundais, Ougandais, Rwandais et Sud-Soudanais.

    [ii]L’article 10 de la Constitution du 18 février 2006.

  • Quel Gouvernement pour la République démocratique du Congo ?

    Quel Gouvernement pour la République démocratique du Congo ?

    –    ‘‘Que chacun fasse connaître le genre de gouvernement qui commande son respect et ce sera le premier pas pour l’obtenir.’’ La désobéissance civile – Henry David Thoreau

    Par Joël Asher Lévy-Cohen

     

    Un Gouvernement est, par essence, une ‘‘Équipe’’. Celle-ci a la réputation de travailler, efficacement, sous l’autorité d’un homme-orchestre, sous la supervision d’un chef d’orchestre. Sa charge primordiale consiste, naturellement, à ‘‘mettre en musique’’, à ‘‘mettre en demeure’’ la politique de la Nation. D’ailleurs, cette dernière justifie, à n’en point douter, sa mise en place. En conséquence, cela signifie que sa mission se résume à ‘‘satisfaire les aspirations populaires légitimes sous forme de politiques publiques’’ arrêtées en conseil des ministres et avalisées par la Représentation nationale.

    Relativement à la Constitution de la République démocratique du Congo promulguée sous la période de Transition le 18 février 2006, cet homme-orchestre s’avère, bien entendu, le Premier ministre. Ce personnage au plus haut sommet de l’État est, en fait, le chef du Gouvernement et de l’Administration publique.

    En réalité, qui dit ‘‘Gouvernement’’, dit fondamentalement ‘‘Équipe’’. Qui dit ‘‘Équipe’’, dit intrinsèquement ‘‘Esprit’’. Donc, avant d’être une ‘‘Institution’’ ou un ‘‘Organe’’ de l’État, un Gouvernement est, par définition, un ‘‘Esprit’’. Celui-ci est caractérisé par la Cohésion de ses membres. C’est-à-dire : l’Osmose ou la Symbiose qui soude, fermente l’Équipe. Celle-ci est moralement, donc mentalement, favorisée par la supervision et la coordination du chef d’orchestre qu’est le Premier ministre.

    Toutefois, pour qu’il y ait nécessairement Cohésion, il faut qu’il y ait, impérativement, en amont Adhésion. Dans le contexte administratif d’un pays, ce mot signifie le fait de partager entièrement les objectifs fixés par le Premier ministre et de contribuer par ses actions sur le terrain à les atteindre pour le bien-être de l’État et de la Nation. À ce niveau, qui dit action, dit logiquement et forcément comportement ou attitude. Ce qui renvoie ipso facto à la fameuse notion ou au fameux principe d’Éthique de travail.

    En d’autres termes, sans une véritable Adhésion en amont, il n’y a résolument pas de Cohésion. Ce qui veut dire : la notion d’Esprit qui se profile en aval et qui sous-tend, par conséquent, la constitution du Gouvernement, n’existe absolument point. D’où le sens de la trilogie [Gouvernement = ‘‘Équipe’’ + ‘‘Esprit’’ + ‘‘Éthique’’].

    Dans le cadre du ‘‘Dialogue politique intercongolais’’ conduit de main de maître, au cours du mois de décembre 2016, par la fameuse Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), il va de soi que la République démocratique du Congo transite par la mise en place d’un véritable Gouvernement d’Union nationale. Pour qu’il y ait, à cet égard, Cohésion gouvernementale, il faut qu’il y ait pratiquement adhésion sans faille des ministres à la vision du Premier ministre. Cette réalité ne peut, moralement et matériellement, se manifester sur le terrain qu’au moyen de la compréhension et de l’interprétation qu’ils ont réellement de leurs mandats administratifs et des objectifs politiques assignés par ledit pacte politique à cette structure gouvernementale.

    Dans ce contexte on ne peut plus particulier, pour réussir une meilleure cohésion, il va de soi que l’équipe gouvernementale soit inéluctablement ‘‘restreinte’’. En effet, la réduction de sa grosseur ou l’amincissement de sa taille entraînera qu’elle soit plus soudée, plus efficace et plus productive. En vue de marquer une rupture nettement radicale avec le Mobutisme et le Kabilisme prévaricateurs essentiellement fondés sur l’éclatement artificiel des ministères[i] dans l’optique d’entretenir une élite politique ‘‘vorace’’ et ‘‘contreproductive’’, cette Institution gouvernementale doit comporter tout au moins 15 ministères ou tout au plus 22 départements ministériels.

    À cet effet, le Gouvernement d’Union nationale issu des pourparlers intercongolais pilotés par la CENCO doit être un Gouvernement de Salut public parce que sa mission consiste à extirper tous les dangers qui guettent la République démocratie du Congo. Celle-ci doit commencer par la méthode de gestion politique et administrative de la chose publique, laquelle a réellement montré ses limites, ses failles sous les régimes despotiques successifs. Pour ce faire, le slogan politique et administratif de cet organe chargé d’administrer la Collectivité publique au nom et au service de la Nation doit être : ‘‘Rigueur’’, ‘‘Austérité’ et ‘‘Responsabilité’’.

    Outre la voie salutaire de la paix et de l’harmonie, de la réconciliation nationale et de la concorde politique, de la dignité et de la justice sociale, de la démocratie et de la liberté, du développement économique de la Collectivité publique et du progrès social du Citoyen, ce Gouvernement de Salut public, d’ailleurs essentiellement composé de ‘‘techniciens’’ chevronnés et non de ‘‘politiques’’, se doit, inexorablement, d’engager la République démocratique du Congo à abolir immédiatement la ‘‘potence’’. Ce qui constituerait, à coup sûr, un grand pas vers la modernité ambiante.

    Quelques exemples de regroupement des ministères eu égard à leurs mandats publics et administratifs :

    1. Sécurité publique, Administration du Territoire & Décentralisation
    2. Population & Identification nationale, Affaires coutumières, Immigration & Citoyenneté
    3. Affaires étrangères, Coopération internationale, Intégration régionale & Commerce extérieur
    4. Justice, Droits humains & Réformes démocratiques
    5. Défense nationale & Anciens combattants
    6. Éducation nationale, Jeunesse, Sports & Loisirs
    7. Industrie, Innovation technologique, Entreprises & Formation professionnelle
    8. Environnement, Eaux & Forêts, Agriculture & Pêche
    9. Économie & Finances, Budget & Plan
    10. Logement, Habitat & Urbanisme
    11. Développement & Infrastructures (Bâtiments & Travaux publics)
    12. Transports & Communications, Poste & Télécommunications
    13. Culture & Tourisme, Arts & Artisanat (porte-parole du Gouvernement)
    14. Fonction publique, Emploi & Prévoyance sociale, Famille & Solidarité nationale
    15. Santé & Hygiène publique, Action humanitaire & Services sociaux
    16. Énergie, Mines et Hydrocarbures

    [i] Le gonflement pléthorique du personnel politique et gouvernemental. Le grossissement éléphantesque de la taille du Gouvernement.

  • La RDC en quête de cohésion politique et de stabilité nationale.  Que représente-t-elle vraiment ‘‘la date du 19 décembre 2016’’ ?

    La RDC en quête de cohésion politique et de stabilité nationale. Que représente-t-elle vraiment ‘‘la date du 19 décembre 2016’’ ?

    -La République démocratique du Congo en quête de cohésion politique et de stabilité nationale

    Que représente-t-elle vraiment ‘‘la date du 19 décembre 2016’’ ?

    ‘‘Enjeux’’ et ‘‘Perspectives’’ du ‘‘Pouvoir’’ populaire

    La ‘‘Symbolique’’ de la ‘‘Puissance’’ démocratique

    A l’instant où l’esclave décide qu’il ne sera plus esclave, ses chaînes tombent.” Mohandas Karamchand, alias Mahatma Gandhi

    Par Joël Asher Lévy-Cohen *

    Le ‘‘lundi 19 décembre 2016’’, le mandat présidentiel de l’usurpateur Joseph Kabila Kabange arrive, pratiquement, à échéance. Ce terme légal présente cette particularité et cette singularité que ce ‘‘saigneur de paix’’ à la tête de la République démocratique du Congo depuis quinze ans ne peut plus se représenter à un scrutin électif pour assumer les plus hautes charges de l’État. Cette contrainte s’opère conformément à l’esprit et la lettre de la Constitution de Liège du 18 février 2006. Mais, dans le contexte d’une crise politique artificiellement créée et, surtout, savamment nourrie par une classe politique moribonde et mentalement ‘‘atrophiée’’, que signifie-t-elle exactement cette date dont la portée ‘‘réflexive’’ et ‘‘universelle’’ est plus politique et idéologique que juridique ?

    Au-delà de toute considération personnelle, le lundi 19 décembre 2016 veut dire que le Peuple congolais meurtri et asservi recouvre l’entièreté de ses droits de souveraineté, d’ailleurs perdus brutalement le 14 septembre 1960[i]. Il sied de constater que ceux-ci ont été, pratiquement, perdus aux mains de la tyrannie des mercenaires locaux et étrangers dont l’objectif primordial consiste à prostituer la souveraineté internationale ainsi que l’indépendance nationale de la République démocratique du Congo. Ils ont été perdus au profit des forces despotiques et ‘‘rétrogrades’’ dont l’arbitraire est, à vrai dire, le mode d’expression légitime. Ils ont été perdus au bénéfice des puissances réactionnaires dont la mission essentielle se résume à priver l’État du droit au développement économique, la population du droit au progrès social, le Citoyen du strict respect des droits humains et des libertés publiques fondamentales.

    En d’autres termes, cette date fatidique du lundi 19 décembre 2016 marque, en réalité, la rupture nette et claire du système politique axé sur la rébellion à la Loi fondamentale. Donc, celle-ci marque, définitivement, une profonde césure dans la ‘‘confiscation’’ de la démocratie en tant que ‘‘capacité’’ du Peuple à se choisir très librement des dirigeants politiques et étatiques, des délégués ou représentants légitimes. En clair, elle marque, de manière décisive, la fin des putschs doublement militaires et révolutionnaires, des coups d’État à la fois politique et électoral.

    C’est donc, en vérité, le début d’une nouvelle ère. Celle de la démocratie qui consacre le Peuple congolais Souverain primaire, qui exalte la Citoyenneté en tant que participation à la vie politique et nationale. Celle de la démocratie qui s’appuie substantiellement sur l’éthique de liberté et aussi de responsabilité, qui s’arc-boute sur la justice en tant que garant du développement et du progrès, de la paix sociale et de l’expansion individuelle et collective et, surtout, expression de la moralité publique. Celle de la démocratie qui érige la Constitution en garant des libertés républicaines, en instrument de sécurisation du Citoyen et de protection de la Nation.

    Par conséquent, dans la seule et unique perspective du lundi 19 décembre 2016, ce qui  importe, à n’en point douter, c’est moins le départ effectif de Joseph Kabila Kabange – en tant que dirigeant étatique et entreprise politique faillitaire[ii] – que l’émasculation de la dictature répressive et oppressive. C’est la rupture absolue avec la tyrannie arbitraire en tant que méthode de gestion des ressources publiques et régime d’administration de la chose politique. C’est la rupture nette et claire avec le despotisme éclairé en tant que système de paupérisation des masses laborieuses, de spoliation des richesses nationales et d’asphyxie des libertés publiques fondamentales.

    D’où l’intérêt fondamental pour l’ensemble du Peuple congolais de manifester, au cours de cette journée consacrée entièrement à la libération nationale et populaire, son ras-le-bol politique, sa désapprobation démocratique, en assujettissant coûte que coûte la dictature féroce aux ‘‘Principes’’ de la Raison humaine, aux ‘‘Lois’’suprêmes de la Dignité du Citoyen devenu pertinemment acteur politique et, surtout, Sujet des droits ‘‘sacrés’’, ‘‘inviolables’’ et ‘‘irrévocables’’.

    Joël Asher Lévy-Cohen

    Journaliste indépendant

     

    [i] Il s’agit du jour où le colonel-major Joseph-Désiré Mobutu réalisa, en fait, son premier coup d’État militaire qu’il qualifia, d’ailleurs, non sans morgue, avec jactance, de ”coup de force”. C’est le jour que ce chef militaire, qui plus est commandant en chef de l’armée nationale congolaise (ANC), trucida la démocratie nationale. Pour ce faire, il encercla le parlement de la République démocratique du Congo avec la soldatesque acquise à sa cause. Cette instance politique et étatique venait, à ce moment précis, de renouveler sa pleine et entière confiance au Premier ministre nationaliste et panafricaniste Patrice Emery Lumumba et à son gouvernement. Par conséquent, le colonel-major Joseph-Désiré Mobutu profita de cette occasion ‘‘unique’’ pour renvoyer sine die les sessions parlementaires, ainsi que les députés et sénateurs.

    [ii]Certes, le Maréchal-despote-pillard Joseph-Désiré Mobutu Sese Seko du Zaïre est bel et bien parti. Il a bel et bien quitté cette Terre des Hommes. Mais, force est d’admettre qu’il est plutôt revenu sous les traits arbitraires et totalitaires du Mercenaire Mzee Laurent-Désiré Kabila. Cette brute dictatoriale s’est vraiment réincarnée et, surtout, a parfaitement pris le visage sanguinaire de Joseph Kabila Kabange. Raison de plus de chasser pour de bon, et ce à compter du lundi 19 décembre 2016, le tristement célèbre Maréchal-tyran Mobutu Sese Seko du Zaïre et ses diverses incarnations hideuses pour avoir indéfiniment paralysé le pays et, par conséquent, plomber tant son ascension morale et spirituelle que son expansion intellectuelle et matérielle.

  • Affaire ‘‘Koffi Olomide’’:Le Gouvernement de Kinshasa doit s’expliquer

    Affaire ‘‘Koffi Olomide’’:Le Gouvernement de Kinshasa doit s’expliquer

    Koffi-Olomide
    Koffi-Olomide

    -Affaire ‘‘Koffi Olomide’’- De la révélation de la Mafia d’État à la tradition d’impunité

    Le Gouvernement de Kinshasa doit s’expliquer

    ‘‘Ce que les Français détestent, ce ne sont pas les inégalités, ce sont les inégalités autres que celles octroyées par l’État’’ Jean-François Revel

    Par Joël Asher Lévy-Cohen *

    Tout a commencé par un geste banal. La Mégastar congolaise, Koffi Olomide, connue pour ses incartades et exactions, assène un violent coup de pied au ventre d’une de ses danseuses du nom de ‘‘Paméla’’. Ce scandale ahurissant se déroule à la sortie de l’Aéroport Jomo Kenyatta de Nairobi au Kenya où l’Enfant terrible de la Rumba Rock doit se produire devant un public, à vrai dire, conquis d’avance. Il y a lieu de relever que cette scène d’agression physique se déroule devant les forces de sécurité et de défense du Kenya et les autorités aéroportuaires complètement ‘‘médusées’’. Ce qui constitue, incontestablement, indubitablement, réellement, [une suprême insulte] pour le Pays d’accueil.

    Filmé par des chasseurs d’images, cet acte agressif diffusé sur les réseaux sociaux devient en quelques heures un phénomène somme toute viral. Cela est d’autant plus vrai qu’il suscite, avec une célérité vertigineuse, ire foudroyante et vive indignation. Aussi suscite-t-il un concert de protestations, de réprobations à l’échelle planétaire.

    Sentant la patate chaude, Koffi Olomide, en bon félin, décide de monter au créneau. Comme à l’accoutumée, il crie au complot journalistico-médiatique. Il tente par tous les artifices possibles de se faire passer pour une soi-disant victime innocente vouée aux gémonies de l’opinion publique, au lynchage des réseaux sociaux. Pour ce faire, la Mégastar congolaise fait très rapidement monter aux barricades, des soutiens peu crédibles dont sa fameuse protégée ‘‘Cindy le Cœur’’.

    Suprême insulte, Koffi Olomide fait même intervenir, dans un document audiovisuel concocté à la va-vite, la pauvre victime Pamela. D’ailleurs, celle-ci déjà fort intimidée et fort traumatisée par son geste brutal ne peut que participer à une telle opération de Marketing. Cette mise en scène aux allures d’arnaque de l’opinion publique et de mascarade est montée de toutes pièces dans le strict dessein de justifier a posteriori cet odieux acte d’agression physique que nul ne peut, vraiment, tolérer sous quelque motif que ce soit.

    Devant le concert de protestations nationales et internationales provoquées par le geste ‘‘répréhensible’’ de Koffi Olomide, les autorités politiques, administratives et judiciaires kényanes qui ne peuvent pas rester insensibles, décident de sévir. Celles-ci interviennent par voie d’urgence. À ce moment, elles n’ont réellement pas d’autre choix ou d’autre marge de manœuvre puisqu’elles sont pressées par la très influente militante féministe ‘‘Joyce Lay’’ et les organismes de défense des droits des femmes.

    Triste épilogue, la Mégastar congolaise est finalement interpellée, détenue dans les locaux de la police judiciaire puis expulsée manu militari vers Kinshasa, la capitale administrative de la République démocratique du Congo. À cet égard, son passeport trafiqué pour avoir été établi sous un faux nom est, immédiatement, confisqué par l’Office des Migrations du Kenya, selon la version livrée aux médias nationaux par le tonitruant député national Zacharie Bababaswe Wishiya. Il convient de mentionner que ce ‘‘Représentant du Peuple’’ dont les inimitiés avec l’artiste-musicien sont un secret de polichinelle, a relayé à Kinshasa la plainte judiciaire du Gouvernement de Nairobi.

    Cette sale et regrettable Affaire ‘‘Koffi Olomide’’ pose moult questions sur lesquelles le Gouvernement de Kinshasa se doit d’apporter très rapidement des clarifications et, par voie de conséquence, des réponses somme toute satisfaisantes, édifiantes pour la Collectivité publique. Il est un fait établi que, en République démocratique du Congo, la problématique de la ‘‘violence physique et morale’’ faite aux femmes est endémique. Pour ainsi dire, elle est pratiquement enracinée dans les mœurs, dans la vie sociale et culturelle du pays. C’est, par essence, une question de société, un enjeu culturel et social.

    À vrai dire, cette situation fort déplorable est liée à des traditions phallocratiques et rétrogrades. En clair, ces cultures ‘‘passéistes’’ façonnent, modèlent journellement le comportement ‘‘asocial’’ de l’Homo congolensis. Elles l’enferment dans une morale empreinte de violence. Par conséquent, quelles mesures concrètes prennent-elles les autorités politiques, administratives et judiciaires pour endiguer ce phénomène de violence faite à la femme ?

    Il est de notoriété publique que le chef de l’État de la République démocratique du Congo, [Joseph Kabila Kabange], est un batteur attitré de femmes. En effet, il a cette triste réputation d’agresser violemment la première dame ‘‘Olive Lembe di Sita’’ dont il se sert, en fait, de punching-ball. À maintes reprises, cette femme éplorée a été envoyée d’urgence à l’étranger (Belgique et Afrique du Sud) en vue d’y subir des chirurgies réparatrices. Celles-ci ayant pour objet de corriger ses yeux tuméfiés par la violence inouïe des coups reçus de la part d’un individu, sans aucun doute, réputé ‘‘se shooter à l’héroïne’’, à ses heures perdues.

    Pourquoi, dans ce cas extrêmement précis, le procureur général de la République (PGR) ‘‘Flory Kabange Numbi’’ n’ouvre point une information judiciaire à l’encontre des agissements brutaux du président de la République ? Pourtant, ce Magistrat n’a vraiment point hésité à poursuivre devant les instances judiciaires l’artiste-musicien Koffi Olomide sous prétexte de protéger la femme congolaise. Il revient sûrement au Ministre de la Justice et Garde des Sceaux Alexis Thambwe Mwamba d’éclairer les lanternes de l’opinion publique sur les raisons majeures pour lesquelles la Justice traîne, sans doute, la patte dans ce dossier délicat.

    Par ailleurs, le député national Zacharie Bababaswe Wishiya porte à la connaissance du grand public que le ‘‘passeport’’ utilisé par l’artiste-musicien Koffi Olomide pour voyager au Kenya serait, en réalité, un vrai-faux. En effet, la star congolaise aurait emprunté une fausse identité pour pouvoir voyager en raison des restrictions qui pèsent lourdement sur lui. Entendez, certes, par là la menace d’exécution du mandat d’Interpol pour nombre de crimes commis en France (viols sur personnes mineures, séquestration d’individus, maltraitance de ses danseuses et barbarie). Croit-on vraiment rêver ?

    Cette Affaire ‘‘Koffi Olomide’’ n’est pas, réellement, sans rappeler une autre Affaire fort célèbre en France, ‘‘Yves Chalier’’. Il s’agit d’un fonctionnaire de l’État français, qui plus est directeur de cabinet de l’ex-ministre socialiste de la coopération et du développement ‘‘Christian Nucci’’. Le directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST) sur instruction du ministre de l’intérieur Charles Pasqua lui délivra, sous le gouvernement Chirac de 1986, un vrai passeport mais établi sous une fausse identité (Yves Navarro) dans le dessein de s’exiler au Brésil et de se soustraire à la justice française. En effet, celle-ci enquêtait sur le scandale de corruption et d’abus de biens sociaux relativement à l’organisation du ‘‘Sommet de la Francophonie’’ à Bujumbura (capitale politique et administrative du Burundi) en 1984. Cette réunion des États et Gouvernements de la planète ayant pour partage la langue française fut, d’ailleurs, tenue sous la présidence socialiste de François Marie Adrien Mitterrand.

    Il est communément établi que ce sont des espions des États ou des Gouvernements qui voyagent sous des identités dissimulées. Toutefois, celles-ci sont couvertes par des passeports ‘‘réguliers’’. Il appartient au Gouvernement de Kinshasa de répondre sans tarder à cette question lancinante de savoir si l’artiste-musicien Koffi Olomide agit à titre d’espion au profit de l’État congolais. S’il n’est pas effectivement espion du Gouvernement ou de l’État, pourquoi alors lui avoir délivré un passeport avec un faux nom ? D’une part.

    D’autre part, la Mégastar congolaise Koffi Olomide est, en vérité, l’objet d’un mandat d’arrêt délivré – en bonne et due forme – par l’Organisme de coopération judiciaire et policière internationale basée à Lyon, et connu sous le nom d’Interpol. Ce mandat fait suite à une plainte judiciaire déposée en France pour des cas avérés de viols, de séquestration d’individus délibérément privés de leurs libertés (mouvements) et de barbarie. D’où la question de savoir si ce fameux vrai-faux passeport dont bénéficie, généreusement, cet artiste-musicien de renommée internationale, est motivé par la volonté de l’État congolais de ne point l’extrader en France. S’il en est vraiment ainsi, cela signifie que la République démocratique du Congo se dérobe à ses obligations internationales.

    Si la réponse est toutefois non, pourquoi cet État couvre-t-il systématiquement et automatiquement des crimes commis par Koffi Olomide et pour lesquels la Mégastar est évidemment recherchée ? Il sied de noter que cet artiste-musicien est, d’ailleurs, réputé louanger dans la plupart de ses chansons les dignitaires du régime de Joseph Kabila ? S’agit-il, en fait, d’une forme déguisée de corruption morale pour bénéficier d’une quelconque immunité judiciaire ? Il appartiendrait donc au Gouvernement de Kinshasa dominé sensiblement par la paire ‘‘Joseph Kabila Kabange’’ et ‘‘Augustin Matata Ponyo Mapon’’ d’apporter, sans tarder, des éclaircissements à cet égard.

    Aussi reviendrait-il au Ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda Ntunga Mulongo d’apporter toutes précisions utiles en vue d’éclairer l’opinion publique. En effet, celle-ci a naturellement le droit de savoir l’identité de la personne qui a établi le vrai-faux passeport de Koffi Olomide. Elle a le droit de connaître les circonstances, les motivations pour lesquelles cette attribution fantaisiste a été rendue évidente.

    Cette Affaire épouvantable impliquant directement Koffi Olomide n’a pas encore fini de livrer tous ses secrets préjudiciables à l’État congolais. Elle va de rebondissement en rebondissement que l’on peut qualifier de rocambolesque. Le dernier en date est la visite rendue par la danseuse ‘‘Pamela’’, quoi que sérieusement agressée par Koffi Olomide, à la première dame ‘‘Olive Lembe di Sita’’ afin d’intercéder auprès de son mari ‘‘Joseph Kabila Kabange’’ dans le strict dessein d’accorder une mesure de grâce présidentielle à l’agresseur.

    Il est un fait que la première dame du pays peut ouvrir sa porte spécialement pour des cas relevant essentiellement des activités caritatives, humanitaires ou sociales dans lesquelles elle est directement impliquée ou des projets auxquels elle est certes associée. Force est d’admettre que ces actions font, d’ailleurs, partie intégrante des entreprises de l’épouse du président. Elles sont fortement encouragées par l’État et la Nation pour soigner, par association, l’image du couple présidentiel, par ricochet le prestige de la fonction présidentielle. Y compris l’image du pays.

    Ceci revient à dire que la première dame ‘‘Olive Lembe di Sita’’ qui n’a, à vrai dire, aucune fonction officielle, ne peut en aucun cas être sollicitée afin d’interférer dans l’exercice de la fonction présidentielle.

    Devant cet impair de plus qui démontre, certes, que la République démocratique du Congo fonctionne à l’image d’une république bananière, le procureur général de la République se doit d’interpeller immédiatement ‘‘Pamela’’ pour connaître l’identité de toutes personnes qui l’ont directement poussée à solliciter la première dame afin de s’immiscer dans l’exercice de la fonction présidentielle. Cela est d’autant plus vrai que la grâce est, par essence, une prérogative ‘‘régalienne’’. Il appartient au seul chef de l’État. Il n’a pas à partager cette attribution lui reconnue par la Constitution avec quiconque, fût-elle son épouse légitime voire même putative.

    Pourquoi cette interpellation de la fameuse ‘‘Pamela’’ par le procureur général de la République (PGR) Flory Kabange Numbi ? En effet, il se peut que certaines mesures de grâce présidentielles aient été accordées à des individus sous l’influence directe de la première dame. Or, celle-ci ne fait assurément pas partie de l’appareil politique de l’État ni du cabinet du chef de l’État. ‘‘Être première dame du pays ne signifie pas être conseiller politique ou juridique du président de la République voire patron direct du chef de l’État à qui elle doit intimer des ordres comme bon lui semble’’.

    Il se peut également qu’il s’agisse d’un système bien établi, donc bien huilé. Il se peut qu’il s’agisse d’un système qui échappe complètement au contrôle réel de l’État. Il se peut qu’il s’agisse d’un système vénal impliquant bien des acteurs véreux qui se font rétribuer grassement.

    À ce niveau, le Gouvernement doit inéluctablement s’expliquer devant la Nation. Il se doit, par conséquent, d’éclairer l’opinion publique. Il doit rassurer complètement les Citoyens qu’il y a un véritable État en République démocratique du Congo, lequel fonctionne de manière responsable.

    Devant ce qu’il convient de qualifier de trafic d’influence de type maffieux au cœur de l’État congolais, il revient aux Parlementaires de la République démocratique du Congo de se saisir rapidement de ce dossier brûlant. Il leur revient de diligenter une enquête publique pour déterminer avec exactitude le principal ordonnateur de cette Mafia. Aussi leur revient-il de déterminer toutes ses ramifications souterraines.

    Joël Asher Lévy-Cohen

    Journaliste indépendant

  • Le ‘‘dernier round’’ disputé par Muhammad Ali-Une flamme dans la tempête s’est éteinte à jamais

    Le ‘‘dernier round’’ disputé par Muhammad Ali-Une flamme dans la tempête s’est éteinte à jamais

    Mohamed Ali-Le ‘‘dernier round’’ disputé par Muhammad Ali

    Le point final de la vie de ‘‘The Greatest’’

    Une flamme dans la tempête s’est éteinte à jamais

    ‘‘À l’instant où un esclave décide qu’il n’est plus esclave, ses chaînes tombent.’’ Mohandas Karamchand, alias Mahatma Gandhi

    Par Joël Asher Lévy-Cohen *

    À Louisville, dans l’État de Kentucky, le rideau est définitivement tombé sur la vie prolifique de ‘‘The Greatest’’. Désormais, Muhammad Ali, né Cassius Marcellus Clay, sera conjugué au passé. Un passé riche tant en événements qu’en enseignements. Un passé riche en événements puisque marqué au fer rouge par la ségrégation raciale pratiquée par son pays qui dénie manifestement des droits élémentaires à sa propre population. Un passé riche en enseignements puisque au cœur de l’édification d’une Nation essentiellement fondée sur les idéaux de ‘‘progrès’’ et de ‘‘liberté’’.

    Certes, le rideau est tombé. Par conséquent, Muhammad Ali est passé de l’autre côté du voile. Toute la question est de savoir si le combat humaniste qu’il a mené, durant toute sa vie et toute sa carrière, avec passion et abnégation, lui survivra en réalité. Cela est d’autant plus vrai que son pays, [les États-Unis d’Amérique (USA)], ne s’est pas complètement débarrassé de vieux démons du racisme malgré la présence très remarquée et très honorable à la Maison Blanche du premier président de couleur. En l’occurrence le démocrate Barack Hussein Obama.

    Ce qui est sûr et certain, Muhammad Ali a été, dans son propre pays, le porte-parole des êtres totalement néantisés et marginalisés par un système dont l’humanisme se réduit et s’arrête, carrément, à un discours de portée moralisatrice et messianique. Aussi a-t-il été incontestablement le porte-voix des opprimés de la planète Terre. En effet, son noble combat en faveur de la ‘‘Justice’’ et de la ‘‘liberté’’ a, très largement, dépassé les seules bornes des USA.

    En témoigne particulièrement et singulièrement son refus catégorique de combattre militairement le parti Viet-Minh d’inspiration communiste et d’essence nationaliste ayant réussi à instrumentaliser les ‘‘Viêt-Cong’’ contre les intérêts occidentaux et la présence américaine au Vietnam. Muhammad Ali adopte, très courageusement, cette attitude aux antipodes du Nationalisme martial. Non sans quelque résistance, celui-ci est, d’ailleurs, promu par son gouvernement dans le but d’affirmer la suprématie ‘‘sanguinaire’’ et ‘‘mortifère’’ d’une superpuissance réputée exalter paradoxalement la liberté mais, en réalité, passée ‘‘maîtresse’’ dans l’art d’asphyxier délibérément les libertés, d’étrangler tous azimuts les droits fondamentaux des autres Peuples.

    En témoigne également la compassion que le pugiliste Muhammad Ali manifeste à l’égard des ressortissants occidentaux[i] devenus, à leur corps défendant, otages des groupes terroristes voire prisonniers des régimes tyranniques. Ce comportement altruiste le pousse, naturellement, à négocier directement et personnellement leur libération au Liban ou en Irak de Saddam Hussein évidemment en porte-à-faux avec la communauté internationale en 1990. Il sied de mentionner que ce géant sportif de l’histoire a également participé activement à la libération des prisonniers de guerre après le violent et meurtrier conflit armé entre l’Irak et l’Iran en 1993.

    Toutefois, en matière d’activisme politique sur le plan international, le plus grand regret de Muhammad Ali demeure sa pleine et entière participation au boycott des Jeux olympiques de Moscou de 1980, d’ailleurs prôné par les États-Unis d’Amérique. C’est, en réalité, à la demande expresse du président démocrate ‘‘James Earl Carter’’, que Muhammad Ali accepte de prendre le leadership de ce mouvement occidental en vue d’aligner les États africains sur la position de Washington et, par conséquent, isoler l’Union des républiques socialistes et soviétiques (URSS) pour avoir, surtout, envahi l’Afghanistan en 1979. Celui-ci finit par faire marche arrière lorsque feu le président Julius Nyerere[ii] de la Tanzanie refuse catégoriquement de lui accorder une audience à cet égard. A partir de cet ‘‘incident’’, il décide d’écourter, très rapidement, son périple africain et, par voie de conséquence, se résout à regagner sans tarder ses pénates aux USA. A travers cet événement, il a vite compris s’être fait manipuler par son gouvernement dans le dessein d’embrigader les Africains dont l’indépendance politique et diplomatique a été, une fois de plus, entamée.

    Donc, par ses actes et ses convictions profondes, Muhammad Ali a été éminemment non seulement une très forte ‘‘voix’’ chargée de tempêter contre l’injustice ambiante mais également le phare de la Conscience chargée d’édifier l’être humain. Dans cette position délicate, sa noble mission consistait en fait à exalter les principes et valeurs qui, pourtant, fondent, dans son essence, la Nation américaine. A savoir le triptyque républicain véhiculé idéologiquement par les Révolutions française et américaine à la toute fin du XVIIIe siècle : ‘‘Liberté’’, ‘‘Égalité’’ et ‘‘Fraternité’’.  Aussi consistait-elle à souligner que la vie se résume, fort naturellement, à la considération et au respect de son prochain. Donc, celle-ci se réduit, concrètement, à l’affirmation claire et nette de la dignité humaine. En d’autres termes, ‘‘l’affirmation de la Justice ou de l’Équité’’.

    Ce qui est clair, le boxeur Muhammad Ali, de son vivant, a rappelé énergiquement à la superpuissance américaine qu’elle était en fait une démocratie à éclipse en violant de manière flagrante voire grossière ses propres valeurs et ses propres principes et qu’à ce titre, elle ne saurait être regardée de grande championne de la démocratie et des libertés comme elle le ‘‘clame’’ haut et fort dans les cénacles internationaux. A cet effet, ce grand champion  de l’humanisme est, à vrai dire, ‘‘The Greatest’’. Celui-ci est, sans aucun conteste, ‘‘The Greatest’’ pour avoir, à sa façon, influencé largement son époque trouble. A cet égard, Muhammad Ali restera bien entendu, dans l’histoire contemporaine, comme le plus grand sportif que le 20e siècle n’ait, vraiment, jamais enfanté en raison de son incommensurable ‘‘talent’’ sportif et, surtout, de sa vive ‘‘passion’’ à servir les grandes ‘‘causes humaines’’ de son temps.

    Rest In Peace (RIP).

    • Joël Asher Lévy-Cohen

    Journaliste indépendant

    [i]Il s’agit de 32 citoyens américains, britanniques et canadiens capturés au Koweït envahi militairement par le régime de Bagdad et érigés en boucliers humains par le gouvernement de Saddam Hussein.

    [ii] Contrairement aux autres dignitaires du Continent plus enclins à pactiser avec les États-Unis d’Amérique et à épouser sans rechigner leurs vues dans le cadre de la guerre froide (feu le Maréchal Mobutu Sese Seko du Zaïre).

  • Le 11e Sacre du Real Madrid

    Le 11e Sacre du Real Madrid

    joel-‘‘Zizou’’, l’enfant chéri des Français, met l’Europe à ses pieds footballistiques

    Par Joël Asher Lévy-Cohen

    La finale tant attendue de la prestigieuse Ligue des champions, mettant aux prises deux grandes équipes de football espagnoles, qui plus est madrilènes, Real Madrid et Atletico de Madrid, au stade mythique Giuseppe Meazza (San Siro), à Milan, en Italie, a été, à tous points de vue, un véritable régal. Un vrai récital, toutefois, entrecoupé visiblement de son lot de drames et mélodrames.

    Du côté du Real Madrid : Il y a, d’abord, eu un but sans doute discutable accordé à la quinzième minute de jeu au capitaine, Sergio Ramos Garcia, à vrai dire, légèrement hors-jeu. Ensuite, le Brésilien Carlos Henrique José Francisco Venancio Casimiro, alias ‘‘Casemiro’’, le Gallois Gareth Bale ainsi que le Français Karim Benzema se sont butés contre un gardien slovène de l’Atletico Madrid, Jan Oblak, de grand jour.

    Du côté de l’Atletico Madrid, le Français Antoine Griezman a été vraiment incapable de concrétiser à la quarante-huitième minute un pénalty normalement égalisateur. Incapable, à ce moment crucial, de marquer, – par conséquent –, un but libérateur et salvateur susceptible de relancer son équipe. Une équipe, pourtant, menée à la mi-temps par un but à zéro. S’il avait marqué, ce goal aurait même pu assurer au finish et au final une victoire tant espérée par son club.

    Le percutant latéral droit espagnol Juan Francisco Torres Belén, dit Juanfran, auteur pourtant d’un match parfait, exceptionnel, a été incapable de concrétiser un pénalty à ne pas rater lors de la séance des tirs au but. Ce qui a, définitivement, annihilé tous les espoirs de son équipe battante de monter sur les plus hautes marches du podium et, par voie de conséquence, d’inscrire son nom dans le palmarès d’or européen.

    Comme lors de la mémorable finale de la Ligue des Champions de 2014 arbitrée par l’officiel néerlandais Björn Kuipers à Lisbonne (Estadio da Luz), Portugal, les deux prestigieux clubs de la capitale ibérique, Madrid, ont maintenu en suspens et tenu en haleine les spectateurs aussi bien que les téléspectateurs. Bis repetita, ceux-ci ont effectivement eu droit, comme il y a de cela deux ans, à une prolongation tout autant méritée.

    Autant le match vaillamment disputé en 2014 s’est soldé par une victoire sans appel du fameux Real Madrid sur son rival légendaire : 4 buts à 1. Autant celui du samedi 28 mai 2016 dirigé par le britannique Mark Clattenburg s’est soldé par un match nul : un but partout au marquoir. Ce qui a, certes, eu pour conséquence irréversible de soumettre les deux équipes talentueuses aux cruelles épreuves de pénalty afin de les départager.

    Dans cet exercice sportif au cours duquel l’émotion et la tension sont manifestement au paroxysme, c’est le Real Madrid qui est sorti victorieux. Inscrivant, ainsi, pour la 11e fois son nom dans le prestigieux palmarès du football européen. Ce qui est, en réalité, un record jamais battu ni égalé par aucune autre équipe du Continent.

    Il n’en reste pas moins vrai que cette finale archi-disputée a concrètement démontré sur le terrain la meilleure santé du football espagnol à l’échelle européenne. En effet, le championnat espagnol de football est, à n’en pas douter, au top. Celui-ci ne cesse depuis le début du troisième millénaire de récolter nombre de trophées méritoires sur le plan continental aussi bien qu’au niveau mondial. Cette finale de la Ligue des Champions tombe, d’ailleurs, à pic car elle fait ipso facto du ‘‘pays de Don Quichotte de la Mancha’’, la sélection archi-favorite de l’Euro 2016 (championnat des Nations européennes de football). Ceci à deux semaines du début de cette compétition en France.

    Sur le plan purement sportif, footballistique, cette finale a opposé deux styles de jeu totalement aux antipodes. D’un côté, le prestigieux Real Madrid, d’ailleurs, coaché par le Français Zinedine Zidane, a pratiqué un jeu aéré et généreux s’appuyant sur la maîtrise du ballon rond, alternant très souvent passes longues et courtes, d’ailleurs ventilées par le milieu de terrain brésilien Casemiro. Tandis que l’Atletico de Madrid encadré techniquement par le fougueux Argentin Diego Simeone a joué de manière plus compacte, plus resserrée. Cette équipe a, par voie de conséquence, fourni très peu d’espaces à exploiter à son prestigieux adversaire du jour. Ce club volontariste des ‘‘Colchoneros’’ a, néanmoins, utilisé à fond les flancs droit (l’Espagnol Juanfran) et gauche (le très besogneux Brésilien Filipe Luis Kasmirski), tout en procédant par des contre-attaques ultrarapides.

    Chose certaine, cette finale de la Ligue des Champions a laissé nombre d’amoureux du football sur leur faim. En effet, la pépite d’or portugaise ‘‘Cristiano Ronaldo’’ qui tutoie, indéniablement, le sommet du football mondial depuis plusieurs années et qui, circonstance oblige, devrait normalement être la plus grande attraction de cette compétition sportive, a été, somme toute, transparent sur toute la ligne. Sa soirée a été, heureusement, sauvée par le tout dernier pénalty de la série des tirs au but, qu’il s’est adjugé. ‘‘Opportuniste’’ ou ‘‘Héros’’ ? Ce qui est résolument clair, celui-ci a offert à son équipe, sur un plateau d’or, la onzième couronne européenne.

    N’eût été, absolument, ce but vainqueur, il y a lieu de reconnaître que cette mégastar du ballon rond a été complètement inexistante. Celle-ci n’a pas littéralement brillé à l’image d’une étoile céleste qui explose ‘‘lourdement’’ en plusieurs éclats et dont les débris épars traversent majestueusement toute la galaxie. Ce qui, à vrai dire, n’est forcément pas de bonne augure pour un joueur de son calibre, un professionnel de son talent, d’ailleurs très attendu à l’imminent championnat européen des Nations à Paris. Ce qui constitue, à n’en point douter, une nouvelle inquiétante pour son pays, le Portugal, qualifié à l’Euro 2016.

    Par ailleurs, cette finale de la Ligue des Champions jouée de manière stratégique et tactique au Stade mythique Giuseppe Meazza, plus connu sous le nom de San Siro (Milan, Italie), n’a pas du tout manqué de couronner un autre grand du football. Il s’agit, bien entendu, du Français Zinedine Zidane, dit ”Zizou”. Elle a, réellement, fait de cet ancien champion du monde 1998 et champion européen 2000, la septième personne de l’histoire à l’avoir effectivement remportée en tant qu’entraîneur aussi bien qu’en qualité de joueur. Ce qui renforce, par voie de conséquence, son mythe footballistique de joueur et sa renommée d’entraîneur.

    Cela dit, au-delà de la victoire réelle remportée brillamment par Zinedine Zidane, il y a, sans aucun doute, une victoire symbolique qui colle, dorénavant, à la peau de cet ‘‘Algérien’’ d’origine. En effet, ”Zizou” devient, assurément, le symbole attitré d’une ‘‘intégration’’ réussie en France et en Europe. Il importe de souligner que ces deux espaces occidentaux sont, d’ailleurs, confrontés de nos jours à la rébellion farouche de la jeunesse musulmane désarticulée, désunie et désorientée, prêtant aisément le flanc aux sirènes islamistes et terroristes. Donc, ”Zizou”, éminemment connu pour son humilité et sa retenue, devient ipso facto une source d’inspiration ‘‘patentée’’. Il devient, certes, une étoile brillante au firmament, laquelle est susceptible d’éclairer les nuits sombres et agitées de cette jouvence totalement en jachères, en complète déshérence.

    Par son parcours étincelant et son couronnement oh ! Combien mérité, la présence de cette grande personnalité sportive et footballistique est bien là pour rappeler aux jeunes désœuvrés et déshérités que ‘‘tout est possible’’. Elle est là pour rappeler qu’il n’y a forcément pas lieu de céder facilement aux tentations du radicalisme suicidaire et au discours du fatalisme et de la sinistrose.

    En effet, cette posture ne rime vraiment à rien. Elle relève purement et simplement de la mythomanie évidemment véhiculée par des barbus intégristes, ‘‘légionnaires de la foi aveugle’’, ‘‘pourfendeurs de l’Occident judéo-gréco-chrétien’’ et ‘‘pyromanes des conflits interconfessionnels et intercommunautaires’’. Leur obsession victimaire est, en fait, l’expansion de la ‘‘Mort’’. Elle s’avère, en principe, la négation pure et simple de la ‘‘Vie’’.

    Pourtant, tout ce que vient de prouver, évidemment, Zinedine Zidane, est bel et bien l’accomplissement des Miracles de la vie. En effet, celui-ci est, pratiquement, parti de rien, de nulle part, pour atteindre le sommet de la montagne. Tout le monde peut y arriver en travaillant dur son talent, en s’appliquant, en peaufinant son art, donc en se disciplinant. Certes, à condition de croire en son étoile et en sa force intérieure !

    Bravo et Félicitations Zizou…

    Joël Asher Lévy-Cohen
    Journaliste indépendant