Tag: Nouvelles Africaines

  • Côte d’Ivoire: les ex-ministres de Laurent Gbagbo à la barre

    Côte d’Ivoire: les ex-ministres de Laurent Gbagbo à la barre

    pro gbagbo-Le procès aux assises de Simone Gbagbo et de ses 82 co-accusés se poursuit à Abidjan. Après les présumés hommes de main du camp de Laurent Gbgabo lundi, ce sont les membres du gouvernement – à commencer par son Premier ministre – qui ont dû répondre des accusations « d’atteintes à la sûreté de l’Etat ». Gilbert Aké N’Gbo a nié toute responsabilité dans les violences de la crise post-électorale. Mardi, d’autres ministres ont fait de même.

    Comme leurs prédécesseurs lundi, les quatre ex-membres du gouvernement Aké N’Gbo ont plaidé non coupables lorsque les chefs d’accusation leur ont été signifiés. Et là où il aura fallu presque une journée par accusé pour auditionner les seconds couteaux de ce procès en assises, les quatre ex-ministres ont eux été entendus en moins de quatre heures.

    Quatre heures pour écouter Christine Adjobi, l’ex-ministre de la Santé, dire qu’elle déteste l’injustice et qu’elle a été refoulée quand elle a demandé assistance à l’Onuci au plus fort de la crise post-électorale.

    Quatre heures pour qu’Ettien Amoikon, ministre des Technologies de l’information, explique qu’il était trop occupé à l’époque à s’occuper des arriérés de salaires des fonctionnaires de la Poste pour appeler les Ivoiriens à prendre les armes.

    Quatre heures pour que Raphaël Dogo, l’ancien ministre des Handicapés décrive ses difficultés à trouver un refuge pendant les heures chaudes de la crise.

    Le plus éloquent fut sans doute Alcide Djédjé, ex-ministre des Affaires étrangères. Après avoir longuement invectivé Youn-jin Choi, le représentant de l’Onuci pour son rôle joué dans la crise ivoirienne, Alcide Djédjé s’est livré face au président de la cour à une grande plaidoirie sur le thème de la réconciliation nationale : « Les juges sont encore en train de nous juger alors qu’on parle de réconciliation, déclame le diplomate. On ne peut pas être en train de régler les questions de 2010 alors qu’on parle des élections de 2015. »

    « Vous voulez que l’on aille vite ? » Ironise le président Tahirou Dembelé. « Vite et bien », répond le ministre de Laurent Gbagbo. L’avocat général, pour sa part, n’aura pas eu beaucoup de questions à poser aux accusés.

    RFI

  • réunion mi-janvier des présidents d’Afrique australe sur la question des FDLR

    réunion mi-janvier des présidents d’Afrique australe sur la question des FDLR

    fdr-Les présidents des pays d’Afrique australe se rencontreront à la mi-janvier pour décider des suites à donner au non-respect par les rebelles rwandais dans l’est de la République démocratique du Congo de l’ultimatum fixé pour leur reddition.

    “L’ultimatum fixé par les chefs d’Etat et de gouvernement (…) aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) pour leur désarmement, sous peine de représailles militaires, a expiré le 2 janvier”, a constaté dans un communiqué le président sud-africain Jacob Zuma.

    Au sein de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), le président Zuma est plus particulièrement en charge des problématiques de sécurité et de défense. Seulement 337 rebelles – sur les 1.500 à 2.000 que compteraient encore les FDLR – se sont rendus depuis l’établissement de l’ultimatum à la mi-2014. “Les FDLR n’ont pas complètement respecté, pour l’instant, les conditions imposées par cet ultimatum”, a déclaré Jacob Zuma.

    Graves exactions contre des civils

    Les chefs d’Etat d’Afrique australe se rencontreront en Angola les 15 et 16 janvier pour décider de la réponse à donner aux FDLR. M. Zuma a assuré que la SADC est prête à jouer pleinement son rôle. Les FDLR, dont des chefs sont accusés d’avoir participé au génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda (800.000 morts selon l’ONU) commettent depuis des années en toute impunité de graves exactions contre les civils congolais (viols, meurtres, pillages, enrôlements d’enfants-soldats) et se livrent à de nombreux trafics, notamment d’or et de charbon de bois.

    “En attendant, la SADC lance un appel urgent et sincère aux dirigeants des FDLR et à tous les combattants restants afin qu’ils se rendent immédiatement et sans conditions”, a lancé le président sud-africain.

    Les pays de la SADC sont engagés dans la lutte contre les FDLR dans l’est congolais aux côtés des casques bleus de la Mission des Nations unies en RDC (Monusco). L’Afrique du sud, le Malawi et la Tanzanie participent notamment à une brigade d’intervention de la Monusco, forte d’environ 3.000 hommes et déployées dans les Nord-Kivu et Sud-Kivu, provinces de l’est de la RDC les plus affectées par les exactions des FDLR.

    Jeune afrique

  • Niger : renvoi du procès de l’opposant Hama Amadou, accusé de trafic de bébés

    Niger : renvoi du procès de l’opposant Hama Amadou, accusé de trafic de bébés

    niger-Le procès pour trafic de bébés de l’ex-président du Parlement du Niger, devenu le principal opposant au chef de l’Etat Mahamadou Issoufou, a été renvoyé vendredi dès son ouverture en l’absence de l’accusé qui, en fuite, crie au “complot” politique.

    Pour des questions de procédure, le juge du tribunal correctionnel de Niamey a annoncé le renvoi du procès de Hama Amadou, jugé par contumace, et d’une vingtaine d’autres accusés, dont son épouse, qui comparaissaient libres après cinq à six mois de détention. Le juge a annoncé la date du 15 janvier pour la reprise des audiences.

    Mais, quelques heures plus tard, la défense a précisé que la reprise était en fait prévue pour le 30 janvier. “La date du délibéré, c’est bien le 30 janvier, et non le 15 janvier”, a affirmé Me Souley Oumarou, l’avocat de Hama Amadou et de son épouse, ce qu’a confirmé un autre avocat.

    La dizaine d’avocats de la défense ont soulevé des objections, mettant notamment en cause la compétence du juge pénal à juger le dossier sur le fond. Après une interruption de séance, le juge a renvoyé l’affaire au vu “de la qualité des pièces, et des éléments de droit fournis”.

    Supposition d’enfant

    Issus des milieux politiques, économiques ou militaires nigériens, les prévenus sont notamment accusés de “supposition d’enfant” dans le cadre d’un trafic régional. Ce délit, qui consiste à attribuer la maternité d’un enfant à une femme qui ne l’a pas mis au monde, est passible de deux à huit ans de prison. Le présumé trafic est parti du Nigeria, le grand voisin au sud du Niger. Or, a lancé Me Souley Oumarou, “il n’y a pas de victime, il n’y a pas de plaignants, même le Nigeria n’a pas porté plainte”.

    L’épouse de l’ancien patron des députés, Hadiza, avait pris place dans le box des accusés, les yeux dissimulés derrière des lunettes de soleil. A ses côtés, le ministre de l’Agriculture, Abdou Labo, et son épouse, ainsi qu’un colonel d’armée et son épouse. Le palais de justice de la capitale nigérienne avait été placé sous haute surveillance. Tout le périmètre a été bouclé par la police, qui filtrait les entrées pour ce procès qui a pris une dimension politique dans ce pays du Sahel, parmi les plus pauvres du monde.

    Un procès politique ?

    Le climat s’est en effet tendu depuis que Hama Amadou est passé en août 2013 à l’opposition au président Issoufou, dont il avait permis l’accession au pouvoir en avril 2011 grâce à une alliance de second tour. Pour ses partisans, M. Amadou est désormais devenu le principal adversaire du chef de l’Etat pour l’élection présidentielle de 2016.

    L’ancien chef du Parlement, déjà remplacé à la tête de l’institution, avait précipitamment quitté le Niger fin août, après que les députés eurent autorisé son audition par la justice dans l’affaire de trafic de bébés. Un mandat d’arrêt a ensuite été émis à son encontre. Depuis la France où il s’est exilé, M. Amadou n’a de cesse de dénoncer “un complot” du régime et “un dossier politique”. Son parti, le Mouvement démocratique nigérien (Moden), accuse le pouvoir de chercher à “abattre Hama”. Mais la majorité défend fermement le bien-fondé de la procédure judiciaire.

    “Usines à bébés”

    “Fermer les yeux, c’est ça qui aurait été politique”, a répliqué le ministre de la Justice Marou Amadou. Pour lui, “ce dossier est un dossier de droit commun”. L’affaire a en tout cas mis en lumière le phénomène des “usines à bébés”, sortes de cliniques privées accueillant des femmes enceintes avant de vendre leurs bébés. Ces “usines” sont régulièrement démantelées au Nigeria.

    Le “réseau” sur lequel le tribunal correctionnel de Niamey va se pencher dans quelques semaines concerne “des femmes ou leurs époux qui n’arrivent pas à avoir d’enfants et qui ont recours aux trafiquants”, a expliqué à l’AFP une source judiciaire. Selon cette source, une trentaine de bébés, dont des jumeaux, sont concernés par ce trafic entre le Nigeria, où ils ont été conçus par des mères anonymes, le Bénin par où ils transitaient, et le Niger où ils ont été emmenés.

    Jeune Afrique

  • Tunisie: Beji Caïd Essebsi devient officiellement président

    Tunisie: Beji Caïd Essebsi devient officiellement président

    TUNISIA-POLITICS(1)_0-La Tunisie a très officiellement un nouveau président, le premier démocratiquement élu. Beji Caïd Essebsi, âgé de 88 ans, a prêté serment ce mercredi 31 décembre dans la matinée, avant de poursuivre avec plusieurs cérémonies protocolaires.

    Beji Caïd Essebsi s’est rendu ce mercredi midi au Palais de Carthage, siège de la présidence, pour la passation de pouvoir avec son ex-rival, Moncef Marzouki, le perdant de la présidentielle.

    Peu avant, dans la matinée, c’était la prestation de serment très solennelle, très applaudie aussi, dans l’hémicycle de l’Assemblée tunisienne. « Je jure par Dieu Tout-Puissant de préserver l’indépendance de la Tunisie et son intégrité territoriale, de respecter sa Constitution et sa législation » : par ces mots, Beji Caïd Essebsi est aujourd’hui devenu à 88 ans, le nouveau chef de l’Etat tunisien. Le premier de toute l’histoire du pays à avoir été élu librement au suffrage universel direct.

    Négociations en cours

    « Il n’y a pas d’avenir pour la Tunisie sans consensus entre les partis politiques  », a également déclaré le nouveau président. Allusion sans doute aux négociations en cours pour former la nouvelle équipe gouvernementale. BCE, dont le parti Nida Tounes n’a pas obtenu de majorité absolue aux législatives, est obligé de former une coalition pour obtenir une majorité parlementaire.

    Mercredi dans l’après-midi, l’actuel Premier ministre Mehdi Joma doit lui remettre sa démission, mais son équipe continuera à gérer les affaires courantes au plus tard jusqu’au 14 janvier, jour anniversaire de la révolution. Un jour choisi symboliquement pour la grande cérémonie officielle d’investiture de BCE, en présence de plusieurs chefs d’État.

    RFI

  • Gambie: Le President Yaya Jammeh aurait échappé à une tentative de coup d’état.

    Gambie: Le President Yaya Jammeh aurait échappé à une tentative de coup d’état.

    Yaya Jammeh-En déplacement hors de son pays, le président gambien Yaya Jammeh aurait échappé à une tentative de coup d’état.

    En effet des tirs nourris ont été entendus ce matin près du palais présidentiel à Banjul, la capitale.

    Dans un communiqué publié sur page facebook qui lui est attribuée, Yaya Jammeh a déclaré que c’était Lamine Sanneh, un ancien militaire tombé en disgrâce avec le régime, qui était l’auteur de la tentative.

    Mais aucune source indépendante n’est en mesure de confirmer cette information.

    Droits de l’homme

    Yaya Jammeh avait 29 ans lorsqu’il arrive au pouvoir en 1994, à la faveur d’un coup d’état. En 20 ans, il s’est fait élire 4 fois, lors d’élections dont la transparence a été contestée par les observateurs et l’opposition.

    Reporters Sans frontière classe la Gambie au 155eme rang sur 180 pays et dénonce, depuis 20 ans, des répressions de manifestations, des homicides illégaux, des disparitions forcées, des tortures sur journalistes.

    De nombreux journalistes ou membres de l’opposition sont en exil.

    « Ce climat de peur incite la plupart des journalistes, des défenseurs des droits humains et des citoyens à se murer dans le silence ou à fuir le pays. » note RSF

    En 2012, neuf prisonniers, dont deux Sénégalais, ont été exécutés, alors que la peine de mort n’avait pas été appliquée depuis 1985.

    Un acte condamné par de nombreux pays et institutions dont l’Union Africaine.

    Le président gambien Yaya Jammeh
    Le président gambien Yaya Jammeh

    Relations internationales

    La Gambie entretient des relations compliquées avec son voisin, le Sénégal, qui l’a accusé par le passé de soutenir la rébellion en Casamance. Banjul, de son côté, a aussi accusé Dakar de chercher à déstabiliser le pouvoir de Yaya Jammeh.

    La frontière entre les deux pays a souvent été fermée.

    L’Union Africaine (UA), a parfois critiqué les décisions du pouvoir gambien. Mais l’appartenance de la Gambie à la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à l’UA et l’Organisation des Etats Islamique n’a jamais été remise en question.

    En 2013, le pays s’est retiré du Commonwealth (l’ensemble des États et territoires issus de l’ancien Empire britannique), auquel il appartient depuis 1965, accusant l’institution de ‘’néocolonialisme’’.

    Critiques

    Le président est décrit comme assez excentrique. Il prétend soigner le SIDA et l’asthme, et même Ebola par des herbes médicinales.

    Le président guérisseur est connu pour son langage sans ambages et ses déclarations choc, comme, en 2009, lorsqu’il menace de mort les défenseurs des droits de l’homme « Je vous préviens que votre sécurité n’est pas garantie. Nous sommes prêts à tuer les saboteurs ! »

    Paradoxalement, le pays abrite toutefois le siège de la commission africaine des droits de l’homme et des peuples.

  • “On ne touche pas aux Constitutions”, dit Abdoulaye Bathily

    “On ne touche pas aux Constitutions”, dit Abdoulaye Bathily

    abdoulayi-Abdoulaye Bathily est le représentant du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale.

    Il est l’un des rares à avoir osé mettre en gardeBlaise Compaoré. En vieux routier de la politique, l’ancien dirigeant marxiste sénégalais de la Ligue démocratique/Mouvement pour le parti du travail (LD/MPT), formé sur les bancs du Prytanée militaire de Saint-Louis dans les années 1960, ne craint plus, à 67 ans, de froisser quelques susceptibilités. Il faut savoir partir, martèle-t-il. C’est une question de principe.

    Nommé représentant du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale en mai dernier, après un passage par la Minusma à Bamako, Abdoulaye Bathily sait que 2015 et 2016 seront des années électoralement chargées dans la sous-région. Avec tous les risques que cela comporte.

    Jeune Afrique : Avez-vous tenté de dissuader Blaise Compaoré de se maintenir à la tête du Burkina ?

    Abdoulaye Bathily : Oui, et je l’ai fait dès 2011. Les mutineries du mois d’avril de cette année-là étaient un signal d’alarme auquel il aurait dû prêter attention, d’autant que le système qu’il avait mis en place aurait permis que la transition se fasse en douceur. Je l’ai ensuite appelé, les 28 et 29 octobre dernier [Compaoré démissionnera le 31]. Je lui ai dit qu’il fallait qu’il renonce. Il m’a répondu qu’il était en train de gérer la situation. Le résultat, on le connaît.

    Il est rare qu’un chef d’État s’entende donner ce type de conseils !

    Et c’est bien le problème. En Afrique, les membres de l’entourage d’un président les inciteront toujours à se maintenir au pouvoir. Ils disent : “Restez, sinon ce sera le chaos.” La vérité, c’est que ce sont eux qui ont beaucoup à perdre et qui en oublient l’intérêt de leur pays. Quand il a décidé qu’il était temps pour lui de se retirer [en 1985], le Tanzanien Julius Nyerere n’a pas consulté son parti. Il a pris cette décision seul, pour ne pas prêter le flanc aux pressions. Pour ma part, j’ai analysé la situation au Burkina ; j’en ai conclu qu’il n’était pas possible de modifier la Constitution, parce que les conditions n’étaient pas réunies pour faire du forcing, et il était de mon devoir de le faire savoir à Blaise Compaoré, que je connaissais depuis longtemps.

    Qu’est-ce qui vous a fait dire que cette fois-ci cela ne passerait pas ?

    Le parti [le Congrès pour la démocratie et le progrès] avait beaucoup changé. Au fil des années, il s’était éloigné de sa base militante, de ses idéaux et de ses fondateurs pour ne plus s’appuyer que sur des amis de Blaise Compaoré. C’était là une première fracture. Et puis les mutineries de 2011 étaient un signe avant-coureur : l’armée est un reflet de la société. L’une et l’autre se sont transformées en profondeur ces dernières décennies. Elles ne sont plus les mêmes qu’en 1983 [année de la révolution burkinabè]. Aujourd’hui, la jeunesse est formée et informée, on ne peut pas l’ignorer.

    Le Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca), que vous dirigez, a-t-il des inquiétudes face aux échéances électorales à venir dans la sous-région ?

    Bien sûr. En 2015 et 2016, pas moins de sept pays iront aux urnes dans notre région. Que l’on parle du Gabon, où nous sommes basés, ou des deux Congos, du Burundi, du Tchad ou encore du Rwanda, on voit déjà poindre des tensions. Notre rôle est de jouer les bons offices entre pouvoir et opposition, et c’est d’ailleurs ce que nous faisons en ce moment au Gabon. Mais force est de constater que l’Afrique centrale dans son ensemble n’a pas connu de transition démocratique aussi avancée que l’Afrique de l’Ouest.

    Avez-vous une position de principe sur la question des révisions constitutionnelles ?

    Il faut éviter de changer les Constitutions, surtout sur une base non consensuelle. Le syndrome burkinabè guette aujourd’hui plusieurs de ces pays. Même là où la question de la Constitution ne se pose pas, parce que les pouvoirs ont depuis longtemps réglé la question, l’aspiration à l’alternance est une donnée qui ne doit pas être négligée. Quel que soit le niveau de réalisations d’un pouvoir, quels que soient ses succès économiques, il y aura toujours un désir de changement.

    Vous étiez, en 2013, le numéro deux de la Minusma, la Mission des Nations unies au Mali. La situation que vous aviez à gérer est-elle à certains égards comparable à celle qui prévaut en Centrafrique ?

    La crise qu’a connu – et que connaît encore – le Mali n’est pas aussi profonde que celle que traverse la Centrafrique. Au Mali, c’est surtout la question du Nord qui s’est posée ; c’est un problème récurrent, certes, mais géographiquement limité à la région de Kidal, et cela n’a pas empêché la présidentielle de se dérouler sans problème sur les trois quarts du territoire en 2013. En Centrafrique, la crise dure depuis des décennies et n’a cessé de s’aggraver, au point qu’elle a aujourd’hui pris un caractère religieux.

    La communauté internationale s’est fortement impliquée au Mali. Diriez-vous qu’elle est, en Centrafrique, à la hauteur des enjeux ?

    Encore une fois, nous ne sommes pas confrontés au même type de situation. Au Mali, il y a des groupes politiques, avec lesquels on peut tenter de trouver un accord, et des jihadistes. Ces derniers sont très bien équipés et livrent aux forces maliennes et internationales une guerre asymétrique. Face à eux, une réponse militaire s’imposait. C’est différent en Centrafrique. D’abord parce que les groupes armés n’y ont pas atteint ce degré d’organisation. Ensuite parce que les ex-Séléka et les anti-balaka sont aujourd’hui prêts à s’engager dans un processus politique et qu’il faut à tout prix que les Centrafricains parviennent à se parler et à se réconcilier.

    Le nombre de Casques bleus déployés en Centrafrique est-il suffisant ?

    Globalement, oui. On parle de 12 000 hommes. Certes, le territoire est vaste, mais il ne faut pas oublier les éléments de l’opération Sangaris et ceux de l’Eufor. Tous participent à la stabilisation du pays. Même les troupes ougandaises qui traquent Joseph Kony et l’Armée de résistance du Seigneur [LRA] dans le Sud-Ouest constituent une présence dissuasive.

    D’abord prévue en février, la présidentielle a été reportée. Elle devra se tenir au plus tard en août 2015. L’échéance est-elle réaliste ?

    Il est indispensable que nous tenions les délais, parce qu’il y a un vrai risque que la crise s’aggrave et parce que les conditions régionales sont en train de se dégrader : Boko Haram agit comme un cancer dans tous les pays du bassin du lac Tchad. Si des élections ne viennent pas stabiliser la situation en Centrafrique, ce pays risque d’être à son tour contaminé. Il faut absolument éviter qu’il y ait une jonction entre les intégristes nigérians et certaines factions des groupes armés centrafricains. Nous sommes déjà très préoccupés par le fait que certains éléments de la Séléka se sont alliés à la LRA.

    Le budget des élections est-il bouclé ?

    Non. Nous avons besoin de 35 milliards de F CFA [53,4 millions d’euros], pour procéder à un nouveau recensement et pour organiser les opérations de vote, tout en s’assurant que les Centrafricains réfugiés dans les pays voisins pourront participer. Nous espérons faire le plein des contributions au prochain sommet de l’Union africaine.

    Catherine Samba-Panza doit-elle rester à la tête de l’État jusqu’aux élections, alors que sa gestion d’un don de l’Angola à la Centrafrique a fait débat ?

    Oui. Il n’est pas question de procéder à un changement qui risquerait de prolonger davantage la transition. Le groupe international de contact a été très clair sur ce point. Mais il faut aussi une amélioration de la gouvernance. Un État qui n’a pas de ressources propres et qui doit compter sur la communauté internationale pour payer le salaire des fonctionnaires a un devoir d’exemplarité.

    Michel Djotodia et Noureddine Adam, les anciens chefs de la Séléka, et l’ancien président François Bozizé peuvent-ils participer au forum de Bangui, en janvier ?

    Il me semble que les personnes qui sont à l’origine des conflits et des haines devraient laisser à d’autres le soin de conduire cette nouvelle phase. Tous ont des familles politiques qui peuvent continuer le combat sans eux. Dans l’intérêt de ce pays et dans leur propre intérêt.

    Propos recueillis par Anne Kappès-Grangé

    Jeune Afrique

  • Zambie : Guy Scott refuse de démissionner malgré la pression de ses ministres

    Zambie : Guy Scott refuse de démissionner malgré la pression de ses ministres

    SCOTT-La plupart de ses ministres ont exigé son départ. Qu’importe : le président zambien par intérim, Guy Scott, a assuré mercredi qu’il ne démissionnerait pas avant l’élection présidentielle anticipée du 20 janvier.

    Guy Scott n’en démord pas : il ne cédera pas face aux pressions de ses propres ministres. “Laissez-moi souligner le fait que je ne vais pas démissionner”, a déclaré le président zambien par intérim dans un communiqué, mercredi 17 décembre, notant qu’il entendait assurer une transition du pouvoir en douceur.

     

    Rappelant qu’il était le seul habilité à convoquer un conseil des ministres, Guy Scott a estimé que la conférence de presse organisée plus tôt par 14 membres du gouvernement sur 17 pour demander sa tête constituait un sérieux acte de trahison. Bien qu’étant issus du même parti que lui, la plupart des ministres zambiens l’avaient exhorté plus tôt dans la journée à démissionner immédiatement de ses fonctions de président par intérim, pour des raisons morales.

    D’ascendance écossaise, Guy Scott ne peut pas se présenter lui-même à la présidentielle car ses parents ne sont pas nés dans le pays, mais il est très impliqué dans les querelles qui déchirent le Front patriotique (PF), le parti au pouvoir. Ses partisans ont choisi Miles Sampa, le neveu du défunt président Sata, comme candidat à la présidentielle, tandis que ses adversaires ont désigné son rival, le ministre de la Défense Edgar Lungu. Début novembre, Lusaka avait frôlé l’émeute quand Guy Scott l’avait limogé de son poste de secrétaire général du PF, avant de faire marche arrière. Il a lui-même été suspendu du parti quinze jours plus tard.

    (Avec AFP)

     

  • Miss Monde : 5 Africaines sacrées depuis 1951, dont 3 Sud­Africaines et 1 Égyptienne blanches

    Miss Monde : 5 Africaines sacrées depuis 1951, dont 3 Sud­Africaines et 1 Égyptienne blanches

    miss monde elue-Rolene Strauss, une étudiante sud-africaine en médecine de 22 ans a été élue dimanche Miss Monde devant 121 candidates venues des quatre coins de la planète. C’est la 5e Miss africaine d’un concours qui a fortement tendance à choisir, sur le continent, des lauréates à la peau blanche.

    Elles étaient 121 jeunes-femmes à participer cette année à l’élection de ” Miss Monde 2014 “. La 64e édition du concours s’est tenue dimanche 14 décembre à Londres, ville où s’était déroulée en 1951 la toute première compétition du genre, baptisée à l’époque ” Festival Bikini Contest “. Et c’est une Sud-Africaine de 22 ans, Rolene Strauss, brune de 1,77 mètres aux yeux effilés, étudiante en médecine et passionnée de sport et de musique, qui a rapporté au continent africain son 5e trophée.

    De fait, ce n’est pas la première fois qu’une Africaine se distingue à Miss Monde. Depuis 1951, sur les 66 lauréates du concours, quatre autres femmes du continent ont été sacrées : l’Égyptienne (aux racines grecques) Antigone Costanda en 1954, puis les Sud-Africaines Penelope Anne Coelen en 1958, Anneline Kriel en 1974, et la Nigériane Agbani Darego en 2001.

    Avec 5 titres, l’Afrique figure cependant en bas du tableau. Même si elle devance l’Océanie, qui ferme la marche avec 3 titres, elle reste loin derrière l’Europe (24 titres), le continent américain (21 titres), ou même l’Asie (12 titres). Un classement quasiment identique (le continent américain détrônant l’Europe) pour le concours Miss Univers, une compétition rivale du concours Miss Monde.

    Seules trois Africaines noires au sommet

    Mais il y a plus dérangeant. L’Afrique n’a été sacrée depuis 1952 que quatre fois à Miss Univers, un concours qui ne compte que deux Miss noires issues du continent : la Botswanaise Mpule Kwelagobe, en 1999, et l’Angolaise Leila Lopes, en 2011. Miss Monde fait pire : une seule des 5 jeunes femmes africaines distinguées est noire : la Nigériane Agbani Darego.

    Alors que des concours de beauté sont organisés depuis des années dans presque tous les pays africains, on ne peut que regretter ce déséquilibre. C’est une évidence : les Africaines – surtout celles à la peau noire – peinent à s’imposer dans les concours planétaires. La faute à des critères sans doute encore beaucoup trop européocentrés.

    Mais au-delà d’un anachornisme qui peut être considéré comme une marque de racisme institutionnel, l’Afrique peut-elle aujourd’hui se sentir honorée par la victoire d’une représentante blanche ? En 2001, toute l’Afrique avait salué l’élection comme Miss Monde d’Agbani Darego. Treize ans plus tard, toutes compétitions confondues, l’Afrique attend toujours sa quatrième reine mondiale de beauté noire.

    Jeuneafrique

  • Burkina : Sankara, enfin toute la vérité ?

    Burkina : Sankara, enfin toute la vérité ?

    SANKARA-Le mythe est intact, mais l’Histoire reste à écrire. Vingt-sept ans après, les tombeurs de Blaise Compaoré s’apprêtent à rouvrir le dossier explosif de l’assassinat de l’ancien président. Reste à savoir s’ils auront le courage d’aller jusqu’au bout.

    Ce ne sont peut-être que des effets d’annonce. Il n’empêche : en évoquant, dès leurs premiers jours au pouvoir, les fantômes du régime de Blaise Compaoré, en rouvrant des plaies que le palais de Kosyam a longtemps tenté de cacher sous un grossier sparadrap à défaut de les refermer, les deux têtes de la transition burkinabè ont pris rendez-vous avec l’Histoire. Elles pourront difficilement faire marche arrière tant l’attente est grande, au Burkina et au-delà.

    C’est d’abord Michel Kafando, le président de la transition, qui, lors de son investiture le 21 novembre, annonce que la famille de Thomas Sankara a obtenu ce pour quoi elle se bat depuis des années : l’exhumation du corps, ou de ce qui est présenté comme tel depuis le 15 octobre 1987, jour de sa mise à mort. C’est ensuite Isaac Zida, le lieutenant-colonel devenu Premier ministre, qui, le 27 novembre, déclare vouloir rouvrir des enquêtes sur les assassinats de Sankara et du journaliste Norbert Zongo. “La justice sera rendue”, affirme-t-il, assurant qu’”une bonne partie des dossiers” sera traitée pendant la transition et que, s’il le faut, le Burkina demandera au Maroc l’extradition de son ancien maître, Blaise Compaoré.

    Sankara, Zongo : les deux taches indélébiles du régime Compaoré. Ses fantômes les plus tenaces, qui l’ont poursuivi un peu partout en Afrique et jusque dans son cercle le plus étroit. Des disparitions inexpliquées, il y en a eu plusieurs sous son règne, notamment durant la rectification, la période d’exception qui suivit la révolution et au cours de laquelle les “accidents” de la route étaient monnaie courante chez ceux qui en savaient trop. Mais, hormis pour leurs proches, les “disparus” tombaient vite dans l’oubli. Ce ne fut le cas ni pour Sankara ni pour Zongo.

    Sankara, c’est le péché originel. Celui par lequel Compaoré a gagné le pouvoir… et perdu à jamais l’estime de nombre de ses concitoyens et pairs. Il y a là une explication d’ordre moral : personne, pas même ceux qui s’opposaient à sa politique, pas même Compaoré lui-même, n’a digéré la mise à mort du capitaine le 15 octobre 1987. Car personne n’a oublié les liens qui unissaient les deux hommes – cette amitié fraternelle, au sens propre du terme, qui faisait dire au père de “Thomas” que “Blaise” était comme son fils. Compaoré a toujours clamé son innocence, sans vraiment convaincre. En dépit de nombreux témoignages, le flou règne, et la justice, qui n’avait jamais été sollicitée jusqu’alors dans cette affaire, aura bien du mal à le dissiper.

    Ouvrir une boîte de pandore sans fond

    Zongo, c’est autre chose. L’élimination par des militaires, en décembre 1998, de ce journaliste un peu trop curieux qui faisait la fierté des Burkinabè (et le procès qui conclut à un non-lieu huit ans après) fut perçue comme une atteinte grave à la démocratie. Elle a symbolisé tous les abus du système : une armée protégée, une justice aux ordres et des institutions au service d’un clan.

    En rouvrant ces dossiers, Kafando et Zida – qui ont longtemps servi le régime Compaoré – ont peut-être voulu se refaire une virginité aux yeux de la jeunesse, laquelle a joué un rôle majeur dans l’insurrection du 30 octobre et se réclame du sankarisme. Ils risquent d’ouvrir une boîte de Pandore sans fond (certains rappellent déjà les épisodes sanglants du régime Sankara), d’être accusés de promouvoir une justice des vainqueurs et de faire de la transition une période de tumulte. Mais n’est-ce pas l’essence d’un pouvoir issu d’une révolte populaire que de donner ce qu’elle veut à la foule ?

    Jeuneafrique.

  • Chronologie des tourments judiciaires de la famille Gbagbo

    Chronologie des tourments judiciaires de la famille Gbagbo

    famille_gbagbo4_0-Depuis 2011, le sort de la famille Gbagbo est entre les mains de la justice. Ecroué à la prison de La Haye de la Cour pénale internationale, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo est en attente de son procès pour crimes contre l’humanité. Son épouse Simone Gbagbo, également accusée de crimes contre l’humanité, sera prochainement jugée, mais à Abidjan, par un tribunal local. Michel Gbagbo, le fils du président déchu, est pour sa part en liberté provisoire, mais ne peut quitter Abidjan. Retour sur les moments clés de la famille Gbagbo depuis 2010.

    2010

    28 novembre : Tenue du deuxième tour du scrutin présidentiel qui a finalement lieu, après avoir été reporté six fois. Ses résultats sont contestés et le pays plonge dans une longue crise qui oppose le président sortant Laurent Gbagbo à son rival Alassane Ouattara reconnu vainqueur du scrutin par la communauté internationale. Le Conseil constitutionnel ivoirien proclame pour sa part la victoire de Laurent Gbagbo. Légitimité internationale, contre légalité constitutionnelle, le bras de fer entre les deux hommes va durer quatre mois et causer la mort d’au moins 3000 personnes.

    2011

    28 mars : Alassane Ouattara qui tient le Nord lance une offensive vers le Sud, s’empare de la capitale politique, Yamoussoukro. Ses Forces républicaines (FRCI), regroupant essentiellement les ex-rebelles des Forces nouvelles, entrent dans la capitale économique, avec l’aide discrète de la France. C’est le début de la bataille d’Abidjan. Les bastions de Gbagbo à Abidjan sont bombardés par l’Onuci et les forces françaises de l’opération Licorne, en vertu de la résolution 1975 de l’ONU.

    11 avril : Arrestation de Laurent et Simone Gbagbo par les Forces républicaines (FRCI) de Ouattara. Le camp Gbagbo affirme que l’ex-président a, en réalité, été pris par les Forces spéciales françaises avant d’être remis aux FRCI

    13 avril : Laurent Gbagbo est transféré à Korhogo, la grande ville du nord. Le 23, son épouse Simone est placée en résidence surveillée à Odienné, dans le nord-ouest.

    11 août: Une mission de l’ONU en Côte d’Ivoire, autorisée à rendre visite au couple Gbagbo, se déclare préoccupée par leurs conditions de détention, y compris l’accès à l’information et à leurs avocats.

    18 août : Laurent Gbagbo et son épouse sont inculpés par la justice ivoirienne et sont officiellement placés en détention préventive pour « crimes économiques ». Afin de ne pas être accusé de partialité dans un éventuel procès Gbagbo en Côte d’Ivoire, le président Ouattara a pris la décision, en mai, de demander à la CPI d’enquêter sur les crimes les plus graves, la justice ivoirienne se chargeant des « crimes économiques, des crimes de sang et des crimes contre la sécurité de l’Etat ».

    3 octobre : A la suite de la demande d’Alassane Ouattara, la CPI se saisit du dossier, même si la Côte d’Ivoire n’est pas membre à part entière de cette institution. Ce pays n’adhère pas au statut de Rome, mais a toutefois reconnu sa compétence dès 2003. La CPI est donc habilitée à intervenir. Les juges de la CPI autorisent Luis Moreno-Ocampo, le procureur de la Cour, à enquêter sur le terrain avec ses équipes sur la réalité des crimes de guerre commis durant la crise postélectorale, dont sont soupçonnés les forces pro-Ouattara et les forces pro-Gbagbo.

    23 novembre : Suivant l’avis du procureur, la CPI délivre un mandat d’arrêt à l’encontre de Laurent Gbagbo. L’ex-président est accusé en tant que « co-auteur indirect » de crimes contre l’humanité pour quatre chefs d’inculpation : meurtres, viols et autres violences sexuelles, actes de persécution et autres actes inhumains perpétrés entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011. Sa responsabilité est engagée pour quatre évènements particuliers : la répression d’une marche des pro-Ouattara se rendant au siège de la Radiotélévision ivoirienne en décembre 2010, la répression d’une manifestation de femmes à Abobo et le bombardement au mortier d’un secteur densément peuplé d’Abobo en mars 2011, et des représailles menées par des pro-Gbagbo à Yopougon en avril 2011.

    30 novembre : Le 29 novembre, les autorités ivoiriennes remettent Laurent Gbagbo aux mains de la CPI. Le lendemain, l’ancien président est transféré et incarcéré à la Haye.

    05 décembre : L’audience de première comparution de Laurent Gbagbo se tient devant la Chambre préliminaire III de la CPI. Cette première audience a pour objet d’informer Laurent Gbagbo des crimes qui lui sont reprochés et de ses droits.

    2012

    13 et 14 novembre : Vingt mois après son arrestation et son transfert à Odienné, dans le Nord, Simone Gbagbo est interrogée à son lieu de détention par le juge d’instruction auprès du tribunal de première instance d’Abidjan, Mamadou Koné, qui l’a entendue en présence de son avocat. En février, elle avait vu les charges retenues contre elle s’étendre à des « faits de génocide ».

    22 novembre : La CPI délivre un mandat d’arrêt international contre Simone Gbagbo pour des crimes contre l’humanité commis lors des violences de 2010-2011. Première femme réclamée par la CPI, l’épouse de l’ancien président faisait l’objet d’un mandat d’arrêt confidentiel depuis le 29 février, émis par le procureur de la CPI qui estimait que « Simone Gbagbo était idéologiquement et professionnellement très proche de son mari » et « se comportait en alter ego de son mari, en exerçant le pouvoir de prendre des décisions d’Etat ». L’ancienne première dame, surnommée « la Dame de fer » est soupçonnée d’avoir été liée à des « escadrons de la mort ». C’est sur cette question que la CPI veut entendre Simone Gbagbo. Or, le régime ivoirien refuse de la livrer à La Haye de peur de perdre la maîtrise de l’agenda. Tout au long de l’année 2012, le président Alassane Ouattara n’a cessé de répéter qu’Abidjan n’enverra plus personne à La Haye, rappelant que l’appareil judiciaire ivoirien était en mesure d’organiser un procès équitable. Le pouvoir craint par ailleurs de ne pouvoir s’opposer, par la suite, aux demandes de transfèrement des personnalités importantes de la galaxie « ouattariste » qui ont elles aussi du sang sur les mains.

    2013

    19-28 février : Tenue de l’audience de confirmation des charges. Les juges entendent les arguments des parties de la défense qui contestent la solidité du dossier du procureur en vue d’un procès. Dans son plaidoyer qui dure une quinzaine de minutes, Laurent Gbagbo rappelle aux juges son combat pour la démocratie et assure avoir été évincé du pouvoir en faveur de son rival Alassane Ouattara à la suite d’un complot mis sur pied par la France, ancienne puissance coloniale en Côte d’Ivoire. Les juges demandent, pour leur part, des informations ou éléments de preuve supplémentaires avant de décider si un procès devait être mené contre Laurent Gbagbo.

    6 août : Michel Gbagbo, fils aîné de Laurent Gbagbo, 45 ans, de nationalité française, arrêté le jour de la chute du régime de son père, sort de prison, bénéficiant d’une liberté provisoire. Molesté lors de son arrestation, il avait été incarcéré à Bouna (Nord). Alors qu’il était encore détenu, Michel Gbagbo qui est né du premier mariage de son père avec une Française, a porté plainte auprès de la justice française pour « traitements inhumains et dégradants » durant sa détention. Sa mère, Jacqueline Chamois, avait dès 2012 écrit à François Hollande attirant l’attention du président français sur la détention illégale de son fils « sous l’autorité de Guillaume Soro ».

    2014

    14 février : Michel Gbagbo est empêché de quitter le territoire ivoirien à l’aéroport d’Abidjan, alors qu’il se rendait à Paris pour répondre à une convocation de la justice française.

    12 juin : Proclamation de la décision de la CPI de juger Laurent Gbagbo pour crimes contre l’humanité. Après avoir examiné plus de 22 000 pages de preuves et les déclarations de 108 témoins, les juges ont confirmé les quatre charges de crime contre l’humanité à l’encontre de Laurent Gbagbo et annoncé leur décision de renvoyer l’ancien président en procès devant une chambre de première instance. Cette décision met fin à un an de procédures préliminaires destinées à déterminer si Laurent Gbagbo devrait être jugé ou non. Gbagbo, 69 ans, est le premier ex-chef d’Etat à être poursuivi par la CPI. L’ouverture du procès est fixée pour le 7 juillet 2015.

    22 octobre : Le procès pour atteinte à la sûreté de l’Etat de l’ex-Première dame ivoirienne Simone Gbagbo et de ses 82 co-accusés, qui devait s’ouvrir devant la Cour d’Assises d’Abidjan ce 22 octobre, est reporté sine die.

    29 octobre: La CPI refuse de libérer Laurent Gbagbo afin de lui permettre d’assister à l’enterrement de sa mère décédée le 15 octobre en Côte d’Ivoire. La Cour estime qu’autoriser Laurent Gbagbo à se rendre à l’enterrement « risquerait de mettre en danger la population de Côte d’Ivoire, le personnel de la Cour ainsi que monsieur Gbagbo lui-même ».

    9 décembre : Simone Gbagbo se présente au président de la Cour d’assises d’Abidjan pour une audience de procédure, en vue d’ouverture prochaine de son procès. La date du procès n’est pas connue, mais il portera uniquement sur les crimes relatifs à la sûreté de l’Etat et pas sur les graves violations des droits de l’Homme qui sont reprochées à l’ex-Première dame. Celle-ci a été transférée le 1er décembre d’Odienné, où elle était en « résidence surveillée » depuis fin avril 2011, vers Abidjan. Elle est désormais détenue dans une école militaire d’Abidjan.

    11 décembre : Abidjan est de nouveau sommé par la CPI de lui livrer Simone Gbagbo, soupçonnée de crimes contre l’humanité. Le gouvernement ivoirien avait opposé une exception d’irrecevabilité à la précédente sommation de la Cour contestant la compétence de la CPI, s’agissant d’un suspect poursuivi par la justice nationale. La CPI a rejeté l’exception d’irrecevabilité, arguant que les poursuites engagées en Côte d’Ivoire ne portaient pas sur les mêmes accusations.

    RFI