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  • Passeportgate en RDC : She Okitundu doit s’expliquer à l’Assemblée nationale

    Passeportgate en RDC : She Okitundu doit s’expliquer à l’Assemblée nationale

    -Léonard She Okitundu, vice-Premier ministre congolais en charge des Affaires étrangères, est attendu ce lundi à l’Assemblée nationale pour expliquer la motivation de la décision de son gouvernement d’invalider les passeports semi-biométriques en RD Congo. Une mesure qui a déjà contraint l’Union européenne à réagir.

    C’est en son nom que le communiqué officiel controversé avait été signé. Deux semaines après la publication de cette mesure décriée qui invalide les passeports semi-biométriques en RD Congo, Léonard She Okitundu, chef de la diplomatie congolaise, est appelé à répondre ce 2 octobre à la question orale avec débat introduite par le député Juvénal Munubo Mubi, cadre de l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe.

    Initialement prévue le 27 septembre, cette plénière avait finalement été reportée sur demande du vice-ministre des Affaires étrangères, Agée Matembo Toto, prétextant alors l’absence à Kinshasa de Léonard She Okitundu. Ce dernier est de retour au pays.

    « Sa défense restera sur la ligne tracée par le gouvernement », lâche une source diplomatique congolaise. Vendredi en effet, son collègue José Makila, vice-Premier ministre en charge des Transports et Voies de communication « a confirmé l’exigence éditée par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) pour tous les voyageurs de disposer obligatoirement d’un passeport biométrique », peut-on lire dans le compte-rendu du conseil des ministres, sans d’amples précisions.

    Mise au point et décision de l’UE

    Quelques jours plus tôt, dans une autre « mise au point », le gouvernement a soutenu que « certaines puissances étrangères ont déjà annoncé qu’au mois de novembre 2017, les détenteurs des passeports semi-biométriques ne pourront plus accéder sur leurs territoires ». Là encore, sans citer un seul pays qui aurait pris cette décision. C’est d’ailleurs « suite à des insinuations infondées » et pour lever tout équivoque que la délégation de l’Union européenne à Kinshasa a publié vendredi une déclaration « en accord avec les chefs de mission des pays membres de l’UE en RDC ».

    Il n’y a jamais eu de remise en cause de la validité d’un passeport congolais

    « Les passeports semi-biométriques congolais ont toujours été acceptés en espace Schengen, tout comme les passeports biométriques depuis la fin 2015, rappelle le communiqué de l’UE. Il n’y a jamais eu de remise en cause, pour quelques raison que ce soit, de la validité d’un passeport congolais, sauf naturellement, quand il était établi qu’il était frauduleux ou contrefait. »

    « Dans l’espace Schengen même circulent légalement des passeports électroniques (appelés semi-biométriques en RDC) et biométriques », poursuit le texte. Traduction : « Pour nous, les véritables raisons de la décision du gouvernement congolais sont à chercher ailleurs », commente un diplomate occidental basé à Kinshasa.

    Mais en attendant, cette mesure, bien que controversée, « conduit à suspendre, jusqu’à nouvel ordre, l’émission des vignettes visa sur les passeports semi-biométriques congolais », annonce l’UE qui justifie sa sentence par la « durée de validité du passeport : un visa ne peut être que émis sur un passeport disposant au moins de trois mois de validité ». D’autant que les passeports semi-biométriques congolais n’auront plus cours légal en RD Congo dès le 16 octobre, comme l’a décidé Kinshasa.

    Vers un retrait de la décision de Kinshasa ?

    Pour Juvénal Munubo, auteur de la question orale, la bataille n’est pourtant pas perdue. Loin de là. « La décision de l’UE est liée à celle du gouvernement congolais. Il suffit d’obtenir le retrait de la mesure invalidant les passeports semi-biométriques et les choses rentreront à la normale », estime le député, « bien déterminé » à « aller jusqu’au bout de [sa] démarche ».

    « Comme l’UE l’a démontré, les raisons avancées par le gouvernement ne tiennent pas debout. Même au niveau de l’OACI, nous n’avons pas relevé aucune interdiction formelle, encore moins de prohibition récente, qui frapperaient les passeports semi-biométrique », explique l’élu de Walikale, dans le Nord-Kivu.

    Dans l’entourage de She Okitundu, « on réfléchit » encore sur la ligne de défense. Surtout sur des « options » à lever lors du débat à l’Assemblée nationale. D’après nos informations, le vice-Premier ministre ne serait pas opposé à l’idée d’apporter quelques « aménagements » à la mesure. Pas sûr que cela suffise à calmer les esprits.

    J.A

  • Passeports annulés: le tollé est général

    Passeports annulés: le tollé est général

    Par Marie-France Cros

    -L’annonce de l’annulation des passeports semi-biométriques congolais en circulation à partir du 16 octobre 2017 a provoqué un tel tollé que le gouvernement a dû apporter des précisions dimanche, tandis que le ministre des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, devra répondre aux questions des députés.

    Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a dû réagir dimanche à l’annonce de l’annulation des passeports semi-biométriques faite par un communiqué du vice-ministre des Affaires étrangères, Agée Matembo Toto, publié vendredi. Selon M. Mende, l’annulation se justifie par le fait que ces passeports ne sont « pas fiables ». Un tel passeport, dit-il, peut s’obtenir rien qu’avec une simple photo scannée, « ce qui ne le met pas à l’abri de contrefaçons ou de falsifications ». Selon lui, des « puissances » étrangères refuseraient que circulent simultanément deux types de passeports congolais.

    « Jusqu’à leur expiration », disait Tshibanda

    Lors de la présentation du nouveau passeport biométrique, le 10 novembre 2015, le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Raymond Tshibanda, avait assuré que ce document serait « utilisé concomitamment avec l’ancien passeport semi-biométrique jusqu’à l’expiration de ce dernier ». Il avait ajouté, selon la presse de l’époque, que le prix du nouveau passeport serait à la portée de toutes les bourses. L’écrasante majorité des Congolais vit avec 2 dollars par jour.

    Le journal kinois « Le Potentiel » de lundi souligne que la décision d’annulation n’est pas passée par le Conseil des ministres et n’hésite pas à parler d’ »arnaque ».

    Plusieurs motions ont été rédigées, à l’Assemblée nationale, pour demander des explications au vice-ministre. Son supérieur, le ministre des Affaires étrangères Léonard She Okitundu, est, quant à lui, visé par une question orale du député Juvénal Munobo, selon MediaCongo. Le journal « Le Phare » indique pour sa part que « même des acteurs de la famille politique du chef de l’Etat » sont mécontents et invitent She Okitundu « à revoir la copie de son collaborateur ». Le député de Majorité présidentielle Zacharie Bababaswe a ainsi annoncé une interpellation du ministre, qu’il prie, dans une lettre circulant sur les réseaux sociaux, de revenir sur la mesure – demande faite également par l’ONG de défense des droits de l’homme Justicia.

    « Restreindre les mouvements » des opposants

    « Le Phare » voit dans la mesure d’annulation des passeports semi-biométriques une manœuvre pour « restreindre les mouvements » de certains citoyens, « notamment les opposants politiques particulièrement actifs dans des actions de lobbying à l’étranger ces temps derniers ».

    Il ajoute que la capacité de production des nouveaux passeports, « qui pourrait tourner autour de 24 000 voire 48 000 pièces » par mois va susciter une « bousculade ». Bref « une bombe sociale à retardement est en préparation à Kinshasa », prédit notre confrère.

    Congo Nouveau note, pour sa part, que sur les réseaux sociaux, les Congolais crient à l’extorsion: « L’Etat moyibi! » (voleur) accusent des comptes Facebook.

    Les « biométriques » devenus « semi-biométriques »

    Une source kinoise de La Libre Afrique attire de son côté l’attention sur le fait que les passeports qualifiés aujourd’hui de « semi-biométriques » avaient été, jusqu’à 2015, présentés comme « biométriques ». C’est à ce titre qu’il avait acheté le sien en 2014. « Le prix officiel était 185 dollars mais j’ai payé près de 300 » avec les pots-de-vin aux fonctionnaires pour qu’ils acceptent de trouver les formulaires de demande de passeport et qu’ils veuillent bien, ensuite, le remettre au demandeur dans des délais raisonnables.

    En cherchant sur internet, on s’aperçoit effectivement qu’en novembre 2008, un « nouveau passeport biométrique, comprenant l’empreinte digitale de son titulaire » avait été mis en circulation par les autorités congolaises.