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  • RDC : ” Il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables “, les vérités de Vital Kamerhe

    RDC : ” Il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables “, les vérités de Vital Kamerhe

    Quelques heures avant la publication, dans la nuit du 9 au 10 janvier, des résultats provisoires de la présidentielle du 30 décembre dernier, Vital Kamerhe, directeur de campagne de Félix Tshisekedi, s’était confié à Jeune Afrique.

    Kinshasa, le 8 janvier, 15 heures. Nous sommes à la veille de la date annoncée pour la publication des résultats provisoires de la présidentielle en RDC. Lorsqu’il nous reçoit dans la centrale électorale du Cap pour le changement (Cach), à La Gombe, Vital Kamerhe sait déjà qu’il a misé sur le bon cheval. Mais il ne laisse rien transparaître. Ou presque. D’autant qu’il sait aussi qu’en politique, surtout au Congo, rien n’est vraiment acquis.

    Le directeur de campagne de Félix Tshisekedi reste tout de même confiant. Et nous présente les raisons officielles de sa foi en la victoire de son allié : les « chiffres ». Il s’agit de ceux compilés par la centrale électorale de Cach, retranchée dans l’une de ses résidences. Ce jour-là, le tableau projeté sur le mur de la salle affiche déjà une avance de quelque 106 874 suffrages exprimés pour Félix Tshisekedi sur son poursuivant direct, Martin Fayulu, opposant lui aussi et candidat de la coalition Lamuka [Réveille-toi, en lingala]. Mais sur un total de 2 550 184 votants seulement.

    Trésor Kibangula/JA

    L’échantillon est faible. Près de 40 millions d’électeurs étaient attendus aux urnes le 30 décembre. Vital Kamerhe ne l’ignore pas. Le but de sa manœuvre est ailleurs. Se convaincre et surtout convaincre, chiffres à l’appui, que Félix Tshisekedi « va gagner ». L’ancien président de l’Assemblée nationale cherche alors à confronter ces chiffres à ceux de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), lesquels donneraient Martin Fayulu vainqueur de la présidentielle du 30 décembre.

    J’ai l’impression que nos amis de Lamuka et la Cenco avaient le même centre de compilation. »

    Mais les évêques catholiques ne lui communiqueront jamais leurs données. « J’ai l’impression que nos amis de Lamuka et la Cenco avaient le même centre de compilation », se désole-t-il. Kamerhe se contentera de transmettre les siennes aux ambassades de France, de Grande-Bretagne et des États-Unis. La suite, on la connait. Félix Tshisekedi a été déclaré vainqueur dans la nuit du mercredi à jeudi par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Martin Fayulu, qui conteste ces résultats, a saisi la Cour constitutionnelle.

    La leçon de la campagne

    De la campagne électorale, Vital Kamerhe en tire une leçon : « Les contacts avec la population comptent beaucoup, surtout pour Félix [Tshisekedi] qui n’était pas connu dans certains milieux reculés de l’Est. Il fallait que les gens le voient physiquement et qu’il leur demande leurs suffrages. »

    Dans ce domaine, « Martin [Fayulu] avait l’avantage dans les grandes villes : avec le jet privé mis à disposition, il pouvait faire Kisangani – Lubumbashi en un clin d’oeil. Mais si vous devez faire Kisangani – Lubumbashi avec un autre avion, c’est 4 heures et demi de vol. Là où il lui fallait une heure. »

    À l’arrivée, Félix Tshisekedi devance tout de même Martin Fayulu, selon les résultats provisoires. Si cela avait été l’inverse, Kamerhe jurait le 8 janvier que son camp aurait accepté le verdict des urnes et nous relatait alors une réunion qui avait eu lieu entre Monseigneur Fridolin Ambongo, nouvel archevêque de Kinshasa et Félix Thisekedi :  « ‘Pour moi, si c’est Fayulu [qui l’emporte], je le félicite tout de suite, mais nous devons parler’, avait dit Félix Tshisekedi au clergé. »

    Et Vital Kamerhe de poursuivre, relatant cette fois-ci une rencontre entre Félix Tshisekedi et Martin Fayulu : « Puis, lors d’un tête-à-tête avec Fayulu, ce dernier ne pouvait se prononcer sur rien car il avait déjà réservé par exemple le poste de Premier ministre à Jean-Pierre Bemba [un de ses principaux soutiens au sein de Lamuka, ndlr]. En fait, Fayulu n’est pas libre. »

    Deal Kabila – Cach ?

    Quid des garanties que le Cach et Félix Tshisekedi auraient données à Joseph Kabila, au pouvoir depuis près de 18 ans, et à son entourage ? « Lorsque vous voulez rétablir un État de droit, vous ne pouvez pas vous substituer à la place des juges. Quand François Hollande est élu président de la République française en 2012, avait-il promis l’enfer à Nicolas Sarkozy ? Non, au contraire. Mais cela n’a pas empêché à la justice, institution indépendante, de faire son travail », explique Vital Kamerhe.

    Du groupe d’opposants qui se trouvent à l’extérieur du pays, Moïse Katumbi est le plus rassembleur. »

    Mais « l’opposition ne doit pas non plus être considérée comme une blanchisserie », précise-t-il, appelant les uns et les autres à adopter un comportement à la hauteur de ce « rendez-vous historique ». Pour la première fois, le transfert du pouvoir s’effectue entre un président sortant vivant et son successeur déclaré vainqueur du scrutin.

    Félix Tshisekedi écoute les « conseils » de Vital Kamerhe sur les attitudes à adopter, selon ce dernier. « Mais à Lamuka, quand vous avez Ève Bazaiba [secrétaire général du parti de Bemba, ndlr], d’un côté, et Martin Fayulu, de l’autre, ce sont deux volcans en éruption, je ne sais pas qui peut conseiller l’autre. »

    Trésor Kibangula/JA

    « Du groupe d’opposants qui se trouvent à l’extérieur du pays, Moïse Katumbi est le plus rassembleur. Voici quelqu’un de l’Est qui se retrouve dans l’étau de Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito, Martin Fayulu, Freddy Matungulu, tous de l’Ouest. On ne peut pas être plus nationaliste que ça ! Comme moi qui suis de l’Est et qui soutiens un Kasaïen (centre). Voilà le Congo de demain que nous voulons », souligne Kamerhe.

    « Hommages » à Kabila

    Le directeur de campagne de Félix Tshisekedi assume par ailleurs les « hommages » qu’il faudrait rendre à Joseph Kabila pour avoir accepté de se retirer du pouvoir. Malgré l’avis contraire de certains caciques du régime et de ses courtisans. À Martin Fayulu et ses soutiens, il pose en revanche une question : « Pourquoi revendiquez-vous la victoire issue des mauvaises élections, promettant d’organiser des bonnes élections d’ici deux ans ? C’est paradoxal. Il ne faut pas pisser dans l’assiette qui vous nourrit. »

    Félix a déjà dit qu’il va travailler avec tout le monde »

    « C’est à nous de prendre nos responsabilités, poursuit Vital Kamerhe. Si nous aimons le Congo, ce n’est pas uniquement comme président de la République ou Premier ministre que nous pouvons servir ce pays. » Dans l’accord de coalition conclu à Nairobi avec Félix, le poste du chef de gouvernement lui était destiné. Mais avec les résultats des législatives, largement favorables à la majorité sortante, les prévisions risquent d’être réajustées. « Que vous le vouliez ou pas, les résultats des urnes finissent toujours par vous contraindre d’être ensemble dans l’Assemblée nationale, de parler, de discuter de la manière dont il faudrait gérer le pays », fait-il remarquer.

    Dans tous les cas, « Félix a déjà dit qu’il va travailler avec tout le monde. Car il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables, martèle Vital Kamerhe. Il suffit d’observer la scène politique congolaise : commençons par moi-même. J’étais secrétaire général du PPRD [parti de Joseph Kabila], je suis aujourd’hui dans l’opposition. Suis-je devenu pour autant saint ? Il faut me juger par rapport à mon comportement lorsque j’étais au PPRD. Étais-je un bon président de l’Assemblée nationale ? Prenons le cas de Pierre Lumbi. Il était conseiller spécial du chef de l’État en matière de sécurité. Pendant son règne, peut-on dire qu’il y avait moins de répression et que Kabila était plus tendre ? Il est dans l’opposition et directeur de campagne de Martin Fayulu ».

    « L’important, c’est de changer le système »

    Et de poursuivre : « Il y avait aussi des répressions pendant que Moïse Katumbi était gouverneur du Katanga. Il ne peut en être fier, même s’il dira toujours que les ordres venaient d’en haut. C’est pourquoi nous pensons que nous pouvons travailler avec certaines personnes qui évoluent aujourd’hui au sein de la majorité. L’important, c’est de changer le système. La propension de l’homme congolais à dévier, à voler les deniers publics est tellement élevée que sans un système dissuasif – séparation des pouvoirs, institutions fortes, justice indépendante et équitable – le pays ne s’en sortira pas. »

    Entre deux maux, il faut choisir le moindre »

    Vital Kamerhe voudrait voir revenir « l’époque de Kasa-Vubu », premier président du Congo indépendant. Cet homme qui « ramenait à la caisse de l’État les frais restants de ses voyages officiels ». Il rend aussi hommage à Patrice Lumumba, qui « n’a laissé qu’une seule maison sur le Boulevard alors qu’il était Premier ministre ». Idem pour Laurent-Désiré Kabila qui ne s’était acheté, selon lui, « aucun appartement, aucune maison, aucun terrain ».

    En attendant, il n’y aura pas de « règlements de compte » à l’encontre de ceux qui ont dirigé la RDC ces 17 dernières années. Vital Kamerhe s’en explique : « Entre deux maux, il faut choisir le moindre. Pas de chasse aux sorcières pour un nouveau départ du Congo mais certaines fautes sont impardonnables, bien entendu. »

    Félix président de la République, « une réforme de l’État va toutefois être engagée pour donner plus de moyens à nos militaires, construire des casernes afin qu’ils accomplissent efficacement leur mission première de sécuriser l’intégrité de notre territoire. Il en est de même de la police. Mais nous n’enverrons personne à la potence », assure Kamerhe. « Il y aura certainement des restrictions au niveau de l’Agence nationale de renseignement (ANR). Cette dernière doit être un service d’intelligence, pas celui d’interpellation quotidienne des citoyens », déclare-t-il.

    Kamerhe en est conscient. « Le président élu ne va pas bénéficier d’un seul moment de sursis. Le peuple a soif de changement et attendra avec impatience les premières mesures dans ce sens. » Et de prévenir : « Si ces mesures n’arrivent pas, le peuple ne tardera pas à redescendre les rues de Kinshasa et des autres villes du pays. »

    L’origine de l’article >>

  • RDC : ” Il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables “, les vérités de Vital Kamerhe

    RDC : ” Il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables “, les vérités de Vital Kamerhe

    Quelques heures avant la publication, dans la nuit du 9 au 10 janvier, des résultats provisoires de la présidentielle du 30 décembre dernier, Vital Kamerhe, directeur de campagne de Félix Tshisekedi, s’était confié à Jeune Afrique.

    Kinshasa, le 8 janvier, 15 heures. Nous sommes à la veille de la date annoncée pour la publication des résultats provisoires de la présidentielle en RDC. Lorsqu’il nous reçoit dans la centrale électorale du Cap pour le changement (Cach), à La Gombe, Vital Kamerhe sait déjà qu’il a misé sur le bon cheval. Mais il ne laisse rien transparaître. Ou presque. D’autant qu’il sait aussi qu’en politique, surtout au Congo, rien n’est vraiment acquis.

    Le directeur de campagne de Félix Tshisekedi reste tout de même confiant. Et nous présente les raisons officielles de sa foi en la victoire de son allié : les « chiffres ». Il s’agit de ceux compilés par la centrale électorale de Cach, retranchée dans l’une de ses résidences. Ce jour-là, le tableau projeté sur le mur de la salle affiche déjà une avance de quelque 106 874 suffrages exprimés pour Félix Tshisekedi sur son poursuivant direct, Martin Fayulu, opposant lui aussi et candidat de la coalition Lamuka [Réveille-toi, en lingala]. Mais sur un total de 2 550 184 votants seulement.

    Trésor Kibangula/JA

    L’échantillon est faible. Près de 40 millions d’électeurs étaient attendus aux urnes le 30 décembre. Vital Kamerhe ne l’ignore pas. Le but de sa manœuvre est ailleurs. Se convaincre et surtout convaincre, chiffres à l’appui, que Félix Tshisekedi « va gagner ». L’ancien président de l’Assemblée nationale cherche alors à confronter ces chiffres à ceux de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), lesquels donneraient Martin Fayulu vainqueur de la présidentielle du 30 décembre.

    J’ai l’impression que nos amis de Lamuka et la Cenco avaient le même centre de compilation. »

    Mais les évêques catholiques ne lui communiqueront jamais leurs données. « J’ai l’impression que nos amis de Lamuka et la Cenco avaient le même centre de compilation », se désole-t-il. Kamerhe se contentera de transmettre les siennes aux ambassades de France, de Grande-Bretagne et des États-Unis. La suite, on la connait. Félix Tshisekedi a été déclaré vainqueur dans la nuit du mercredi à jeudi par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Martin Fayulu, qui conteste ces résultats, a saisi la Cour constitutionnelle.

    La leçon de la campagne

    De la campagne électorale, Vital Kamerhe en tire une leçon : « Les contacts avec la population comptent beaucoup, surtout pour Félix [Tshisekedi] qui n’était pas connu dans certains milieux reculés de l’Est. Il fallait que les gens le voient physiquement et qu’il leur demande leurs suffrages. »

    Dans ce domaine, « Martin [Fayulu] avait l’avantage dans les grandes villes : avec le jet privé mis à disposition, il pouvait faire Kisangani – Lubumbashi en un clin d’oeil. Mais si vous devez faire Kisangani – Lubumbashi avec un autre avion, c’est 4 heures et demi de vol. Là où il lui fallait une heure. »

    À l’arrivée, Félix Tshisekedi devance tout de même Martin Fayulu, selon les résultats provisoires. Si cela avait été l’inverse, Kamerhe jurait le 8 janvier que son camp aurait accepté le verdict des urnes et nous relatait alors une réunion qui avait eu lieu entre Monseigneur Fridolin Ambongo, nouvel archevêque de Kinshasa et Félix Thisekedi :  « ‘Pour moi, si c’est Fayulu [qui l’emporte], je le félicite tout de suite, mais nous devons parler’, avait dit Félix Tshisekedi au clergé. »

    Et Vital Kamerhe de poursuivre, relatant cette fois-ci une rencontre entre Félix Tshisekedi et Martin Fayulu : « Puis, lors d’un tête-à-tête avec Fayulu, ce dernier ne pouvait se prononcer sur rien car il avait déjà réservé par exemple le poste de Premier ministre à Jean-Pierre Bemba [un de ses principaux soutiens au sein de Lamuka, ndlr]. En fait, Fayulu n’est pas libre. »

    Deal Kabila – Cach ?

    Quid des garanties que le Cach et Félix Tshisekedi auraient données à Joseph Kabila, au pouvoir depuis près de 18 ans, et à son entourage ? « Lorsque vous voulez rétablir un État de droit, vous ne pouvez pas vous substituer à la place des juges. Quand François Hollande est élu président de la République française en 2012, avait-il promis l’enfer à Nicolas Sarkozy ? Non, au contraire. Mais cela n’a pas empêché à la justice, institution indépendante, de faire son travail », explique Vital Kamerhe.

    Du groupe d’opposants qui se trouvent à l’extérieur du pays, Moïse Katumbi est le plus rassembleur. »

    Mais « l’opposition ne doit pas non plus être considérée comme une blanchisserie », précise-t-il, appelant les uns et les autres à adopter un comportement à la hauteur de ce « rendez-vous historique ». Pour la première fois, le transfert du pouvoir s’effectue entre un président sortant vivant et son successeur déclaré vainqueur du scrutin.

    Félix Tshisekedi écoute les « conseils » de Vital Kamerhe sur les attitudes à adopter, selon ce dernier. « Mais à Lamuka, quand vous avez Ève Bazaiba [secrétaire général du parti de Bemba, ndlr], d’un côté, et Martin Fayulu, de l’autre, ce sont deux volcans en éruption, je ne sais pas qui peut conseiller l’autre. »

    Trésor Kibangula/JA

    « Du groupe d’opposants qui se trouvent à l’extérieur du pays, Moïse Katumbi est le plus rassembleur. Voici quelqu’un de l’Est qui se retrouve dans l’étau de Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito, Martin Fayulu, Freddy Matungulu, tous de l’Ouest. On ne peut pas être plus nationaliste que ça ! Comme moi qui suis de l’Est et qui soutiens un Kasaïen (centre). Voilà le Congo de demain que nous voulons », souligne Kamerhe.

    « Hommages » à Kabila

    Le directeur de campagne de Félix Tshisekedi assume par ailleurs les « hommages » qu’il faudrait rendre à Joseph Kabila pour avoir accepté de se retirer du pouvoir. Malgré l’avis contraire de certains caciques du régime et de ses courtisans. À Martin Fayulu et ses soutiens, il pose en revanche une question : « Pourquoi revendiquez-vous la victoire issue des mauvaises élections, promettant d’organiser des bonnes élections d’ici deux ans ? C’est paradoxal. Il ne faut pas pisser dans l’assiette qui vous nourrit. »

    Félix a déjà dit qu’il va travailler avec tout le monde »

    « C’est à nous de prendre nos responsabilités, poursuit Vital Kamerhe. Si nous aimons le Congo, ce n’est pas uniquement comme président de la République ou Premier ministre que nous pouvons servir ce pays. » Dans l’accord de coalition conclu à Nairobi avec Félix, le poste du chef de gouvernement lui était destiné. Mais avec les résultats des législatives, largement favorables à la majorité sortante, les prévisions risquent d’être réajustées. « Que vous le vouliez ou pas, les résultats des urnes finissent toujours par vous contraindre d’être ensemble dans l’Assemblée nationale, de parler, de discuter de la manière dont il faudrait gérer le pays », fait-il remarquer.

    Dans tous les cas, « Félix a déjà dit qu’il va travailler avec tout le monde. Car il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables, martèle Vital Kamerhe. Il suffit d’observer la scène politique congolaise : commençons par moi-même. J’étais secrétaire général du PPRD [parti de Joseph Kabila], je suis aujourd’hui dans l’opposition. Suis-je devenu pour autant saint ? Il faut me juger par rapport à mon comportement lorsque j’étais au PPRD. Étais-je un bon président de l’Assemblée nationale ? Prenons le cas de Pierre Lumbi. Il était conseiller spécial du chef de l’État en matière de sécurité. Pendant son règne, peut-on dire qu’il y avait moins de répression et que Kabila était plus tendre ? Il est dans l’opposition et directeur de campagne de Martin Fayulu ».

    « L’important, c’est de changer le système »

    Et de poursuivre : « Il y avait aussi des répressions pendant que Moïse Katumbi était gouverneur du Katanga. Il ne peut en être fier, même s’il dira toujours que les ordres venaient d’en haut. C’est pourquoi nous pensons que nous pouvons travailler avec certaines personnes qui évoluent aujourd’hui au sein de la majorité. L’important, c’est de changer le système. La propension de l’homme congolais à dévier, à voler les deniers publics est tellement élevée que sans un système dissuasif – séparation des pouvoirs, institutions fortes, justice indépendante et équitable – le pays ne s’en sortira pas. »

    Entre deux maux, il faut choisir le moindre »

    Vital Kamerhe voudrait voir revenir « l’époque de Kasa-Vubu », premier président du Congo indépendant. Cet homme qui « ramenait à la caisse de l’État les frais restants de ses voyages officiels ». Il rend aussi hommage à Patrice Lumumba, qui « n’a laissé qu’une seule maison sur le Boulevard alors qu’il était Premier ministre ». Idem pour Laurent-Désiré Kabila qui ne s’était acheté, selon lui, « aucun appartement, aucune maison, aucun terrain ».

    En attendant, il n’y aura pas de « règlements de compte » à l’encontre de ceux qui ont dirigé la RDC ces 17 dernières années. Vital Kamerhe s’en explique : « Entre deux maux, il faut choisir le moindre. Pas de chasse aux sorcières pour un nouveau départ du Congo mais certaines fautes sont impardonnables, bien entendu. »

    Félix président de la République, « une réforme de l’État va toutefois être engagée pour donner plus de moyens à nos militaires, construire des casernes afin qu’ils accomplissent efficacement leur mission première de sécuriser l’intégrité de notre territoire. Il en est de même de la police. Mais nous n’enverrons personne à la potence », assure Kamerhe. « Il y aura certainement des restrictions au niveau de l’Agence nationale de renseignement (ANR). Cette dernière doit être un service d’intelligence, pas celui d’interpellation quotidienne des citoyens », déclare-t-il.

    Kamerhe en est conscient. « Le président élu ne va pas bénéficier d’un seul moment de sursis. Le peuple a soif de changement et attendra avec impatience les premières mesures dans ce sens. » Et de prévenir : « Si ces mesures n’arrivent pas, le peuple ne tardera pas à redescendre les rues de Kinshasa et des autres villes du pays. »

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  • Grand invité de l’Économie RFI/Jeune Afrique – Al Kitenge : ” Même un prestidigitateur ne pourrait pas gérer la RDC avec un budget de 5 milliards de dollars “

    Grand invité de l’Économie RFI/Jeune Afrique – Al Kitenge : ” Même un prestidigitateur ne pourrait pas gérer la RDC avec un budget de 5 milliards de dollars “

    Al Kitenge, entrepreneur, consultant et économiste, est le Grand Invité de l’économie RFI-Jeune Afrique, samedi 12 janvier 2019 sur RFI, à 12 h 10 heure de Paris, 10 h 10 TU.

    Formé à l’école polytechnique de Lubumbashi, Al Kitenge a fait une première carrière d’ingénieur chimiste au sein de la multinationale Unilever en Afrique et en Europe. Puis grâce à ses compétences en économie et en organisation, il s’est orienté vers le consulting et le soutien à l’innovation.

    L’entrepreneur qui partage son temps entre Londres et Kinshasa, entend désormais consacrer ses compétences au développement du secteur de l’économie solidaire, persuadé que les conditions de vie des populations ne sont pas assez prises en compte dans les projets de développement prônés par les États et les institutions internationales. Il est la Grand Invité de l’économie RFI-Jeune Afrique samedi 12 janvier sur RFI, à 11 h 10 heure de Paris, 10 h 10 TU.

    • Élections

    Toute la situation de la RDC pose la question de la suprémacie de la politique sur l’économie. Si vous regardez le score cumulé de Félix Tshisekedi – vainqueur provisoire de l’élection présidentielle – et celui de Martin Fayulu, autre opposant au président Kabila, vous vous rendrez compte qu’il y avait un besoin de changement. C’est le principal message à retenir.

    Mais les gens sont tous focalisés sur la présidentielle, alors que nous avons eu trois élections en une – présidentielle, législatives et provinciales, et que ce sera le Premier ministre, issu de la majorité parlementaire, qui aura tous les pouvoirs de la gestion au quotidien. Le président de la République reste cantonné sur deux matières, les affaires étrangères et la défense, en coordination avec le Premier ministre. Par ailleurs, les élections parlementaires provinciales élisent les députés provinciaux qui élisent les gouverneurs. Et notre Constitution dit que ce pays doit être décentralisé. L’élection qui focalise toute l’attention aujourd’hui, c’est à dire la présidentielle, va être l’élection de l’acteur le moins influent de la prochaine gouvernance.

    • L’héritage économique de Jospeh Kabila

    Il est difficile lorsqu’un pays est dirigé sans un plan stratégique connu de tous de faire une évaluation en fin de parcours. Néanmoins, je dois dire que nous avons renoué avec la croissance. Quand Jospeh Kabila est arrivé au pouvoir, nous étions en récession économique. Nous sommes passés d’un budget de quelques millions à quelques milliards.

    Mais l’activité minière au centre du modèle congolais n’est pas de nature à redistribuer la richesse. La rémunération va au capital plutôt qu’au facteur humain. Aujourd’hui l’économie congolaise ne répond pas au besoin des citoyens et c’est là le plus gros défi.

    • Planification

    La première des choses est de se doter d’un plan stratégique de développement. Celui-là peut être aligné sur trente ans avec une déclinaison sur quinze ans. C’est un minimum, car aujourd’hui nous n’avons pas un stock de capital humain de qualité capable de porter la compétitivité de la nation. Il faut le mettre en place, et pour cela, il faudra que les présidents qui arrivent arrêtent de focaliser sur les résultats les plus visibles pour montrer qu’ils sont actifs. Actif ne veut pas nécessairement dire efficace. Il est important d’investir dans les projets structurants comme le capital humain.

    • Inga

    L’énergie est aussi une chose essentielle. Nous sommes le pays qui a le plus grand potentiel hydroélectrique concentré en un seul endroit. Le complexe Inga a un potentiel de 44 000 MW de capacité, aujourd’hui non exploité. Et nous sommes incapables de transformer les minerais que nous avons dans notre sous-sol simplement parce que nous n’avons pas assez d’énergie.

    • Libéralisation

    Le gouvernement a opté pour la libéralisation du secteur de l’énergie et il n’est pas nécessaire que ce soit le gouvernement qui développe le potentiel d’Inga qui, traduit en équivalent pétrole, nous place devant celui du Nigeria. Nous ne pouvons pas continuer de gérer un pays de 80 millions de personnes avec 5 milliards de dollars. Pour faire un saut qualitatif, il faut de grands projets. Et pour cela il faut un plan qui permette de ne pas arbitrer sur une mandature. Même un prestidigitateur ne pourrait pas gérer la RDC avec un budget de 5 milliards de dollars.

    • Point de rupture

    Nous sommes le point de rupture du continent. Quand vous arrivez en RDC, par le nord comme par le Sud, vous ne pouvez plus bouger. Nous avons l’obligation de connecter l’Afrique. Pour cela, il faut que nous nous dotions d’infrastructures de transport et donc d’un plan de mobilité pour les personnes et les marchandises. Des routes, des voies fluviales et des accès à l’océan. Cela veut dire des investissements colossaux. Nous en avons les moyens car nous sommes assis sur 24 000 milliards de dollars de ressources naturelles. Nous avons donc un levier pour emprunter sur la place financière internationale. Et nous n’avons pas besoin de tout investir sur des fonds publics, mais nous pouvons le faire via des partenariats publics-privés.

    • Cobalt

    Le plus important n’est pas d’extraire du cobalt mais de le transformer localement. D’être mesure d’en obtenir plus de valeur ajoutée. Parce qu’un jour, ce cobalt, nous n’en aurons plus du tout. Il faudrait que nous soyons en mesure de dire aux générations futures : « Nous avions du cobalt, mais aujourd’hui nous avons des routes, des universités et un système de santé ». Aujourd’hui, c’est à l’extérieur du pays que la valeur ajoutée est produite.

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  • Présidentielle en RDC : Martin Fayulu revendique la victoire et compte saisir la Cour constitutionnelle

    Présidentielle en RDC : Martin Fayulu revendique la victoire et compte saisir la Cour constitutionnelle

    Le candidat de la coalition Lamuka, arrivé deuxième derrière Félix Tshisekedi, selon les résultats provisoires proclamés par la Ceni, a annoncé qu’il allait déposer un recours devant la Cour constitutionnelle pour contester ces résultats.

    Martin Fayulu a fait cette annonce vendredi en milieu d’après-midi, face à une foule de militants rassemblés au siège du Mouvement de libération du Congo (MLC, le mouvement de Jean-Pierre Bemba, soutien de Fayulu) à Kinshasa. « Nous irons demain samedi à la Cour constitutionnelle » pour exiger « le recomptage des voix », a-t-il déclaré.

    « Il s’agit d’une requête en révision de la décision de la Commission électorale nationale indépendante », a confirmé à Jeune Afrique Me Albert Fabrice Puela, député de Matadi et l’un des bras droits de Martin Fayulu. « Notre candidat va attaquer la Ceni devant la Cour constitutionnelle pour irrégularité fragrante et altération de la vérité », a précisé Albert Fabrice Puela qui a participé à la rédaction du dossier de recours.

    Lamuka revendique 61% pour Fayulu

    La coalition Lamuka (Réveille toi, en lingala) revendique par ailleurs la victoire de Martin Fayulu à l’élection présidentielle du 30 décembre dernier. Selon les chiffres de Lamuka, ce dernier aurait recueilli 61 % des suffrages, contre 18,8 % pour Félix Tshisekedi et 18,8 % pour Emmanuel Ramazani Shadary.


    >>> À LIRE – Présidentielle en RDC : joie et contestations après l’élection de Félix Tshisekedi


    Dans la nuit du 9 au 10 janvier, Félix Tshisekedi a été déclaré vainqueur de la présidentielle par la Ceni, avec 38,57 % des suffrages exprimés. Des chiffres qui donnent Martin Fayulu en seconde position, avec 34,83 %, devant Emmanuel Ramazani Shadary (23,84 %).

    Martin Fayulu a par ailleurs appelé ses militants à l’accompagner lors du dépôt de son recours devant la Cour constitutionnelle. Suivant la législation congolaise, les candidats avaient deux jours à partir de la publication des résultats provisoires pour saisir les juges constitutionnels. « Pour se mettre à l’abri, notre requête va être déposée aujourd’hui même – si elle ne l’a pas déjà été, a poursuivi le député Puela. D’autant que la décision de la Ceni date du 9 janvier, mais elle a été publiée le 10 à 3 heures du matin. »

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  • Présidentielle en RDC : Martin Fayulu dénonce un ” hold-up électoral “

    Présidentielle en RDC : Martin Fayulu dénonce un ” hold-up électoral “

    Arrivé en seconde position, derrière Félix Tshisekedi, selon les résultats provisoires proclamés par la Ceni, Martin Fayulu ne reconnaît pas sa défaite. Il en appelle notamment à la Cenco et à la communauté internationale pour faire connaître « la vérité des urnes ».

    « Nous ne pouvons pas accepter, au bout de ce long chemin de croix, que la volonté de notre peuple ne soit pas respectée. Tous ensemble, disons « non » au mensonge de M. Nangaa. Non au tripatouillage électoral, et non au hold-up électoral ». Le ton est grave. Alors que les rues de Kinshasa résonnaient des cris de joie des partisans de Félix Tshisekedi, célébrant la victoire de leur candidat annoncée par la Ceni dans la nuit, Martin Fayulu a pris la parole devant la presse aux premières heures de la journée. Il a notamment affirmé vouloir « arracher des ennemis de la République le respect strict de la vérité des urnes ».

    Nous vous demandons de révéler au peuple congolais le nom de la personne qui a réellement incarné le choix de notre peuple

    Appel à la communauté internationale

    S’adressant « à ceux qui ont pris connaissance de la vérité des urnes », et en particulier à la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), le candidat de Lamuka (Réveille-toi, en lingala), a lancé un appel : « Nous vous demandons de révéler au peuple congolais et au monde entier le nom de la personne qui a réellement incarné le choix de notre peuple ». Il a également adressé un appel aux institutions internationales – Nations unies, Union africaine, Communauté de développement d’Afrique australe et Union européenne – à le soutenir dans sa démarche.


    >>> À LIRE – En direct – Présidentielle en RDC : après l’élection de Félix Tshisekedi, les réactions se multiplient


    Dans cette déclaration délivrée devant les journalistes présents à son QG de campagne dans les premières heures de la matinée, Martin Fayulu a martelé que « cette proclamation est le fruit des résultats trafiqués, inventés et fabriqués de toutes pièces dans les officines du FCC [Front commun pour le Congo, de Joseph Kabila, ndlr]. Il s’agit d’une escroquerie inacceptable de nature à provoquer des désordres généralisés sur l’ensemble du territoire national ».

    Arrivé en deuxième position de l’élection présidentielle avec 35,2% des voix, derrière Félix Tshisekedi, crédité de 38,57%, Martin Fayulu a attaqué ce dernier, l’accusant d’avoir négocié avec le parti de Joseph Kabila. « Vous connaissez les résultats, les pourcentages sont connus. Où est-ce que Monsieur Félix Tshisekedi a ramassé 7 millions de voix ? C’est grave, c’est extrêmement grave », a lancé le candidat soutenu notamment par le tandem Moïse Katumbi – Jean-Pierre Bemba. « Jusqu’où on va continuer à négocier les résultats ? », s’est-il interrogé.

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  • Présidentielle en RDC : joie et contestations après l’élection de Félix Tshisekedi

    Présidentielle en RDC : joie et contestations après l’élection de Félix Tshisekedi

    L’annonce des résultats provisoires de la présidentielle par la Commission électorale nationale (Ceni) a suscité de vives réactions. Félix Tshisekedi est élu président de la République démocratique du Congo. Martin Fayulu arrive deuxième, suivi de Emmanuel Ramazani Shadary. Retour sur les heures qui ont suivi cette proclamation.

    Tous les horaires sont donnés en heure de Kinshasa (GMT +1)

    · Félix Tshisekedi a été déclaré vainqueur de la présidentielle par la Ceni, avec  38,57% des suffrages exprimés. Martin Fayulu arrive deuxième, avec 34,83%, devant Emmanuel Ramazani Shadary (23,84%).

    · « Aujourd’hui, nous pouvons dire que la vérité des urnes a triomphé », a déclaré Félix Tshisekedi après l’annonce des résultats provisoires. Quant-à Joseph Kabila, il a déclaré qu’il convenait désormais de « ne plus le considérer comme un adversaire, mais plutôt comme un partenaire de l’alternance démocratique dans notre pays ».

    · Martin Fayulu conteste les résultats et n’exclut pas la possibilité de déposer un recours devant la Cour constitutionnelle.

    · La Cenco « prend acte des résultats de la Ceni mais note qu’ils ne correspondent pas aux données en possession de l’Église ».


    19 h 45 – La Majorité présidentielle félicite Félix Tshisekedi

    « La Majorité présidentielle saisit cette occasion pour féliciter Mr Félix Tshisekedi Tshilombo en sa qualité de président élu de la République démocratique du Congo », a déclaré dans un communiqué André-Alain Atundu Liongo, le porte-parole de la Majorité présidentielle (MP).

    « Au regard des tendances constantes à travers toutes les circonscriptions électorales relevées par notre centrale électorale, il est évident que la Majorité présidentielle gardera son statut de plus grand ensemble politique au sein de la prochaine Assemblée nationale et ce, avec une confortable majorité ».

    15 h 50 – Le FCC « prend acte » de la défaite d’Emmanuel Ramazani Shadary

    Jerome Delay/AP/SIPA

    « Le Front commun pour le Congo prend acte des résultats de ces élections », a-t-il annoncé dans un communiqué publié en milieu d’après-midi. Des résultats qui marquent, selon le parti de Joseph Kabila, « l’aboutissement d’un processus laborieux qui a déjoué tous les pronostics ».

    « Là où les ennemis de la paix nationale avaient prédit l’échec, la confusion et l’apocalypse, ce sont plutôt la sérénité et le calme qui ont été observés », assure le parti qui défendait la candidature d’Emmanuel Ramazani Shadary, dauphin du président sortant, dont le nom n’est cependant pas cité une seule fois dans le document.

    À l’inverse de Joseph Kabila, dont le FCC estime qu’il « a autant respecté la Constitution du pays, que permis à ce que ce troisième cycle électoral se déroule de manière démocratique, crédible et transparente et se tienne dans la paix », lit-on également dans ce communiqué.

    Le FCC conclut être « en train de réunir tous les éléments pour apprécier l’adéquation de ceux-ci avec les résultats proclamés par la Ceni et, le cas échéant, lui permettre d’envisager la saisine de la Cour constitutionnelle.

    14 h 20 – Cyril Ramaphosa « exhorte toutes les parties à s’abstenir de spéculer »

    Gianluigi Guercia/AP/SIPA

    Le président sud-africain « exhorte toutes les parties, régionales et internationales, à s’abstenir de spéculer et à permettre à la Ceni de mener à bien le processus », selon un communiqué de presse diffusé sur le site de la présidence sud-africaine.

    Là où le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a émis des doutes face aux résultats provisoires proclamés par la Ceni, Cyril Ramaphosa se montre plus prudent. Il « prend note des résultats provisoires » et « demande à la Ceni de finaliser rapidement le processus pour assurer la crédibilité de l’élection et maintenir la paix et la stabilité ».

    14 h 10 – Moussa Faki Mahamat (UA) enjoint à « préserver la paix dans le pays »

    Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA

    Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a « pris connaissance des résultats provisoires de l’élection présidentielle » en RDC, selon un communiqué de l’institution.

    Adressant ses « ses félicitations au peuple, aux acteurs politiques, à la société civile et aux institutions compétentes (…) pour la tenue des élections dans des conditions jugées satisfaisantes par la mission d’observation électorale de l’Union africaine dirigée par le Président Dioncounda Traoré », Moussa Faki Mahamat enjoint les acteurs du processus électoral à « agir de façon à consolider la démocratie et à préserver la paix dans le pays. »

    Et d’ajouter : « Il est important que toute contestation des résultats proclamés, notamment celle portant sur leur non conformité avec la vérité des urnes, se fasse pacifiquement, par le recours aux procédures prévues par les textes en vigueur et le dialogue politique entre toutes les parties prenantes. »

    13 h 25 – Pour la Conférence épiscopale « les résultats ne correspondent pas aux données de l’Église »

    La Cenco « prend acte de la publication des résultats provisoires de l’élection présidentielle qui, pour la première fois dans l’histoire récente du pays, ouvrent la voie à l’alternance », a déclaré Donatien Nshole, secrétaire général de l’organisation. « Cependant, nous constatons que les résultats de la Ceni ne correspondent pas aux donnés en possession de l’Église ».

    Il s’est cependant refusé à livrer le nom du vainqueur selon ces chiffres qu’il avait déjà évoqués lors d’une conférence de presse le 3 janvier, en appelant la Ceni à respecter le vote des Congolais. « Il n’appartient pas à l’Église de dévoiler ce nom, car ce n’est pas dans ses missions », a-t-il ajouté, lançant un appel à « la maturité civique » et plaidant pour « éviter tout recours à la violence ».

    Donatien Nshole a également exhorté différentes parties « à user des moyens de droit conformément à la Constitution et à la loi électorale » en cas de contestation des résultats.

    13 h 15 – Le Front commun pour le Congo (FCC)  s’exprimera à 15 heures

    Le FCC s’exprimera par la voix de Banabé Kikaya Bin Karubi, un des porte parole de d’Emmanuel Ramazani Shadary. Le dauphin de Joseph Kabila est arrivé troisième, avec 4 357 359 voix (23,84%).

    13 h 10 – Jean-Pierre Bemba : ces résultats sont une « fabrication »

    JEROME DELAY/AP/SIPA

    « Ce qui est sorti ne reflète pas la vérité des urnes. C’est une fabrication. Martin Fayulu a fait une déclaration qui reflète ce que nous pensons tous », à confié à Jeune Afrique Jean-Pierre Bemba, leader du Mouvement de libération du Congo (MLC) et membre de l’alliance Lamuka (« Réveille-toi », en lingala). « Certains centres de compilation, à l’intérieur du pays, n’ont même pas commencé leur travail. Cela prouve que ces chiffres ont été tirés d’on ne sait où. Ce qui s’est passé est monstrueux », a-t-il insisté.

    Après l’invalidation de sa candidature le 3 septembre 2018, Jean-Pierre Bemab a apporté son soutien à la candidature de Martin Fayulu, aux côtés notamment de Moïse Katumbi. Pour lui, « les Congolais et la communauté internationale vont vite se rendre compte que Félix Tshisekedi n’est qu’une marionnette ».

    11 h 30 – Le pouvoir « prend acte » du résultat

    Vincent Fournier/JA

    « Nous sommes déçus par le mauvais score qui nous est attribué, mais nous prenons acte de la proclamation provisoire qui a été faite par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Nous verrons le cas échéant, comment introduire des recours par des voies légales », a déclaré Lambert Mende, porte-parole du Front commun pour le Congo (FCC, coalition au pouvoir) qui soutient le candidat Emmanuel Ramazani Shadary.

    11 h 10 – La conférence des évêques

    Tous les regards sont désormais tournés vers la Cenco, qui tiendra une conférence de presse à 12h30. Le 3 janvier, une semaine avant la publication des résultats, l’abbé Donatien Nshole, son secrétaire général, avait affirmé que « les données en sa possession consacrent le choix d’un candidat comme président de la République ».

    La Ceni « est appelée en tant qu’institution d’appui à la démocratie, de publier, en toute responsabilité, les résultats des élections dans le respect de la vérité et de la justice », avait-il ajouté, avant d’appeler le peuple congolais à « demeurer vigilant pour l’aboutissement heureux du processus ».


    >>> À LIRE – Élections en RDC : la Conférence épiscopale dit posséder le nom du vainqueur


    10 h 30 – L’appel au calme de l’ONU

    Dans un tweet, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres « prend note de l’annonce faite par la Ceni. (…) Il félicite le peuple congolais et réitère l’appui et l’engagement continus de l’ONU à la paix et la stabilité en RDC. »

    Son porte-parole, Stéphane Dujarric, a déclaré depuis New York : « Le secrétaire général appelle toutes les parties prenantes à s’abstenir d’actes violents et à régler tout contentieux électoral par les mécanismes institutionnels établis conformément à la Constitution de la République démocratique du Congo et aux lois électorales pertinentes ».

    « Il exprime le vœu que la Ceni, la Cour constitutionnelle, le Gouvernement, les partis politiques et la société civile s’élèveront chacun à la hauteur de leur responsabilité dans le maintien de la stabilité et des pratiques démocratiques en République démocratique du Congo. »

     7 h 20 – Jean-Yves Le Drian émet des doutes sur les résultats de la Ceni

    « Les élections se sont déroulées à peu près dans le calme, ce qui est une bonne chose, mais il semble bien que les résultats proclamés (…) ne soient pas conformes aux résultats que l’on a pu constater ici ou là, parce que la conférence épiscopale du Congo a fait des vérifications et annoncé des résultats qui étaient totalement différents », a déclaré Jean-Yves Le Drian sur CNews.

    « Je pense qu’il faut qu’on garde son calme, qu’on évite les affrontements et puis que la clarté soit faite sur ces résultats qui sont inverses à ce que l’on imaginait », a poursuivi Jean-Yves Le Drian. La France, a-t-il ajouté, a saisi le Conseil de sécurité des Nations unies en fin de semaine dernière « pour que les résultats constatés soient les résultats réels ».

    « Monsieur Fayulu était a priori le leader sortant de ces élections », a-t-il ajouté.

    7 h – Martin Fayulu conteste les résultats

    Jerome Delay/AP/SIPA

    Une escroquerie inacceptable de nature à provoquer des désordres généralisés

    « Vous savez que cette proclamation est le fruit des résultats trafiqués, inventés et fabriqués de toute pièce dans les officines du FCC [ Front commun pour le Congo …. de Joseph Kabila ]. Il s’agit d’une escroquerie inacceptable de nature à provoquer des désordres généralisés sur l’ensemble du territoire national », a lancé le candidat de la coalition Lamuka.


    >>> À LIRE – Présidentielle en RDC : Martin Fayulu dénonce un « hold-up électoral »


    Le candidat , qui n’exclut pas la possibilité de déposer un recours devant la Cour constitutionnelle, a demandé à l’influente conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) et à l’Eglise du Christ au Congo (ECC) de « révéler » le nom de celui qui a « réellement incarné » le choix des urnes.

    4 h – Félix Tshisekedi : « Je serai le président de tous les Congolais »

    REUTERS/Olivia Acland

    Aujourd’hui, nous pouvons dire que la vérité des urnes a triomphé

    « Je sais que pour beaucoup d’entre nous, c’est difficile à accepter. Mais je le dis, je rends hommage au président Joseph Kabila », a lancé Félix Thsisekedi à ses partisans, rassemblés à son QG de campagne, dans les minutes qui ont suivi la proclamation des résultats provisoires. « Aujourd’hui, nous ne devons plus le considérer comme un adversaire, mais plutôt comme un partenaire de l’alternance démocratique dans notre pays. »

    « Tout le monde pensait que l’on allait arriver à l’affrontement, à l’effusion de sang. Personne ne pouvait imaginer un tel scénario, et surtout un scénario au cours duquel un candidat de l’opposition allait sortir victorieux », a-t-il ajouté, saluant la Ceni, et en particulier son président, Corneille Nangaa. « Malgré les critiques et malgré les menaces, [il] est allé au bout de sa logique. »

    « Aujourd’hui, nous pouvons dire que la vérité des urnes a triomphé », a-t-il martelé, en réponse à la polémique déclenchée par la Cenco qui, une semaine avant la publication des résultats, avait affirmé que « les données en sa possession consacrent le choix d’un candidat comme président de la République » et enjoint à la Ceni de respecter « la vérité et la justice ».

    S’adressant aux « deux grands candidats », Martin Fayulu et Emmanuel Ramazani Shadary, le président élu, selon les résultats provisoires, a lancé : « Je sais qu’ils sont traversés par la déception et l’amertume. Je voudrais les rassurer pour leur dire que cette victoire est aussi la leur. »

    Et d’ajouter : « Je serai le président de tous les Congolais. (…) Je ne serai pas le président d’une organisation politique, le CACH, je ne serai pas le président d’un parti politique, l’UDPS, d’une tribu, la tribu des Loubas. »

    3 h  – Félix Tshisekedi déclaré vainqueur par la Ceni

    Jerome Delay/AP/SIPA

    À la surprise générale et au terme d’un long suspense, Félix Tshisekedi a été déclaré vainqueur de la présidentielle du 30 décembre en RDC. Le leader de l’UDPS, parti de son père – l’opposant historique Étienne Tshisekedi – a enregistré 38,57% des suffrages exprimés, selon les chiffres de la Ceni. Martin Fayulu arrive en deuxième position avec 34,83%, devant Emmanuel Ramazani Shadary, troisième, avec 23,84%.

    Corneille Nangaa, le président de la Ceni, a déclaré que le taux de participation était de 47,56%.  Sur près de 40 millions d’électeurs congolais attendus, 18 329 318 ont pu voter le 30 décembre dernier. 

    Ces résultats provisoires, qui pourront faire l’objet de recours devant la Cour constitutionnelle, ont été rendus publics à 3 heures du matin, au terme d’une longue journée et d’une nuit d’attente.


    >>> À LIRE – Présidentielle en RDC : Félix, l’autre Tshisekedi


    Dès l’annonce des résultats, des partisans de Félix Tshisekedi ont manifesté leur joie dans les rues de les rues de Kinshasa et devant le quartier général de l’UDPS.

     

    Reuters

     

     

     

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  • RDC : le ministre français des Affaires étrangères estime les résultats ” non conformes “

    RDC : le ministre français des Affaires étrangères estime les résultats ” non conformes “

    Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, a déclaré dans la matinée que les résultats des élections en République Démocratique du Congo (RDC) ne semblent pas « conformes aux résultats que l’on a pu constater ici ou là ».

    « Les élections se sont déroulées à peu près dans le calme, ce qui est une bonne chose, mais il semble bien que les résultats proclamés (…) ne soient pas conformes aux résultats que l’on a pu constater ici ou là, parce que la conférence épiscopale du Congo a fait des vérifications et annoncé des résultats qui étaient totalement différents », a déclaré Jean-Yves Le Drian sur CNews.

    « Monsieur Fayulu était a priori le leader sortant de ces élections », a-t-il ajouté.

    La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi que Félix Tshisekedi a été élu président de la République démocratique du Congo (RDC), au scrutin présidentiel qui avait lieu le 30 décembre en RDC. Martin Fayulu arrive deuxième, devant Emmanuel Ramazani Shadary.

    « Je pense qu’il faut qu’on garde son calme, qu’on évite les affrontements et puis que la clarté soit faite sur ces résultats qui sont inverses à ce que l’on imaginait », a poursuivi Jean-Yves Le Drian.

    La France, a-t-il ajouté, a saisi le Conseil de sécurité des Nations unies en fin de semaine dernière « pour que les résultats constatés soient les résultats réels ».

     

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  • RDC : Félix Tshisekedi élu président, selon les résultats provisoires

    RDC : Félix Tshisekedi élu président, selon les résultats provisoires

    Félix Tshisekedi a été élu président de la République démocratique du Congo (RDC), selon la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Martin Fayulu arrive deuxième, devant Emmanuel Ramazani Shadary.

    Félix Tshisekedi succède à Joseph Kabila. Après plusieurs jours d’un intense suspense, marqué par de multiples rumeurs, c’est à 3 heures du matin, ce jeudi 10 janvier, que la Ceni a proclamé les résultats provisoires de l’élection présidentielle du 30 décembre.

    Félix Tshisekedi est élu président avec 7 051 013 voix, soit 38,57% des suffrages exprimés, selon les chiffres de la Ceni. Martin Fayulu arrive en deuxième position avec 6 366 732 voix (34,83%), devant Emmanuel Ramazani Shadary, troisième, avec 4 357 359 voix (23,84%).

    Le taux de participation s’élève à 47,56%, a précisé Corneille Nangaa, le président de la Commission électorale. Sur près de 40 millions d’électeurs congolais attendus, 18 329 318 ont pu voter le 30 décembre dernier. 


    >>> A LIRE – Présidentielle en RDC – Félix Tshisekedi : « Le régime Kabila a toujours eu peur »


    Ces résultats provisoires, qui pourront faire l’objet de recours devant la Cour constitutionnelle, ont été rendus publics à 3 heures du matin, au terme d’une longue journée et d’une nuit d’attente.

    Une longue nuit d’attente

    Jerome Delay/AP/SIPA

    La Ceni avait en effet convoqué la presse à 15 heures, mercredi, avant d’annoncer, en fin d’après-midi, une proclamation des résultats pour 23 heures. C’est finalement un peu avant 1 heure du matin que Corneille Nangaa a fait son entrée dans la salle, accompagné des rapporteurs de la Commission.

    Avant d’annoncer les résultats, les rapporteurs de la Ceni se sont succédé au micro pour lire les résultats des élections provinciales dans 23 des 26 provinces du pays.

    Un choix qui a provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes exprimant leur surprise, leur impatience, voire leur colère. « D’où vient que la Ceni proclame les résultats de l’élection alors que ce n’est pas prévu sur son propre calendrier réaménagé ? », s’est notamment interrogé La Lucha sur son compte Twitter.


    >>> À LIRE – Présidentielle en RDC : entre suspense insoutenable et tractations de dernière minute


    Suspense et impatience

    Auparavant, la journée de mercredi avait été notamment marquée par le coup d’éclat de la secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC), Eve Bazaiba, déléguée et porte-parole de Lamuka (Réveille-toi ! en lingala), la coalition soutenant Martin Fayulu.

    Celle-ci a claqué la porte de la Ceni. « La population congolaise s’est déjà choisie son président de la République que tout le monde connaît », a-t-elle déclaré. « Kabila n’a pas à dire : je veux telle personne, je ne veux pas de telle [autre]. Ce n’est pas sa résidence privée ni une affaire de famille : c’est une affaire d’État. »

    Avant la proclamation des résultats par la Ceni, la Conférence épiscopale (Cenco) avait pour sa part réitéré son appel contre la fraude, dans un communiqué commun avec les  protestants de l’Église du Christ du Congo (ECC) et les ONG de la Symocel. « La nation attend la fête à la publication du nom du président élu et non la désolation, encore moins les violences »,  ont notamment mis en garde les représentants des deux principales confessions religieuses du pays et l’ONG.

    La proclamation de ces résultats revêt un caractère historique pour le pays, après le retrait du président Joseph Kabila qui, après avoir longtemps laissé planer le doute, avait finalement annoncé qu’il respecterait la Constitution et ne briguerait pas de troisième mandat. Ses prédécesseurs, dont son père Laurent-Désiré Kabila, assassiné par un garde du corps le 16 janvier 2001, avaient tous été renversés par la force.

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  • Présidentielle en RDC : entre suspense insoutenable et tractations de dernière minute

    Présidentielle en RDC : entre suspense insoutenable et tractations de dernière minute

    Qui d’Emmanuel Ramazani, Félix Tshisekedi ou Martin Fayulu l’a emporté ? La tension est montée d’un cran mardi soir, neuf jours après la tenue de la présidentielle. Le suspense est total, alors que d’ultimes tractations sont en cours.

    « Le pays se retrouve aujourd’hui comme un véhicule sur un cric. Au moindre faux mouvement, il peut basculer dans un sens comme dans l’autre. » Puisée dans le vocabulaire automobile, la métaphore de ce quado kinois, entendez réparateur de pneus, illustre bien le climat d’incertitude qui prévaut en RDC dans l’attente de la publication des résultats. « Qu’adviendra-t-il après l’annonce des résultats provisoires de la présidentielle du 30 décembre dernier ? » s’interroge, visiblement inquiet, le quadragénaire. Ce père de famille, qui se définit comme un « débrouillard survivant au jour le jour », n’est pas le seul à redouter la publication du verdict des urnes.

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  • RDC : la Ceni promet les résultats provisoires de la présidentielle dans ” 24 à 48h “

    RDC : la Ceni promet les résultats provisoires de la présidentielle dans ” 24 à 48h “

    Les résultats provisoires de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo pourraient être annoncés d’ici « 24 à 48 heures », a indiqué mardi soir la Commission électorale, après avoir annoncé le début de ses délibérations.

    « C’est un travail colossal qui ne peut pas se terminer en quelques heures », a déclaré le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) Corneille Nangaa.

    « La Ceni compte consacrer entre 24 et 48 heures à ce travail. C’est à l’issue de ce délai que la Ceni va programmer la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle », a-t-il ajouté.

    La Ceni en plénière

    « L’assemblée plénière de la Ceni a entamé, ce mardi 8 janvier 2019 depuis 19h00, une série de plénières d’évaluations et de délibérations à l’issue desquelles elle procédera à la publication des résultats provisoires de l’élection présidentielle », avait indiqué la Ceni dans un Tweet à 20h42 (19h42 GMT).

    La circulation sur le boulevard du 30-Juin devant le siège de la Ceni a été bloquée par des policiers armés mardi soir après cette annonce, a constaté un témoin sur place.


    >>> À LIRE – Présidentielle en RDC : Katumbi répond au camp Kabila sur le vote des Congolais en milieu rural


    Dans l’après-midi, des habitants de la capitale ont pris d’assaut plus tôt que d’habitude les transports collectifs sur la foi de la rumeur d’une proclamation imminente des résultats provisoires.

    La Ceni avait renvoyé dimanche sine die l’annonce des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 30 décembre qui doit désigner le successeur du président Joseph Kabila.

    « La vérité des urnes »

    Trois principaux candidats sont en lice, le dauphin et candidat du pouvoir, l’ex-ministre de l’Intérieur sous sanctions de l’Union européenne Emmanuel Ramazani Shadary, et les deux opposants Martin Fayulu et Félix Tshisekedi.

    De nombreuses voix ont demandé à la Ceni de proclamer « la vérité des urnes », comme la Conférence épiscopale qui affirme depuis plusieurs jours connaître le vainqueur.

    Mardi, Martin Fayulu a lancé sa propre mise en garde: « Les résultats électoraux ne se négocient point ». Comme la Conférence épiscopale, il affirme que « le peuple congolais connaît déjà le résultat » et « le véritable vainqueur de l’élection présidentielle ».


    >>> À LIRE – Élections en RDC : la Conférence épiscopale dit posséder le nom du vainqueur


    L’UDPS de l’opposant Félix Tshisekedi a aussi mis en garde « la Ceni contre toute conspiration qui modifierait l’expression de la volonté du souveraine primaire ».

    La principale dénomination protestante, Eglise du Christ du Congo, a demandé à la Ceni de tenir « ses promesses, faites devant Dieu et devant la nation, d’offrir à la nation la vérité et rien que la vérité des urnes ».

    Félix Tshisekedi « pressenti gagnant » par l’UDPS

    Le chemin vers la vérité passe par les 179 Centres locaux de compilation des résultats (CLCR) où sont traités les résultats des bureaux de vote, avant de remonter à la Ceni. « Dans 92% des CLRC, les résultats compilés des procès-verbaux de dépouillement n’ont pas été affichés à l’extérieur », a relevé l’ONG d’observation électorale Symocel.

    La journée a été marquée par la main tendue de l’UDPS au président sortant Joseph Kabila. Son secrétaire général, Jean-Marc Kabund, n’a pas démenti des « rumeurs faisant état d’un rapprochement entre le président sortant » et Félix Tshisekedi, le candidat de l’UDPS.

    Jean-Marc Kabund a déclaré que Félix Tshisekedi était « pressenti gagnant » de l’élection présidentielle. M. Tshisekedi et le président sortant Joseph Kabila ont donc « intérêt » à se rencontrer, « pour préparer la passation pacifique et civilisée du pouvoir », a-t-il ajouté.

    Félix Tshisekedi avait lui-même estimé que le président Kabila pourrait « vivre tranquillement dans son pays, vaquer à ses occupations » s’il quittait le pouvoir.

    « Un jour nous devrons même songer à lui rendre hommage pour avoir accepté de se retirer. Pourquoi, compte tenu de son expérience, ne pas lui confier des tâches diplomatiques spéciales, faire de lui un ambassadeur extraordinaire du Congo ? », avait-il dit au journal belge Le Soir.

    Cet entretien avait relancé la machine à rumeurs sur de possibles négociations entre l’UDPS et le pouvoir pour faire barrage à l’autre candidat de l’opposition, Martin Fayulu.

    Très confiant en sa victoire, M. Fayulu est soutenu par l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, considéré comme un « Judas » par le président Kabila, et l’ex-chef de guerre et ex-vice-président, Jean-Pierre Bemba.

    Mardi, un porte-parole de la Majorité pro-Kabila, Alain Atundu, a eu des mots très durs envers la coalition politique Lamuka formée autour de Martin Fayulu, sans jamais attaqué Félix Tshisekedi.

    Au pouvoir depuis 18 ans, le président Kabila a renoncé a briguer un troisième mandat, interdit par la Constitution. Des élections législatives et provinciales ont également eu lieu le 30 décembre

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