-Plus d’un mois aprĂšs son investiture, le nouveau prĂ©sident congolais ne parvient pas Ă former un gouvernement en RDC, en raison de la volontĂ© de la majoritĂ© parlementaire contrĂŽlĂ©e par l’ancien prĂ©sident Joseph Kabila de garder la mainmise sur le pouvoir.
Dans une dĂ©claration faite en Namibie en marge d’une visite, le prĂ©sident FĂ©lix Tshisekedi avait annoncĂ© qu’il nommerait un informateur, c’est-Ă -dire une personnalitĂ© chargĂ©e d’identifier le groupe majoritaire Ă l’AssemblĂ©e nationale, en vue de dĂ©signer en son sein le Premier ministre chargĂ© de former le gouvernement.
Or les pro-Tshisekedi et les pro-Kabila ne s’accordent pas sur la nĂ©cessitĂ© de nommer cet “informateur”, une pratique constitutionnelle hĂ©ritĂ©e de la Belgique, ancienne puissance coloniale. Joseph Kabila avait usĂ© de ce procĂ©dĂ© lors les Ă©lections de 2011.
Le Front commun pour le Congo (FCC), la coalition des pro-Kabila revendique 342 dĂ©putĂ©s nationaux sur 485 au sein de l’AssemblĂ©e nationale issue des Ă©lections du 30 dĂ©cembre qui ont donnĂ© FĂ©lix Tshisekedi vainqueur de la prĂ©sidentielle.
Les Ă©vĂȘques de la ConfĂ©rence Ă©piscopale nationale du Congo (Cenco) lors d’un point de presse Ă Kinshasa, 11 janvier 2017. (Top Congo/VOA)
Tshisekedi, qui ne dispose que d’une cinquantaine de dĂ©putĂ©s Ă l’AssemblĂ©e nationale, avait prĂ©venu dans une dĂ©claration qu’il n’accepterait pas d’ĂȘtre “un prĂ©sident qui rĂšgne mais qui ne gouverne pas”.
“La majoritĂ© est dĂ©jĂ constituĂ©e autour de notre autoritĂ© morale Joseph Kabila. La Constitution est sans Ă©quivoque: lorsque une telle majoritĂ© existe, inutile de nommer un informateur, on procĂšde directement Ă la dĂ©signation du formateur qui deviendra Premier ministre”, a dĂ©clarĂ© Ă l’AFP Me CĂ©lestin Tunda, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral adjoint du Parti du peuple pour la reconstruction et la dĂ©mocratie (PPRD), de l’ancien prĂ©sident.
L’Union pour la dĂ©mocratie et le progrĂšs social (UDPS, parti historique d’opposition) de M. Tshisekedi n’est pas de cet avis.
“C’est un faux dĂ©bat entretenu par nos partenaires du FCC. Ils ont juste une crainte de voir l’informateur se transformer en Premier ministre”, estime Peter Kazadi, l’un des responsables de l’UDPS.
– ‘Rompre avec les antivaleurs’ –
A l’Union pour la nation congolaise (UNC), le parti de Vital Kamerhe, directeur de cabinet de Tshisekedi, Me Jean-Baudouin Mayo estime que “les 342 dĂ©putĂ©s revendiquĂ©s par le FCC n’Ă©taient pas partis aux Ă©lections sous les couleurs du FCC, mais dans des regroupements politiques qu’il faut identifier”.
Le président Félix Tshisekedi arrive à la présentation du programme de ses 100 premiers jours, à Kinshasa, RDC, 2 mars 2019. (Twitter/Présidence RDC)
“Toutefois, Ă travers les concertations engagĂ©es par la coalition Cap pour le changement (Cach, pro-Tshisekedi) et le FCC, il y a lieu d’attendre encore quelques semaines avant la nomination du Premier ministre”, a-t-il ajoutĂ©.
En 2011, alors que la majoritĂ© s’Ă©tait constituĂ©e autour du prĂ©sident Kabila aprĂšs sa réélection contestĂ©e, l’ancien chef de lâĂtat avait dĂ©signĂ© un informateur qui s’Ă©tait chargĂ© d’identifier la majoritĂ© avant la nomination d’un Premier ministre.
“Il faut respecter la logique constitutionnelle”, estime le constitutionnaliste Jacques Djoli, dĂ©putĂ© du parti d’opposition Mouvement de libĂ©ration du Congo (MLC) : “Rien n’interdit au prĂ©sident de la RĂ©publique de dĂ©signer un informateur”.
En plus de “l’identification de la majoritĂ© arithmĂ©tique” au sein de l’AssemblĂ©e nationale, l’informateur pourrait avoir aussi pour mission de “proposer au prĂ©sident l’Ă©bauche d’un programme commun de gouvernement”, explique le professeur Djoli.
SecrĂ©taire dâEtat adjoint ya Etats-Unis mpo na mambi ya Afrika, Tibor Nagy, na Addis Abeba, Ethiopie, 30 novembre 2018.
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SecrĂ©taire dâEtat adjoint ya Etats-Unis akokoma na RDC le 13 mars
Aujourd’hui, les partisans de M. Kabila, explique Me Tunda, considĂšrent que “le dialogue engagĂ©” avec M. Tshisekedi est “la seule voie pour raffermir la volontĂ© de mettre en place une coalition gouvernementale, ce qui suppose dĂšs le dĂ©part, une identitĂ© de vues sur les grandes questions”.
A l’absence d’un gouvernement, M. Tshisekedi, investi le 24 janvier, a prĂ©sentĂ© samedi un programme d’urgence pour ses 100 premiers jours Ă la tĂȘte du pays. Le nouveau prĂ©sident continue Ă travailler avec les membres du gouvernement nommĂ© par M. Kabila.
A travers la dĂ©signation de l’informateur (par Tshisekedi) ou du formateur (par les pro-Kabila), on saura clairement qui de Tshisekedi ou de Kabila tiendra les rĂȘnes du pouvoir, estime le professeur Jacques Djoli.
Lundi, les Ă©vĂȘques catholiques ont invitĂ© le prĂ©sident Tshisekedi Ă “rompre radicalement avec les antivaleurs” des rĂ©gimes prĂ©cĂ©dents en assurant une bonne gouvernance et un Ătat de droit, allusion faite au pouvoir de M. Kabila.
Avec VOA