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  • France-Afrique : un an après sa création, il reste encore ” beaucoup de travail ” au CPA d’Emmanuel Macron

    France-Afrique : un an après sa création, il reste encore ” beaucoup de travail ” au CPA d’Emmanuel Macron

    Le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) d’Emmanuel Macron a célébré vendredi 30 novembre son premier anniversaire à Paris. Au menu : discours, tables rondes et débats sur la “nouvelle relation” que le président français entend tisser avec les pays africains.

    Jules-Armand Aniambossou le reconnaît lui-même : « Nous ne sommes pas des pros de la communication ». Lassé que le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) soit régulièrement qualifié par la presse de « coquille vide », de « cénacle de courtisans » ou de « satellites de Jupiter », son coordinateur et ses membres avaient mis les petits plats dans les grands pour célébrer la première année d’existence de cette institution inédite, sorte de think tank dédié à la politique africaine d’Emmanuel Macron.

    Un an après une première conférence de presse de présentation intimiste dans les sous-sols d’un hôtel parisien, début décembre 2017, le CPA dressait ce vendredi 20 novembre un premier bilan de son action dans les locaux de l’Agence française de développement (AFD), à Paris. Avec les animateurs de RFI Claudy Siar et Juan Gomez en chefs d’orchestre, discours, tables-rondes et débats se sont succédés sur la « nouvelle relation » qu’Emmanuel Macron souhaite nouer avec les pays africains.

    Parmi les personnalités externes au CPA, Rémy Rioux, directeur général de l’AFD, Sira Sylla et Hervé Berville, députés de la République en marche (LREM), ou encore Pierre de Gaétan Njikam, adjoint au maire de Bordeaux Alain Juppé.

    Interpellations « sans filtres »

    Dans la salle, des jeunes français et africains, qui n’ont pas hésité à interpeller les différents intervenants sur des sujets aussi diverses que l’attribution de visas aux Africains désireux de se rendre en France, la récente hausse des frais d’inscription pour les étudiants étrangers dans les universités françaises, ou encore l’avenir du partenariat entre Paris et les pays africains. Le tout « sans filtres » ou presque, comme le souhaitaient les organisateurs.

    Au centre de discussions parfois animées, les différents engagements pris par Emmanuel Macron dans son discours à l’université de Ouagadougou, le 29 novembre 2017, dont la plupart ont été recommandés par les membres du CPA. Jules-Armand Aniambossou, camarade de promotion de Macron à l’ENA, a ainsi insisté sur le fait que plusieurs d’entre eux étaient en train de se réaliser, comme la restitution d’œuvres africaines à leur pays d’origine ou la saison des cultures africaines en France en 2020.

    Comme l’a assuré Elisabeth Gomis, journaliste et réalisatrice membre du CPA, ses neuf membres bénévoles, tous issus de la société civile, n’hésitent pas à parler « cash » au président pour tenter d’orienter ses décisions. Objectif : en finir avec les travers de la « Françafrique » et donner un nouveau visage aux relations tumultueuses entre la France et les pays du continent. Désormais doté d’un secrétariat permanent et de locaux au siège de l’AFD, le CPA a encore, de l’aveu même d’Elisabeth Gomis, « beaucoup de travail » à fournir pour y parvenir.

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  • [Tribune] Kiswahili, anglais, français, lingala… Do you speak rwandais ?

    [Tribune] Kiswahili, anglais, français, lingala… Do you speak rwandais ?

    Alors que l’une de ses éminentes ressortissantes vient de prendre la tête de la Francophonie, la question lui est posée sans relâche : le Rwanda est-il anglophone ou francophone ? Et s’il n’était ni l’un ni l’autre, et bien plus à la fois ?

    À l’occasion de la campagne menée par Louise Mushikiwabo, l’ancienne ministre rwandaise des Affaires étrangères, pour conquérir avec succès le secrétariat général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), que n’a-t-on lu, chez ses détracteurs, sur le rapport aux langues qu’entretiendraient les Rwandais !

    Au hit-parade des principaux lieux communs, l’idée que notre pays, jadis « francophone », aurait basculé vers la langue de Shakespeare. La réalité est bien plus complexe et nécessite de revenir sur la relation peu commune que les Rwandais, marqués par une longue histoire d’exil, entretiennent avec les langues étrangères.


    >>> À LIRE – Francophonie : au Rwanda, le français marginalisé mais toujours là


    Ne pas être pris pour un « muzungu »

    Chacun le sait à Kigali : si votre voiture montre des signes de fatigue, mieux vaut parler couramment le luganda, un idiome ougandais. Mécaniciens et bricoleurs, vendeurs de marques d’origine ou factices, tous sévissent à Nyabugogo, dans la banlieue de la capitale, et parlent le luganda. Les prix variant selon qu’on est initié ou pas, s’exprimer dans cette langue est un atout, au risque d’être pris pour un « muzungu » : touriste, pigeon, bon pour l’arnaque…

    Par contre, Chez Zozo, le soir, à Gisimenti, il est préférable de s’exprimer en lingala pour déguster du foufou au makayabu (poisson salé, 100 % congolais), qu’on mange en regardant un orchestre – congolais également – se produire sur une petite scène improvisée, égrenant les tubes les plus populaires du moment à Kinshasa. Idem à « Nganda na biso » (« Notre bistro », en lingala), alias Chez Mère Josée.

    « Nyamijos », comme on le surnomme, évolue à son propre rythme, et la politique, ici, n’intéresse pas plus que ça

    À Nyamirambo, ce quartier musulman un peu en marge du développement fulgurant du reste de la capitale, on parle le kiswahili. « Nyamijos », comme on le surnomme, évolue à son propre rythme et la politique, ici, n’intéresse pas plus que ça. On y porte généralement la djellaba, on y parle business et football – aussi bien des performances des clubs européens en Champions League que du match qui s’est déroulé au vieux stade, qui porte le même nom que la commune, entre Rayon Sport et APR, les deux clubs rivaux de la capitale.

    On y fait du petit commerce, on y prie cinq fois par jour et on y boit du thé agrémenté de beignets sucrés.

    Les Kigalois optent pour le « kinyafranglais »

    C’est quand on veut manger européen que les choses se compliquent. Poivre Noir, un petit restaurant familial, propose des menus en français. Le couple qui tient l’établissement va, certes, vous répondre en anglais mais avec un accent à vous couper l’appétit. Quant à Republika, un restaurant afro-jazz, les propriétaires y parlent l’anglais et le kiswahili mais sont prêts à faire un petit effort en français pour les clients fidèles. Inutile de chercher à comprendre, surtout après quelques verres…

    Le « kinyafranglais » est un ragoût maison mêlant les trois langues principales du pays, assaisonné d’une pincée de kiswahili

    Si les Rwandais francophones ont appris l’anglais avec facilité, leurs compatriotes anglophones, eux, ont éprouvé plus de mal à faire l’inverse – sauf quand leurs parents avaient les moyens d’envoyer leur progéniture dans des écoles privées qui font cours à parité dans les deux langues.


    >>> À LIRE – Francophonie : où parle-t-on le plus français en Afrique ?


    Assommés par tant de variantes linguistiques, les Kigalois, quand ils veulent décompresser, le soir, autour d’une bière, optent pour le « kinyafranglais » : un ragoût maison mêlant les trois langues principales du pays, assaisonné d’une pincée de kiswahili. S’il fut un temps où le luganda passait pour une langue prisée au sommet du pouvoir – puisque la plupart des généraux ayant libéré le pays en 1994 avaient évolué auparavant en Ouganda – et le lingala pour la langue des ambianceurs – pour des raisons connues de toute l’Afrique -, ces deux idiomes ont fini par être vus comme plutôt ringards, à mesure que le kinyarwanda prenait son essor.

    Par ailleurs, la seule retombée positive que nous ayons reçue de notre voisin burundais depuis le début de la crise politique, en 2015, consiste en un afflux de jeunes gens éduqués dans un bien meilleur français que celui que nous pratiquons nous-mêmes. Musiciens, artistes ou activistes, ils ont, pour ainsi dire, décoincé Kigali, à l’instar de Davy-Carmel Ingabire et Novella Nikwigize, deux animateurs burundais devenus des stars à la télévision rwandaise. Sans parler du journaliste Innocent Muhozi et de son équipe de Radio-Télé Renaissance, qui émet, en exil, depuis Kigali…

    Face à ce buffet « all inclusive », les jeunes Rwandais passent donc leur adolescence à emprunter de multiples accents

    Pas d’accent dans les hautes sphères

    Face à ce buffet « all inclusive », les jeunes Rwandais passent donc leur adolescence à emprunter de multiples accents, avant d’en adopter un – au choix : ghetto-rap ou celui des Community Colleges américains, où la plupart d’entre eux étudient. Des accents qu’ils perdront aussitôt lorsqu’ils seront appelés à assumer des fonctions publiques.

    Dans les hautes sphères, il est en effet mal vu de prendre plaisir à pratiquer une langue étrangère, n’en déplaise aux règles de l’hospitalité. C’est pourquoi nous avons tous gardé au frais une barquette de kinyarwanda, au cas où notre nom viendrait à être publié, un mercredi, dans le communiqué du Conseil des ministres.

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