Tag: tshisekedi
-
Incertitudes sur le rapatriement de la dépouille d’Etienne Tshisekedi à Kinshasa
-Aucune date officielle n’est avancée pour le retour dans la capitale de la RDC du corps de l’opposant historique congolais décédé à Bruxelles le 1er décembre dernier de suite d’une embolie pulmonaire. Une divergence persiste entre le pouvoir et l’opposition. Cette dernière exige qu’un Premier ministre soit d’abord nommé selon l’accord du 31 décembre pour que des obsèques soient organisées en mémoire de M. Etienne Tshisekedi.
“Comme le président Etienne Tshisekedi lui-même, de son vivant, respectait toujours la volonté du peuple et qu’aujourd’hui le peuple a dit qu’il est impérieux par respect de sa mémoire qu’on puisse d’abord commencer par matérialiser l’accord et qu’on sache –d’ici 48 à 72 heures- qui est le Premier ministre avant d’enterrer notre leader, il faut qu’on respecte cette volonté. Car même la famille biologique est d’accord avec la volonté du peuple”, indique Lisanga Bonganga, leader du groupe appelé la Coalition des alliés d’Etienne Tshisekedi.
Ce membre du comité des sages du Rassemblement, principale plate-forme de l’opposition constituée en mars dernier autour de M. Tshiskedi, parlait à l’issue des discussions avec la famille de l’opposant sur l’organisation du deuil.
M. Bonganga met en doute que la famille de M. Tshisekedi ait accepté l’avion que propose le gouvernement pour ramener la dépouille du leader de l’opposition.
Pour lui, il faudrait d’abord reprendre les discussions sur la mise en application de l’accord signé le 31 décembre autour des évêques catholiques en vue de la tenue des élections reportées, avant fin 2017.
Les prélats membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo, médiateurs au dialogue, devraient retourner au pays mardi dans la soirée après un voyage en Suisse.
“Le président Tshisekedi a, depuis les élections chaotiques de 2011, mené un grand combat pour qu’il y ait un dialogue dans le pays et maintenant qu’on arrive à une étape où s’il y a une bonne volonté de la part de nos amis du pouvoir, on peut terminer les travaux sur les arrangements particuliers pour la mise en application de l’accord du dialogue, nous devons honorer sa mémoire en concluant ces travaux avant de l’enterrer”, martèle-t-il.
Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, cité pat le site d’information Actualité.cd, souligne, pour sa part, que les travaux sur les arrangements particuliers ne pourront reprendre qu’après les funérailles.
Selon M. Mende, le gouvernement a mis à la disposition des moyens pour qu’une délégation de cinq membres de la famille et 10 du parti de Tshisekedi, l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps), se rendent à Bruxelles en vue des démarches pour ramener la dépouille de l’opposant.
La délégation, conduite par Mgr Gérard Mulumba, jeune frère de M. Tshisekedi, devrait quitter Kinshasa mercredi.
Aucun membre de la famille n’a été joignable pour confirmer.
Félix Tshisekedi, fils de l’opposant décédé, candidat du Rassemblement au poste du Premier ministre, a, cette semaine, été interpellé en plein deuil par une masse de partisans de son père qui lui ont demandé de ne pas ramener la dépouille de son père aussi longtemps que sa désignation à la tête du gouvernement n’aura pas été acceptée par la majorité.
L’application de l’accord du 31 décembre butte entre autres sur la désignation du Premier ministre.
La famille politique présidentielle exige que l’opposition lui présente entre 3 à 5 noms pour que le Chef de l’Etat en choisisse un.
Il n’en est pas question pour l’opposition qui rétorque que l’accord prévoit que le Rassemblement désigne le Premier ministre.
Cette plate-forme avait même déjà présenté le nom de Félix Tshisekedi en plein milieu du dialogue.
-
A Bruxelles, derniers adieux de la diaspora à l’«icône» Tshisekedi
-Une «icône», un «papa», un «fédérateur»: des milliers de membres de la diaspora congolaise, venus de toute l’Europe, ont rendu dimanche à Bruxelles un dernier hommage à Etienne Tshisekedi, l’opposant historique décédé quatre jours plus tôt dans la capitale belge.
Pour cette troisième et dernière journée de veillée funéraire, le cercueil du défunt a été exposé pendant plusieurs heures dans une vaste salle mise à disposition de la famille Tshisekedi par la ville de Bruxelles, à proximité du célèbre site de l’Atomium, dans le nord de la capitale.
Les visiteurs ont fait la queue, patientant parfois pendant des heures, avant de pouvoir s’incliner sur le cercueil surélevé, entouré de couronnes de fleurs et de portraits du défunt, le montrant coiffé de son éternelle casquette.
Chants religieux et partisans se sont succédés dans une atmosphère parfois festive, malgré les nombreux yeux mouillés de visiteurs de tous âges, originaires de toute la Belgique, mais aussi de France, du Royaume-Uni ou encore d’Allemagne.
«C’est notre icône», témoigne Armand Moke, venu de la région de Dortmund en Allemagne, à plus de 200 kilomètres: «C’est un monsieur qui a combattu pendant une trentaine d’années pour instaurer la démocratie pour notre pays».
«On a perdu vraiment un papa», répète Pélagie, 50 ans, qui a fait le déplacement depuis Anvers (nord de la Belgique), où elle vit depuis dix ans. «C’est un héros, ce qu’il a fait au Congo, personne ne peut le faire», souligne-t-elle, sans cacher son inquiétude: «Qui va le remplacer?»
«On a investi beaucoup d’espoir dans le dialogue» engagé en RDC pour une transition politique, dans lequel Etienne Tshisekedi jouait un rôle-clé, «on se disait qu’on était presque au bout du tunnel», explique Jean-Pierre Mukendi, originaire lui aussi du Congo, et prêtre dans une paroisse du Brabant Wallon (centre)depuis 17 ans.
– Garder l’espoir –
Les Congolais perdent «un fédérateur, un rassembleur», dit-il pour expliquer l’inquiétude des partisans du défunt. «Nous traversons un moment d’incertitudes, mais nous gardons espoir», assure-t-il cependant.
Dans la grande salle de la veillée, un orateur prend le micro: «Il est mort mais son esprit reste parmi nous. Nous perpétuerons son héritage», lance-t-il, avant de faire acclamer la veuve de «Tshishi», présente au côté de son fils Félix.
Etienne Tshisekedi s’est éteint mercredi dans une clinique de Bruxelles après avoir quitté huit jours plus tôt pour des soins la RDC, où il participait aux négociations sur la mise en place d’une transition politique après la crise provoquée par le maintien au pouvoir de Joseph Kabila.
Le mandat de M. Kabila est échu depuis le 20 décembre 2016, mais le chef de l’État reste à son poste en attendant la tenue d’une élection permettant de désigner son successeur.
Tshisekedi était entré en dissidence en 1979-1980 en dénonçant l’arbitraire du régime du dictateur Mobutu Sese Seko, après avoir accompagné son ascension à l’indépendance du Congo belge, en 1960.
Il a ensuite incarné l’opposition au tombeur du «Léopard», Laurent-Désiré Kabila, arrivé au pouvoir par les armes en 1997, puis à son fils Joseph Kabila, qui lui succèdera après son assassinat en 2001.
Battu en novembre 2011 à l’issue d’un scrutin entaché d’irrégularités massives, Tshisekedi aura refusé jusqu’au bout de reconnaître la légitimité de M. Kabila.
Les autorités congolaises ont annoncé vouloir organiser des «funérailles dignes d’un ancien Premier ministre» pour l’éternel opposant, dont la date du transfert de la dépouille en RDC n’est pas encore connue.
-
La mort de Tshisekedi risque de retarder encore la présidentielle en RDC
-La mort d’Étienne Tshisekedi, opposant historique en République démocratique du Congo, rebat complètement les cartes du jeu politique national et augure mal d’une mise en oeuvre rapide de l’accord signé péniblement le 31 décembre en vue d’une présidentielle avant la fin de l’année.
Ce décès “vient faciliter la remise en cause progressive de l’accord […] par la Majorité présidentielle”, estime l’économiste et politologue congolais Justin Kankwenda.
“La majorité, qui avait accepté de reconnaître le statut de président du Conseil de suivi [de la transition politique (CNSA)] à Tshisekedi intuitu personae pourrait être tentée d’exiger un rééquilibrage qui remettra en cause l’ensemble de l’accord”, déclare cet ancien haut-fonctionnaire onusien, dans un entretien avec l’AFP.
Pour Thierry Vircoulon, spécialiste de l’Afrique centrale enseignant à Sciences-Po Paris, le décès de Tshisekedi “arrive au plus mauvais moment pour la mise en place de la nouvelle transition”.
Il va “falloir se mettre d’accord sur une nouvelle personnalité d’opposition [à la tête du CNSA] alors même qu’il y avait déjà un désaccord sur la nomination du Premier ministre”, poste brigué par le propre fils de Tshisekedi, Félix, dit M. Vircoulon à l’AFP.
Cela “va donc relancer les négociations entre le camp présidentiel et l’opposition et permettre de perdre encore du temps. Les élections en décembre 2017 dont le calendrier n’était déjà pas très réaliste sont de plus en plus compromises”, pronostique-t-il.
Entré en dissidence en 1980, Tshisekedi a incarné à lui seul l’opposition congolaise pendant plus de 30 années de lutte, d’abord contre la dictature de Mobutu (1965-1997) puis contre ses successeurs à la tête du pays : Laurent-Désiré Kabila (1997-2001), et son fils Joseph Kabila.
Il est mort à Bruxelles mercredi à 84 ans, huit jours après avoir été transporté du Congo alors que la coalition du “Rassemblement” de l’opposition créée en juin autour de sa figure tutélaire négociait les modalités d’application de l’accord de la Saint-Sylvestre, et en tout premier lieu les postes ministériels.
– Test aux funérailles –
Ces négociations sont aujourd’hui dans l’impasse.
Conclu sous les auspices de l’Église catholique, l’accord de décembre ouvre la voie à une cogestion du pays entre le pouvoir et l’opposition jusqu’à la tenue d’une présidentielle censée se tenir fin 2017.
Âgé de 45 ans, M. Kabila a été réélu président face à Tshisekedi en novembre 2011 dans un scrutin marqué par des fraudes massives.
Son mandat s’est achevé le 20 décembre sans que la présidentielle devant désigner le prochain président congolais n’ait été organisée.
La Constitution lui interdit de se représenter mais un arrêt controversé de la Cour constitutionnelle l’a autorisé à se maintenir en place jusqu’à l’entrée en fonction d’un successeur élu.
Pour l’heure, toutes les familles politiques congolaises semblent respecter une sorte de trêve en mémoire de Tshisekedi, qualifié, même du côté du pouvoir de “père de la démocratie congolaise” pour son rôle lors de l’ouverture démocratique du début de la décennie 1990.
Mais passées les funérailles, dont la date n’est pas connue, la politique devrait reprendre ses droits, ou plutôt ses habitudes.
Jusqu’à présent, les discussions ont surtout porté sur le “partage du gâteau”, selon l’expression congolaise consacrée : la distribution des portefeuilles plus que la façon d’organiser concrètement les élections dans le temps convenu avec un budget national mis à mal par la baisse des matières premières.
Pendant ce temps, à Kinshasa, mégapole de 10 millions d’habitants qui avait voté à 64% pour Tshisekedi en 2011, la grogne s’installe dans une population largement miséreuse qui voit ses piètres conditions de vie se détériorer chaque jour avec la dépréciation du franc congolais qui engendre une forte inflation.
Le ressentiment s’installe face à tout ce qui ressemble à un corps constitué : pouvoir, opposition et même l’Église catholique, pourtant encore auréolée de ses années de lutte contre la dictature mobutiste.
Tshisekedi absent, comment va réagir la population ?, s’interroge un analyste spécialiste du Congo, sous le couvert de l’anonymat. Pour lui, “le premier test de taille sera les obsèques” de l’opposant : “se dérouleront-elles dans le calme ? Sinon, quelle sera la réaction des forces de l’ordre ?”.
Pour cet analyste, la bombe à retardement sociale provoquée par la détérioration de l’économie congolaise risque de déstabiliser le Congo tout autant que les troubles récurrents qui continuent d’agiter un pays travaillé par des forces centrifuges depuis son indépendance.
Avec AFP
-
Tshisekedi: un mythe est mort
URGENT
RDC: Etienne Tshisekedi est mort ce mercredi après-midi à l’âge de 84 ans d’une embolie pulmonaire à Bruxelles où il était hospitalisé
L’information du décès du chef historique de l’opposition en RDC a été confirmée par son fils.
-Jusqu’à la fin de sa vie, Etienne Tshisekedi a fait peur aux autorités congolaises. Car, contrairement aux nombreux augures, sa popularité ne s’est jamais démentie. La raison ? Une endurance au mal, et beaucoup d’entêtement dans sa lutte pour la démocratie. L’éternel opposant est mort ce 1er février 2017 à l’âge de 84 ans d’une embolie pulmonaire à Bruxelles où il était hospitalisé.
Les foules sur son passage à Matadi, Kananga, Mbuji-Mayi et Kinshasa pendant sa dernière campagne électorale de 2011. Les ruses du pouvoir, le 26 novembre de cette année-là, pour l’empêcher d’atterrir à l’aéroport international de Kinshasa, de crainte que les Kinois ne lui fassent un triomphe à la romaine sur les 25 km qui séparent le quartier Ndjili de sa résidence du quartier Limete. Jusqu’au bout, Etienne Tshisekedi a fait peur aux autorités congolaises.
Pourtant, au début de sa carrière, ce jeune Luba, né en décembre 1932 à Kananga au Kasaï occidental, est un fidèle compagnon de route du dictateur Mobutu. En septembre 1960, ce futur docteur en droit – il sera, un an plus tard, le premier diplômé en droit du Congo – applaudit le coup d’Etat du colonel Mobutu et accepte d’entrer dans le collège des commissaires généraux mis en place pour éjecter le gouvernement de Patrice Lumumba.
En novembre 1965, après le second coup d’Etat de Mobutu, Tshisekedi devient même ministre de l’Intérieur, puis de la Justice. En juin 1966, il soutient ouvertement la pendaison publique de quatre opposants condamnés pour tentative de coup d’Etat. En 1967, il rédige avec Mobutu le texte fondateur du Mouvement populaire de la révolution (MPR), le futur parti unique dont il devient premier secrétaire. Mais en décembre 1980, le député Tshisekedi rue dans les brancards. Avec douze autres parlementaires, le juriste signe une lettre ouverte contre un régime de plus en plus prédateur. A 48 ans, Tshisekedi renonce aux honneurs et se lance dans une nouvelle carrière : opposant.
La prison, les violents passages à tabac, les promesses d’argent en échange de son ralliement… Rien n’y fait. Tshisekedi tient bon. A ses côtés, son épouse Marthe l’encourage à ne pas céder. En 1982, il lance même un défi sans précédent à Mobutu en créant l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), un parti qui réussit très vite à élargir son audience au-delà du fief des deux Kasaï, notamment dans la jeunesse de Kinshasa. En 1990, après la chute et la mise à mort de Nicolae Ceaucescu en Roumanie, le dictateur congolais lâche du lest. Tshisekedi n’est plus assigné à résidence à Limete, et l’UDPS peut enfin agir au grand jour. En août 1992, au terme d’une Conférence nationale souveraine, Tshisekedi est même élu Premier ministre de Mobutu. Mais la cohabitation ne dure que sept mois.
Incorruptible et populaire
En mai 1997, à la chute de Mobutu, l’indomptable opposant va-t-il se rapprocher du nouveau maître du Congo, Laurent Désiré Kabila ? Non. Le sphinx de Limete, comme l’appellent ses partisans à cause de la rareté de ses prises de parole, est contre tout changement de pouvoir par la force et réclame des élections libres. Du coup, Kabila le relègue dans sa région natale du Kasaï. Mobutu, Kabila père, Kabila fils (qui succède à son père après l’assassinat de celui-ci, en janvier 2001)… Les régimes passent, mais « Ya Tshitshi » reste sous son arbre, incorruptible et populaire.
En juillet 2006, lors des premières élections pluralistes depuis 1965, Tshisekedi accuse les puissances occidentales de soutenir en sous-main le président sortant. Le « lider maximo » se méfie des « puissances impérialistes ». En retour, celles-ci le tiennent à distance et dénoncent ses déclarations à l’emporte-pièce. A l’annonce du boycott des élections par le chef de l’UDPS, les chancelleries occidentales se réjouissent. Elles croient être enfin débarrassées de ce nationaliste ombrageux. Mais c’est sans compter avec le peuple congolais…
Tshisekedi, le retour ? Avant la présidentielle de 2011, Joseph Kabila pense éloigner définitivement le danger en faisant supprimer le second tour – ce qui peut en effet favoriser le président sortant face à une dizaine d’adversaires incapables de s’entendre sur un candidat unique de l’opposition. Le problème, c’est que, le 28 novembre 2011, des millions de Congolais hostiles au régime Kabila vont voter avec un réflexe de second tour. D’emblée, ils votent utile et donnent leurs suffrages à l’homme à la casquette. Les autres candidats de l’opposition ne ramassent que des miettes. Officiellement, Joseph Kabila obtient 48, 9% des voix et Etienne Tshisekedi 32,3%. En réalité, chacun sait que ces chiffres sont inexacts.
Ainsi, dans le territoire du Malemba-Nkulu, au Katanga, le candidat Joseph Kabila est officiellement crédité par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de 100% des suffrages exprimés et de 99,46% des voix des inscrits. Les quelque 269 000 habitants ont tous voté. Même les femmes enceintes et les impotents… En mars 2012, la mission des observateurs de l’Union européenne conclut à « de nombreuses irrégularités et fraudes » qui font en sorte que « les résultats ne sont pas crédibles ». Et en octobre 2012, lors de sa brève visite à Kinshasa, le président français François Hollande snobe ouvertement Joseph Kabila tout en recevant le vieil opposant en tête à tête.
Aujourd’hui, après la mort d’Etienne Tshisekedi, des millions de Congolais se sentent orphelins, et l’opposition est plus affaiblie que jamais. D’autant que le principal allié de l’ex-président de l’UDPS, le démocrate-chrétien Eugène Diomi Ndongala, est en prison à Kinshasa. Certes, le régime de Joseph Kabila n’est guère apprécié à l’Elysée, mais il peut se prévaloir du soutien public de l’Afrique du Sud et de la Chine, deux de ses plus grands partenaires commerciaux. Depuis vingt-cinq ans, Tshisekedi était un mythe aux yeux de beaucoup de Congolais. Aujourd’hui, le mythe est mort. Pourra-t-il inspirer de nouvelles vocations ?
rfi
-
Etienne Tshisekedi évacué, le schéma des Evêques dévoilé !
*Etienne Tshisekedi wa Mulumba, quoi qu’il soit en voie d’être évacué d’urgence à Bruxelles, pour des raisons de contrôle médical, pourrait être notifié ce jeudi 26 janvier 2017, pour sa désignation à la tête du Conseil National de suivi de l’Accord. Samedi 28 janvier 2017, l’on en aura fini avec les travaux axés sur les arrangements particuliers. Au plus tard la fin de la première semaine de février 2017, le Premier Ministre et son Gouvernement de 46 Ministres et Vice-Ministres seront connus. Le calendrier des élections prévues d’ici fin décembre 2017, sera publié, le 15 avril 2017. Les institutions d’appui à la démocratie, telles que la CENI et le CSAC vont, quant à elles, subir une petite cure de toilettage, grâce au vent de la restructuration partielle.
Il reste, tout de même, de vider les petites divergences persistantes autour de la première Vice-Présidence du Conseil National de Suivi de l’Accord où la Majorité et le Front pour le Respect de la Constitution sont à couteaux tirés. Il y a également, quelques divergences sur le mode de désignation du candidat Premier Ministre. Le Rassemblement veut présenter un seul nom alors que la Majorité s’en tient au Panel de cinq noms à soumettre à l’appréciation du Chef de l’Etat, Joseph Kabila, en vertu du pouvoir discrétionnaire, tel que lui reconnu dans la Constitution du 18 février 2006. Il en est de même de la question consécutive à la répartition des postes ministériels au sein du Gouvernement. Les affaires du poids politique ou des rapports des forces sur terrain, continuent à polluer le climat des discussions jusqu’au point de tordre le coup au rythme et timing fixés.Au sujet de la décrispation, Roger Lumbala est revenu au pays, sans la moindre inquiétude, signale la CENCO. D’autres cas sont encore en cours de traitement. Une commission ad hoc instituée à la CENCO, y travaille. Quelques prisonniers politiques ont été déjà libérés. Tandis d’autres ne pourraient l’être qu’à la finalisation des procédures administratives. Les parties prenantes ont demandé, d’ailleurs, à la CENCO d’inviter le Ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, pour plus de précisions sur la cascade de libérations annoncées mais non encore exécutées, jusqu’à présent. Du côté des médias, CCTV, la télévision de Jean-Pierre Bemba Gombo, a repris du service, son signal ayant été rétabli, depuis ce week-end. Le Ministre Mende a demandé aux personnes ou institutions se trouvant dans la même situation d’introduire, à leur tour, une demande écrite.Enfin, le chronogramme de la gestion consensuelle est, désormais, connu. Il touche aussi bien à l’adoption des Arrangements Particuliers, qu’à la composition du Conseil National de Suivi de l’Accord, à la redynamisation de la CENI, au renouvellement du CSAC et à la publication du calendrier global du processus électoral par la CENI, au plus tard, le 15 avril 2017.Vibrant appelLes Evêques ne sont pas prêts à conduire les bons offices indéfiniment sans résultats probants. Voilà pourquoi, dans un communiqué signé, dimanche 22 janvier 2017, par l’Abbé Donatien Nshole, ils constatent, malheureusement, qu’en dépit de tous les efforts engagés, depuis le début des discussions directes autour des Arrangements Particuliers, les résultats obtenus sont loin de satisfaire les attentes de la population dont la situation économique et sécuritaire devient de plus en plus préoccupante. Normalement, le contexte exige la mise en place rapide d’un gouvernement d’union nationale, tel que prévu au terme de l’Accord laborieusement négocié et signé, le 31 décembre 2016, au Centre Interdiocésain, à la Gombe, à Kinshasa.Les Evêques invitent ainsi les négociateurs, quelles que soient leurs positions, affinités ou visions rivales, à se montrer sensibles aux besoins vitaux du peuple congolais et, surtout, à ne plus perdre de vue l’objectif principal de ces négociations, à savoir, l’organisation des élections avant la fin de cette année 2017.Pris à la hauteur de leurs responsabilités, les Evêques rappellent, en outre, que chaque jour de retard constitue un manque à gagner dans la réalisation de cet objectif. D’où, la nécessité, pour les parties prenantes aux discussions directes, de se faire des concessions majeures dans le but de mettre en place, à la fois, le Gouvernement et le Conseil National de suivi de l’Accord, des structures sans lesquelles, la tenue des élections dans les délais convenus, avant fin décembre 2017, n’aura été qu’un pur leurre.Ils demandent, enfin, à la Communauté internationale, déjà très intéressée, à accompagner davantage les acteurs politiques, dans cette phase cruciale dont l’aboutissement de tous les sacrifices endurés, permettrait de réaliser, à coup sûr, un atterrissage sur un large consensus sur l’essentiel de ce qu’il faut, pour offrir au peuple congolais, l’occasion de se choisir ses futurs dirigeants, dans les urnes, sans heurts, ni apocalypse.LPM -
Etienne Tshisekedi déclare avoir déclenché le compte à rebours pour le départ de Kabila
President Etienne Tshisekedi -Empêché de tenir son meeting, le leader de l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps) et du Rassemblement, plate-forme des forces vives opposées au prolongement du mandat du président Joseph Kabila, déclare, dans un communiqué, avoir lancé le compte à rebours pour le départ du pouvoir du chef de l’Etat congolais à la fin du mandat de celui-ci, le 19 décembre comme le prévoit la Constitution de la RDC.
“Le Rassemblement invite tous les congolais, toutes les plateformes, partis politiques, associations membres de la société civile à une mobilisation générale, et déclenche à dater de ce jour le compte à rebours de la fin du mandat de Monsieur Kabila, qui interviendra le 19 décembre 2016 à minuit, conformément à l’article 64 de la Constitution,” affirme M. Tshisekedi dans le document.
L’opposant historique dénonce les autorités de Kinshasa de l’avoir empêché de tenir son discours pour une deuxième semaine consécutive.
Il qualifie “d’état d’urgence”, les dispositifs déployés pour empêcher le meeting de ce samedi; “état d’urgence décrété de fait par Joseph Kabila, en violation de la Constitution, dans plusieurs villes pour confisquer les libertés du peuple au profit de la dictature, qu’il a instaurée et durcie en RDC”, soutient-il.
Depuis les petites heures du matin, la police s’est déployée dans plusieurs villes du pays. Des échauffourées ont été signalées à Bunia dans l’ex-province Orientale et à Goma, dans la province du Nord-Kivu où des partisans du Rassemblement ont brûlé des pneus et érigés des barricades avant que certains ne soient arrêtés.
A Kinshasa, la police a bloqué toutes les entrées du quartier où M. Tshisekedi réside et occupé le terrain où le meeting devait se tenir, près du Parlement, faisant jouer d’incessants matches de football depuis 5 heures du matin jusqu’à 6 heures du soir.
La situation a été la même à Lubumbashi, dans l’ex-province du Katanga.
Dans sa déclaration écrite, M. Tshisekedi “condamne la violence avec laquelle, les forces armées et les éléments de la police, instrumentalisés par le pouvoir, ont, depuis plusieurs jours, opéré des rafles dans les quartiers et enlevé des responsables des mouvements de jeunes du Rassemblement”, précise le document.
Le leader du Rassemblement annonce avoir pris des mesures pour contourner les stratégies du gouvernement pour des manifestations à venir.
“Le Rassemblement prend à témoin l’opinion nationale et internationale que Kabila et son régime sont prêts à toutes les dérives et entraves pour empêcher le peuple congolais de défendre la constitution et exercer ses droits fondamentaux et ; le Rassemblement se prépare en conséquence à toutes éventualités pour affronter la dictature et défendre ses droits en recourant à toutes les voies auxquelles l’autorise la Constitution”, soutient le document.
Le président Joseph Kabila, a, deux jours plus tôt, nommé M. Samy Badibanga comme Premier ministre sur base d’un accord signé entre le pouvoir et un groupe d’opposants pour tenir les élections en avril 2018.
Le climat politique est tendu en RDC à l’approche de la date du 19 décembre sanctionnant la fin du deuxième et dernier mandat du président Kabila au pouvoir depuis 2001.
Les élections n’ont pas pu être organisées à la date prévue par la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels et empêche ainsi à M. Kabila de se représenter.
Les autorités congolaises justifient leur refus d’autoriser les manifestations par les dérapages enregistrés il y a quelques mois.
Près de 50 personnes ont été tuées les 19 et 20 septembre dernier dans des heurts entre forces de l’ordre et manifestants qui exigeaient le départ de M. Kabila au 20 décembre 2016.
VOA
-
Qui héritera du capital politique de Tshisekedi?
-Ministre chargé des relations avec le Parlement, ancien journaliste et fondateur de l’hebdomadaire « Le Soft », Tryphon Kin Kiey Mulumba, depuis l’ère Mobutu dont il fut le dernier ministre de l’Information, a connu tous les régimes politiques des dernières décennies.
Aujourd’hui engagé aux côtés du président Kabila, il n’est certainement pas un observateur neutre, mais c’est avec lucidité et franchise qu’il analyse les derniers développements de l’heure.
Il croit toujours que, sous l’égide du facilitateur Edem Kodjo un dialogue pourrait s’amorcer entre le pouvoir et l’opposition le 30 juillet prochain, afin de négocier un inévitable report des échéances électorales, sinon le rythme même des scrutins : « est-il réellement indispensable que, tous les cinq ans, dans un pays aussi vaste que la RDC, l’Etat ait à débourser un milliard de dollars pour organiser des élections générales ? Actuellement, à la suite de la baisse des cours du cuivre, le budget total ne dépasse guère les 5 milliards de dollars… »Pour Kin Kiey Mulumba, l’idée du dialogue n’est pas nouvelle : « au début, c’est le parti d’Etienne Tshisekedi qui, au nom de l’opposition, réclamait cette discussion « inclusive ». Le président Kabila, désireux de dépasser le cadre de la classe politique, s’était entretenu avec des représentants des syndicats, des femmes, des jeunes, des étudiants, afin de prendre le pouls de la population…
Les négociations avec l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) le parti d’Etienne Tshisekedi, ont eu lieu en plusieurs endroits : à Ibiza, en Italie, à Bruxelles, à Nice… Il était question de l’entrée de membres de l’UDPS au gouvernement, d’ouvertures et de promotions au niveau de l’Assemblée nationale… »
Kin Kiey Mulumba, l’ancien journaliste, est formel : « un accord a été signé, en bonne et due forme… » Et il ne dément pas lorsque nous citons le chiffre de ce « gentlemen agreement » qui circule à Kinshasa, quelque douze millions de dollars…
L’enjeu réel de ces tractations, au-delà de la gestion de la période de transition se situant au-delà de l’expiration du mandat présidentiel, c’est évidemment le « capital politique » que représente encore Etienne Tshisekedi : malgré son âge, 84 ans, ce dernier a gardé une immense popularité, gagnée lorsqu’il démystifiait un Mobutu au faîte de sa puissance. Aujourd’hui encore, « Tshi Tshi » est le préféré » des quartiers populaires de Kinshasa, le héros des Kasaïens, sa province d’origine et son nom est resté connu jusque dans les campagnes les plus reculées.Le pouvoir en place aurait souhaité s’associer à ce poids lourd de la politique, mais il aurait été « dribblé » par Moïse Katumbi, l’ancien gouverneur du Katanga. Ce dernier apparaît aujourd’hui comme le principal challenger du chef de l’Etat et, craignant pour sa vie, il a du quitter le pays.
D’après Kin Kiey Mulumba, Moïse Katumbi, après s’être opposé au président Kabila, aurait nourri pour lui-même des ambitions présidentielles, servies par son immense fortune.
Cette dernière découlerait de la très profitable revente d’actifs miniers et des bénéfices réalisés par ses sociétés au Katanga. Grâce aux moyens matériels dont il dispose, ainsi que son frère Katebe Katoto, un homme d’affaires domicilié en Belgique, Moïse Katumbi est le seul à pouvoir « s’offrir » une campagne électorale à l’échelle du pays, le seul à pouvoir soutenir ses alliés du G7 (sept personnalités naguère proches de Kabila et qui se sont ralliés à sa candidature).
Pour Kin Kiey Mulumba, le virage de Tshisekedi, désormais opposé au dialogue et exigeant à son tour que des élections se tiennent dans les délais prévus, s’expliquerait par une raison très simple : « Moïse a doublé la mise…C’est lui aussi qui a payé le jet privé avec lequel Tshisekedi est rentré au pays, l’aller ayant été, voici deux ans, payé par le président Kabila… »
C’est dimanche prochain que le vieux leader devrait tenir un meeting à Kinshasa, ce qui permettra de mesurer réellement sa popularité.
Kabila/Katumbi : les contours du match se précisent de plus en plus, avec tout le potentiel de violence qu’il comporte. A noter cependant que l’hebdomadaire français « le Point » généralement bien introduit, assure pour sa part que le Docteur Mukwege, malgré ses démentis répétés, pourrait un jour apparaître comme le candidat idéal pour diriger une transition consensuelle…Le médecin de Panzi est d’ores et déjà soutenu par une large partie de la diaspora congolaise, de plus en plus présente dans le débat… -
Le retour de Tshisekedi peut-il débloquer la crise politique en RDC ?
Supporters of Congolese opposition leader Etienne Tshisekedi gather to receive him upon his arrival at the airport in the Democratic Republic of Congo’s capital Kinshasa, July 27, 2016, after nearly two-year stay overseas for medical treatment. REUTERS/Kenny Katombe -Le retour au pays de l’opposant historique congolais Étienne Tshisekedi, 83 ans, pourrait selon des politiques locaux débloquer le processus de “dialogue national” vers des “élections apaisées”, pour lequel font pression la communauté internationale comme l’église.
M. Tshisekedi, président du “Rassemblement”, coalition de forces d’opposition nouvellement créée en Belgique, est rentré à Kinshasa mercredi après deux ans d’absence, notamment pour raison médicale, accueilli chaleureusement par plusieurs centaines de milliers de partisans massés de l’aéroport jusqu’à sa résidence située 15 km plus loin.
“L’espoir de toute la classe politique est que le retour d’Étienne Tshisekedi vienne enlever le doute quant à la participation du Rassemblement” au “dialogue national” proposé par le pouvoir, a déclaré à l’AFP André-Alain Atundu, porte-parole de la Majorité présidentielle (MP).
Le “Rassemblement” a pourtant tout récemment récusé le facilitateur désigné par l’Union africaine (UA) Edem Kodjo, pour l’organisation de ce dialogue politique national, l’accusant de jouer le jeu du président congolais.
L’opposition espère désormais que la popularité de son vieux chef de file permettra de mettre la pression pour obtenir des avancées face au président Joseph Kabila, soupçonné de vouloir demeurer au pouvoir au-delà de la fin de son mandat en décembre, au mépris de la Constitution, en commençant par retarder l’élection présidentielle.
“L’accueil délirant réservé à Tshisekedi est un message adressé au facilitateur Edem Kodjo”, qui doit en tirer les conséquences politiques, souligne ainsi le député Martin Fayulu, président d’un petit parti d’opposition membre du “Rassemblement”.
“Le soutien populaire à M. Tshisekedi exprime des attentes” des Congolais et devrait pousser le facilitateur à “recentrer” sa perception des forces en présence, renchérit le sénateur d’opposition Jacques Djoli.
‘vaincre les réticences ‘
Côté majorité, le sénateur Léonard She Okitundu juge pour sa part que M. Tshisekedi doit maintenant “vaincre les réticences des anti-dialogue” de son camp.
Dans le pays comme au sein de la communauté internationale, de nombreuses voix s’élèvent pour que les parties entament vite les discussions, afin d’éviter que le pays ne plonge, à nouveau, dans le chaos, après autant d’efforts consentis pour le sortir de deux guerres de l’est (1996-1997 et 1998-2003).
Les évêques catholiques ont appelé l’opposition à amorcer le dialogue, tout en pressant la majorité d’accéder aux demandes de celle-ci en libérant davantage de prisonniers politiques et d’opinion.
L’ONU, l’Union africaine, l’Union européenne ou encore les USA ont également invité toutes les forces politiques et sociales à aller au “dialogue national”.
A ce stade, M. Tshisekedi a rallié un maximum des forces de l’opposition qui boudaient le dialogue convoqué par M. Kabila, au nom de la résolution 2277 du Conseil de sécurité exigeant le respect des délais fixés dans la Constitution congolaise pour l’organisation des élections.
La majorité de la population de Kinshasa, où M. Kabila n’a jamais été populaire, est acquise à la cause de l’alternance. Et au fur et à mesure que la fin du mandat du président approche ce sentiment “se transforme en rêve”, juge le politologue Bwebwa Kalala, de l’Université catholique au Congo.
Or, si cette foule était “manipulée” par les “faucons de l’opposition”, “il y a risque de reproduire les émeutes de janvier 2015 contre le pouvoir dans un format plus grand”, craint l’enseignant.
En janvier 2015, la répression de manifestations d’opposition contre une tentative de modification de la loi électorale avait fait plus de 40 morts selon des ONG.
Soucieux d’éviter le chaos, M. Kodjo, qui a qualifié d’”injustes” les accusations du Rassemblement, a multiplié ces derniers jours les contacts, promettant d’obtenir l’adhésion d’un “maximum de participants” au “dialogue national”.
M. Tshisekedi, lui, s’adressera à ses partisans dimanche, lors d’un grand meeting avec la quasi-totalité des forces politiques opposées à tout report de la présidentielle et/ou à un troisième mandat du président Kabila.
Avec AFP
-
cinq heures de bain de foule pour Etienne Tshisekedi lors de son retour
-En RDC, Etienne Tshisekedi, l’opposant historique, est de retour à Kinshasa après deux ans d’absence. En août 2014, victime d’un malaise, il avait été évacué de la capitale congolaise par avion médicalisé. Il ne s’est pas exprimé à l’arrivée à son domicile de Limete. Trop fatigué après cinq heures de bain de foule lors de la vingtaine de kilomètres entre l’aéroport et sa maison au cours desquels le vieil opposant a tenu à saluer la population dans chaque quartier par le toit ouvrant de sa voiture.
On sentait chez les partisans d’Etienne Tshisekedi une impatience au point que, quand l’avion a atterri et que le vieil opposant n’a pas fait immédiatement son apparition, la foule à l’entrée de l’aéroport tapait sur les voitures qui essayaient de sortir en hurlant : « Mais qu’avez-vous fait de notre président ? », « Il est où ? » Finalement, ils ont pu largement en profiter. Escorté par la police, mais aussi par le service d’ordre du parti, son convoi a été assailli par les habitants de ces quartiers populaires que l’on sait favorables au vieil opposant et qui ont démontré une fois de plus la popularité de celui que l’on surnomme le Sphinx après deux années d’absence.
Etienne Tshisekedi n’a pas boudé son plaisir, sortant régulièrement par le toit ouvrant de sa voiture, créant l’hystérie chez ses partisans. La foule immobilisait chaque fois son convoi, chantant des chants en hommage au président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), mais aussi hostiles au chef de l’Etat, Joseph Kabila : « Kabila doit partir », c’est l’un des mots d’ordre de ce retour. Et pour ses partisans, le retour d’Etienne Tshisekedi ramène dans le pays l’espoir d’une alternance.
Des bougies pour le Sphinx
Pendant cinq heures et vingt kilomètres, l’opposant a donc pu profiter de ce bain de foule et a même été accompagné, à un moment où il n’y avait plus d’électricité, par des bougies. « On allume des bougies pour Tshitshi », disaient ses partisans.
Du côté de la police, on se félicite aujourd’hui que tout se soit bien passé, en accord avec l’UDPS, et que ce retour ait pu se passer dans le calme. « Du début de l’aéroport jusqu’à destination, à la résidence de l’UDPS, nous avons sécurisé le président de l’UDPS avec tous les politiciens qui étaient à ses côtés, ainsi que ses militants. Et les unités de la police ont travaillé en étroite collaboration avec les militants de l’UDPS qui sécurisaient son président. Et jusqu’à destination, il n’y a pas eu d’incident, il n’y a pas eu de mort, il n’y a pas eu de tir. L’ordre a régné. Même s’il y a eu des provocations, nous nous sommes retenus. La police s’est retenue et on a évité de céder aux provocations », estime le général Charles Bisengimana, chef de la police nationale.
Un retour réussi pour le fils de l’opposant Félix Tshisekedi : « C’est un triomphe. Ça prouve qu’Etienne Tshisekedi est resté le même, toujours très populaire, très adulé par son peuple. C’était vraiment des moments très émouvants parce qu’il est parti pour certains à l’article de la mort, mais nous on savait, on savait qu’il a encore une mission à jouer dans ce pays, pour son pays, pour son peuple, et qu’il allait revenir. Gloire à Dieu, il est là et la lutte continue ».
Félix Tsishekedi qui rassure aussi sur l’état de son père. « Il n’est plus malade », selon lui. Et malgré son âge, Félix Tsishekedi assure que l’opposant tiendra bien meeting : « Il a l’âge qu’il a certes, il porte bien ses 84 ans bientôt. Et je ne pense pas que ça peut l’empêcher de parler ».
rfi