Tag: Vu d’Allemagne

  • La misère en Ituri s’invite dans la presse allemande

    La misère en Ituri s’invite dans la presse allemande

    Les villages brûlent en Ituri, la période de repos est terminée au Congo“. Voilà comment la Tageszeitung revient sur les nouvelles violences dans la région en République démocratique du Congo (RDC) cette semaine. Le quotidien berlinois raconte la misère sur place. “Dans le disctrict de l’église de Drodo, 30.000 personnes sont concernées“, assure un prêtre. Il raconte l’absence d’aide, de médicaments, le manque d’hygiène … “On est coupé du monde“, déplore l’homme d’église.

    Lire aussi → Ituri : la paix peine à s’installer de manière durable

    Conflit entre Kabila et Tshisekedi

    Pour le journal, qui cite des observateurs congolais, ces violences n’arrivent pas par hasard. “Elles coïncident avec l’échec des efforts pour prendre un nouveau départ politique dans l’ensemble de la RDC, après l’élection deFélix Tshisekedi en  décembre 2018“, écrit la Taz. “Chaque fois que le camp Tshisekedi prend une décision sans demander son avis au camp Kabila, il y a un conflit“. Le journal critique les blocages, l’absence de gouvernement alors que les vacances parlementaires débutent.

    La TAZ rapporte même que l’armée se serait retirée juste avant les massacres dans la zone, rappelant le scénario de la guerre sur place il y a 20 ans déjà. “Existe-t-il encore un Etat ?“, interroge un membre de la société civile congolaise dans le journal. Une phrase qui sonne comme un appel au secours.

    La Tanzanie réclame ses biens à l’Allemagne

    La Tanazanie réclame certains os, ramenés de ses territoires au temps de la colonisation

    Dans la presse aussi, des nouvelles des débats sur la restitution des biens pillés à l’Afrique par les anciennes puissances coloniales européennes. Des débats toujours plus nombreux. “Cette fois des Etats comme la Tanzanie veulent récupérer aussi des pièces d’histoire naturelle des musées“, raconte la Süddeutsche Zeitung.

    En l’occurrence ici il est question d’os, de dinosaures. “Des pièces si grosses parfois, qu’une personne seule ne peut pas les porter“, écrit le journal. “Des pièces rapportées de l’ancienne Afrique orientale allemande“, qui s’étend sur les territoires actuels du Burundi, du Rwanda ou de la Tanzanie. La Tanzanie demande donc le retour de ces pièces.

    Et l’Allemagne n’est pas la seule à devoir répondre à des telles demandes. “Le musée d’histoire naturelle de Londres a reçu trois demandes concrètes de rapatriement d’Afrique“, rapporte la Süddeutsche. Le quotidien de Munich raconte les difficultés de ce genre de demandes. Les recherches et les négociations prennent beaucoup de temps. “Même les chercheurs africains mettent beaucoup de temps à obtenir des visas pour faire leurs recherches en Europe“, souligne le quotidien. Qui se veut plus positif sur la fin. “Peut-être qu’à un moment donné, le musée de Berlin devra retirer au moins une partie des ossements originaux de sa cave et les rendre à l’Afrique.”

    Coopération avec l’Allemagne pour augmenter les rendements agricoles

    Les cartes fournies par une entreprise allemande en Zambie ont permis d’augmenter certains rendements de 25%

    Une histoire plus positive dans la presse allemande. Cela se passe en Zambie, où BayWa, une entreprise allemande de distribution de matériel agricole et de construction s’est installée. L’histoire est racontée par la Frankfurter Allgemeine Zeitung. L’entreprise allemande travaille désormais avec des agriculteurs sur place. Elle fournit des cartes, montrant, dans ses champs, où il doit pleuvoir, en quelle quantité et où il faut appliquer des engrais et en quelle quantité, pour obtenir les meilleurs rendements.

    Convaincre les agriculteurs sur place n’a pas été simple. “Mais l’an dernier, les agriculteurs ont récolté 25% de blé de plus que d’habitude. En même temps, la consommation d’eau et d’électricité a été réduite parce que les pompes d’irrigation fonctionnaient moins souvent”, raconte le journal. Comme quoi, la coopération n’est pas toujours simple, mais peut fonctionner !

    Musique malienne à l’honneur

    Enfin on a répéré ce beau portrait cette semaine de Vieux Farka Touré, le fils de Ali Farka Touré. Portrait dressé par le quotidien local Weser-Kurier, de la région de Brême dans le Nord-Ouest de l’Allemagne. Le journal dresse le portrait du musicien malien qui était récemment en concert dans la région.

    Vieux Farka Touré, né en 1981 dans le centre du Mali, a résisté à la volonté de son père qui voulait qu’il devienne soldat, pour ne pas connaître les mêmes difficultés que lui en tant que musicien“, écrit le Weser-Kurier. Le journal s’enthousiasme : aujourd’hui le fils rebelle “joue de sa guitare avec virtuosité et légèreté, d’une sonorité brillante” !

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  • Le jeu dangereux de Juan Guaidó

    Le jeu dangereux de Juan Guaidó

    Le soulèvement militaire demandé par Juan Guaidó mardi dernier ayant échoué, l’autoproclamé président du Venezuela a appelé ses compatriotes à faire grève et à continuer de manifester pour chasser Nicolas Maduro du pouvoir.

    Un prétendu empereur sans couronne“, selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung, “étant donné que le gros des officiers est toujours fidèle à Maduro.

    L’UE doit lâcher Guaidó

    Pour la Süddeutsche Zeitung, Juan Guaidó joue un jeu dangereux : “Peut-être a-t-il cherché à provoquer son arrestation, ce contre quoi les Etats-Unis ont toujours mis en garde.” Sauf que pour le quotidien de Munich, “même Donald Trump sait qu’une intervention rapide au Venezuela renforcerait les rangs autour de Maduro.

    Les heurts récents à Caracas ont fait deux morts.

    Si la position de Nicolas Maduro, réélu en 2018, s’affaiblit de jour en jour, elle n’en demeure pas moins forte. Et pour les éditorialistes allemands, le mode opératoire de Juan Guaidó, qui cherche à tout prix l’intervention extérieure, est tout à fait critiquable.

    Ce qu’il fait actuellement au Venezuela, c’est chercher l’escalade. Guaidó veut provoquer une réaction excessive et violente du gouvernement pour justifier une telle intervention“, estime la tageszeitung. “C’est complètement irresponsable. Il est temps que l’Union européenne se sépare de Guaidó“, écrit le quotidien de Berlin.

    Il y a 500 ans, la mort d’un génie

    Également à la une des journaux allemands ce jeudi, le 500ème anniversaire de la mort de Léonard de Vinci. Génie universel, ce peintre d’origine toscane (en Italie), connu notamment pour avoir peint “La Joconde” et “La Cène“, ou encore avoir dessiné “L’homme de Vitruve“, était un véritable touche-à-tout.

    La Joconde, l’oeuvre la plus célèbre de Leonard de Vinci.

    En effet, durant ses 67 ans d’existence, Léonard de Vinci a été tour à tour architecte, ingénieur civil, inventeur, astronome, écrivain, botaniste ou encore musicien.

    Il n’y a pas un domaine que le génie n’a pas exploité. Aujourd’hui encore, ses œuvres sont partout : “D’innombrables universités, projets et programmes scientifiques portent son nom. Les caisses d’assurance maladie font même de la publicité avec son Homme de Vitruve“, écrit la Süddeutsche Zeitung.

    Nombreux sont les grands hommes et grandes femmes du monde actuel qui se sont inspirés de lui, tels que Bill Gates, (le fondateur de Microsoft), Sergey Brin (qui a créé Google) ou encore la chanteuse Beyoncé. Si le génie est mort il y a un demi-millénaire, son œuvre, elle, est éternelle.

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  • Theresa May à Berlin et Paris pour un report du Brexit

    Theresa May à Berlin et Paris pour un report du Brexit

    Faute d’avoir pu faire adopter l’accord de divorce par les députés britanniques, Theresa May veut un second ajournement du Brexit, jusqu’au 30 juin. La Première ministre britannique a d’abord rencontré la chancelière allemande avant de se rendre à Paris ce mardi. 

    Contrairement au président français, Angela Merkel s’est déjà montrée beaucoup plus ouverte au dialogue, note le Spiegel Online sur son site. 

    Le journal en ligne indique par ailleurs que le gouvernement allemand redoute avant tout les conséquences économiques d’un Brexit dur, c’est-à-dire un retrait des engagements qui lient le Royaume-Uni au reste du marché unique. 

    Pour le Spiegel Online, la visite de Theresa May va permettre à cette dernière de s’informer sur ce qui est faisable, demain, lors du Sommet européen des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne qui se tiendra à Bruxelles. 
    “Il y a eu suffisamment de confusion à Londres au cours des dernières semaines pour se rendre compte que  personne ne connait la direction que va prendre le Brexit”, commente la Süddeutsche Zeitung pour sa part. 

    Le quotidien munichois note également la pression sur les épaules de May, notamment les appels à démissionner venant de ses rangs. En effet la faction pro-Brexit du Parti conservateur “veut que Theresa May s’en aille si elle trouve une solution qui a l’air différente d’un no deal”. 

    Quant à la prolongation de la date du divorce, la Tagespiegel ne se fait pas de souci, car écrit le journal, “aucun autre pays parmi les 27 États membres de l’UE n’a économiquement plus à perdre que l’Allemagne avec un Brexit non régulé. Et deuxièmement, une sortie de l’UE sans accord impliquerait à nouveau le contrôle des frontières de l’Irlande.”

     

    Escalade de la violence en Libye 

     

    Autre sujet dans la presse : la Libye qui depuis jeudi est le théâtre d’affrontements entre les forces du maréchal Khalifa Haftar, engagées dans une offensive vers la capitale libyenne, et celles de Fayez al-Sarraj. 

    Certes, l’Europe appelle à un cessez-le-feu mais, fait observer la Frankfuter Allgemeine Zeitung, mais vues les ressources énormes de cet État pétrolier, il y a peu de chances que les seigneurs de la guerre abandonnent le combat. 

    Si rien n’est fait par contre, prévient le quotidien de Francfort, la Libye pourrait devenir le terreau fertile des combattants déchus de l’Etat islamique. 

    La Neue Osnabrücker Zeitung accuse de son côté l’Europe d’avoir commis une erreur fatale : celle d’avoir laissé les Libyens à eux-mêmes après la chute en 2011 de Mouammar Kadhafi. 

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  • Les Sénégalais aux urnes

    Les Sénégalais aux urnes

    La Neues Deutschland qui estime d’emblée que le président sortant Macky Sall part favori face aux quatre autres rivaux qu’il va affronter dimanche. 

    “Il s’est engagée pour la modernisation de l’économie et il peut s’appuyer sur son bilan sur le terrain”, juge le journal. 

    Les coupures d’électricité sont plus rares qu’auparavant, la croissance économique évolue positivement et devrait dépasser les 7% cette année. “Tous ces points constituent des aspects sur lesquels il pourrait s’appuyer”, estime la Neues Deutschland. 

    Cependant, Idrissa Seck, ancien Premier ministre de l’ex-président Abdoulaye Wade, fait figure de véritable challenger à Macky Sall. 

    “Il a reçu le plus de soutiens de partis et de candidats dont les candidatures ont été rejetées”, écrit le journal, qui rappelle notamment la consigne de vote de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, emprisonné pour des faits de corruption.  

    Mais les reproches qui sont faits à Macky Sall concernent sa promesse en 2012 de lutter contre corruption. “La concession d’exploration de pétrole accordée à une entreprise gérée par son frère a crée la polémique et des déçus”, rappelle le journal pour conclure. 

    Même si la croissance économique est encourageante, la JungeWelt note sur son site que la moitié de la population est touchée par la pauvreté et 10% des Sénégalais souffrent de sous-alimentation. 

    Le journal fait état aussi des critiques quant à la proximité entre le Sénégal et la France. 

    Une critique notamment soutenue par le plus jeune candidat, Ousmane Sonko, qui a accusé le président Macky Sall d’être le préfet de la France, lors de la visite en février du président Macron. 

     

    Traque contre la corruption au Mozambique 

    La traque de la corruption initiée par la justice mozambicaine a été un thème qui a intéressé particulièrement la Tageszeitung.
     
    “Chaque arrestation d’une personne de haut rang renseigne sur l’étendue de la corruption”, écrit la Tageszeitung, rappelant l’interpellation dimanche de Ndambi Guebuza, fils aîné de l’ex-président Armando Guebuza, qui a dirigé le Mozambique de 2005 à 2015. 

    Cette arrestation entre dans le cadre du scandale dit de la dette “cachée”. 

    Outre le fils de l’ex-président mozambicain, l’assistante personnelle de l’ancien chef de l’Etat et l’ex-patron des services de renseignement du pays ont également été interpellés lors d’une vague d’arrestations qui a concerné en tout huit personnes.

    La justice leur reproche d’avoir participé au détournement d’une partie de deux milliards de dollars de prêts  accordés à partir de 2012 à trois entreprises publiques pour l’achat de bateaux militaires et de pêche.

    “Ce qu’est devenu cet argent reste inconnu, mais l’État du Mozambique doit le rembourser. Pendant des mois, l’actuel président du Mozambique, Felipe Nyusi, a tenté de faire taire le scandale car il était ministre de la corruption à l’époque”, conclut le journal. 

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  • Débat autour du rapatriement des djihadistes allemands

    Débat autour du rapatriement des djihadistes allemands

     Selon die tageszeitung, l’Allemagne est responsable de ses citoyens, qu’ils soient prix Nobel de la Paix ou terroristes.

    C’est d’ailleurs un argument que les autorités allemandes utilisent régulièrement pour justifier l’expulsion de délinquants étrangers dans leurs pays d’origine.

    Donc refuser d’appliquer ce principe à ses propres ressortissants serait faire preuve de double morale. D’autant que c’est en Allemagne que la plupart des jeunes djihadistes se sont radicalisés. Leur destin a donc à voir avec la société dans laquelle ils ont grandi.

    La Süddeutsche Zeitung évoque la possibilité de déchoir les djihadistes allemands de leur nationalité. Ce n’est pas si simple, car la Loi fondamentale est très stricte. Ainsi, un Allemand peut perdre sa citoyenneté s’il effectue son service militaire dans l’armée d’un État étranger sans le consentement de l’Allemagne.

    Jusqu’ici, l’Allemagne a traduit en justice des djihadistes pour des crimes commis sur le sol allemand

    L’État islamique n’en est pas un mais il s’est présenté comme un État. Et comme les combattants allemands ont rejoint cet État, les conditions pour une déchéance de nationalité pourraient être réunies.

    L’Allemagne pourrait servir d’exemple en montrant qu’elle prend au sérieux ses responsabilités, estime pour sa part la Frankfurter Allgemeine Zeitung. En rapatriant des ressortissants qui se sont rendus coupables de crimes, elle se présenterait non pas en tant que patrie de traîtres mais en défenseuse des valeurs du monde libre.

    Cela, précise le quotidien, inclut la présomption d’innocence, mais également le fait que chaque acte soit poursuivi et puni de manière appropriée.

    Les journaux commentent par ailleurs la démission de sept députés du parti travailliste au Royaume-Uni.  

    Karin Smith, une des sept députés travaillistes démissionnaires

    Le départ des sept députés travaillistes n’est qu’un début et c’est une catastrophe pour le parti, prévient la Süddeutsche Zeitung. La direction du Labour est soumise depuis longtemps – à juste titre – à une forte pression interne et à une colère croissante de ses membres.

    Jeremy Corbyn n’a pas de ligne claire face à Theresa May sur le Brexit

    Le parti n’a pas de plan clair pour le Brexit, de nombreux sympathisants reprochent à Jeremy Corbyn de faire le jeu de Theresa May en naviguant à vue. Le parti est aussi trop laxiste dans la lutte contre l’antisémitisme et le racisme dans ses propres rangs.

    Comment le parti va-t-il gérer cette défection? se demande die tageszeitung pour qui la crise pourrait avoir un impact plus grand que le Brexit lui-même sur le plus grand parti de gauche européen. Le journal rappelle que c’est surtout le souhait d’en finir avec l’ère de Tony Blair qui avait favorisé l’ascension de Jeremy Corbyn.

    Celui-ci avait marqué des points avec son image de père Noël débonnaire qui distribue des paroles sages et des cadeaux. Mais le Labour est aujourd’hui dirigé par des apparatchiks sans scrupule qui entretiennent un culte de la personnalité et répondent avec haine à tout point de vue discordant, déplore le quotidien.

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  • UA, coopération, élections … Le président allemand sur l’Afrique

    UA, coopération, élections … Le président allemand sur l’Afrique

    Deutsche Welle : Monsieur le Président, dimanche sera votre troisième voyage en Afrique. Vous avez déjà visité le Ghana et la Gambie, l’Afrique du Sud et le Botswana. Maintenant, l’Éthiopie. Comment vous situez-vous par rapport à ce pays  – notamment par rapport à la Gambie, qui a également connu un changement démocratique surprenant à l’époque ?

    Le président fédéral Frank-Walter Steinmeier : C’est différent, car ce n’est pas mon premier séjour en Ethiopie. Je connais un peu le pays. Bien sûr je l’ai côtoyé à des moments différents et dans des conditions politiques différentes. Au cours de l’année, le peuple éthiopien a connu des évolutions extraordinaires : des changements, des tentatives de réforme, qui ont initié de nouvelles dynamiques dans le pays. C’est la raison pour laquelle j’ai très vite accepté l’invitation du président Sahle-Work Zewde et du premier ministre Abiy Ahmed. Il est important de respecter le courage qui a été fourni pour initier ces évolutions démocratiques. Mais il faut aussi les encourager sur place à poursuivre dans cette voie, en tant qu’Européen et en tant qu’Allemand. C’est pourquoi je pense que c’est le moment idéal pour s’y rendre.

    DW : Après votre visite en tant que ministre des Affaires étrangères en 2014, vous allez maintenant revenir dans une “nouvelle Ethiopie” en tant que président fédéral. Cependant, les nombreux conflits ethniques qui éclatent aujourd’hui suscitent de vives inquiétudes – l’État multiethnique éthiopien est confronté à de graves difficultés. Soulèverez-vous ces préoccupations auprès de votre homologue et du premier ministre Abiy ?

    Frank-Walter Steinmeier : Nous venons avec beaucoup de curiosité, mais nous ne venons pas naïvement, parce que nous connaissons les défis auxquels le premier ministre et mon homologue sont confrontés : le processus de paix avec leur ennemi juré, l’Érythrée, ouvrir les frontières qui ont été fermées pendant des décennies, la dépénalisation de l’opposition, la libération des prisonniers politiques ou encore la décision, tout aussi courageuse, de réduire le cabinet et de nommer un nombre égal d’hommes et de femmes. C’est une décision assez révolutionnaire pour l’Afrique. Mais bien sûr, tous ces changements ne signifient pas que d’autres développements ne soient pas nécessaires. Il faut de la persévérance pour mener à bien tant de changements dans un si grand pays encore marqué par d’anciennes rivalités, et où les tranchées du passé n’ont pas encore été comblées. Et cela exige de la patience de la part de la population. Ce processus prendra du temps avant de porter ses fruits pour tous. J’espère que les gens auront la patience. Et j’espère que les dirigeants politiques se montreront toujours aussi persévérants.

    Addis-Abeba

    DW : Le Premier ministre Abiy est la figure symbolique du changement démocratique en Ethiopie. De nombreux Éthiopiens s’inquiètent du fait que tant d’espoirs pèsent sur une seule personne. Au lieu de cela, ils plaident en faveur du renforcement des institutions et – dans l’État fédéral d’Éthiopie – des régions. Quelle expérience peut apporter  l’Allemagne  en ce qui concerne sa propre structure fédérale ?

    Frank-Walter Steinmeier : En Europe et en Allemagne, nous connaissons la différence entre les efforts fournis et le fruit des réformes. Nous ne devons donc pas nous contenter de regarder à distance. Si nous pensons que la voie est la bonne, nous devrions l’appuyer. Si l’Allemagne, en tant que pays économiquement fort en Europe, veut apporter son soutien, elle peut naturellement le faire par le biais d’une coopération politique, d’une assistance consultative, par exemple pour le renforcement des institutions. Mais bien sûr, le pays a aussi besoin d’impulsions économiques. C’est pourquoi je voyage avec une délégation économique, des entreprises qui, je le sais, ont un réel intérêt pour l’Éthiopie. Et j’espère que c’est aussi un moyen d’appuyer la politique économique du premier ministre Abiy.

    DW : La semaine dernière, le Bundestag, le parlement allemand, a appelé le gouvernement allemand à s’impliquer davantage dans le processus de paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée. De nombreuses voix, notamment africaines, estiment que l’Allemagne a un rôle beaucoup plus important à jouer. Pourquoi ne pas remplir ce rôle, pourquoi sommes-nous si souvent en deçà des attentes africaines ?

    Steinmeier : Je ne crois pas que nous ne sommes pas en deçà de leurs attentes. La voie empruntée par l’Éthiopie mérite d’être soutenue. Mais pour la paix dans la Corne de l’Afrique et dans les relations entre l’Éthiopie et l’Érythrée, c’est aux dirigeants éthiopiens, et à eux-seul, d’évaluer quel genre d’aide nous pourrions leur fournir. Je ne peux pas imaginer que l’Allemagne manque de volonté dans ce domaine.

    Une session de l’Union africaine à Addis-Abeba.

    DW : Vous aurez également des entretiens avec l’Union africaine (UA). L’Allemagne soutient le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine depuis de nombreuses années. Néanmoins, on reproche encore aux États membres d’être trop unis et de se soutenir en cas de violations des droits de l’homme ou de fraude électorale, comme ce fut le cas récemment au Congo. Le rythme des réformes est également déploré, de même que la discipline financière. Toutes ces questions seront-elles abordées lors de vos discussions avec le président de la Commission Moussa Faki ?

    Il en va de même pour l’Union africaine comme pour l’Union européenne : une telle association ne peut être forte que si ses membres font en sorte qu’elle le soit. C’est pourquoi, par le passé, j’ai compris les critiques à l’encontre de l’Union africaine, mais en même temps j’ai dit que à partir du moment où ses membres ne lui donnent pas les compétences nécessaires, elle ne pourra pas conduire les pays africains dans la bonne direction. Néanmoins, il y a eu des développements au sein de l’UA que j’apprécie et reconnais, et où j’espère qu’il n’y aura pas de revers – en particulier en matière de politique étrangère et de sécurité. L’Union africaine est devenue beaucoup plus efficace dans le maintien de la paix qu’elle ne l’était il y a dix ou vingt ans.

    Angela Merkel avec Paul Kagame et Cyril Ramaphose en octobre 2018 à Berlin.

    DW : Ces dernières années, on a beaucoup parlé “de l’Afrique, continent des opportunités”. L’Allemagne a accueilli l’Année africaine du G20, et il existe diverses initiatives africaines telles que les Compacts with Africa (CwA). La perception européenne de l’Afrique est néanmoins dominée par la fraude électorale au Congo, la guerre civile au Sud-Soudan et les migrations. Quand verra-t-on enfin en Europe le vrai visage de l’Afrique ?

    Steinmeier : Ça, ça ne se commande pas. On ne peut qu’essayer de faire en sorte que la vision européenne sur l’Afrique soit plus éclairée. Il s’agit notamment de clarifier le concept d’”Afrique”. Il n’y a pas une seule Afrique. L’Afrique est plurielle. L’Europe doit réellement être plus présente, elle doit chercher des coopérations où ses homologues se sentent compris et considérés. Dans certains domaines, nous sommes en mesure de le faire. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour tous. Et j’espère que de nombreux pays africains vont voir leur volonté et leur ambition de se rapprocher des états européens croître. Cette relation d’égal à égal doit venir des deux côtés. Mais c’est surtout aux Européens de faire des efforts dans ce domaine.

    Ludger Schadomsky, rédacteur en chef de la rédaction amharique de la DW et Mohammed Negash, journaliste au sein de cette même rédaction, ont réalisé l’interview.

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  • La presse allemande sceptique après l’élection de Tshisekedi

    La presse allemande sceptique après l’élection de Tshisekedi

    Cette semaine, comme dans de nombreux pays, il a beaucoup été question de République démocratique du Congo dans les journaux allemands, après la validation des résultats de la Céni par la Cour constitutionelle. Avec des critiques d’abord. “La fraude électorale approuvée“, titre la Süddeutsche Zeitung dès lundi. Une prise de position très claire. Car la Süddeutsche voit une raison à cette validation : “Le régime de Kabila vivra mieux avec Tshisekedi vainqueur plutôt qu’avec Fayulu“, écrit-t-il, rappelant au passage que le camp Kabila a obtenu 70% des sièges du parlement.

    Comme la Süddeutsche, beaucoup de journaux n’ont donc pas caché leur scepticisme après cette élection. “Félix Tshisekedi est à l’opposé de l’esprit de résistance de son père“, écrit même la Tageszeitung, très sévère. Parlant de la conviction des observateurs de la manipulation des résultats, la Tageszeitung écrit que le nouveau président “prend ses fonctions avec un handicap grave, qui pourrait ruiner le nom de son illustre père“.

    Des espoirs pour l’avenir

    Mais après la prestation de serment, en fin de semaine, ce vendredi, la presse allemande se veut parfois plus positive. “Même dans la controverse, le changement de pouvoir est un succès pour le Congo, car il est pacifique“, écrit le Spiegel Online. Fin du débat pour beaucoup, on parle désormais des défis à venir. Die Zeit relève par exemple celui de la lutte contre la corruption, contre la pauvreté. “Le pays possède de nombreuses ressources naturelles“, rappelle le journal, comme pour aller de l’avant. 

    “Le même vieux bateau que sous Mugabe”

    Manifestation au Zimbabwe en ce mois de janvier.

    Aller de l’avant, c’est aussi le défi du Zimbabwe. Le pays est pris dans la contestation sociale. “Il y a eu une douzaine de morts lors des dernières grèves“, relève la Neue Zürcher Zeitung. Le journal rappelle le niveau d’inflation dans le pays où “l’essence est la plus chère du monde” : “40% en décembre, on pourrait même atteindre 60% en janvier“. En cause notamment, selon le journal, l’introduction des bond-notes pour faire face à la pénurie de dollars. “Ca n’a rien réglé et on manque de devises étrangères pour importer par exemple des médicaments dont on a un besoin urgent“, écrit le journal.

    La suite est une dissertation économique par toujours très simple. On cite notamment un économiste qui ne voit qu’une seule solution pour sortir de la crise : “privatiser l’agriculture, créer des chaines de valeur, soit rendre les entreprises plus performantes et assurer une sécurité pour les investisseurs“. Mais la crise politique, les querelles entre opposition et pouvoir s’ajoutent à cette crise économique. “Les scénarios actuels vont du statu quo à l’effondrement de l’Etat, c’est toujours le même vieux bateau qu’à l’époque de Mugabe“, conclu la Neue Zürcher Zeitung.

    Rumeurs de coup d’Etat au Soudan

    Et puis “des ingénieurs contre le président soudanais“. C’est le titre d’un article de la Tageszeitung vendredi. Le journal revient sur la contestation sociale qui s’est transformée en une contestation générale du pouvoir en place en quelques semaines. “Pas de fin de la contestation en vue après cinq semaines de mobilisation“, écrit le journal parlant donc des ingénieurs dans la rue jeudi.

    “Au pouvoir depuis 30 ans, le président soudanais accuse les militants du Darfour d’organiser la contestation”, raconte encore le quotidien. “Sauf que même dans l’armée, qui l’a aidé à prendre le pouvoir en 1989, sa popularité diminue. Les rumeurs d’un coup d’Etat ne cessent d’augmenter sur place“.

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  • Psychose face à la perspective d’un Brexit chaotique

    Psychose face à la perspective d’un Brexit chaotique

    “Après le deal comme avant le Brexit”, voici comment la Tageszeitung résume la situation après le rejet au parlement britannique de l’accord sur le Brexit. Un tremblement de terre politique peut provoquer un tsunami. Mais impossible de calculer jusqu’où peut aller la vague.

    Dans sa métaphore, laTageszeitung fait remarquer qu’après son revers au parlement, ce n’était plus la Première ministre Theresa May qui risquait la noyade mais plutôt son opposant travailliste Jeremy Corbyn dont la motion de défiance a été rejetée, même par les frondeurs de la famille conservatrice de Theresa May.

     

    May soutenue malgré la fronde

    Les “Tories” peuvent commettre toute sorte de bêtise, ils ne sont pas coutumier du suicide politique, lit-on encore dans la Tageszeitung qui recommande que des négociations soient menées avec toutes les parties pour trouver un consensus.

    La Frankfurter Allgemeine Zeitung souhaite la même chose. Une alternative à un Brexit sans accord profiterait autant au Royaume-Uni qu’à l’Union européenne. S’il fallait revenir sur la décision du Brexit, comment serait-il possible que le Royaume-Uni, si divisé, jouisse encore d’un quelconque respect au sein de l’Union européenne ? s’interroge die Welt.

    Il faut vite sortir de ce dilemme ! lance le journal avec le constat que jamais Londres n’a véritablement acquis l’identité européenne.

     

    Des promesses dans le dos du contribuable

    La Frankfurter Rundschau s’intéresse sur le plan allemand, à la sortie du charbon comme source d’énergie. Le gouvernement promet plus d’argent aux Länder qui ont fermé leur mine de charbon.

    Mais le journal précise que “tous les charbons ne sont pas sortis du feu”. On est encore loin du plan de retrait souhaité par les écologistes.

    Le Rheinische Post prévient de son côté que toutes ces promesses sur des décennies seraient financées sur l’argent du contribuable alors que celui-ci n’a pas été représenté aux négociations. La sortie du charbon, quoique nécessaire, coûtera cher, très cher, pense le journal.

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  • L’extrême-droite allemande dans le viseur du renseignement

    L’extrême-droite allemande dans le viseur du renseignement

    Le Brexit et le “non” des députés anglais est évidemment à la Une de nombreux quotidiens allemands ce mercredi. Mais ce qui retient l’attention de la presse germanophone ce sont aussi des manifestations en Pologne et l’extrême droite allemande qui pourrait être mise sous surveillance par les services de renseignements. Une information communiquée ce mardi 15 janvier par l’Office fédéral pour la protection de la Constitution.

    “Ambitions anticonstitutionnelles”

    Une surveillance qui n’en est pas encore véritablement une. En fait, “les services de renseignements ont leur propre humour“, écrit la Frankfürter Allgemeine Zeitung pour tenter d’expliquer tout cela sans être barbant. “Avant de déclencher ce qu’ils appellent surveillance, il y a d’abord un “Vorhölle”, la marche en dessous en fait.” On surveille un peu, mais pas complètement encore.

    Pour l’heure, les services secrets ont des “indications factuelles d’ambitions anticonstitutionnelles” du parti, explique la Tageszeitung. D’où cette mise en garde, cette menace de surveillance élargie et la colère du parti d’extrême droite AfD et de son chef rapportée par la Süddeutsche Zeitung. “Alexander Gauland parle de pression politique” menée contre lui parle les services secrets, dit le journal.

    Insuffisant

    Enfin“, commente de son côté la Taz, “c’est une décision prise avec retard, car on sait depuis longtemps qu’une partie des membres de ce parti est contre l’Etat et son système”. “C’est un avertissement à toutes les forces extrémistes, un rappel des frontières du droit et un avertissement aux modérés de ne pas verser dans l’extrémisme“, ajoute la FAZ. “Un carton jaune“, dit la Süddeutsche.

    D’un autre côté, dit la Volksstimme, cette menace “va conforter la direction du parti dans un rôle qu’elle chérît : celui de martyr“. “Et ce n’est pas la surveillance qui fera changer les électeurs du parti d’avis“, renchérit la Taz. “Cette décision va donc dans le bon sens mais ne constitue pas un soupir de soulagement. C’est l’engagement de tous les démocrates qui est nécessaire“, conclut le journal.

    Recueillement contre la haine en Pologne

    “Stop à la haine”, lors d’un recueillement à Gdansk lundi soir.

    Et puis dans la presse aussi, encore des traces de l’extrémisme, en Pologne cette fois. Le maire de la ville de Gdansk dans le Nord du pays est mort lundi des suites d’une attaque au couteau. “Des milliers de personnes descendent depuis dans la rue pour mettre en garde contre un empoissonnement de la vie politique“, raconte la Taz, photo de centaines de personnes bougies à la main à l’appui.

    On se demande comme ça a pu aller aussi loin“, raconte aussi la FAZ. De l’étonnement, mais pas uniquement. “Sur place on n’hésite pas à mettre en scène un chef d’orchestre connu mais critique du pouvoir avec une étoile jaune“, déplore la Süddeutsche qui poursuit : “On dénonce les opposants comme des marionnettes de l’UE, des soutiens des homosexuels ou des migrants qui ruinent le pays. Le maire de Gdansk n’est que la première victime de ce climat de haine“.

    Alors que faire ? Peu de réponse dans la presse. “Lundi soir à Gdansk c’est l’émotion qui captivait pendant la diffusion d’une chanson : The Sound of Silence, le son du silence“, conclut la FAZ.

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  • Richard Grenell, l’ambassadeur pas comme les autres

    Richard Grenell, l’ambassadeur pas comme les autres

    Et ce lundi le Handelsblatt publie l’intégralité de la lettre. Elle débute ainsi : “Comme vous le savez, les Etats-Unis sont ferment opposés au gazoduc Nord Stream 2”. Le diplomate fait savoir son “inquiétude quant au comportement agressif de la Russie, notamment l’utilisation par Moscou des ressources énergétiques comme levier politique et économique.” 

    Il parle de la sécurité pour l’Ukraine, par où le gaz passe actuellement et qui, sans gazoduc, serait à la merci de Moscou. “Nous insistons sur le fait que les entreprises qui opèrent dans le domaine des pipelines pour l’exportation d’énergie russe s’engagent dans des activités qui comportent un risque significatif de sanctions.”  L’ambassadeur ajoute qu’il en va de la réputation des entreprises allemandes.

    “Lex Grenell”, la loi Grenell, commente la Süddeutsche Zeitung. “Richard Grenell aime se comporter comme un homme politique. Le rôle du diplomate ne lui suffit pas”. 
    Le journal rappelle les débuts fracassants de cet ambassadeur pas comme les autres. L’envoyé de Trump avait donné une interview au site d’extrême droite nationaliste Breitbart News l’été dernier pour y déclarer qu’il soutiendrait des conservateurs en Europe qui se soulèvent contre les élites. 
    De la “Postdiplomatie” avait à l´époque titré Die Zeit en appelant le gouvernement à montrer à l’ambassadeur américain “quelles étaient les limites à ne pas dépasser”.

    Sur le front économique aussi ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis “se permettent” ce genre de manœuvres, explique la Süddeutsche Zeitung. “Quand ils ne pouvaient pas convaincre les acteurs politiques européens de ne pas faire d’affaires avec l’Iran, ils ont également menacé les entreprises européennes de sanctions.” Pour le quotidien, certes “le projet Nord Stream 2 fait débat parce qu’il devrait augmenter la dépendance de l’Allemagne vis-à-vis du gaz russe mais les décisions reviennent aux gouvernements européens et allemands et non pas à Washington et encore moins à leurs ambassadeurs.”

     

    Cellule d’extrême droite au sein de la police allemande

    De la lettre d’intimidation politique de l’ambassadeur américain, on passe à la lettre de menaces de mort qu’a reçue en Allemagne une avocate allemande d’origine turque qui avait notamment défendu une victime du groupe terroriste d’extrême droite allemand NSU. 
    Elle s’appelle Seda Basai Yildiz. Signé NSU 2.0 du nom de ce groupe, le langage est on ne peut plus crû. On y menace “d’arracher la tête à sa fille”, de s’occuper “comme il se doit de son équipe de mangeurs de döner kebab”.

    L’avocate avait déjà été la destinataire d’une lettre signée NSU 2.0 en décembre. L’enquête avait alors mené vers un commissariat de Francfort et cinq policiers d’extrême droite, suspendus depuis.

    Depuis, la police tente de réagir pour redorer son blason, explique le Tagesspiegel de Berlin. “Les policiers de Francfort ne sont pas des nazis” peut-on lire dans une lettre, encore une, signée par des fonctionnaires de police appelant à éviter les “préjugés et les généralisations”. “Les coupables veulent m’intimider, mais je n’abandonnerai pas“, a déclaré l’avocate à la Süddeustche Zeitung.

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