LETTRE DE NEW YORK
Avis aux jeunes prodiges : il vous reste deux jours pour déposer votre candidature à Harvard. Et le Wall Street Journal vous donne en « une » quelques conseils pour réussir : déménagez dans les montagnes perdues du Montana – l’université a bien du mal à recruter dans les campagnes américaines – ; soyez très pauvre – et vous augmenterez la diversité de la prestigieuse école de Cambridge (Massachusetts) – ; ou au contraire très riche – afin que vos parents puissent être de généreux donateurs. Surtout, intéressez-vous aux humanités, plus qu’à la science que l’on peut étudier au MIT voisin. Enfin, si vous êtes un champion de hockey, vous avez toutes les chances d’être admis.
La raison de cet article du quotidien économique ? La tenue, depuis le 15 octobre à Boston, du procès contre le processus d’admission de Harvard, accusé de discriminer les étudiants d’origine asiatique.
L’affaire, qui tient en haleine l’élite américaine, a forcé l’avocat du campus, Bill Lee (promotion Harvard 1972) à dévoiler les secrets de l’université en la matière. « Je n’ai pas révélé la recette du Coca-Cola » , a-t-il assuré. Il n’empêche, on en sait désormais beaucoup plus sur les méthodes de Harvard.
La sélection est sévère, seuls 2 022 étudiants ont été admis en 2017 sur 43 000 postulants. Tous ont d’excellents scores académiques, et il faut donc trouver d’autres critères pour les départager. Certains, évidents, portent sur le caractère du candidat – social, extraverti mais pas trop, extraordinaire forcément. D’autres sont moins avouables : il existe une liste de candidats « dans l’intérêt du doyen » (on dirait les pistonnés en français) ainsi qu’une « liste Z », celle des candidats qui n’ont pas tout à fait le niveau. Bref un labyrinthe plus ou moins recommandable dont les aspirants rêvent de trouver l’issue.
Un modèle d’« affirmative action »
Le sujet officiel est ailleurs, il s’agit de savoir si Harvard…