L’ex-animatrice télé en Belgique puis en France est, à 41 ans, une actrice très demandée. La réalisatrice Catherine Corsini lui a offert le rôle principal d’Un amour impossible , qui sort le 7 novembre.
Je ne serais pas arrivée là si…
Si je n’avais pas rencontré des personnes, sur mon parcours, pour me donner une forme de liberté, de confiance. Elles m’ont permis de mieux me connaître, de m’autoriser à faire des choses. Je pense par exemple à la réalisatrice Justine Triet. Son film Victoria [2016] a changé le regard porté sur moi, on m’a ensuite proposé des rôles dans un registre plus large. Il a aussi changé le regard que je portais sur moi-même. Je suis quelqu’un de normal, avec une dureté, une mélancolie, des contradictions dont je pensais qu’elles n’intéressaient personne.
Ce manque de confiance a-t-il à voir avec votre enfance, à Bruxelles ?
J’ai eu une enfance extrêmement heureuse. Mon père était professeur d’hématologie et d’oncologie à l’hôpital universitaire. Il avait une conscience sociale extrêmement forte. Ma mère avait une capacité d’adaptation inouïe et une immense qualité : elle créait le beau. D’ailleurs mon frère cadet est devenu peintre et sculpteur. Mais j’avais une grande gêne de moi-même. Je me souviens de m’être dit très tôt : « Je ne suis pas exceptionnelle. » D’avoir relu le journal intime que j’écrivais, adolescente obsédée par les garçons, en pensant : « Mon Dieu, je suis bête… » D’osciller entre le sentiment que la vie me réserverait des aventures et celui de ne pas être à la hauteur.
Un prof de dessin scientifique nous avait demandé ce qu’on voulait faire plus tard. Un camarade a répondu pour moi que je voulais être actrice. « Ah oui ? », a dit le prof. « Tu veux faire du peep show ? » J’ai rigolé avec tout le monde.
Votre scolarité a-t-elle contribué à cette auto-dévalorisation ?