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-Pour la deuxième fois consécutive, l’opposant congolais Vital Kamerhe a été empêché dimanche de se rendre à Goma, dans l’est de la RDC. La justice envisagerait par ailleurs son “arrestation immédiate”. Le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC) n’y voit qu’une volonté du pouvoir de “l’exclure du jeu politique” avant la présidentielle de 2016. Interview.
Décidément, la “caravane de la paix” éprouve du mal à quitter la gare. Initialement prévue pour le mois de décembre, la tournée de l’opposant congolais Vital Kamerhe dans la partie est du pays, ravagée par près de deux décennies de conflits armés, ne cesse d’être reportée. Dernier incident en date, le 7 février, l’avion qui devait amener la délégation de son parti, l’Union pour la nation congolaise (UNC), à Goma a été empêché de décoller de l’aéroport de Ndolo, à Kinshasa. La compagnie aérienne aurait des litiges avec la Régie des voies aériennes (RVA). “Soit des problèmes techniques, soit des problèmes de redevances”, selon Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement congolais. Rien à voir donc avec la présence de Vital Kamerhe à bord.
Seulement voilà, quarante-huit heures plus tard, le président de l’UNC a été empêché une fois de plus, le 9 février, de se rendre dans la capitale du Nord-Kivu, alors qu’il affirme avoir payé, cette fois-ci, le billet d’une ligne commerciale. Contacté au téléphone par Jeune Afrique quelques minutes après l’incident, Vital Kamerhe livre son interprétation des faits.
Jeune Afrique : Pourquoi vous n’avez pas pu prendre place à bord de l’Airbus A320 de la compagnie CAA qui devait vous conduire à Goma pour entamer votre tournée ?
Vital Kamerhe : Après le dernier voyage raté, j’ai décidé de payer un billet d’une ligne commerciale et ai accompli toutes les formalités requises. Hélas, aujourd’hui [le 9 février], je me suis vu empêcher d’entrer dans le salon d’honneur pour ne pas accéder à l’embarquement, alors que toute la délégation de mon parti était déjà à bord. Ensuite, j’ai été conduit à un cachot de la Direction générale de migration (DGM) après une bagarre entre les membres de mon entourage, indignés, et les agents des services spécialisés. Ces derniers m’expliqueront alors qu’ils ne m’ont pas laissé passer parce que je n’avais pas présenté ma carte d’identité. Je leur ai remis aussitôt mon passeport qu’ils ont retenu pendant trois heures.
Au final, vous n’avez pas pu voyager…
Il s’agit d’une manœuvre pour me bloquer à Kinshasa.
Pour le ministre de l’Intérieur [Richard Muyej], c’est moi qui n’aurais pas respecté les engagements. Parce qu’ensemble, nous avions convenu de nous rencontrer lundi [10 février] pour examiner tous les contours de ma tournée dans l’Est. Seulement, je l’avais prévenu qu’il devait publier un communiqué officiel au plus tard samedi [8 février] à 21 heures pour expliquer à la population de Goma qu’à sa demande, mon voyage sera de nouveau reporté. Ce qu’il n’a pas fait. J’ai compris qu’il s’agissait juste d’une manœuvre pour tenter de me bloquer à Kinshasa.
Cette situation a-t-elle un rapport avec l’affaire qui vous oppose avec une députée de la majorité ?
Selon les informations en ma possession, le tribunal de grande instance de la Gombe aurait siégé nuitamment, le 7 février, pour trancher l’affaire. Malgré les instructions qu’ils ont reçues pour qu’ils me condamnent, les trois juges auraient décidé plutôt de renvoyer l’affaire devant une autre juridiction. Mais, on nous apprend que la Cour suprême de justice aurait décidé de se saisir du dossier pour prononcer, le 10 février, ma condamnation à trois ans de prison ferme.
Condamné, vous risquerez de ne pas prendre part à la prochaine présidentielle prévue en 2016 ?
Le président Joseph Kabila veut m’exclure du jeu politique. Pourquoi m’empêcher de me rendre à Goma pour apporter un message de compassion et de réconciliation aux populations du Nord et Sud-Kivu ? Kabila a déjà décidé de me faire condamner à trois ans de prison ferme dans l’affaire qui m’oppose à la députée Wiwine Moleka. Ce sera une première : arrêter un président d’un parti parce qu’il a fait rapporter d’éventuelles fraudes lors d’un scrutin. Je n’ai pas volé, je n’ai pas tué, mais ils vont me condamner. Et ces personnes qui prétendent rechercher la cohésion nationale, au même moment, sont en train d’amnistier les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23).
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Propos recueillis par Trésor Kibangula