Par Freddy Mulongo,
Oui, certainement il y a une vie après après le pouvoir, tout dépend dans quel pays on l’a exercé. En Afrique, ce n’est pas évident car certains pays ont renoués avec des coups d’états: 2003, François Bozizé a renversé Ange-Félix Patassé en République Centrafricaine, Verissimo Correia Seabra renverse Kumba Yala en Guinée-Bissau; 2005, Ely Ould Mohamed Vall a renversé Maaouiya Ould Taya en Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz a renversé Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi toujours en Mauritanie; Moussa Dadis Camara s’empare du pouvoir après le décès Président Lansana Conté le 22 décembre 2008, Moussa Dadis Camara annonce la suspension de la Constitution et de toutes les institutions républicaines ainsi que la dissolution du gouvernement. Le 24 décembre, il s’auto-proclame président de la République de Guinée; 2009, Andry Rajoelina “TGV” démet Marc Ravalomanana à Madagascar; 19 février 2010, au Niger, des soldats mutins rentrent dans le palais présidentiel pour dénicher l’oiseau rare. Mamadou Tandja est alors arrêté et neutralisé . Le régime balayé est aux mains du commandant Adamou Harouna et ses hommes-commanditaire du coup d’Etat.
Montréal, mercredi 17 février 2010, Vital Kamerhe, ancien président du Parlement congolais et Bernard Derome de Radio Canada. Photo Solange Upar.
En République Démocratique du Congo, le césaro-joséphisme est à son apogée. Les fayots, godillots et faucons du régime joséphiste qui ressemble de plus en plus au mobutisme sans Mobutu (disons plutôt qui a déjà dépassé le mobutisme par son autoritarisme et ses dérapages autocratiques) font taire toutes les voix alternatives.
Le président de l’Assemblée nationale, on le sait, a rendu le tablier mercredi 25 mars 2009, au cours d’une courte plénière au Palais du peuple à Kinshasa. Sans débat ni vote, sa démission a été acceptée par la plénière. Comment Vital Kamerhe entrevoit-il son avenir politique ? « Je suis et reste avant tout membre du plus grand parti, à savoir la nation congolaise », avait martelé Vital Kamerhe avant de préciser que c’est là où il se sentait plus libre qu’ailleurs. Car, selon lui, là, il n’y avait pas de passion, il n’y avait pas de couleurs politiques, il n’y avait que les intérêts du peuple qui nous guident.
Poussé à la démission par sa propre famille politique, l’AMP, Parti-Etat , à cause de sa déclaration sur Radio Onusienne Okapi, précisant qu’en tant que Président de l’Assemblée nationale,Vital Kamerhe ignorait l’entrée des troupes rwandaises au Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo. Au niveau de l’Assemblée nationale, environ 250 députés signataires d’une pétition exigeaient « la convocation immédiate d’une session extraordinaire du Parlement afin d’examiner les accords conclus par le gouvernement avec l’Ouganda et le Rwanda sur les opérations militaires conjointes pour désarmer les rebelles ougandais et rwandais » installés en province Orientale et au Kivu. Des rumeurs persistantes lui attribuaient la paternité de cette initiative. et la mise en circulation d’une pétition visant la convocation d’une session extraordinaire de l’Assemblée nationale peuvent faire que la foudre lui tombe sur la tête.
Les fayots lui reprochaient de chercher à « humilier » Joseph kabila; les faucons de l’AMP, Parti-Etat vont exiger sa démission au perchoir de l’Assemblée nationale.
Depuis son départ en tant que président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe n’a pas touché le moindre salaire.
Vital Kamerhe n’est pas au bout de ses peines, bien qu’il ait dû démissionner, il y a un an, sous la pression de son propre camp, de la présidence de l’Assemblée nationale, le député Augustin Katumba Mwanke, membre influent du Comité de stratégie (un organe qui dépend de la présidence congolaise), a l’intention de « l’humilier » en le faisant expulser du logement de fonction qu’il continue d’occuper, même s’il réside le plus souvent en Afrique du Sud.
On comprend dès lors que le pouvoir joséphiste a besoin des applaudisseurs, des flagorneurs de tous poils, des godillots, des semeurs de compliments,des passeurs de pommade et de brosse à reluire, des djalélolistes revisités et non pas des rénovateurs encore moins des frondeurs.
La trêve n’est toujours pas à l’ordre du jour entre l’ancien président de l’Assemblée nationale et certains proches de Joseph Kabila.
Lorsque comme à l’accoutumée, imbu de lui-même, Henry Mova Sakany, ambassadeur du Benelux dans son interview télévisée accordée à RTL-TV parle d’embellie des droits de l’homme en République Démocratique du Congo, de qui se moque-t-il ?
Privé un ancien président de l’Assemblée nationale de son salaire, n’est-ce pas une atteinte grave à la liberté élémentaire ?
Les fonctionnaires impayés, les bébés prisonniers dans les maternités, les écoliers et élevés chassés des écoles, les militaires et policiers qui rackettent, les femmes violées impunément à l’Est, le manque de transports publics, le délestage imposé aux Congolais, la dollarisation de la monnaie…De quelle embellie parle HMS ?
L’erreur de Vital Kamerhe aura été d’avoir mouillé sa chemise-avec des pratiques pas toujours protestantes-pour qu’une clique de prédateurs arrivent au pouvoir avec les élections Louis Michel de 2006.
Est-il pour autant normal voire nécessaire de priver un ancien président de l’Assemblée nationale de son salaire à cause d’une divergence de vue ? Dans un pays démocratique cela ne se ferait pas, or le Congo porte l’appellation démocratique dans sa nomination.
heureusement que le Congo n’a pas de goulag comme en Union soviétique de Brejnev.
Si ceux qui ont servi l’Etat congolais peuvent se retrouver avec de tels actes: privation de salaire, expulsion du logement de fonction alors qu’on est encore député et on demeure un président de l’Assemblée nationale honoraire, que dire de simples citoyens congolais qui pensent différemment de la bande à Louis Michel au pouvoir à Kinshasa ? Sans doute on va finir par réhabiliter l’échafaud de Pont-Gabu
En politique on peut toujours rebondir. Les mobutistes qui noyautent le régime joséphiste aujourd’hui avaient fui le Congo en 1997, ils sont revenus avec les mêmes méthodes et pratiques. Vital Kamerhe pourrait toujours revenir. Déjà invité par l’Institut d’études internationales de Montréal (IEIM) dans le cadre du cycle de conférences “Repenser l’Atlantique”, M. Vital Kamerhe, l’ex-président de l’Assemblée nationale de la R.D. Congo, a livré mercredi le 17 février 2010 un magistral exposé sur “Le fondement de la politique transatlantique de la République Démocratique du Congo”.
Se voulant éveilleur de conscience, il a tablé sur le potentiel géostratégique de la République Démocratique du Congo dont les ressources naturelles se comparent à celles du Brésil. Une position que doivent intelligemment exploiter l’élite et les politiques congolais dans un monde appelé à faire face à des défis de taille dans divers domaines.
À l’auditoire majoritairement composé des Congolais dont certains se sont amusés à jouer aux perturbateurs, Vital Kamerhe a calmement souligné l’importance de mettre de côté la partisannerie politique et de privilégier le Congo quand l’intérêt national le commande.
Et ce rendez-vous du changement et du développement, les Congolais ne peuvent se permettre de le louper à l’heure où on voit les pays émergents comme le Brésil, la Chine et l’Inde imposer l’établissement de nouveaux rapports gagnants-gagnants avec les investisseurs étrangers friands de nouvelles ressources.
Comme disait Sénèque: “Il n’a pas de vents favorables pour ceux qui ne savent pas où aller”. Vital Kamerhe doit se déterminer et savoir où il veut aller.