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« Wanderlust » : petit bijou psy de la BBC

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Netflix à la demande, série

Toni Collette est une actrice à la virtuosité caméléonesque bien connue. Depuis sa révélation au public, grâce à l’attachant film Muriel’s Wedding (Muriel, 1994), de P. J. Hogan, l’Australienne n’a cessé d’en faire l’éclatante démonstration dans le cadre du cinéma d’auteur (le merveilleux Little Miss Sunshine, 2006, de Jonathan Dayton et Valerie Faris), ou hollywoodien, ainsi qu’à la télévision.

La série United States of Tara (2009-2011), créée par Diablo Cody et produite par Steven Spielberg, lui donnait l’occasion d’incarner une mère de famille atteinte de troubles de la personnalité qui, au fil de ses crises, devenait une ado de 16 ans, un vétéran du Vietnam, une psychanalyste… Elle y était stupéfiante.

Une petite ville « lambda »

Dans Wanderlust (2018), série créée pour la BBC par le dramaturge Nick Payne d’après sa propre pièce du même nom, Toni Colette incarne aussi une psychanalyste – réelle cette fois – exerçant dans une petite ville britannique lambda proche de Manchester.

Avec son mari professeur, elle constitue un couple aimant, mais qui s’ennuie au lit et décide de se livrer, en toute transparence, à des expérimentations sexuelles extraconjugales. La situation met de l’huile dans les rouages, mais tourne bientôt au vinaigre.

Aidée par une consœur, elle va mettre au grand jour les ramifications souterraines et réprimées de sa crise identitaire savamment masquée derrière une vie de famille bobo, libérale, voire libertaire : alors que l’épisode 5 la montre face à sa psychothérapeute, le visage de l’actrice australienne passe de la placidité à la colère, du rire aux larmes. Ce talent expressif s’observe encore mieux à la fin de Wanderlust : en quelques secondes, et de manière plus fine, le visage de Toni Collette – qui a ce don et cette grâce d’être à la fois capable de laideur et de beauté – passe par des nuances chromatiques dignes du lever de soleil express dans Daphnis et Chloé, de Maurice Ravel…

La famille dysfonctionnelle

Mais, en dehors de ces moments qui la distinguent, la brillante soliste qu’est Toni Collette sait s’intégrer, sans faire de l’ombre, à une distribution d’excellents acteurs qui concourent au succès de cette très attachante série.

La longue scène de l’avant-dernier épisode, dans le cabinet de la psychothérapeute (elle occupe la quasi-totalité de ses cinquante-six minutes), montre aussi la liberté de conception et de réalisation qu’autorise le genre sériel, qui permet le déplacement du poids et du rythme narratif de façon aussi excentrée qu’excentrique.

« Wanderlust » pourrait être considérée non pas comme une série, mais comme un long film en six parties

D’ailleurs, Wanderlust pourrait être considérée non pas comme une série, mais comme un long film en six parties, même si cette appellation est souvent requise, de manière irritante, par des cinéastes qui n’osent pas assumer de mettre les pieds dans le genre de la série télévisée.

Parfaite telle quelle, même si sa conclusion ouvre le champ à une suite, on souhaite que ce bijou qu’est Wanderlust, variation inspirée sur l’inusable thème de la famille dysfonctionnelle, en reste au stade d’une minisérie, c’est-à-dire sans développement futur. Elle se tient très bien ainsi, en s’en cantonnant à ses six épisodes.

Wanderlust, série créée par Nick Payne. Avec Toni Collette, Steven Mackintosh, Zawe Ashton, Joe Hurst, Emma D’Arcy, Celeste Dring, Royce Pierreson, William Ash, Jeremy Swift, Anastasia Hille, Sophie Okonedo (GB, 2018, 6 × 55-59 min). www.netflix.com

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