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Par Un Monde Libre
-Il n’est plus un mystère que pour saisir le bien être dans une société, les économistes recourent aussi à la notion de pauvreté. Qu’elle frappe une communauté globalement prospère ou pas, la pauvreté est un fléau qu’il faut combattre et éradiquer car elle menace les aspects le plus essentiels à la vie humaine : valeurs morales, dignité humaines. Plus de 5 décennies après son accession à la souveraineté internationale, il semblerait que la RDC soit toujours pauvre. Il sied de s’interroger sur la persistance cette réalité qu’est la pauvreté dans un pays potentiellement fourni en ressources naturelles.
Mais qu’est-ce que la pauvreté ? Il n’existe pas de définition unique de la pauvreté. Certains en donnent une définition en terme absolus : Ainsi, les pauvres seraient les personnes dont les ressources resteraient en dessous d’un certain seuil (fixé en unité monétaire). C’est le cas de la Banque Mondiale qui fixe le seuil de pauvreté « absolue » à 1 dollar par jour.
Nul n’est sans ignorer que la pauvreté en RDC n’est pas un mythe. Pour s’en persuader il suffit de noter l’incapacité d’une grande majorité des populations congolaises à satisfaire les besoins alimentaires, l’incapacité d’accéder aux besoins de santé, à la scolarisation, de se loger décemment, etc. Toutes ces facettes de la pauvreté sont observables aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. La pauvreté dans la société Congolaise est également perceptible par des phénomènes sociaux grandissant qui traduisent une crise sociale profonde. Le cas le plus probant est sans doute la prostitution des mineurs.
Dans son rapport annuel de 2011 sur l’IDH, le PNUD estimé à plus de 71% des congolais qui vivent avec moins d’un dollar par personne par jour. En d’autre terme la pauvreté qui sévit en RDC est une pauvreté de masse qui touche toute les catégories socioprofessionnelles.
En outre, toujours selon le PNUD il y a une évolution critique du revenu par habitant. Celui-ci a régressé de plus de 15% en terme réel entre 1995 et 2007 (avant la crise mondiale), soit une baisse d’environ 1,4% chaque année sur cette période, alors que dans le même temps, la population croit chaque année à un rythme d’au moins de 2,8%. Ces statistiques sont plus qu’alarmantes.
Qu’est-ce qui explique la constance de la pauvreté en RDC ? Les statistiques précédentes reflètent une mauvaise gouvernance. Les années Mobutu ont d’abord constitué la descente aux enfers de la RDC. Sous ce régime, le pays n’a connu qu’une inflation, un déficit budgétaire et une dette publique qui n’ont fait que croître, mais également l’installation de la corruption qui aujourd’hui a atteint des records, et ce dans tout les secteurs de l’économie nationale. Pendant ces années l’Etat a brillé dans l’irrationalité, ce qui a eu comme conséquences un gaspillage des ressources, l’affectation de ces ressources à des fins politiques, etc.
Dans les années post-Mobutu, le pays a poursuivi sa course dans une instabilité politique et économique, mais surtout le pays connait toujours de problèmes de gouvernance économique. Ceux-ci se traduisent en termes d’environnement des affaires délétère. A cet effet, le classement Doing Business (2010) de la Banque Mondiale sur la facilité à faire des affaires plaçait la RDC à la 181ème place sur 183 des pays. En 2011, la RDC avait occupé la 176ème position. Dans le même registre l’indicateur du Wall Street Journal/Heritage qui mesure la liberté économique dans le monde plaçait la RDC à la 172ème position sur 175pays en 2011. Ces indicateurs traduisent combien la pratique des affaires est malaisée pour un entrepreneur. Or, le recul de la pauvreté passe par le développement de l’entrepreneuriat.
Pourquoi aujourd’hui après la démocratisation de la RDC, les populations congolaises ne jouissent pas toujours pleinement de leurs ressources ?
La réponse à la question est la malédiction des ressources. L’ordre mondial actuel est marqué par le jeu des intérêts de grandes puissances qui, en voulant à tout prix préserver leurs intérêts, favorisent l’aggravation de la misère des Congolais. Les congolais sont victimes de la richesse de leur sous-sol. La RDC est en effet un pays immensément pourvu en ressources naturelles : de plus de 80 millions de terres cultivables dont 10% seulement sont mises en valeur, des ressources minières importantes (le diamant, le coltan, le tungstène, l’étain, etc.), 2ème poumon vert de la planète après l’Amazonie, 2ème réserve d’eau douce mondiale. Rajoutons que le pays dispose d’un important potentiel hydro-électrique (soit 53% en Afrique et 13,5% au monde).
Malheureusement les populations de la RDC ne bénéficient pas de toutes ces richesses. Son économie est handicapée par des conflits armés incessants et un des niveaux de corruption le plus élevés de la planète à en croire Transparency International, qui pour l’année 2011 plaçait la RDC à la 6ème place des pays africains le plus corrompus. Dans ce cadre, la réussite dans les affaires dépend de relations étroites entre le business et le pouvoir : favoritisme dans la distribution des autorisations légales, subventions gouvernementales, allègements fiscaux, etc. C’est un véritable « capitalisme de copinage » pour les proches du pouvoir, en dehors de l’état de droit.
Ce système a empêché l’accès d’un grand nombre au secteur formel : une part importante de la population active a ainsi été forcée de s’orienter vers l’informel. Le BIT estime à plus de 72% de la population active congolaise évoluant dans le secteur informel à tel point qu’il est devenu le secteur dominant en matière des créations d’emploi dans notre pays. Mais dans l’informel, le « développement » économique est fortement contraint.
Au regard ce qui précède, il s’avère que la RDC est un pays pauvre, et ce après 52 ans d’indépendance. L’Etat congolais devra promouvoir la bonne gouvernance et l’état de droit, conditions nécessaires pour sortir les Congolais de cette réalité déplorable qu’est la pauvreté.
Auteur : Kambamba Darly
Kambamba Darly est économiste à l’Université de Kinshasa.