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-À moins de deux ans de la présidentielle, l’opposition congolaise (RDC) cherche un nouveau souffle. Alors qu’Étienne Tshisekedi, le deuxième homme de l’élection de 2011, est en retrait, la relève ne semble pas encore assurée…
C’était sa dernière apparition publique. Le 9 décembre 2013, après les obsèques nationales du chanteur Tabu Ley Rochereau, au Palais du peuple de Kinshasa, Étienne Tshisekedi a déclenché un petit mouvement de foule en descendant le grand escalier pour rejoindre sa voiture. Fidèle à la discipline qu’il s’impose depuis deux ans, il n’a pas dit un mot. L’opposant congolais, président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), arrivé en deuxième position derrière le président Joseph Kabila lors du scrutin contesté de 2011, n’a officiellement pas changé de position : il continue de s’autoproclamer président et attend que le pouvoir lui revienne. Mais sa stratégie pour parvenir à ses fins reste un mystère, même pour ses proches.
En attendant, aucune action visible n’est menée par son parti sur le terrain. L’homme de 81 ans passe son temps à sa résidence de Limete à Kinshasa et n’a pas quitté le pays depuis son voyage en Afrique du Sud en février 2013. Un déplacement en France, prévu en janvier (il avait même obtenu son visa), a été annulé “faute de moyens”, d’après un collaborateur.
S’il continue de jouir d’une popularité incontestable, Tshisekedi campe sur des positions qui s’apparentent de plus en plus à de l’immobilisme. Personne dans son entourage ne semble discuter ce choix. Il paraît ainsi peu probable de le voir concourir à la prochaine élection présidentielle, prévue pour la fin de l’année 2016. Si son parti doit bientôt organiser un congrès, aucun dauphin n’a été désigné à ce jour. “Il ne le fera certainement pas, reconnaît un proche. Ça ne fait pas partie des habitudes des personnes de sa génération.” Et un diplomate d’ajouter : “De toute façon, il a écarté beaucoup de ses proches compétents. L’UDPS est un champ de ruines…”
Y aura-t-il un candidat de l’opposition à soutenir ?
À Kinshasa, la direction du Mouvement de libération du Congo (MLC) n’est pas plus fournie. Son leader, Jean-Pierre Bemba, est toujours en détention à La Haye sur ordre de la Cour pénale internationale (CPI), qui le poursuit pour “crimes contre l’humanité et crimes de guerre” commis en Centrafrique entre 2002 et 2003. Quatre de ses proches, dont Fidèle Babala, son ex-bras droit, ont été arrêtés et devront répondre aux accusations de subornation de témoins et de falsification de documents. Le jugement de Bemba s’en trouve à nouveau retardé comme le reconnaît le secrétaire général du parti, Thomas Luhaka. “Jusqu’ici, on espérait qu’il soit libéré cette année. Aujourd’hui, nous ne sommes plus sûrs de rien.” Bemba garde espoir d’être présent en 2016 et appelle “quotidiennement” Luhaka. Mais le parti, désormais mené par ce dernier, ne peut plus faire l’économie d’un débat interne concernant la présidentielle. “Devra-t-on présenter un autre candidat ? s’interroge-t-il. Y aura-t-il un candidat de l’opposition à soutenir ? Il est trop tôt pour trancher.”
Chef de file de l’opposition ? Vital Kamerhe, le troisième homme de l’élection de 2011, s’y verrait bien. Depuis un mois, le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC) est la cible de diverses entraves de la part des autorités. Le 20 février, dans son fief de Bukavu, un rassemblement de ses partisans a été violemment dispersé sur la place de l’Indépendance, dont l’accès leur avait été interdit par la municipalité. En bon tacticien, Kamerhe n’évite pas toujours la confrontation. Et cette succession d’événements lui profite en partie. “La population craignait que personne ne prenne la relève de Tshisekedi, confie-t-il. Maintenant, ils savent que je suis là.”
Féderer l’ensemble des électeurs est un défi difficile
Cette stratégie de la tension est à l’opposé de celle du président du Sénat, Kengo wa Dondo, nommé au poste “d’autorité morale” de son groupe appelé Opposition républicaine. Ce dernier rassemble bon nombre de prétendants au futur gouvernement de cohésion nationale. Si la réputation de Kamerhe est entachée de son passé de proche collaborateur de Joseph Kabila (il a été le chef du parti au pouvoir puis le président de l’Assemblée nationale jusqu’en 2009), son attitude offensive lui permet de marquer une rupture avec cette période. Par ailleurs, il profite amplement du vide médiatique laissé par ses rivaux de l’opposition.
Mais fédérer l’ensemble des électeurs lors d’un scrutin national est un défi plus difficile à relever. “Quel était le score de Vital Kamerhe en 2011 ? demande Samy Badibanga, le président du groupe parlementaire UDPS et alliés. Il a recueilli moins de 8 % des voix, alors que Tshisekedi, que l’on disait déjà fini à l’époque, en avait récolté 32 %.” La route jusqu’à la présidentielle est longue. Et le temps ne joue pas en faveur du vieil opposant
Les risques du Calendrier
En principe, Joseph Kabila devrait quitter la présidence en 2016, puisque toute modification du nombre de mandats présidentiels est prohibée par la Constitution. Mais l’opposition craint un subterfuge, comme celui de jouer les prolongations en laissant advenir un “dérapage” du calendrier électoral pour ne pas organiser le scrutin dans les temps. Le président de la Commission électorale nationale indépendante, l’abbé Apollinaire Malu Malu, n’a pas réussi à rassurer le Parlement en présentant fin janvier sa “feuille de route”. Avant que ne soit organisée la présidentielle de 2016, il propose d’actualiser les listes électorales grâce à un recensement “administratif”, puis d’organiser les élections locales, début 2015, avant les provinciales au suffrage indirect. Or, la quasi-totalité de l’opposition est vent debout contre cette dernière option qui pourrait, selon elle, favoriser l’achat des voix. S’y ajoutent les incertitudes sur le financement du calendrier. Aucun apport national n’est assuré, alors que l’abbé Malu Malu n’a pas obtenu d’engagements fermes de la part des bailleurs de fonds lors de sa tournée européenne de janvier.
Jeuneafrique.