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RDC: Lubumbashi s’en prend à ses officiers de police délinquants


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Par Héritier Maila, IWPR.

Police-Congolais1Les crimes commis par certains membres de la force de police contre la population sont devenus un problème majeur dans toute la République démocratique du Congo.

Presque chaque semaine, des rumeurs circulent faisant état de violations commises par les policiers – principalement des cas de vol, extorsion et violence physique – mais la plupart ne font pas l’objet d’un rapport officiel, et les enquêtes sur les officiers présumés coupables sont rares. Cela donne l’impression que la police est au dessus des lois, même si les officiers supérieurs insistent sur le fait qu’ils ne toléreront pas de comportement abusif de la part de leurs hommes. Un habitant du quartier de Kigoma à Lubumbashi a déclaré que, le soir du 3 novembre, il avait été attaqué par deux officiers de police qui réclamaient de l’argent. Avec son bras encore dans le plâtre et un air anxieux, il a raconté à l’IWPR, “Je revenais du guest-house où je travaille, lorsque deux policiers m’ont arrêté et demandé ma pièce d’identité. Je l’ai exhibée. Ils n’ont pas été satisfaits. Ils ont commencé à exiger de l’argent, j’ai refusé. Ayant refusé de leur donner l’argent, l’un d’eux a commencé à me fouiller et l’autre à me pointer son arme.”

La victime a déclaré qu’il avait 500 dollars US dans un sachet, que les policiers avaient essayé de prendre. “Je n’allais pas les laisser prendre mon sac alors nous avons commencé la lutte,” raconte-t-il. “Comme ils étaient à deux, ils m’ont maîtrisé et ils m’ont tabassé jusqu’à me fracturer. Ils ont emporté l’argent et ont même pris mon téléphone portable.” A Lubumbashi, les officiers espèrent que la nouvelle académie de police du Katanga, qui ouvrira bientôt ses portes, pourra mettre fin à de tels comportements, qui nuisent à l’image de la police de la RDC. L’académie, qui fonctionnera en collaboration avec l’Ecole de criminologie de l’Université de Lubumbashi, permettra un recyclage des membres du service de police nationale. Le Colonel Dati Kapend, enquêteur provincial adjoint à Lubumbashi, a déclaré que ceux qui suivraient les cours de l’académie seraient formés sur l’importance du respect de la loi. “Nous pensons qu’avec des policiers bien formés les dégâts seront limités,” a-t-il dit. “La police n’est pas faite pour les délinquants. Nous voulons une police d’intellectuels.” Cependant tout le monde n’est pas d’avis qu’une meilleure formation aille au coeur du problème.

Jean-Marie Yamukabo, un activiste de la société civile basé au Katanga, soutient que ce qui est réellement nécessaire est une amélioration des conditions de vie de ceux qui travaillent dans la force de police. “Les policiers sont des fonctionnaires,” a-t-il dit. “Le gouvernement congolais doit accorder à la police un budget réaliste ainsi que des conditions de vie décentes. Cela garantira l’efficacité des services qu’ils attendent de la police. Les policiers ont aussi le droit à la jouissance des droits fondamentaux prévus par la constitution, tel que le droit syndical.” A l’image des fonctionnaires de toute la RDC, les membres de la police se plaignent souvent qu’ils sont sous-payés et manquent des ressources nécessaires pour bien faire leur travail, tel que les moyens de couvrir les frais de transport. Les récits d’abus commis par la police et de tracasseries sont répandus dans tous les quartiers de Lubumbashi. Une jeune étudiante a raconté que les policiers lui avaient arraché ses bijoux et son téléphone alors qu’elle marchait dans le quartier de Gambela un soir.

“Finalement, je ne sais pas si on a le droit de se promener lorsqu’il fait un peu noir” a-t-elle dit. “Le dérangement des policiers nous embête. Imaginez déjà vers 20 heures on se sent en insécurité lorsqu’on se promène dans mon quartier.” Elle se plaint que, au lieu de protéger les gens et leurs biens les policiers les volent sans aucune gêne. “On dirait qu’un couvre-feu [a été] décrété,” explique-t-elle. “Si vous osez vous promener dans le quartier Gambela à ces heures tardives, vous allez perdre soit l’argent soit les objets de valeur que vous avez sur vous.

Parfois les policiers ravissent même les souliers ou les habits s’ils sont en bon état.” Un propriétaire de magasin du quartier de Bel Air dans le centre-ville a déclaré que son magasin avait récemment subi un raid de la police dont le seul objectif était de voler de l’argent. “Alors que je m’apprêtais à fermer ma boutique le soir, j’ai entendu des coups de feu,” raconte-t-il. “Puis, j’ai vu six policiers, qui faisaient la patrouille dans mon quartier, entrer dans la boutique et exiger de l’argent. Ils ont tout pris, toute la vente journalière.” Selon lui, le gouvernement devrait davantage contrôler les activités des policiers, “De nombreux membres de la police semblent avoir oublié qu’avant tout les policiers sont les fonctionnaires de l’Etat qui ont pour mission de protéger la population et ses biens.” Le Colonel Henri Bashizi, commandant de la police de Lubumbashi, insiste sur le fait qu’il applique une politique de tolérance zéro face à tout comportement abusif de la part de ses hommes, bien qu’il reconnaisse que “les policiers ne sont pas des saints”. “Si vous voyez un policier qui vous tracasse, il faut aller se plaindre à l’auditorat militaire,” explique-t-il. “Les policiers doivent respecter la loi.

Tout policier reconnu coupable de maltraitance ou de vol des biens de la population, sera immédiatement envoyé en prison” Bashizi explique que le comportement de la police est le “reflet de la société” et que les violations alléguées sont aussi commises dans d’autres parties de la RDC, pas seulement à Lubumbashi. Il a exhorté les citoyens de la RDC à dénoncer immédiatement tout comportement illégal de la part de la police, et a assuré qu’une action ferme serait ensuite prise. “La police a des règles qui doivent être respectées,” a-t-il dit. “Si une personne est dans la police, elle doit respecter la loi.”