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Zoé Kabila: Les Kabila ne sont pas prêts à abandonner le pouvoir à n’importe qui


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-Depuis 2003, la famille Kabila a mis en place un empire qui couvre un nombre considérable de domaines, selon une enquête de “Bloomberg”. Cette emprise très rémunératrice sur l’économie du pays expliquerait les réticences du président à quitter le pouvoir, estime l’agence.

D’un Kabila, l’autre… Il y a eu Laurent-Désiré, le père, maquisard, chef rebelle qui a conquis la République avant d’être assassiné dans son palais. Il y a Joseph, le fils aîné, qui a succédé au Mzee (le « vieux », en swahili, surnom donné au père). Dans le sillage de Joseph, il y a Jaynet, la sœur jumelle, et Zoé, l’un des cadets de cette famille nombreuse dont le point commun est un goût prononcé pour la discrétion. De longs mois ont été nécessaires, par l’entremise de certains de ses proches et via les réseaux sociaux, pour convaincre Zoé Kabila Mwanza Mbala, 37 ans, d’ouvrir ses portes à Jeune Afrique.

« Pour un échange, pas une interview », s’est-il empressé de préciser en message privé sur Twitter, car il « déteste » l’exercice. Il se méfie de la presse, qui « ne rapporte que des mensonges sur lui », tente de justifier l’un des collaborateurs de celui qui traîne une réputation d’enfant terrible. Peu bavard mais soucieux que personne n’oublie de qui il est le fils, et de qui il est le frère…

Préparation du dialogue national

Député du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, principale formation politique de la coalition au pouvoir), l’élu de Manono, dans l’ex-Katanga, province natale du Mzee, n’a jamais pris la parole lors des débats au sein de l’hémicycle, en cinq ans de législature.

Sous le ciel brumeux de Kinshasa, l’imposant portail de l’avenue Likasi s’ouvre sur le bâtiment qui abrite ses bureaux. Deux agents de sécurité en civil escortent les visiteurs jusqu’au premier étage. Apparaît alors le maître des lieux dans un cadre minimaliste. Tiré à quatre épingles mais décontracté, le regard braqué sur son iPad, celui qui se définit d’abord comme un businessman a des airs de CEO tout droit sorti de la Silicon Valley.

Le 23 juillet, l’un de ses grands projets a été inauguré à Muanda, dans le Kongo-Central (Ouest). Le président est venu personnellement couper le ruban de La Beviour, un luxueux complexe hôtelier construit sur 7 ha, le long de la rivière Tonde. Un site pressenti pour accueillir le « dialogue national inclusif » préconisé par le chef de l’État. « Dans l’histoire, plusieurs accords de paix ont été conclus dans des stations balnéaires, pourquoi La Beviour ne serait-elle pas le lieu de la réconciliation des Congolais ? » interroge Hippolyte Nyembo, un collaborateur de Zoé.

Patriote

Problème : l’opposition boude toujours ces pourparlers, multipliant les conditions de son éventuelle participation au scrutin présidentiel qui aurait dû se tenir en novembre (une nouvelle date doit être définie prochainement).

Les Kabila ne sont pas prêts à abandonner le pouvoir à n’importe qui

Elle craint surtout que ces assises ne soient qu’un stratagème de la majorité présidentielle pour maintenir Joseph Kabila au-delà de son second mandat, le dernier, théoriquement, en l’état actuel d’une Constitution qui lui interdit d’en briguer un nouveau. Qu’en pense le frère du président sortant ? Celui qui participe « quelquefois » à des réunions informelles au sommet de l’État soutient, dans un parfait swahili teinté d’un accent anglophone, que son aîné n’a nullement l’intention de s’éterniser à son poste, mais aussi que les Kabila ne sont « pas prêts à abandonner le pouvoir à n’importe qui ».

« Notre père a versé son sang pour ce pays, renchérit-il. Lorsque nous étions enfants, il nous répétait que c’était nous qui allions reconstruire la RD Congo. » Si au 19 décembre, date officielle de la fin du mandat de Joseph Kabila, le scrutin présidentiel n’a pas eu lieu, « le président restera en fonction, comme l’a rappelé la Cour constitutionnelle », souligne-t-il d’un ton déterminé.

Né en exil, Zoé ne cesse de rappeler son « attachement infaillible à [sa] patrie ». « Enfant, je ne savais même pas que j’étais congolais. C’est mon père qui nous parlait souvent de la RD Congo, de l’amour que nous devions porter chaque jour à l’égard de ce grand pays », poursuit, un brin nostalgique, l’enfant du Mzee. « Avec ses frères et sœurs, il a été élevé dans le respect de la Bible, mais aussi des pères de l’indépendance », raconte l’ambassadeur honoraire Théodore Mugalu, chef de la Maison civile du chef de l’État.

Zoé est ensuite envoyé en Afrique du Sud pour y poursuivre ses études. « C’est aussi parce que, comme tous les enfants de Laurent-Désiré Kabila, il était recherché par les services secrets zaïrois », croit savoir Mugalu.

Cette parenthèse scolaire, loin du Zaïre (nom de la RD Congo sous Mobutu, de 1971 à 1997) couronnée par un bachelor en gestion, affirme Zoé, ne lui permet pas d’accompagner son père et son grand frère dans la lutte armée contre le régime de Mobutu. Une fois ce dernier vaincu, en 1997, Zoé rejoint sa famille de temps en temps pendant les vacances. Il ne s’installe définitivement qu’en 2001, au lendemain de l’assassinat de son père.

 

Homme d’affaires aux multiples facettes

À ceux qui menacent la fratrie de « sanctions ciblées » (gel des avoirs, interdiction de quitter le territoire), le cadet réplique sans ambages : « Où croient-ils qu’on irait ? Nous n’avons ni comptes ni résidences à l’étranger. L’Europe ? Je n’y vais qu’une fois par an, et encore », dit-il. Avant de balayer du revers de la main les « Panama Papers », ces montages offshore révélés en avril par des médias occidentaux, qui avaient cité « Dada », la grande sœur.

Dans l’ombre de son frère président, Zoé s’intéresse d’abord au business et fait prospérer ses affaires. « Il a acquis rapidement des actions dans des entreprises minières, de transport, et dans des sociétés financières », rapporte une source diplomatique occidentale à Kinshasa.

« Il était déjà dans le commerce depuis des années, notamment dans l’immobilier, quand il pose ses valises à Kinshasa », précise Mugalu à ceux qui s’interrogent sur l’origine de sa fortune. Et de poursuivre : « Contrairement aux fils de Mobutu et à ceux des autres dignitaires de l’ancien régime qui ont dilapidé leur argent, les enfants de Kabila ont suivi à la lettre ce que leur père leur recommandait : “Prenez-vous en charge.” »

Marié et père de deux enfants, un garçon et une fille, Zoé Kabila est également à la tête du complexe sportif Shark Club et du club Shark XI FC. « Mon équipe de football a récemment débauché deux joueurs du TP Mazembe », se félicite-t-il, amusé, tandis que les rapports sont à couteaux tirés entre son frère et Moïse Katumbi, le propriétaire du célèbre club lushois. Ce dernier, ancien gouverneur de l’ex-Katanga, passé dans l’opposition en septembre 2015 après avoir claqué la porte du PPRD, est même perçu aujourd’hui comme le rival le plus sérieux du camp Kabila. « C’était un frère », reconnaît Zoé Kabila avant de se lancer dans une diatribe contre la classe politique congolaise.

La plupart de ses acteurs ne seraient animés, selon lui, que par un « esprit opportuniste » et des « intérêts égoïstes ». Des pics adressés surtout à des politiciens de la partie ouest du pays. Lui affirme qu’il ne « partage pas les mêmes valeurs » qu’eux et qu’il n’est « pas évident de leur faire confiance. » Mais « on fait du feu avec le bois qu’on a », tranche finalement le cadet, qui dit s’appuyer sur la jeunesse.

Des associations des « amis de Zoé Kabila » (Azoka) fleurissent ces derniers mois un peu partout à Kinshasa et dans l’ex-Katanga. Surtout dans le Tanganyika, sa province d’origine, qu’il aimerait un jour diriger. « Il voulait se présenter lors de la dernière élection des gouverneurs dans les nouvelles provinces, mais il n’a pas eu le soutien de son frère », explique un cadre de la MP. Tapi dans l’ombre, Zoé « n’a pas abandonné cette ambition », conclut-il.  Trésor Kibangula, envoyé spécial à Kinshasa.

J.A