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Source:Le Nouveau Réveil
A l’initiative du président des Etats Unis d’Amérique, Barack Obama, 120 jeunes leaders africains, journalistes, membres de la société civile et du secteur privé, ont participé à un forum historique dit forum du président Obama avec les jeunes leaders africains, du 3 au 5 août 2010 à Washington DC. La Côte d’Ivoire a été représentée à ce forum par trois jeunes leaders dont Assalé Tiémoko, journaliste et président de l’Ong Sos Justice Côte d’Ivoire. Rentré au pays le vendredi dernier, il livre dans cette interview, les détails de cet historique forum que soutiennent plusieurs photos.
Vous étiez aux Etats Unis où vous avez participé au forum du président avec les jeunes leaders africains, à l’invitation du département d’Etat et de la maison blanche. Dans quelle condition avez-vous pris part à ce forum ?
C’est l’Ambassade des Etats Unis en Côted’Ivoire qui nous a officiellement informés de ce que nous avions été nominés pour participer à un forum organisé par le Président Obama à Washington DC, du 3 au 5 août 2010. Nous étions trois jeunes Ivoiriens. On nous a informés que nous avions été choisis en reconnaissance des actions que nous menions, chacun à son niveau, pour l’amélioration des conditions de vie de nos communautés, pour la bonne gouvernance, pour la défense des valeurs universelles et que cette invitation était également la reconnaissance de nos qualités de leaders, et il faut entendre par leader, le fait de servir sa commnunauté, de se battre pour des valeurs, sans en attendre forcément des retombées financières en retour. C’est donc cela qui a motivé notre sélection et c’est ce qui nous a été clairement signifié dans un courrier à nous adressé par M. Johnnie Carson, Secrétaire d’Etat Adjoint aux affaires africaines. Nous avons quitté Abidjan dans la nuit du samedi 31 juillet 2010.
Comment s’est effectué le voyage, l’accueil ?
Le voyage s’est très bien déroulé. Nous avons voyagé seuls d’Abidjan à Washington en passant par Paris. Nous n’étions pas accompagnés, il fallait nous débrouiller et c’est cela aussi avoir l’esprit de leader, prouver notre capacité à surmonter les obstacles. Nous sommes donc arrivés à l’aéroport de Dulles le dimanche 1er août et à l’aeroport, des volontaires portant des pancartes sur lesquels était écrit forum du président avec les jeunes leaders africains, nous attendaient. Mais ils ne sont pas intervenus pour nous aider à passer les services de contrôle, nous avons fait cela nous-mêmes même lorsqu’on m’a invité à me rendre dans une salle pour un autre contrôle alors que mes deux autres compatriotes avaeint passé ce contrôle, ils ne sont pas intervenus. Ils m’ont laissé me débrouiller avec les agents qui voulaint avoir quelques précisions sur moi. Puis, quand tous les contrôles ont été effectués, les volontaires nous ont aidés à prendre des taxis pour nous rendre au State Plaza Hotel, situé à 45 minutes de l’aéroport de Dulles. Mais dès que nous sommes sortis de cet aeroport, j’ai tout de suite été frappé par la dimension des bâtiments que je voyais, par l’utilisation de l’espace, par le tracé des voies. Rien qu’en observant cela, j’avais tout de suite saisi la vision de ceux qui ont eu à diriger ce pays et qui le dirigent aujourd’hui. Ils rêvent grand, ils ont une vision futuriste. C’est quelque chose qui frappe tout de suite le nouveau venu. Le forum a commencé le lendemain de notre arrivée à Washington. Il faut préciser que tous les 120 invités du président Obama ont été logés dans le même hôtel, pour faciliter les contacts entre ces jeunes venus de 40 pays africains. A l’hôtel, nous attendaient d’autres bénévoles, des représentants du Département d’Etat qui nous ont aidés à remplir les formalités d’hébergement. Nous avons été très bien accueillis. Le forum a commencé le lundi 2 août à 17 h 45 minutes précises, par une cérémonie très instructive organisée au Musée d’Art africain de Washington, cérémonie au cours de laquelle nous avons eu l’occasion de visiter ce musée et de comprendre que la culture et l’art africains étaient sauvegardés à Washington.
Quelles ont été vos impressions après avoir découvert un tel musée ?
Il faut dire que nous n’avons pas simplement visité ce musée, nous avons eu la chance, nous les trois délégués de la Côte d’Ivoire, d’avoir eu à notre disposition, un guide américain qui maîtrisait parfaitement le français et qui s’est fait un immense plaisir de nous expliquer avec une passion et un luxe incroyable de détails, le sens des masques, des objets, des tableaux d’origine africaine qui se trouvaient dans ce musée. C’était vraiment incroyable. Il nous a même expliqué le sens d’un masque ” wê ” et c’était comme si ce monsieur avait passé toute sa vie en pays wê. Donc, quand on sort d’un tel musée, on est à la fois heureux et inquiet. Heureux parce que c’est une chance énorme d’avoir l’occasion de le visiter et inquiet parce qu’on réalise tout de suite qu’à terme, nous serons obligés de nous rendre aux Etats-Unis pour comprendre notre propre culture, nos arts, nos créations, je veux parler des artistes africains que nous n’avons pas connus. Parce que dans nos pays à nous, il n’y a pas une véritable politique de sauvegarde de la culture de nos peuples. Et ça, c’est assez inquietant. Parce que même pour ce qui concerne la sauvegarde de nos propres cultures, les Blancs sont encore en avance sur nous et après, on s’étonnera qu’ils veuillent nous donner des leçons.
Quelles sont les questions qui ont été abordées au cours de ce forum ?
Le forum s’est déroulé sur trois jours et le programme était extrêmement chargé. Il y a même un délégué du Cameroun qui a dit qu’en trois jours, le gouvernement américain nous a enseigné des choses que nous n’aurions peut-être pas pu apprendre en cinq ans. C’est vous dire combien les responsables du Département d’Etat ont préparé et conçu ce programme. Donc, après la visite le lundi 2 août au Musée d’art africain de Washington, le forum proprement dit s’est ouvert le mercredi 3 août par une séance plénière à l’Auditorium Loy Henderson. Cette séance plénière à laquelle ont pris part l’ensemble des délégués des 40 pays, a été ouverte par M. Bruce Wharton, sous secrétaire d’Etat adjoint chargé des affaires publiques au bureau des affaires africaines. Il a souhaité la bienvenue à l’ensemble des délégués avant d’exprimer son immense joie de se retrouver devant les jeunes leaders africains qui ont, selon ses propres termes, l’incroyable mission d’œuvrer pour transformer leur société. Il a situé le sens de ce forum tel que l’entendait le gouvernement américain en précisant que c’était leur façon d’essayer de voir l’avenir de l’Afrique tel que les jeunes leaders africains le voient eux-mêmes. Qu’il ne s’agissait pas d’inviter les jeunes pour leur dire ce qu’ils pensent mais plutôt pour savoir ce que pensent les jeunes pour l’avenir de leur continent afin de permettre au gouvernement américain de mieux adapter sa politique par rapport à l’Afrique. A la suite de M. Bruce Wharton, M. Johnnie Carson, Secrétaire d’Etat adjoint aux affaires africaines s’est chargé d’entretenir les jeunes leaders sur la nouvelle approche de la politique des Etats-Unis vis-à-vis du contient africain. Il a notamment insisté sur la grande richesse que possède l’Afrique à travers sa population dont plus de la moitié (65%) a moins de 25 ans, une jeunesse qui, selon lui, a besoin d’une bonne éducation et d’une bonne formation afin de relever les défis énormes qui sont ceux des générations à venir. Il a dit aux jeunes leaders présents qu’ils peuvent apporter le changement sur leur continent en œuvrant pour la mise en place d’institutions démocratiques fortes et pour l’avènement de dirigeants qui consacrent exclusivement leur temps à servir leurs populations. Il a également invité les jeunes à défendre des valeurs universelles, celles qui rassemblent afin de pouvoir construire une Afrique qui soit capable d’assurer son propre avenir. Il a enfin invité les jeunes leaders à tenir pour responsables de leurs souffrances, ceux qui rusent avec la démocratie, ceux qui s’amusent avec les principes de la bonne gouvernance dans leur pays. La convocation de ce forum, a t-il précisé, est le début d’un nouveau dialogue qui doit permettre aux jeunes de comprendre le sens de l’engagement des États-Unis.
Et quelle a été la réaction des participants que vous étiez après avoir entendu des propos aussi forts ?
Eh bien, il faut dire que les Américains ne font rien au hasard. Ils avaient compris qu’il était impossible aux 120 délégués présents de prendre la parole et de s’exprimer. Alors, ils nous ont invité à nous rendre dans des salles aménagées à cet effet, en petit groupes. Et dans ces salles, se trouavaient déjà installées de hautes personnalités du département d’Etat, du monde des médias, des relations avec l’Afrique, etc. Le groupe dans lequel j’étais, devait plancher sur la question de la liberté de la presse et de la participation des jeunes à la bonne gouvernance. Et nous étions invités à dire tout ce que nous pensions, à dire ce qui se passe dans nos pays, à partager nos expériences, bonnes ou mauvaises. Et j’ai eu l’occasion de dire ce que je pensais, librement. Et le plus extraordinaire, c’est que tout ce que nous disions était soigneusement transcrit par des gens qui avaient reçu l’ordre de ne rien négliger et de tout écrire. C’était formidable.
A quel moment Madame Hillary Clinton a-t-elle livré son message ?
Madame Hillary Clinton, Secrétaire d’Etat a livré son important message après les échanges en atelier et je pense, après avoir reçu un rapport de ce que nous avions dit dans ces ateliers. Elle a dit que les Etas-Unis vont œuvrer pour la mise en place d’un “gouvernement numérique”, ce qui a d’ailleurs été fait, afin de permettre aux jeunes leaders d’avoir accès à la documentation nécessaire pour mener le combat du développement, de la bonne gouvernance. Elle a dit que l’administration américaine actuelle est parfaitement engagée pour travailler avec les nouvelles générations africaines à qui elle a déclaré qu’elles ont le pouvoir et le devoir de se battre pour changer leur continent. Que les Etats-Unis sont prêts à être nos partenaires pour nous aider à transformer nos matières premières, à défendre la liberté d’expression, la transparence dans la gestion des affaires publiques de nos pays, à revendiquer une bonne justice. Que les Etats Unis veulent s’assurer que les voix des jeunes leaders africains peuvent s’exprimer librement et aussi, créer des liens qui puissent leur permettre de profiter des opportunités qu’offrent les Etats Unis.
A quel moment a eu lieu la rencontre avec le président Obama ?
La rencontre avec le président Obama s’est déroulée dans l’après-midi du mercredi 3 août 2010. C’est sous le coup de 13 heures que nous sommes arrivés à la Maison Blanche. On nous a laissé pratiquement une heure de temps pour visiter un certain nombre de bureaux historiques, d’y faire des photos en quantité et de découvrir beaucoup de choses. Le président devait être dans la salle de la rencontre à 14 heures et il est arrivé à 14 heures, sans aucune minute de retard. Certains parmi nous ont eu l’occasion de le saluer et d’échanger quelques mots avec lui. Il a prononcé un discours de quelques minutes au cours duquel il a honoré notre délégation en félicitant notre compatriote Koné Aminata pour ses actions en faveur de l’autonomisation des femmes musulmanes. Et dans les échanges qui ont suivi son discours, il a utilisé une expression qui se retrouvait dans ce que nous avions dénoncé en atelier, au département d’Etat. Il a dénoncé la corruption en disant, exactement, que personne ne devrait être obligé de payer de l’argent pour obtenir du travail. Cela nous a fait énormement plaisir, surtout que la cérémonie était retransmise en direct par des télévisions americaines. Il faut dire que le discours du président n’était ni différent de celui de M. Johnnie Carson, ni de celui Mme Clinton. Il a dit et je cite : ” C’est un grand privilège pour moi de vous recevoir ici à la Maison Blanche. Vous avez un avenir extraordinaire qui vous attend, vous représentez la nouvelle vision de l’Afrique, une Afrique qui peut réaliser de grandes choses comme organiser la Coupe du monde de football. ” Pour lui, et il l’a clairement signifié, c’est aux jeunes gens, pleins de talent et d’imagination, qu’il appartient de construire l’Afrique durant les cinquante prochaines années. Il a profité aussi de nos échanges pour dénoncer les pratiques qui retardent le développement de l’Afrique, à savoir : la corruption, la mauvaise gouvernance, les modifications des constitutions pour s’éterniser au pouvoir. Il a exhorté les jeunes à lutter pour la transparence, pour la responsabilisation de leurs dirigeants, à lutter contre la corruption, contre la culture de l’impunité. Et il a pris un engagement qui transparait dans les propos suivants : ” Nous voulons travailler avec vous pour votre succès. Vous êtes les héritiers des pionniers de l’indépendance dont nous célébrons le cinquantenaire cette année. Leurs sacrifices vous ont permis de naître dans des pays africains indépendants. Autant leurs œuvres vous ont inspiré durant les cinquante dernières années, autant vos œuvres seront une source d’inspiration pour les générations à venir. Notre nouvelle approche de développement insiste sur la transparence et la construction d’une société civile forte. Ce sont ces genres de reformes qui permettront d’opérer des changements en Afrique. “. Le président Obama a donc dit des choses extrêmemnt fortes.
Avez-vous eu l’impression qu’il disait des choses qui concernaient directement votre pays ?
Oui, tout à fait. Nous avons eu cette impression et je crois que cela était partagé par l’ensemble des délégués présents. Parce que le président a directement désigné un membre de la délégation ivoirienne, ce qui signifie qu’il est informé de tout ce qui se passe dans notre pays.
Selon le président, quel est le problème qui empêche les pays africains de décoller véritablement ?
Je crois qu’il a été très clair à ce niveau et de toutes les manières, ce sont des choses qui sont connues de tous les Africains. Il a dit que l’Afrique avait toutes les ressources nécessaires pour se développer, mais que son problème le plus grave, c’était la mauvaise gouvernance et l’absence de participation des populations à la gestion des affaires publiques qui impactent directement la vie de millions de personnes qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté pendant qu’une minorité s’accapare toutes les richesses. Il a pris l’exemple du Kenya qui, selon lui, avait un PIB supérieur à celui de la Corée du Sud en 1961, au moment où son propre père quittait ce pays pour les Etats-Unis. 50 ans plus tard, on ne peut plus comparer le Kenya à la Corée du Sud. Que s’est-il passé ? Eh bien pour le président Obama, et nous sommes tous d’accord avec lui, la différence s’est faite au niveau de la gouvernance. C’est pareil pour la Côte d’Ivoire. Le gaspillage des ressources publiques est donc le grand mal de nos pays.
Est-ce que vous avez eu l’impression, dans les échanges que vous avez certaienement eus avec d’autres officiels américains ou d’autres Américains, qu’ils sont deçus de nos dirigeants ?
Oui, nous avons eu cette impression. Le président Obama a même affirmé que le président Mugabé du Zimbawé est un mauvais dirigeant pour son peuple. Et il faut dire que même entre nous délégués, certains nous taquinnaient en disant, c’est pour quand les élections en Côte d’Ivoire ? C’était assez difficile d’entendre ces choses. Notre fierté d’Ivoirien en prenait chaque fois un rude coup ! En réalité, pour certains officiels américains, nos dirigeants et notamment ceux de certains pays phares de l’Afrique francophone, sont très peu performants et rusent avec les principes démocratiques. Certains Américains avec lesquels nous avons échangé ne comprennent pas que notre pays qui était sans doute la plus grande promesse de l’Afrique soit aujourd’hui dans cette situation où les ressources économiques sont gaspillées à une vitesse qui les surprend. D’ailleurs, à la Maison Blanche, le président Obama a clairement affirmé que les Etats-Unis n’accorderont plus leur aide à des pays qui la gaspillent. Il a affirmé cela avec vigueur. Donc, les Américains avec lesquels nous avons échangé et qui savent tout sur notre pays, ont clairement dit que la Côte d’Ivoire n’est pas un pays pauvre. Mais qu’elle est pauvre de ses incroyables richesses. C’est-à dire que ces richesses sont très mal gérées. Ils ont même dit que 2% de la population jouit de toutes les richesses pendant que 98% vivent dans la misère la plus noire. C’était très fort comme image.
On a aussi parlé de partenariat fructueux pendant ce forum. Avez-vous rencontré des investisseurs, des opérateurs économiques américains ayant des intérêts en Afrique ?
Oui, il y a eu une importante cérémonie organisée à la Chambre de commerce des Etats-Unis, où ont été réunis plusieurs hauts dirigeants d’entreprises américaines ayant des filiales en Afrique afin que nous puissions échanger avec eux, prendre des contacts, discuter des opportunités économiques qu’offrent nos pays. C’était très important. Mais le problème est que la délégation ivoirienne a eu quelques difficultés parce que les ambassadeurs des pays desquels provenaient les autres délégués, ont compris que c’était une incroyable occasion pour tisser des relations avec ces investisseurs américains et ont effectué le déplacement pour venir appuyer leurs délégués. Mais, nous n’avons pas vu notre ambassadeur à nous. Il a brillé par son absence. Alors que c’était une occasion formidable pour parler de la Côte d’Ivoire et de continuer les échanges après nous. Mais il a brillé par son absence. C’était incroyable. Il n’y avait même pas un seul représentant de notre ambassade à cette cérémonie. On s’est même demandé en quoi consistait son rôle d’ambassadeur de la Côte d’Ivoire aux Etats-Unis. Des Ivoiriens, résidant aux Etats Unis et qui ont appris cela, ont été très mécontents.
Des missions particulières vous ont-elles été confiées au terme de ce forum ?
Il faut dire que le gouvernement américain voulait surtout nous écouter, entendre nos critiques, nos propositions afin de mieux orienter son intervention en Afrique. C’était donc à nous qu’il appartenait de dire si nous sommes prêts à nous battre pour mettre fin aux fléaux qui détruisent notre continent et à faire en sorte que les populations réalisent qu’elles ont le devoir de contrôler au quotidien ceux qui nous gouvernent. Je crois que nous l’avons clairement signifié au gouvernement américain, que ce soit au Département d’Etat, à la Maison Blanche ou au Congrès où nous avons également échangé avec plusieurs sénateurs. C’est donc nous qui, les premiers , avons pris des engagements fermes d’œuvrer pour transformer notre continent. Le gouvernement américain a aussi pris des engagements concrêts. Un comité spécial dirigé par deux sous secrétaires d’Etat a été mis en place afin de faciliter les relations entre les jeunes leaders et les organisations américaines afin de mettre en place des partenariats profitables mutuellement. Le gouvernement américain a mis en place une page ” Facebook ” spéciale à laquelle n’ont accès que les 120 jeunes ayant participé au forum afin de créer un réseau qui leur permette de mener le combat et d’être suivis par le gouvernement américain. Cette page ” Facebook ” spéciale qui est directement gérée par le département d’Etat est déjà active. Dès le premier trimestre 2011, un autre forum aura lieu et permettra de faire le bilan et le suivi des activités des jeunes leaders dans leurs pays respectifs, après tous les contacts qu’ils ont pris en rencontrant plusieurs responsables d’associations et de sociétés américaines. Il y a donc eu des décisions très fortes.
Au-delà de toutes ces choses concrêtes, quelles sont les réflexions qui sont les vôtres après avoir eu l’occasion de participer à un forum aussi historique ?
Je dois dire qu’après avoir participé à un tel forum, la plus importante question que nous nous posons, nous les trois jeunes Ivoiriens, Tingain Kouadio Julien, Koné Aminata et moi-même, c’est de savoir comment nous allons faire pour que l’ensemble de la jeunesse ivoirienne profite de cette expérience que nous avons vécue et des choses qui nous ont été enseignées en dehors des rencontres officielles avec des membres du gouvernement américain. Nous avons appris beaucoup de choses que nous nous devons de partager avec les autres Ivoiriens, mettre en place des réseaux de vigilance, de sensibilisation, de dénonciation de la mauvaise gouvernance, des réseaux d’actions communautaires, de bénévoles pour œuvrer pour l’amélioration des conditions de vie de nos parents, pour l’autonomisation des jeunes, pour la responsabilisation de nos dirigeants, pour la tolérance réligieuse, la participation des femmes de façon plus active à la gestion des affaires publiques. Il y a un travail énorme à faire et nous avons pris l’engagement, avec l’appui des Etats-Unis, de le faire. Et je crois que nous allons le faire, avec beaucoup de détermination et de volonté. Le leadership, on nous l’a enseigné, consiste simplement à poser des actes qui contribuent à rassembler les hommes autour de valeurs universelles, à être responsable et à œuvrer pour faire le bien autour de soi. C’est dans cette définition que se cache la réussite des Etats-Unis. Nous pouvons aussi le faire chez nous.
Interview réalisée par Akwaba Saint Clair et Jules Claver Aka.