Par Le Potentiel
L’affaire Chebeya est appelée devant la Cour militaire de Kinshasa/Gombe. Huit officiers de la Police nationale congolaise comparaissent. Ils sont soupçonnés de participation à une entreprise criminelle ayant entraîné la mort de Floribert Chebeya, président de la Voix des sans voix. L’émoi provoqué par la tragique disparition de l’activiste des droits de l’Homme a fait dire à tous que des sanctions devraient tomber.
Le Conseil supérieur de la défense a pris des mesures conservatoires, notamment la suspension de l’Inspecteur général de la Police national, le général John Numbi. A la cour militaire, l’officier général était présent, sans être sur le banc des accusés.
Pendant ce temps, la famille des activistes des droits de l’Homme Chebeya et Banzana ainsi que l’ensemble de la partie civile le considèrent comme le premier suspect. Le gouvernement qui a flairé des allusions tendancieuses dans certains écrits a précisé que la mission de «la qualification ou la disqualification des faits d’une cause et la décision de poursuivre ou non telle personne en cause dans un dossier judiciaire en la faisant passer de la qualité de «suspect » à celle d’ «accusé» ou «prévenu» relèvent de la compétence et de l’appréciation exclusives des magistrats et non des particuliers, quels que soient leur statut».
De leur côté, le collectif des avocats de la partie, massivement constitué, n’entend pas se laisser intimider. Dans son plan d’attaque, le collectif considère qu’il y aurait «de gros poissons derrière les officiers devant la barre». Me Joseph Mukendi déclare faire plutôt «la pêche de gros poissons !». Les débats seront, sans aucun doute intéressants.
Devant la justice militaire, les uns et les autres sont déterminés à faire pencher à leur avantage, l’ultime conviction des juges. D’où la nécessité d’aligner des arguments de droit, sur la base des faits infractionnels et les comportements des uns et des autres. Pour aboutir à un procès juste, équitable et transparent, les parties doivent cultiver le droit et les faits. La qualification, sans preuve, des faits devrait être bannie. De même, la manipulation insidieuse de mêmes faits devrait être proscrite.
La Nation et le monde observent la justice congolaise, dans les moindres détails. Le bon déroulement du procès dans «l’affaire assassinat de Floribert Chebeya» se traduirait par la conduite de l’instruction dans les règles de l’art. Rien ne doit être négligé. Les indices doivent convaincre ceux qui suivront de l’impartialité des juges. Le verdict sera, en effet, accepté, rejeté ou boudé. Tout dépend donc de la transparence et du degré d’indépendance des juges vis-à-vis de tout le monde : l’accusation et la partie civile, les prévenus en présence, les témoins et renseignants, … Même la pression de l’opinion ne doit pas dérouter ceux qui sont chargés de dire le droit suivant leur ultime conviction. Elle ne peut s’obtenir que dans la transparence.