Après la première, la seconde investiture aura-t-elle lieu ?

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Par Guineeconakry info

-En République Démocratique du Congo, un des deux protagonistes de la crise postélectorale qui couve, a honoré son engagement de se faire investir ce mardi 20 décembre. Il s’agit du président-sortant, Joseph Kabila. Il a prêté serment essentiellement face à ses compatriotes, dans la mesure où la communauté internationale a jugé prudent de ne pas s’afficher lors de cette cérémonie.

Dans l’ensemble, tout s’est bien passé. Les troubles redoutés n’ont pas eu lieu. Mais désormais, les regards de tous les observateurs se reportent vers ce qui pourrait se passer le vendredi prochain. C’est en effet ce jour que l’opposant Etienne Tshisekedi, a lui aussi promis de se faire investir dans le stade des martyrs de Kinshasa. Et on se demande bien si cette menace sera mise à exécution. En raison non seulement de l’opposition très probable des forces de défense et de sécurité congolaises, mais à cause de la main tendue plutôt discrète du président Kabila, en direction de l’opposition.

Le président Kabila a relevé le défi. Il a réussi à se faire investir hier mardi. En présence du président Robert Mugabé. Quel symbole ?
Certes, l’absence de la douzaine de ses homologues qui étaient annoncés aura quelque peu assombri la fête. Mais dans le contexte de tension réciproque que l’on vit dans ce pays depuis la proclamation des résultats provisoires, le 9 décembre dernier, et leur rejet par l’opposition, ce n’est pas rien que de réussir à prêter serment, dans un climat relativement calme. Mais il est vrai que ces derniers temps, Etienne Tshisekedi a davantage brillé par quelques coups de gueulle que par son caractère d’authentique pyromane. En effet, alors qu’il avait promis à la veille de l’annonce des résultats, qu’il inviterait ses militants à investir la rue au cas où le verdict rendu par la CENI ne lui était pas profitable, on a été quelque peu surpris que lui-même, appelle ces derniers au calme, après la confirmation des résultats par la Cour Suprême de Justice (CSJ).

Ceci étant, le vieux Tshisekedi dont la candidature est considérée comme la dernière chance, s’était autoproclamé président élu. Dans la foulée, il avait promis de se faire investir à son tour, dans le stade des martyrs, le vendredi 23 décembre. Une perspective et une menace que de nombreux observateurs jugent peu réalistes. On se demande comment il réussira à concrétiser cette volonté, démuni qu’il est de forces susceptibles de l’y aider, face à l’armada en hommes et en armements d’ores et déjà déployée par le pouvoir congolais, aux alentours du stade ciblé. Mais la dissuasion et la potentielle violence des forces congolaises pourraient ne pas être les seules qui convaincraient Etienne Tshisekedi à renoncer à son intention. Il pourrait également être convaincu par la main tendue que semble lui lancer le président Kabila.
Même s’il ne l’a pas nommément cité, tout indique que c’est à son opposant le plus sérieux que Joseph fait allusion quand, dans le discours qu’il a prononcé après sa prestation de serment, il a notamment déclaré être disposé à « travailler avec tous (…) car seul compte le patriotisme et la volonté».

Bien avant Joseph Kabila, certains de ses lieutenants avaient, de manière un peu plus concrète et précise, manifesté une telle disposition. Une fenêtre ouverte vers l’instauration d’un nécessaire et ultime dialogue que les habituels sapeurs pompiers devraient mettre à profit pendant qu’il est encore temps.

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info