Une enquĂȘte a Ă©tĂ© ouverte en France aprĂšs le dĂ©pĂŽt d’une plainte par l’ONG Sherpa et le collectif europĂ©en de la diaspora djiboutienne (CEDD) visant l’entourage du prĂ©sident de Djibouti IsmaĂŻl Omar Guelleh, a-t-on appris vendredi 30 novembre.
Cette plainte a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e le 16 octobre par Sherpa et le Collectif europĂ©en de la diaspora djiboutienne (CEDD) pour « abus de biens sociaux, dĂ©tournement de fonds publics, abus de confiance et corruption dâagents publics Ă©trangers » et vise des « membres de lâentourage du prĂ©sident de Djibouti », a indiquĂ© vendredi lâONG dans un communiquĂ©.
AprĂšs analyse, une enquĂȘte prĂ©liminaire a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă lâOffice central pour la rĂ©pression de la grande dĂ©linquance financiĂšre (OCRGDF), a confirmĂ© une source policiĂšre.
SollicitĂ©, le parquet national financier sâest abstenu de tout commentaire.
La plainte se concentre sur des biens immobiliers situĂ©s dans trois arrondissements huppĂ©s de Paris (8e, 16e et 17e) et appartenant Ă des membres de la famille du chef de lâĂtat djiboutien, IsmaĂŻl Omar Guelleh, au pouvoir depuis dix-neuf ans.
« Personne ne peut croire sĂ©rieusement que ces biens immobiliers, dont la valeur est aujourdâhui pour certains dâentre eux de lâordre de plusieurs millions dâeuros, ont pu ĂȘtre acquis par le seul fruit du salaire des membres de la famille dâIsmaĂŻl Omar Guelleh et de ses proches », est-il Ă©crit dans la plainte, que lâAFP a pu consulter.
« Pays corrompu »
Or, selon les plaignants, qui sâappuient sur des indices de perception de la corruption et plusieurs rapports internationaux, « il est acquis que, de façon endĂ©mique, la RĂ©publique de Djibouti est un pays trĂšs largement corrompu, cette corruption Ă©tant mise en Ćuvre Ă lâinitiative et au bĂ©nĂ©fice du prĂ©sident de la RĂ©publique, de ses proches et de son clan ».
En particulier, les rĂŽles de lâĂ©pouse du prĂ©sident, Kadra Haid, et de son gendre, Tommy Tayoro Nyckoss, Ă la tĂȘte de sociĂ©tĂ©s civiles immobiliĂšres en France, soulĂšvent des interrogations.
Tommy Tayoro Nyckoss, Ă©poux de la fille aĂźnĂ©e du prĂ©sident, « semble ĂȘtre une personnalitĂ©-pivot, centrale, dans la mise en Ćuvre des opĂ©rations effectuĂ©es depuis des annĂ©es par la famille dâIsmaĂŻl Omar Guelleh aux fins de dĂ©tournement dâavoirs publics », affirme la plainte.
Autre point Ă Ă©claircir: le rĂŽle de la Banque pour le commerce et lâindustrie-Mer Rouge (BCI-MR), une filiale de la banque française Bred, dans la mise Ă disposition de prĂȘts immobiliers.
Plusieurs procédures en cours
Plusieurs procédures sont déjà en cours en France dans des dossiers dits de « biens mal acquis ».
En 2017, le vice-prĂ©sident de GuinĂ©e Ă©quatoriale, Teodorin Obiang, avait Ă©tĂ© condamnĂ© Ă Paris Ă trois ans de prison avec sursis et 30 millions dâeuros dâamende, Ă©galement avec sursis, pour sâĂȘtre bĂąti frauduleusement un patrimoine en France.
LâenquĂȘte avait mis au jour lâampleur du patrimoine de Teodorin Obiang, qui a fait appel du jugement : objets dâart, voitures de luxe, ou hĂŽtel particulier de 101 piĂšces, avec hammam et discothĂšqueâŠ
Il Ă©tait le premier dignitaire Ă ĂȘtre jugĂ© dans le cadre de ces procĂ©dures lancĂ©es en 2010 en France. La justice française enquĂȘte Ă©galement sur les patrimoines amassĂ©s en France par les proches de Denis Sassou Nguesso, du dĂ©funt Omar Bongo ou encore du prĂ©sident centrafricain dĂ©chu François BozizĂ©.
Selon le communiquĂ© de Sherpa, « des dĂ©veloppements sont attendus » dans les informations judiciaires ouvertes contre le clan de Denis Sassou-Nguesso, celui dâAli Bongo, hĂ©ritier dâOmar Bongo, ainsi que dans lâaffaire qui vise Rifaat Al-Assad, lâoncle du prĂ©sident syrien Bachar Al-Assad.