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  • Les conditions d’accès aux hautes fonctions de l’Etat en RDC

    Les conditions d’accès aux hautes fonctions de l’Etat en RDC

    -LEADERSHIP NATIONAL CONGOLAIS DE PROGRES
    Les conditions d’accès aux hautes fonctions de l’Etat en RDC
    Que les Congolais relisent attentivement les conditions prescrites dans la constitution étrangère qu’ils appliquent avec zèle, dévouement et admiration.
    Les auteurs de la constitution étrangère appliquée jusqu’à ce jour en RDC connaissent très bien l’intransigeance, la fermeté et la rigueur qui caractérisent les conditions d’accès aux hautes fonctions en général et aux fonctions régaliennes en particulier dans les pays développés.
    Que les Congolais lisent les constitutions de différents pays développés, ils découvriront qu’on ne permet pas, à n’importe qui, d’accéder aux hautes fonctions de l’Etat en général et aux fonctions régaliennes en particulier. C’est ainsi que les pays développés sont en général dirigés par les hommes et les femmes de progrès qui font avancer leurs pays respectifs vers le progrès.
    Les conditions prescrites dans la constitution étrangère imposée aux Congolais pour accéder, en RDC, aux hautes fonctions en général et aux fonctions régaliennes en particulier sont d’une légèreté, d’une complaisance, d’un laxisme et d’un laisser-aller fragrants et avérés et démontrent l’ampleur du mépris des auteurs de ladite constitution envers les Congolais. Les auteurs de ladite constitution considèrent les Congolais comme des sous-hommes, des êtres primitifs et archaïques.
    En outre, ils ont étalé leur volonté de maintenir éternellement la RDC dans le sous- développement, de voir ce pays se plonger indéfiniment dans la tragédie, la déchéance et la dégénérescence et de reculer de plus en plus vers la Préhistoire.
    L’application de ladite constitution jusqu’à ce jour par les Congolais donne raison à ceux qui ont le mépris envers les Congolais et renforce ce mépris. Malgré tous leurs bruits, tous leurs discours, toutes leurs agitations, les Congolais ne cessent de démontrer la médiocrité de l’Elite congolaise3; le rejet de la liberté et de la dignité humaine, leur fierté d’être des esclaves et leur aspiration, leur appétit, leur rêve et leur envie de demeurer éternellement, eux et leurs enfants, des esclaves.
    Nous rappelons à nos Compatriotes que la constitution3est la3loi3suprême de la République démocratique du Congo. C’est de cette loi fondamentale que toutes les lois tirent leur substance. Aucune loi ne peut être contraire à la Constitution, et donc ne peut s’opposer à elle ou réduire sa portée.
    Ce document définit le type de société organisée dans le pays, les symboles qui distinguent le pays des autres pays, tels que le3drapeau, l’hymne national, la devise ou la monnaie3nationale, la forme de l’État (fédéral ou unitaire), le régime politique, le mode de scrutin au niveau national et provincial, et la responsabilité et le fonctionnement de la justice et des institutions.
    Le problème de l’application d’une constitution étrangère dans un pays qui se dit indépendant et souverain nous paraît d’une importance si cruciale et si vitale que nous nous permettons encore une fois de publier, pour la nième fois, en pièce jointe, l’analyse critique globale de la constitution étrangère appliquée jusqu’à ce jour en RDC.
    Ici, nous singularisons particulièrement l’analyse critique de ladite constitution sur les conditions d’accès aux Hautes fonctions en RDC:
    1. L’absence d’exigence quant à la qualification pour être Président de la République et Haut Fonctionnaire de l’Etat
    L’actuelle constitution est muette quant à la qualification même minimale que devraient justifier les candidats à la Présidence de la République, au poste de Premier Ministre et des Ministres ainsi qu’aux fonctions de députés et sénateurs.
    Par qualification, nous entendons notamment le niveau d’études requises et l’expérience professionnelle.                                                          De tels éléments sont d’importance capitale pour comprendre les problèmes de gestion d’un Etat moderne et bien gérer l’Etat, et devraient figurer dans la constitution.
    Cette constitution a été taillée sur mesure de «Joseph Kabila» et d’autre ex belligérants qui veulent se maintenir à des hauts postes de responsabilité politique. Car croit-on vraiment et de bonne foi, que tout Congolais, sans un minimum acceptable d’un certain niveau d’études ni d’expérience professionnelle, “âgé de 30 ans au moins” (art. 72) est apte à remplir avec compétence, dignité et honneur les fonctions de Président de la République ou de Chef de gouvernement d’un grand pays comme la RDC de demain et relever tant de défis importants avant même de redémarrer ?
    La bonne conduite des affaires de l’Etat, à quelque niveau que ce soit, requiert des capacités intellectuelles que ne peuvent conférer que les études et l’expérience positive suffisamment longue dans l’exercice d’une fonction de responsabilité. On ne doit pas commencer à apprendre le rudiment de l’essentiel des rouges de l’Etat au moment où on est appelé à assumer des charges d’Etat.
    Nous verrons plus loin (au point 6) le Profil défini par la Conférence Nationale Souveraine pour ceux qui doivent assumer de hautes fonctions au sein des Institutions de l’Etat Congolais.
    Pourquoi ne pas s’inspirer de ce Profil?                                                                                                                                                                            L’actuelle constitution est un véritable recul par rapport au Profil issu de la Conférence Nationale Souveraine.
    2. Absence d’affirmation des règles et des valeurs éthiques et morales
    L’actuelle constitution ne consacre pas la nécessité pour les principaux dirigeants (Président de la République, Premier Ministre, Ministres, Députés, Sénateurs) de justifier qu’ils ont des valeurs éthiques et morales pour prétendre assurer leurs charges respectables.
    Les valeurs morales telles que l’honnêteté, la volonté, le courage, l’équité, l’intégrité morale, l’abnégation, le sens de l’Etat et de l’intérêt général… ne sont pas proclamées de façon explicite dans l’actuel projet de constitution alors que ce sont les valeurs qui permettent à ceux qui les cultivent de transcender les intérêts personnels ou partisans et de privilégier, en toute circonstance, l’intérêt de la nation entendue comme une entité qui devrait être préférée à tout ce qui est extérieur et à tout ce qui dépasse les ethnies ou groupes qui la composent.
    Sans l’intégrité morale et l’honnêteté, les personnes peuvent détourner les biens de l’Etat, dissimuler leur patrimoine avant, pendant et après leur mandat…. Le courage et la volonté devront animer les futurs dirigeants de la RDC, car tout est à refaire dans l’ensemble du pays et les ressources nationales sont limitées.
    3. Profil défini par la Conférence Nationale Souveraine (7 août 1991-6 décembre 1992) pour prétendre à de fautes fonctions dans les Institutions de l’Etat au Congo/Kinshasa
    C’est le profil défini par la Commission d’Ethique de la CNS et adopté en Plénière de ce plus Grand Forum des négociations politiques nationales auxquelles avaient participé les 2850 Délégués représentant l’ensemble de la Société Congolaise
    1. Transition :
    a) Critères généraux :
    – Être de nationalité congolaise ;
    – Être nationaliste ;
    – Être de bonne santé physique et mentale ;
    – Être de notoriété publique et crédible, intègre et de bonne moralité ;
    – Être compétent ;
    – N’être pas impliqué dans des assassinats ou des crimes politiques et économiques ;
    b) Critères spécifiques :
    1) Premier Ministre :
    – Être âgé d’au moins 40 ans ;
    – Être un véritable démocrate ;
    – Avoir une compétence appuyée d’une instruction suffisante cumulée avec une expérience professionnelle d’au moins dix ans dans des postes de responsabilité
    2) Membres du Gouvernement:
    – Être âgé d’au moins 35 ans ;
    – Avoir une compétence appuyée d’une instruction suffisante cumulée avec une
    expérience professionnelle d’au moins dix ans ;
    – Membres du Parlement de Transition :
    – Être âgé d’au moins 35 ans ;
    – Avoir une compétence appuyée d’une instruction suffisante ou une expérience professionnelle d’au moins dix ans.
    2. Troisième République
    a) Critères généraux :
    – Être patriote ;
    – Être de moralité éprouvée ;
    – Être compétent ;
    – Être crédible, honorable et intègre ;
    – Avoir le sens de la responsabilité ;
    – Avoir le sens de la dignité ;
    – Avoir le sens de l’Etat de droit ;
    – Avoir le sens de l’honneur et du devoir ;
    – Avoir le sens du bien commun ;
    – Avoir l’esprit d’initiative, de justice, d’altruiste, de solidarité ;
    – N’être pas impliqué dans des assassinats ou des crimes politiques et économiques.
    b) Critères spécifiques pour les hautes fonctions tenant à un mandat public ou électif :
    – Être de nationalité congolaise d’origine ;
    – Être d’une intégrité morale éprouvée ;
    – Jouir de toutes ses capacités physiques et mentales ;
    – Avoir une compétence appuyée d’une formation intellectuelle éprouvée et/ou d’une expérience professionnelle suffisante.
    Cfr. : Commission d’Ethique de la CNS

    On voit, à travers ces exigences, que la CNS a rejeté la médiocrité, l’accès trop facile aux hautes fonctions de l’Etat et aux fonctions régaliennes par des maffieux, des criminels, des fossoyeurs de l’Etat, des affameurs, bourreaux et assassins du peuple, aux pilleurs des caisses de l’Etat et aux prédateurs des ressources naturelles de notre pays. La CNS s’est montrée attachée à la qualité, à la méritocratie, à l’exemplarité, à l’excellence, au professionnalisme, à l’expertise, à la performance, aux valeurs morales, à la crédibilité, à la notabilité, à la maîtrise des dossiers, à l’expérience positive, au bilan politique et économique passé des Candidats aux fonctions de l’Etat…

    Pourquoi continuons-nous à appliquer une constitution étrangère et qui contient de telles lacunes et laissons-nous l’héritage d’une si grande valeur légué à toute la Société congolaise, présente et future, par les 2850 Délégués à la CNS, les Représentants de toute la Société congolaise (chefs coutumiers, commerçants, leaders de tous les partis politiques, leaders de toutes les organisations de la Société civile, leaders des confessions religieuses, leaders des organisations socioprofessionnelles, leaders des étudiants, leaders des mouvements féminins, professeurs d’université…. ?

    Il faut protéger la souveraineté nationale et l’Intérêt Suprême de notre pays. Il faut s’assurer du fait que les personnes qui accèdent aux hautes fonctions de l’Etat et aux fonctions régaliennes ne soient pas déchiré entre les intérêts de deux pays et soient exposés à la tentation de trahir les intérêts vitaux de notre peuple et de notre pays. Il faut que ces personnes soient, en principe, d’une loyauté totale envers notre pays et envers notre peuple. Il faut donc verrouiller l’accès à la fonction du Président de la République et aux fonctions régaliennes.

    Mais, il ne suffit pas seulement d’être de mère et de père congolais pour accéder à la fonction du Président de la République et aux fonctions régaliennes, il faut encore correspondre au profil défini par le peuple à travers les 2850 Délégués à la Conférence Nationale Souveraine (CNS, 7 août 1991-6 décembre 1992) et être à la hauteur de la tâche.

    Fait le 08 07 2021.

    Pour le Leadership National Congolais de Progrès

    Dr François Tshipamba Mpuila

    GSM et WhatsAAp : +32-493-325-104

    E-mail : tshipamba.mpuila@yahoo.fr

  • L’ONU fait sortir le rapport Mapping de ses tiroirs

    L’ONU fait sortir le rapport Mapping de ses tiroirs

    -Vilipendé par le Rwanda, qui le considère comme une autre manière de poursuivre la guerre et de discréditer le FPR qui a mis fin au génocide, cité à chaque intervention par le Docteur Mukwege qui, au nom des victimes, réclame la fin de l’impunité et la mise en place de tribunaux mixtes, le « rapport Mapping » semble bien « sorti des tiroirs » où les Nations Unies l’avaient enfermé depuis dix ans.
    L’histoire de ce document controversé remonte à 2010, lorsque le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, basé à Genève et dont le coordinateur à Kinshasa était un Belge, Luc Henkinbrant, met en chantier un projet ambitieux : documenter les massacres, les crimes de guerre et les éventuels crimes de génocide commis au Congo entre 1993 et 2003. Une période qui commence dans les dernières années du régime Mobutu, mais ne couvre pas le début des années 90, où les Kasaïens vivant au Katanga ont été l’objet d’une véritable épuration ethnique et où des pillages menés par les militaires de Mobutu ont dévasté Kinshasa. La période examinée par les enquêteurs concerne surtout sur la période durant laquelle le Congo fut victime de deux guerres menées au départ des pays voisins, le Rwanda et l’Ouganda, rejoints par d’autres pays africains (l’Angola, le Zimbabwe, le Burundi…)neuf armées étrangères s’étant finalement retrouvées en territoire congolais.
    Rappelons que la première guerre du Congo avait éclaté au Kivu en octobre 1996 : deux millions de réfugiés hutus encadrés par les auteurs du génocide et l’ancienne armée d’Habyarimana avaient fui le Rwanda à la faveur de l’opération française Turquoise. Enfreignant le droit international en la matière, le Haut Commissariat aux réfugiés avait laissés les civils, mais aussi les militaires et les miliciens Interhahamwe s’installer au Kivu, dans des camps proches de la frontière rwandaise et qui allaient rapidement se militariser. Soutenus par l’aide humanitaire et encadrés par les extrémistes, les réfugiés hutus préparaient un retour offensif dans leur pays. L’inaction de la communauté internationale décida le Rwanda, avec son allié ougandais, à passer à l’offensive. Le Kivu, puis le reste du Congo, furent envahis par un mouvement rebelle, l’AFDL, (Alliance des forces démocratiques pour la libération) qui finit par chasser Mobutu le 17 mai 1917 et par installer au pouvoir Laurent Désiré Kabila. Au cours de cette avancée à l’intérieur du Congo, les réfugiés hutus qui avaient refusé de rentrer dans leur pays et qui restaient sous la coupe des anciennes autorités génocidaires furent impitoyablement poursuivis ; l’avancée des troupes rebelles fut marquée par de nombreux massacres (Tingi Tingi, Biaro, Lubutu, Kisangani, Mbandaka…) dont les principales victimes furent des civils rwandais, placés en première ligne par les combattants et servant de « boucliers humains ». Des civils congolais furent également tués en grand nombre par les assaillants qui ne faisaient pas le détail et les accusaient d’avoir soutenu les Hutus en débandade. Si la plupart des réfugiés hutus finirent par regagner le Rwanda où ils comparurent devant les tribunaux « gaçaça », plus de 200.000 fuyards furent portés disparus, en cavale dans les forêts congolaises ou ayant succombé aux attaques et aux maladies.
    En 2007, le président congolais Joseph Kabila, qui venait d’être élu donna son feu vert à l’enquête onusienne. Vingt enquêteurs indépendants se mirent alors au travail, dix ans après les faits. Durant presque une année, ils se reposèrent sur les témoignages et les rapports des ONG internationales qui avaient accompagné l’exode des réfugiés à travers le Congo, sur le travail déjà mené par un premier enquêteur onusien Robert Gersony, sur les documents d’une valeur diverse rassemblés par des dizaines d’ ONG congolaises présentes sur le terrain mais souvent très hostiles au Rwanda, considéré comme un envahisseur. Les enquêteurs de l’ONU interrogèrent plus de 1200 témoins de ces violences.
    Avant même sa parution, le rapport fut vilipendé par Kigali, qui considérait que ce document, plus qu’une simple compilation de crimes de guerre, avait pour objectif caché d’accréditer la thèse du « double génocide », celui des Hutus et des Congolais. Aux yeux du pouvoir rwandais, cette thèse du « double génocide », toujours répandue dans le Congo d’aujourd’hui, relativisait la tentative d’extermination des Tutsis du Rwanda et occultait la complicité d’une France qui avait soutenu jusqu’au bout le pouvoir génocidaire.
    A la veille de sa sortie -que des pressions politiques rendaient incertaine- le rapport fut opportunément publié dans les colonnes du quotidien Le Monde. Lors de sa publication le 1er octobre 2010, le Rwanda, qualifia ce document d’ « outrancier et préjudiciable » et Kigali menaça les Nations unies de retirer immédiatement ses 3500 Casques bleus qui se trouvaient au Soudan.
    La première phase de la guerre diplomatique fut remportée par Kigali et le rapport, truffé de conditionnels et d’assertions non vérifiables, fut jugé inutilisable sur le plan judiciaire. Le document fut cependant publié, mais les noms des auteurs présumés des crimes demeurèrent confidentiels. Et pour cause : non seulement Kigali, avec l’appui des Américains, exerçait une forte pression sur l’ONU, mais, à la faveur des accords de paix de Sun City, conclus en 2002 et soutenus par la communauté internationale, nombreux étaient les officiers responsables des crimes de guerre et issus des mouvements rebelles pro rwandais qui avaient été intégrés dans l’armée congolaise. Leur impunité avait en quelque sorte été le prix de la paix, la contrepartie du départ des armées étrangères et de la réunification d’un Congo jusque là occupé et divisé. Vingt ans plus tard, des postes clés au sein de l’armée congolaise sont toujours détenus par des hommes comme Gabriel Amisi Kumba dit Tango Fort, inspecteur général des forces armées après avoir été chef d’état major général, et qui avait participé à la guerre de Kisangani en 2000. Cette intégration de criminels de guerre au sein de l’armée découle toujours de la logique de ces accords de paix qui furent, à l’époque, appuyés par la communauté internationale… Par la suite, de nombreux officiers, Tutsis congolais ou d’origine rwandaise, intégrés dans l’armée congolaise, comme Laurent Nkunda, (qui vit au Rwanda) Bosco Ntaganda, (actuellement entre les mains du Tribunal pénal international), Sultani Makenga, chef du M23 et qui est réfugié en Ouganda, prirent les armes avec l’appui de Kigali et endeuillèrent une fois encore l’Est du Congo…
    Révélateur de massacres passés sous silence, utilisé comme instrument de la « guerre de basse intensité » et de dénigrement longtemps poursuivie par la France à l’encontre du Rwanda et renforçant l’hypothèse d’un double génocide, le rapport Mapping a refait surface grâce au plaidoyer du Docteur Mukwege, soutenu par un Luc Henkinbrant désormais retraité de l’ONU. Sorti de l’oubli, le document rencontre un succès croissant au sein de l’opinion congolaise qui exige que la justice internationale se saisisse du document et mette fin à l’impunité. Est-il besoin de préciser qu’après la clôture du rapport en 2003, bien d’autres crimes ont encore été commis et que les groupes armés se sont multipliés, mis au service des ambitions de politiciens congolais…

  • Du projet de loi Tshiani :Diaspora s’invite dans ce Debat public-Emery (UDPS) Vs Aggee (Activiste)

    Du projet de loi Tshiani :Diaspora s’invite dans ce Debat public-Emery (UDPS) Vs Aggee (Activiste)

    Debat Public sur la loi Tshiani : Verrouillage des fonctions de souveraineté ou tactique d’exclusion?
    Le microcosme politique congolais est toujours dominé par le débat sur une proposition de loi TSHIANI visant à renforcer les fonctions de souveraineté.
    Dr Noël Tshiani est une personnalité publique qui exprime assez régulièrement ses opinions sur la situation politique et générale de la RDC. Ses différentes positions sont du reste assumées. C’est un éminent économiste qui a œuvré dans la haute finance internationale. Son identité et son parcours sont vérifiables.

    C’est un homme courageux qui ose repousser ses limites. Ainsi après avoir été candidat malheureux aux élections présidentielles de 2018, l’homme n’a pas disparu des radars. Il est resté présent sur la scène politique, menant débat après débat, etc.

    Ce qui nous intéresse aujourd’hui est la question qu’il inscrit dans le débat public à savoir son initiative législative sur la nationalité congolaise. Cependant une précision s’impose, à ce stade des débats. En effet, il est à noter qu’une initiative de loi émanant du gouvernement s’appelle projet de loi tandis que celle émanant d’un parlementaire est appelée proposition de loi. Dans le cas d’espèce, on ne peut parler de projet de loi TSHIANI car Mr Noël TSHIANI ne fait pas partie de l’exécutif congolais.
    Le microcosme politique congolais est toujours dominé par le débat sur une proposition de loi TSHIANI visant à renforcer les fonctions de souveraineté.

    Depuis un peu plus de vingt ans, le personnel politique congolais élude ce débat périlleux. Beaucoup de politiques congolais se sont défilés face à leur responsabilité dans ce débat difficile. Ce débat touche à un combat que les vrais Congolais mènent depuis de très longues années. Il se trouve aujourd’hui qu’un politique congolais prend le taureau par les cornes et relance ce débat pour résoudre cette question de nationalité congolaise. C’est à son honneur. Il a le mérite d’inscrire à l’agenda politique cette délicate et difficile question. Cela est à saluer. De ce point de vue, je salue le courage de Mr Noël TSHIANI.

  • comment le TP Mazembe est devenu un géant du football en Afrique

    comment le TP Mazembe est devenu un géant du football en Afrique

    charles-musonda-nomme-selectionneur-adjoint-du-tp-mazembe-Le TP Mazembe affrontera ce samedi, à Lubumbashi, un autre mastodonte du football, le Zamalek SC (Égypte). Retour sur la trajectoire le club congolais qui s’est hissé, au cours de ses 80 années d’existence, parmi les meilleurs d’Afrique.

    Les supporters des Corbeaux s’en donneront à coeur joie. L’occasion ? Un match de Ligue des Champions à… Lubumbashi samedi 30 novembre. Le TP Mazembe affrontera ce jour-là un autre grand d’Afrique, le Zamalek SC (Égypte), qui détient lui aussi cinq titres remportés dans cette compétition.

    Alors que le TP Mazembe fête son 80e anniversaire, l’affiche entre les deux mastodontes est la meilleure des publicités. Moïse Katumbi, s’il ne boude pas son plaisir lorsque son club remporte le championnat de la République démocratique du Congo (RDC) aux dépens de l’AS Vita Club et du DC Motema Pembe, le chairman vibre surtout pour la Ligue des Champions.

    Cinq Ligues des Champions

    Quand Moïse Katumbi est né, en 1964, la Ligue des Champions était alors appelée Coupe des clubs champions. En 1967, le TP Mazembe éjecte de la plus haute marche du podium les Ghanéens de l’Asante Kotoko (1-1, 2-2) et en 1968, il ravit la victoire aux Togolais de l’Etoile Filante de Lomé (5-0, 1-4).

    Ensuite, pendant plus de trente ans, le club se contentera de quelques « sucreries ». plusieurs titres nationaux (sept championnats, trois coupes), et une victoire en Coupe d’Afrique des vainqueurs de coupe en 1980, une compétition aujourd’hui défunte, viendront rassasier les fans des Corbeaux.

    Quand le Français Diego Garzitto accepte de s’engager avec Mazembe en 2003, le club vivote. « J’avais rencontré Katumbi , qui avait repris le club en 1997, à Bruxelles, où il était déjà en exil. On sentait qu’il avait de l’ambition, mais pas beaucoup de moyens. Cependant, il voyait à long terme, il savait qu’il lui faudrait du temps ».

    À Lubumbashi, Garzitto gagne alors 4 000 euros, et les joueurs rarement plus de 400 ou 500 euros. Les structures d’entraînement sont quasi inexistantes, les équipements pour les joueurs rares et précieux. « Je suis resté un an. Quand Katumbi m’a demandé de revenir, en 2008, les choses avaient changé », poursuit-il.

    Évolution

    Le Boss est sur place, et les moyens augmentent. Garzitto empoche « trois ou quatre fois plus qu’en 2003 », les joueurs touchent des salaires très confortables. « Ce n’était pas encore l’opulence, mais ce n’était plus comparable. On voyait qu’il y avait eu du travail, que le président mettait de l’argent dans le club. Lors de mon premier passage, on avait recruté certains jeunes joueurs. Cinq ans plus tard, la plupart était toujours là, avec de l’expérience en plus ».

    Et 31 ans après la conquête de la dernière Ligue des Champions, le TP Mazembe se réinstalle sur le toit de l’Afrique, face aux Nigérians de Heartland FC (1-2, 1-0).

    Kidiaba, Mputu, Mihayo (l’actuel entraîneur) ou Kaluyituka rejoignent leurs aînés Kalala, Tshinabu, Nyembo ou Saidi, au rang des héros locaux.

    La nouvelle histoire des Corbeaux est en marche, et Katumbi poursuit son entreprise de consolidation d’un édifice adulé, détesté ou envié.

    En 2010, les Congolais conservent leur titre contre l’Espérance Tunis (5-0, 1-1) et atteignent quelques semaines plus tard la finale de la Coupe du Monde des clubs à Abu Dhabi, où l’Inter Milan d’un certain Samuel Eto’o, buteur ce jour-là, fracasse les rêves des Africains (3-0).

    Culture du succès

    La décennie qui s’ouvre consacre le TP Mazembe au niveau continental. Arrivé en 2013, Patrice Carteron, qui restera à Lubumbashi jusqu’en décembre 2015, a été à la fois un acteur actif et un observateur attentif de l’évolution du club subsaharien le plus titré sur la scène africaine.

    « Il y a une culture du succès. Pour beaucoup de Congolais, Katumbi est un exemple de réussite, dans un pays immense, où il y a à la fois d’énormes richesses et une grande pauvreté. Faire du TP Mazembe une formation capable de rivaliser avec les équipes d’Afrique du Nord, ce n’était pas gagné. On sent que c’est un club respecté. Le fait d’arriver dans un avion privé, aux couleurs du club, ça en impose. Quand on voyageait en RDC, moi qui n’ai jamais voulu me mêler de politique interne, j’ai quand même compris que le TP Mazembe, au moins à l’époque de Joseph Kabila, était perçu comme le club de l’opposition, en raison de la personnalité de son président, et qu’on lui mettait parfois des bâtons dans les roues, car ses victoires gênaient », explique le Français, qui a remporté la dernière Ligue des Champions des Corbeaux en 2015 (2-1, 2-0 face à l’USM Alger).

    « Il a construit un stade de 20 000 places, et a annoncé qu’il allait en faire un nouveau de 50 000. L’effectif dispose d’un centre d’entraînement moderne, il y a une académie qui fonctionne bien. Ce qu’il a réussi à faire en si peu de temps, doter le TPM de structures comparables à celles d’un bon club européen, nouer des partenariats avec Anderlecht ou Clermont Foot, cela prouve qu’il y a une vision.»

    « Le TP Mazembe doit être un exemple »

    Pendant l’exil européen de Moïse Katumbi, les Corbeaux ont tout de même gagné deux fois la Coupe de la CAF (2016, 2017) et le championnat national à trois reprises (2016, 2017, 2019).

    Le budget (entre 7 et 8 M€ selon certaines sources) n’est plus aussi élevé qu’avant son départ forcé, mais le train de vie du club est assuré. Les joueurs perçoivent des salaires très confortables, pouvant grimper jusqu’à 15 000 ou 20 000 euros, et les primes sont parfois généreuses.

    « Katumbi est un président très présent, mais qui, contrairement à d’autres, connaît bien le football. On pouvait ne pas être d’accord, mais il n’a jamais cherché à m’imposer des joueurs », ajoute Carteron.

    Aujourd’hui, le TP Mazembe « devrait être pris comme exemple par d’autres clubs subsahariens, ce qui favoriserait le développement du football en Afrique. C’est une fierté pour les Congolais qu’il soit au niveau où il est et qu’il soit devenu un fleuron sur le continent », conclut Constant Omari, le président de la fédération Congolaise de Football (FECOFA).

    Avec JA

  • La coalition Tshisekedi – Kabila : duo ou duel au sommet de l’Etat en Rd Congo ?

    La coalition Tshisekedi – Kabila : duo ou duel au sommet de l’Etat en Rd Congo ?

    Par Martin MULUMBA, docteur en roit public et chercheur à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

    -La coalition entre le Front Commun pour le Congo (FCC) et Cap pour le Changement (CACH) au pouvoir en République démocratique du Congo depuis un an semblait être un moindre mal pour sortir le pays de l’agitation politique au lendemain d’un processus électoral controversé. Mais quelques mois ont suffi pour constater que ce qui est souvent présenté comme un duo, résultat de la volonté du peuple congolais, s’avère être un véritable duel entre les deux alliés.

    Non seulement cette alliance inédite est fondée sur une méfiance réciproque de ses acteurs, mais elle révèle aussi, par leur comportement, qu’elle est totalement dépourvue d’un objectif commun, ce qui constitue un caillou dans les chaussures présidentielles !

    Car, s’il est vrai que les partisans de Felix Tshisekedi se battent pour la réussite du quinquennat, on constate que les membres du FCC de Joseph Kabila s’organisent sérieusement pour reconquérir le pouvoir en 2023, un combat logique en démocratie, mais qui ne rend pas la tâche facile à Félix Tshisekedi, minoritaire dans les deux Chambres du Parlement.

    Celui-ci s’est-il tiré une balle dans le pied en faisant le choix d’une coalition au lieu d’une cohabitation ? Cette situation d’un Président venant de l’opposition et d’une majorité parlementaire acquise au Président sortant alors que les deux élections avaient eu lieu le même jour reflète-t-elle réellement la volonté du peuple congolais ou s’agit-il seulement des conséquences d’une Commission électorale dépourvue de toute indépendance ? !

    Lors d’un meeting public le 20 décembre dernier à Kananga (Kasaï central), le premier vice-président de l’assemblée nationale et haut cadre du parti présidentiel UDPS, Jean Marc Kabund, a affirmé devant les militants que les cadres du FCC monteraient des stratégies pour empêcher Félix Tshisekedi de réussir son quinquennat. Le président de l’UDPS a ajouté qu’il existait une réelle crise confiance au sein de ladite coalition. M. Kabund a non seulement accusé le FCC de ne pas être sincère envers eux, mais il a aussi promis aux militants de lancer un mot d’ordre dans les prochains jours, si ces manœuvres continuent.

    Les partisans de Joseph Kabila condamnent cette provocation d’un proche de Félix Tshisekedi; ils accusent Jean-Marc Kabund d’une arrogance injustifiée et de non-respect d’un accord de paix, tout en promettant à leur tour des actions s’il n’était pas sanctionné par CACH.

    Voilà le décor planté pour un véritable duel institutionnel et une preuve de la fragilité de cette alliance politique, que certains avaient qualifiée de contre-nature. Cela nourrit chaque jour davantage les inquiétudes du public.

    Fallait-il éviter le piège de la coalition et accepter une cohabitation pour être indépendant, voire même un arbitre impartial qui incarne le destin de la Nation?

    Sans majorité propre au Parlement, le nouveau Président n’était pas dans une situation favorable. Deux choix s’offraient à lui: soit une cohabitation, source d’une querelle permanente, soit une coalition, dont l’avenir n’était pas garanti. Il a fait le choix difficile et inattendu d’une coalition avec le Président sortant. Aujourd’hui, on constate que Félix Tshisekedi se retrouve devant un fait accompli. Il lui faut un courage exceptionnel et une main qui ne tremble pas pour surmonter ce qui apparait comme un obstacle sur son chemin de la construction de l’Etat de droit démocratique. Peut-il avoir ce courage et le déclic qui lui permettront de faire de l’année 2020 celle de l’action et sortir de toutes les promesses qui risquent de faire de lui un Père Noël toujours à la recherche d’un traineau ?

    Avec une majorité parlementaire qui ne joue pas clairement le jeu, il est sera difficile mais non impossible au président Tshisekedi de construire l’Etat de droit qu’il ne cesse de promettre, car bien que déterminé, on ne voit pas comment le chef de l’Etat congolais va faire accepter certaines choses à ceux qui s’organisent déjà pour reconquérir le pouvoir et qui ne souhaitent pas voir leur concurrent muni d’un bilan défendable. Une situation qui interroge même sur l’insécurité persistante à l’est du pays: n’est-elle pas alimentée par ceux qui veulent l’échec de l’actuel Président ou résulte-t-elle d’une absence de stratégie dans le camp du Président lui-même ?

    La dissolution de l’Assemblée nationale est-elle la solution qui s’offre désormais à Félix Tshisekedi pour sortir de cette ambiguïté?

    Même s’il est vrai qu’il s’agit d’une expérience inédite en RDC et qu’il faut du temps pour que les habitudes prennent ou que la confiance s’installe, il est aussi vrai qu’avec deux alliés qui se combattent sans se le dire en face, le président Félix Tshisekedi risque de terminer son quinquennat avec un bilan de seules promesses, ce qui ferait de sa vision du « peuple d’abord » un simple slogan sans lendemain.

    En politique, la bonne foi se prouve et ne se présume pas. Les propos tenus par les membres de cette alliance démontrent clairement qu’elle est dépourvue de tout fondement solide et qu’il est difficile d’en espérer grand-chose.

    Selon la Constitution congolaise, le chef de l’Etat peut dissoudre l’Assemblée nationale à la condition qu’il existe une crise persistante entre le gouvernement et le parlement, une crise que le FCC ne peut se permettre d’offrir à Félix Tshisekedi dans le contexte actuel, où des législatives anticipées risqueraient de réveiller la colère populaire qui était palpable en 2018.

    Mais quand on sait qu’en politique, une crise peut facilement être fabriquée dans un laboratoire, il y a lieu de prendre au sérieux les menaces de Jean Marc Kabund et de s’attendre à de véritables actions, promises par le Président lui-même lors de son premier discours sur l’état de la Nation, bien que le déclenchement de cette arme nucléaire démocratique ne puisse être possible qu’avec le courage exceptionnel de Félix Tshisekedi. La question qui se pose est celle de savoir si le fils d’Etienne Tshisekedi peut avoir ce courage un jour, pour mettre fin à toute cette ambigüité institutionnelle et politique. L’histoire nous le dira !

    Avec La Libre Afrique

  • Les évêques appellent Tshisekedi à rompre « avec les antivaleurs des anciens régimes »

    Les évêques appellent Tshisekedi à rompre « avec les antivaleurs des anciens régimes »

    -Les évêques catholiques ont appelé le président Félix Tshisekedi et les nouveaux dirigeants de la RDC à « rompre radicalement avec les antivaleurs » des régimes précédents, tout en assurant une bonne gouvernance et un État de droit.

    « Nous invitons les nouveaux gouvernants à rompre radicalement avec les antivaleurs des anciens régimes et à donner des assurances concrètes d’une meilleure gouvernance », a déclaré lundi l’abbé Donatien Nshole, porte-parole de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), au cours d’une conférence de presse à Kinshasa.

    Un mois après l’investiture du président Félix Tshisekedi, la Cenco, qui avait donné Martin Fayulu vainqueur de la présidentielle selon ses chiffres, a ainsi souhaité donner une série de recommandations au nouveau dirigeant.

    « Les évêques leur donnent (ainsi) la chance de réussir », a expliqué l’abbé Donatien Nshole, ajoutant que « les évêques ne sont pas là pour leur échec. Le pays a besoin d’un nouveau leadership où l’homme Congolais sera au centre des préoccupations des autorités ».

    Les évêques ont entre autres appelé à l’établissement d’un État de droit – l’une des priorités du président Tshisekedi -, à la sécurisation des frontières et la pacification des zones en proie à l’insécurité par la présence des groupes armés. Enfin, la Cenco a préconisé la mise en place d’une bonne gouvernance et une politique de lutte contre la corruption.

    Les relations entre l’Église catholique et le régime de l’ancien président Joseph Kabila s’étaient tendues dès 2011. Les évêques contestaient alors la crédibilité de l’élection présidentielle donnant Kabila vainqueur cette année-là. Lors de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018, elle avait également contesté les résultats provisoires publiés par la Commission électorale indépendante (Ceni), estimant que ceux-ci ne correspondaient pas aux données collectées par ses 40 000 observateurs.

    Avec JA

  • Union Africaine: Félix Tshisekedi rétablira-t-il le lien avec ses pairs ?

    Union Africaine: Félix Tshisekedi rétablira-t-il le lien avec ses pairs ?

    • Félix Tshisekedi rétablira-t-il le lien avec ses pairs ?

    -Le nouveau président de RDC, attendu à Addis-Abeba samedi 9 février, siégera pour la première fois devant ses pairs dans le hall Nelson Mandela lors de l’ouverture du sommet d’Addis-Abeba le lendemain.

    Un discours hautement symbolique, puisque c’est dans ce même siège de l’UA à Addis-Abeba que dix chefs d’États du continent avaient rédigé un communiqué conjoint faisant état de « sérieux doutes » sur la validité de son élection.

    Les chefs d’État africains ont, depuis, rétropédalé. Dans son discours d’ouverture du conseil exécutif, le 7 février, le président de la Commission Moussa Faki Mahamat a même « noté avec satisfaction le bon déroulement des élections et les transitions intervenues à Madagascar et en République démocratique du Congo ».

    Félix Tshisekedi va toutefois devoir renouer le lien entre son pays et l’UA, qui s’était particulièrement distendu sous la présidence de son prédécesseur, Joseph Kabila. Ce dernier, qui entretenait des relations tendues avec la quasi-totalité de ses voisins, ne se rendait presque jamais aux sommets de l’UA.

    Avec Jeune Afrique

  • ” Nombre de Tunisiens pensent que le terrorisme vient de Libye, tandis qu’en Libye on dit l’inverse “

    ” Nombre de Tunisiens pensent que le terrorisme vient de Libye, tandis qu’en Libye on dit l’inverse “

    Le chercheur tunisien Rafaa Tabib, spécialiste de la Libye, appelle les autorités de son pays à interroger le ravisseur des deux journalistes tunisiens disparus chez le voisin de l’est en 2014. Il revient pour Jeune Afrique sur les relations bilatérales et les écueils de la diplomatie tunisienne en Libye.

    Rafaa Tabib est chercheur en anthropologie politique, rattaché au CNRS, et professeur à l’université Manouba de Tunis. Il a récemment annoncé qu’un des ravisseurs des deux journalistes tunisiens, Sofiene Chourabi et Nadhir Guetari (disparus en Libye en 2014), aurait été arrêté par une milice de Misrata, et appelé les autorités tunisiennes à aller l’interroger. Une manière de questionner la diplomatie bilatérale.

    Jeune Afrique : Vous avez interpellé les autorités tunisiennes au sujet des deux journalistes tunisiens, est-ce une manière de dire qu’elles devraient faire plus ou autrement sur ce dossier ?

    Rafaa Tabib : À chaque fois que la question est évoquée, les initiatives prises sont un peu trop classiques, et malheureusement pas adaptées aux réalités du pays. Nombre d’institutions en Libye cachent des coquilles vides et ne sont que des vitrines sans prise sur la réalité. Dans cette affaire, des magistrats tunisiens ont par exemple déjà été envoyés rencontrer leurs homologues dans l’Est de la Libye, afin d’échanger des informations. Mais de quelles informations disposent les magistrats libyens, alors que la fragmentation des institutions ne permet pas de réunir des éléments plausibles et crédibles ?

    De toute façon, la justice en Libye a toujours été partiale. La société tribale impose d’autres formes de légalité, qui permettent de parvenir à des arrangements. Ajoutez-y le contexte de guerre civile : à aucun moment, la justice libyenne n’a donc été impliquée dans ce genre de dossiers. Comment peut-on espérer par ailleurs qu’un envoyé de la justice tunisienne puisse demander des informations auprès de chef tribaux et traditionnels ?

    il n’y a que les canaux dits « sociaux », c’est-à-dire traditionnels et tribaux, pour récolter des informations.

    Des observateurs appellent plus généralement la Tunisie à sortir de la « diplomatie de salon ». Alors que le contexte de transition démocratique impose une meilleure gouvernance et plus de transparence, les autorités tunisiennes peuvent-elles se permettre de faire autrement et de mobiliser des canaux parallèles ?

    Nous avons d’un côté un État jacobin centralisé qui se veut moderniste, et en face un pays miné par les milices et les structures traditionnelles. Dans ce contexte, il n’y a que les canaux dits « sociaux », c’est-à-dire traditionnels et tribaux, pour récolter des informations.

    Selon nos sources, un des ravisseurs des deux journalistes est le chef d’une assemblée d’Abjdabiya (ville du nord-est de la Libye), sorte de vitrine d’Ansar al-Charia (proche d’Al-Qaïda). La question qui se pose, c’est comment l’interroger, alors qu’il se trouve dans une prison tenue par des miliciens. Une situation compliquée par le fait que les mouvements terroristes et révolutionnaires fonctionnent souvent en vases communicants, et que nombre de combattants ont une double casquette ou changent de camp au gré des opportunités. C’est ce qu’on appelle le « jeu des labels ».

    Trouver le canal approprié reste un grand dilemme. Il y a beaucoup d’hésitations. Certains ne veulent pas agir sans cadre législatif. Des partis politiques essaient également de protéger les groupes avec lesquels ils ont de bons rapports.

    Face à ce dilemme, quelles actions les autorités tunisiennes pourraient-elles envisager dans un cas comme celui-ci ?

    Je propose, dans ce cas de figure, de trouver une structure hybride. Des représentants de la société civile tunisienne, du monde des affaires, des clans du sud tunisien qui trouvent des prolongements en Libye, des chercheurs et des officiels, pourraient créer un organe national avec une base légale pour pouvoir travailler en Libye. Aujourd’hui, les autorités tunisiennes ne traitent pas avec la Libye profonde.

    On constate une absence de volonté et un manque d’engagement au niveau du ministère des Affaires étrangères, alors même que les Tunisiens sont très nombreux en Libye. Sur le terrain, une coopération existe par contre sur le plan sécuritaire, surtout pour identifier les mouvements terroristes à la frontière. Mais le problème se pose en termes d’action diplomatique. D’autant plus que les milices peuvent être liées à la fois au politique et impliquées dans des trafics.

    On parle pour certains d’embrigadement, mais l’idéologie de Daech n’est pas un mal incurable.

    Des associations appellent les autorités tunisiennes à agir également pour les Tunisiens, adultes et enfants, détenus en Libye et soupçonnés d’activités terroristes. Quelles peuvent être leurs marges de manœuvre ?

    Il faut absolument rapatrier les enfants, qui ne sont pas responsables de leur situation. On parle pour certains d’embrigadement, mais l’idéologie de Daech n’est pas un mal incurable. Nombre de Tunisiens pensent que le terrorisme vient de Libye, tandis qu’en Libye on dit l’inverse, car nombre de chefs de groupes terroristes sont Tunisiens. Je pense que la Tunisie a encore du mal à soulever cette question, par déni. Il n’y a pas de volonté de la part de la Tunisie d’ouvrir ce dossier du terrorisme.

    Un congrès libyen est attendu en cette rentrée. Quel rôle peut jouer la Tunisie pour aider à la stabilisation politique de son voisin ?

    La Tunisie a tout intérêt à jouer un rôle dans cette rencontre, mais on ne perçoit pas une telle volonté. C’est juste une réunion dont la date exacte n’est pas encore fixée, mais qui est décriée en Libye car elle risque de ramener une nouvelle élite autour la table des négociations, et que celle-ci souhaitera aussi récupérer sa part de pouvoir. On évoque en effet l’invitation de 170 à 300 personnalités, qui réclameront sans doute ensuite leur représentativité.

    On constate qu’à part les armes, rien ne sert en Libye. Mais beaucoup de ceux qui vivent de la rente institutionnelle, sans réelle légitimité, ne veulent pas se défaire de leurs privilèges. Le premier obstacle à la démocratie est l’élite politique. Selon moi, derrière cette dernière, toute la société libyenne avec sa complexité ne parvient pas à s’exprimer.

    Le gouvernement Sarraj, avec qui traite la Tunisie, n’a aucune emprise sur le terrain, sa légitimité est réduite.

    Les autorités tunisiennes ont aussi choisi d’inviter le Premier ministre libyen, Fayez al-Sarraj, au trentième sommet de la Ligue arabe prévu le 31 mars à Tunis. Sur le plan bilatéral, que peut-on attendre de cette visite ?

    Le gouvernement Sarraj, avec qui traite la Tunisie, n’a aucune emprise sur le terrain, sa légitimité est réduite. Certains groupes qui lui sont théoriquement affiliés- étant payés par l’État qui leur sous-traite la question sécuritaire- sont en fait des corps miliciens qui prennent un nom de brigade mais lui échappent. Il est seulement en position de signer des chèques mais la Tunisie est dans l’obligation d’accepter cet interlocuteur.

    Je conseillerais toutefois aux autorités d’inviter les autres belligérants avant la tenue de ce sommet arabe : le président du parlement, le général Haftar, et pourquoi pas d’autres clans. Cela lui permettrait de se tenir à égale distance de tous et de ne pas être partie prenante.

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  • RDC : ” Il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables “, les vérités de Vital Kamerhe

    RDC : ” Il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables “, les vérités de Vital Kamerhe

    Quelques heures avant la publication, dans la nuit du 9 au 10 janvier, des résultats provisoires de la présidentielle du 30 décembre dernier, Vital Kamerhe, directeur de campagne de Félix Tshisekedi, s’était confié à Jeune Afrique.

    Kinshasa, le 8 janvier, 15 heures. Nous sommes à la veille de la date annoncée pour la publication des résultats provisoires de la présidentielle en RDC. Lorsqu’il nous reçoit dans la centrale électorale du Cap pour le changement (Cach), à La Gombe, Vital Kamerhe sait déjà qu’il a misé sur le bon cheval. Mais il ne laisse rien transparaître. Ou presque. D’autant qu’il sait aussi qu’en politique, surtout au Congo, rien n’est vraiment acquis.

    Le directeur de campagne de Félix Tshisekedi reste tout de même confiant. Et nous présente les raisons officielles de sa foi en la victoire de son allié : les « chiffres ». Il s’agit de ceux compilés par la centrale électorale de Cach, retranchée dans l’une de ses résidences. Ce jour-là, le tableau projeté sur le mur de la salle affiche déjà une avance de quelque 106 874 suffrages exprimés pour Félix Tshisekedi sur son poursuivant direct, Martin Fayulu, opposant lui aussi et candidat de la coalition Lamuka [Réveille-toi, en lingala]. Mais sur un total de 2 550 184 votants seulement.

    Trésor Kibangula/JA

    L’échantillon est faible. Près de 40 millions d’électeurs étaient attendus aux urnes le 30 décembre. Vital Kamerhe ne l’ignore pas. Le but de sa manœuvre est ailleurs. Se convaincre et surtout convaincre, chiffres à l’appui, que Félix Tshisekedi « va gagner ». L’ancien président de l’Assemblée nationale cherche alors à confronter ces chiffres à ceux de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), lesquels donneraient Martin Fayulu vainqueur de la présidentielle du 30 décembre.

    J’ai l’impression que nos amis de Lamuka et la Cenco avaient le même centre de compilation. »

    Mais les évêques catholiques ne lui communiqueront jamais leurs données. « J’ai l’impression que nos amis de Lamuka et la Cenco avaient le même centre de compilation », se désole-t-il. Kamerhe se contentera de transmettre les siennes aux ambassades de France, de Grande-Bretagne et des États-Unis. La suite, on la connait. Félix Tshisekedi a été déclaré vainqueur dans la nuit du mercredi à jeudi par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Martin Fayulu, qui conteste ces résultats, a saisi la Cour constitutionnelle.

    La leçon de la campagne

    De la campagne électorale, Vital Kamerhe en tire une leçon : « Les contacts avec la population comptent beaucoup, surtout pour Félix [Tshisekedi] qui n’était pas connu dans certains milieux reculés de l’Est. Il fallait que les gens le voient physiquement et qu’il leur demande leurs suffrages. »

    Dans ce domaine, « Martin [Fayulu] avait l’avantage dans les grandes villes : avec le jet privé mis à disposition, il pouvait faire Kisangani – Lubumbashi en un clin d’oeil. Mais si vous devez faire Kisangani – Lubumbashi avec un autre avion, c’est 4 heures et demi de vol. Là où il lui fallait une heure. »

    À l’arrivée, Félix Tshisekedi devance tout de même Martin Fayulu, selon les résultats provisoires. Si cela avait été l’inverse, Kamerhe jurait le 8 janvier que son camp aurait accepté le verdict des urnes et nous relatait alors une réunion qui avait eu lieu entre Monseigneur Fridolin Ambongo, nouvel archevêque de Kinshasa et Félix Thisekedi :  « ‘Pour moi, si c’est Fayulu [qui l’emporte], je le félicite tout de suite, mais nous devons parler’, avait dit Félix Tshisekedi au clergé. »

    Et Vital Kamerhe de poursuivre, relatant cette fois-ci une rencontre entre Félix Tshisekedi et Martin Fayulu : « Puis, lors d’un tête-à-tête avec Fayulu, ce dernier ne pouvait se prononcer sur rien car il avait déjà réservé par exemple le poste de Premier ministre à Jean-Pierre Bemba [un de ses principaux soutiens au sein de Lamuka, ndlr]. En fait, Fayulu n’est pas libre. »

    Deal Kabila – Cach ?

    Quid des garanties que le Cach et Félix Tshisekedi auraient données à Joseph Kabila, au pouvoir depuis près de 18 ans, et à son entourage ? « Lorsque vous voulez rétablir un État de droit, vous ne pouvez pas vous substituer à la place des juges. Quand François Hollande est élu président de la République française en 2012, avait-il promis l’enfer à Nicolas Sarkozy ? Non, au contraire. Mais cela n’a pas empêché à la justice, institution indépendante, de faire son travail », explique Vital Kamerhe.

    Du groupe d’opposants qui se trouvent à l’extérieur du pays, Moïse Katumbi est le plus rassembleur. »

    Mais « l’opposition ne doit pas non plus être considérée comme une blanchisserie », précise-t-il, appelant les uns et les autres à adopter un comportement à la hauteur de ce « rendez-vous historique ». Pour la première fois, le transfert du pouvoir s’effectue entre un président sortant vivant et son successeur déclaré vainqueur du scrutin.

    Félix Tshisekedi écoute les « conseils » de Vital Kamerhe sur les attitudes à adopter, selon ce dernier. « Mais à Lamuka, quand vous avez Ève Bazaiba [secrétaire général du parti de Bemba, ndlr], d’un côté, et Martin Fayulu, de l’autre, ce sont deux volcans en éruption, je ne sais pas qui peut conseiller l’autre. »

    Trésor Kibangula/JA

    « Du groupe d’opposants qui se trouvent à l’extérieur du pays, Moïse Katumbi est le plus rassembleur. Voici quelqu’un de l’Est qui se retrouve dans l’étau de Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito, Martin Fayulu, Freddy Matungulu, tous de l’Ouest. On ne peut pas être plus nationaliste que ça ! Comme moi qui suis de l’Est et qui soutiens un Kasaïen (centre). Voilà le Congo de demain que nous voulons », souligne Kamerhe.

    « Hommages » à Kabila

    Le directeur de campagne de Félix Tshisekedi assume par ailleurs les « hommages » qu’il faudrait rendre à Joseph Kabila pour avoir accepté de se retirer du pouvoir. Malgré l’avis contraire de certains caciques du régime et de ses courtisans. À Martin Fayulu et ses soutiens, il pose en revanche une question : « Pourquoi revendiquez-vous la victoire issue des mauvaises élections, promettant d’organiser des bonnes élections d’ici deux ans ? C’est paradoxal. Il ne faut pas pisser dans l’assiette qui vous nourrit. »

    Félix a déjà dit qu’il va travailler avec tout le monde »

    « C’est à nous de prendre nos responsabilités, poursuit Vital Kamerhe. Si nous aimons le Congo, ce n’est pas uniquement comme président de la République ou Premier ministre que nous pouvons servir ce pays. » Dans l’accord de coalition conclu à Nairobi avec Félix, le poste du chef de gouvernement lui était destiné. Mais avec les résultats des législatives, largement favorables à la majorité sortante, les prévisions risquent d’être réajustées. « Que vous le vouliez ou pas, les résultats des urnes finissent toujours par vous contraindre d’être ensemble dans l’Assemblée nationale, de parler, de discuter de la manière dont il faudrait gérer le pays », fait-il remarquer.

    Dans tous les cas, « Félix a déjà dit qu’il va travailler avec tout le monde. Car il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables, martèle Vital Kamerhe. Il suffit d’observer la scène politique congolaise : commençons par moi-même. J’étais secrétaire général du PPRD [parti de Joseph Kabila], je suis aujourd’hui dans l’opposition. Suis-je devenu pour autant saint ? Il faut me juger par rapport à mon comportement lorsque j’étais au PPRD. Étais-je un bon président de l’Assemblée nationale ? Prenons le cas de Pierre Lumbi. Il était conseiller spécial du chef de l’État en matière de sécurité. Pendant son règne, peut-on dire qu’il y avait moins de répression et que Kabila était plus tendre ? Il est dans l’opposition et directeur de campagne de Martin Fayulu ».

    « L’important, c’est de changer le système »

    Et de poursuivre : « Il y avait aussi des répressions pendant que Moïse Katumbi était gouverneur du Katanga. Il ne peut en être fier, même s’il dira toujours que les ordres venaient d’en haut. C’est pourquoi nous pensons que nous pouvons travailler avec certaines personnes qui évoluent aujourd’hui au sein de la majorité. L’important, c’est de changer le système. La propension de l’homme congolais à dévier, à voler les deniers publics est tellement élevée que sans un système dissuasif – séparation des pouvoirs, institutions fortes, justice indépendante et équitable – le pays ne s’en sortira pas. »

    Entre deux maux, il faut choisir le moindre »

    Vital Kamerhe voudrait voir revenir « l’époque de Kasa-Vubu », premier président du Congo indépendant. Cet homme qui « ramenait à la caisse de l’État les frais restants de ses voyages officiels ». Il rend aussi hommage à Patrice Lumumba, qui « n’a laissé qu’une seule maison sur le Boulevard alors qu’il était Premier ministre ». Idem pour Laurent-Désiré Kabila qui ne s’était acheté, selon lui, « aucun appartement, aucune maison, aucun terrain ».

    En attendant, il n’y aura pas de « règlements de compte » à l’encontre de ceux qui ont dirigé la RDC ces 17 dernières années. Vital Kamerhe s’en explique : « Entre deux maux, il faut choisir le moindre. Pas de chasse aux sorcières pour un nouveau départ du Congo mais certaines fautes sont impardonnables, bien entendu. »

    Félix président de la République, « une réforme de l’État va toutefois être engagée pour donner plus de moyens à nos militaires, construire des casernes afin qu’ils accomplissent efficacement leur mission première de sécuriser l’intégrité de notre territoire. Il en est de même de la police. Mais nous n’enverrons personne à la potence », assure Kamerhe. « Il y aura certainement des restrictions au niveau de l’Agence nationale de renseignement (ANR). Cette dernière doit être un service d’intelligence, pas celui d’interpellation quotidienne des citoyens », déclare-t-il.

    Kamerhe en est conscient. « Le président élu ne va pas bénéficier d’un seul moment de sursis. Le peuple a soif de changement et attendra avec impatience les premières mesures dans ce sens. » Et de prévenir : « Si ces mesures n’arrivent pas, le peuple ne tardera pas à redescendre les rues de Kinshasa et des autres villes du pays. »

    L’origine de l’article >>

  • RDC : ” Il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables “, les vérités de Vital Kamerhe

    RDC : ” Il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables “, les vérités de Vital Kamerhe

    Quelques heures avant la publication, dans la nuit du 9 au 10 janvier, des résultats provisoires de la présidentielle du 30 décembre dernier, Vital Kamerhe, directeur de campagne de Félix Tshisekedi, s’était confié à Jeune Afrique.

    Kinshasa, le 8 janvier, 15 heures. Nous sommes à la veille de la date annoncée pour la publication des résultats provisoires de la présidentielle en RDC. Lorsqu’il nous reçoit dans la centrale électorale du Cap pour le changement (Cach), à La Gombe, Vital Kamerhe sait déjà qu’il a misé sur le bon cheval. Mais il ne laisse rien transparaître. Ou presque. D’autant qu’il sait aussi qu’en politique, surtout au Congo, rien n’est vraiment acquis.

    Le directeur de campagne de Félix Tshisekedi reste tout de même confiant. Et nous présente les raisons officielles de sa foi en la victoire de son allié : les « chiffres ». Il s’agit de ceux compilés par la centrale électorale de Cach, retranchée dans l’une de ses résidences. Ce jour-là, le tableau projeté sur le mur de la salle affiche déjà une avance de quelque 106 874 suffrages exprimés pour Félix Tshisekedi sur son poursuivant direct, Martin Fayulu, opposant lui aussi et candidat de la coalition Lamuka [Réveille-toi, en lingala]. Mais sur un total de 2 550 184 votants seulement.

    Trésor Kibangula/JA

    L’échantillon est faible. Près de 40 millions d’électeurs étaient attendus aux urnes le 30 décembre. Vital Kamerhe ne l’ignore pas. Le but de sa manœuvre est ailleurs. Se convaincre et surtout convaincre, chiffres à l’appui, que Félix Tshisekedi « va gagner ». L’ancien président de l’Assemblée nationale cherche alors à confronter ces chiffres à ceux de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), lesquels donneraient Martin Fayulu vainqueur de la présidentielle du 30 décembre.

    J’ai l’impression que nos amis de Lamuka et la Cenco avaient le même centre de compilation. »

    Mais les évêques catholiques ne lui communiqueront jamais leurs données. « J’ai l’impression que nos amis de Lamuka et la Cenco avaient le même centre de compilation », se désole-t-il. Kamerhe se contentera de transmettre les siennes aux ambassades de France, de Grande-Bretagne et des États-Unis. La suite, on la connait. Félix Tshisekedi a été déclaré vainqueur dans la nuit du mercredi à jeudi par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Martin Fayulu, qui conteste ces résultats, a saisi la Cour constitutionnelle.

    La leçon de la campagne

    De la campagne électorale, Vital Kamerhe en tire une leçon : « Les contacts avec la population comptent beaucoup, surtout pour Félix [Tshisekedi] qui n’était pas connu dans certains milieux reculés de l’Est. Il fallait que les gens le voient physiquement et qu’il leur demande leurs suffrages. »

    Dans ce domaine, « Martin [Fayulu] avait l’avantage dans les grandes villes : avec le jet privé mis à disposition, il pouvait faire Kisangani – Lubumbashi en un clin d’oeil. Mais si vous devez faire Kisangani – Lubumbashi avec un autre avion, c’est 4 heures et demi de vol. Là où il lui fallait une heure. »

    À l’arrivée, Félix Tshisekedi devance tout de même Martin Fayulu, selon les résultats provisoires. Si cela avait été l’inverse, Kamerhe jurait le 8 janvier que son camp aurait accepté le verdict des urnes et nous relatait alors une réunion qui avait eu lieu entre Monseigneur Fridolin Ambongo, nouvel archevêque de Kinshasa et Félix Thisekedi :  « ‘Pour moi, si c’est Fayulu [qui l’emporte], je le félicite tout de suite, mais nous devons parler’, avait dit Félix Tshisekedi au clergé. »

    Et Vital Kamerhe de poursuivre, relatant cette fois-ci une rencontre entre Félix Tshisekedi et Martin Fayulu : « Puis, lors d’un tête-à-tête avec Fayulu, ce dernier ne pouvait se prononcer sur rien car il avait déjà réservé par exemple le poste de Premier ministre à Jean-Pierre Bemba [un de ses principaux soutiens au sein de Lamuka, ndlr]. En fait, Fayulu n’est pas libre. »

    Deal Kabila – Cach ?

    Quid des garanties que le Cach et Félix Tshisekedi auraient données à Joseph Kabila, au pouvoir depuis près de 18 ans, et à son entourage ? « Lorsque vous voulez rétablir un État de droit, vous ne pouvez pas vous substituer à la place des juges. Quand François Hollande est élu président de la République française en 2012, avait-il promis l’enfer à Nicolas Sarkozy ? Non, au contraire. Mais cela n’a pas empêché à la justice, institution indépendante, de faire son travail », explique Vital Kamerhe.

    Du groupe d’opposants qui se trouvent à l’extérieur du pays, Moïse Katumbi est le plus rassembleur. »

    Mais « l’opposition ne doit pas non plus être considérée comme une blanchisserie », précise-t-il, appelant les uns et les autres à adopter un comportement à la hauteur de ce « rendez-vous historique ». Pour la première fois, le transfert du pouvoir s’effectue entre un président sortant vivant et son successeur déclaré vainqueur du scrutin.

    Félix Tshisekedi écoute les « conseils » de Vital Kamerhe sur les attitudes à adopter, selon ce dernier. « Mais à Lamuka, quand vous avez Ève Bazaiba [secrétaire général du parti de Bemba, ndlr], d’un côté, et Martin Fayulu, de l’autre, ce sont deux volcans en éruption, je ne sais pas qui peut conseiller l’autre. »

    Trésor Kibangula/JA

    « Du groupe d’opposants qui se trouvent à l’extérieur du pays, Moïse Katumbi est le plus rassembleur. Voici quelqu’un de l’Est qui se retrouve dans l’étau de Jean-Pierre Bemba, Adolphe Muzito, Martin Fayulu, Freddy Matungulu, tous de l’Ouest. On ne peut pas être plus nationaliste que ça ! Comme moi qui suis de l’Est et qui soutiens un Kasaïen (centre). Voilà le Congo de demain que nous voulons », souligne Kamerhe.

    « Hommages » à Kabila

    Le directeur de campagne de Félix Tshisekedi assume par ailleurs les « hommages » qu’il faudrait rendre à Joseph Kabila pour avoir accepté de se retirer du pouvoir. Malgré l’avis contraire de certains caciques du régime et de ses courtisans. À Martin Fayulu et ses soutiens, il pose en revanche une question : « Pourquoi revendiquez-vous la victoire issue des mauvaises élections, promettant d’organiser des bonnes élections d’ici deux ans ? C’est paradoxal. Il ne faut pas pisser dans l’assiette qui vous nourrit. »

    Félix a déjà dit qu’il va travailler avec tout le monde »

    « C’est à nous de prendre nos responsabilités, poursuit Vital Kamerhe. Si nous aimons le Congo, ce n’est pas uniquement comme président de la République ou Premier ministre que nous pouvons servir ce pays. » Dans l’accord de coalition conclu à Nairobi avec Félix, le poste du chef de gouvernement lui était destiné. Mais avec les résultats des législatives, largement favorables à la majorité sortante, les prévisions risquent d’être réajustées. « Que vous le vouliez ou pas, les résultats des urnes finissent toujours par vous contraindre d’être ensemble dans l’Assemblée nationale, de parler, de discuter de la manière dont il faudrait gérer le pays », fait-il remarquer.

    Dans tous les cas, « Félix a déjà dit qu’il va travailler avec tout le monde. Car il n’y a pas d’un côté des saints et de l’autre des diables, martèle Vital Kamerhe. Il suffit d’observer la scène politique congolaise : commençons par moi-même. J’étais secrétaire général du PPRD [parti de Joseph Kabila], je suis aujourd’hui dans l’opposition. Suis-je devenu pour autant saint ? Il faut me juger par rapport à mon comportement lorsque j’étais au PPRD. Étais-je un bon président de l’Assemblée nationale ? Prenons le cas de Pierre Lumbi. Il était conseiller spécial du chef de l’État en matière de sécurité. Pendant son règne, peut-on dire qu’il y avait moins de répression et que Kabila était plus tendre ? Il est dans l’opposition et directeur de campagne de Martin Fayulu ».

    « L’important, c’est de changer le système »

    Et de poursuivre : « Il y avait aussi des répressions pendant que Moïse Katumbi était gouverneur du Katanga. Il ne peut en être fier, même s’il dira toujours que les ordres venaient d’en haut. C’est pourquoi nous pensons que nous pouvons travailler avec certaines personnes qui évoluent aujourd’hui au sein de la majorité. L’important, c’est de changer le système. La propension de l’homme congolais à dévier, à voler les deniers publics est tellement élevée que sans un système dissuasif – séparation des pouvoirs, institutions fortes, justice indépendante et équitable – le pays ne s’en sortira pas. »

    Entre deux maux, il faut choisir le moindre »

    Vital Kamerhe voudrait voir revenir « l’époque de Kasa-Vubu », premier président du Congo indépendant. Cet homme qui « ramenait à la caisse de l’État les frais restants de ses voyages officiels ». Il rend aussi hommage à Patrice Lumumba, qui « n’a laissé qu’une seule maison sur le Boulevard alors qu’il était Premier ministre ». Idem pour Laurent-Désiré Kabila qui ne s’était acheté, selon lui, « aucun appartement, aucune maison, aucun terrain ».

    En attendant, il n’y aura pas de « règlements de compte » à l’encontre de ceux qui ont dirigé la RDC ces 17 dernières années. Vital Kamerhe s’en explique : « Entre deux maux, il faut choisir le moindre. Pas de chasse aux sorcières pour un nouveau départ du Congo mais certaines fautes sont impardonnables, bien entendu. »

    Félix président de la République, « une réforme de l’État va toutefois être engagée pour donner plus de moyens à nos militaires, construire des casernes afin qu’ils accomplissent efficacement leur mission première de sécuriser l’intégrité de notre territoire. Il en est de même de la police. Mais nous n’enverrons personne à la potence », assure Kamerhe. « Il y aura certainement des restrictions au niveau de l’Agence nationale de renseignement (ANR). Cette dernière doit être un service d’intelligence, pas celui d’interpellation quotidienne des citoyens », déclare-t-il.

    Kamerhe en est conscient. « Le président élu ne va pas bénéficier d’un seul moment de sursis. Le peuple a soif de changement et attendra avec impatience les premières mesures dans ce sens. » Et de prévenir : « Si ces mesures n’arrivent pas, le peuple ne tardera pas à redescendre les rues de Kinshasa et des autres villes du pays. »

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