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Conflit en RDC: le Rwanda isolé, sa marge de manoeuvre limitée


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war-criminal-paul-kagame– Le Rwanda, de nouveau accusé par l’ONU d’ingérence dans le conflit en République démocratique du Congo (RDC) voisine, se retrouvait vendredi très isolé au niveau international et sa marge de manoeuvre apparaissait extrêmement limitée. Au lendemain d’une rhétorique résolument guerrière, dont il a déjà usé à plusieurs reprises ces derniers mois contre Kinshasa, le gouvernement rwandais a baissé d’un ton vendredi, ne réagissant pas officiellement aux nouvelles accusations de l’ONU sur un soutien de son armée aux rebelles congolais du M23 qui affronte les forces de RDC (FARDC) dans la province orientale du Nord-Kivu. Selon des diplomates à New York, le sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, Edmond Mulet a déclaré jeudi soir au Conseil de sécurité avoir des “informations crédibles et cohérentes” sur un soutien de l’armée rwandaise aux rebelles du M23, dans les combats en cours au nord de la capitale du Nord-Kivu, Goma. L’intensité de ces combats, qui durent depuis une semaine, est montée mercredi et jeudi, avec l’engagement accru, au côté des FARDC, de la nouvelle Brigade d’intervention de la Mission de l’ONU au Congo (Monusco), chargée d’éradiquer les groupes armés qui pullulent dans l’est du pays. Selon ces mêmes sources, M. Mulet, qui s’exprimait à huis clos, a évoqué une infiltration de troupes rwandaises en RDC “ces derniers jours”. Accusé depuis octobre 2012 de soutenir le M23, rébellion à majorité rwandophone, dans l’est de la RDC, le Rwanda a toujours fermement démenti, de même que Kampala, également accusé. Divers responsables de la présidence et du gouvernement rwandais ont été contactés vendredi par l’AFP, après ces nouvelles accusations, mais aucun n’a répondu. Seule la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo a démenti dans la nuit sur Twitter la présence de troupes rwandaises de l’autre côté de la frontière.

“Non (…), les troupes rwandaises ne sont pas en République démocratique du Congo (pour le moment)”, a écrit la ministre, sur un ton volontairement ambigu, entre ironie et menace voilée.

Le Rwanda se retrouve “très isolé sur la scène internationale”, a estimé Thierry Vircoulon, directeur du projet Afrique centrale au centre de réflexion International Crisis Group (ICG), interrogé par l’AFP.

Membre non-permanent du Conseil de sécurité depuis le 1er janvier, le Rwanda a bloqué mardi, selon des diplomates, une proposition franco-américaine de sanctions contre deux responsables du M23. Il s’est aussi opposé depuis une semaine à plusieurs projets de déclaration du Conseil sur la situation dans l’est de la RDC, mettant en cause le M23.

Comme à chaque nouvel épisode de crise dans le Nord-Kivu, Kigali a ces derniers jours haussé le ton et usé d’un vocabulaire martial après la chute de son côté de la frontière d’obus tirés depuis la RDC.

Accusant les forces de RDC d'”intensifier leur bombardement délibéré du territoire rwandais”, Mme Mushikiwabo a averti jeudi: “cette provocation ne peut plus être tolérée. Nous n’hésiterons pas à défendre notre territoire”.

Mais, vendredi, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a affirmé que ce sont les rebelles du M23 qui ont tiré en direction du territoire rwandais.

Dans un communiqué, M. Ban “condamne en particulier les tirs non ciblés émanant du M23 qui ont causé des morts, des blessés et des dégâts matériels parmi la population civile à l’est de la RDC et dans les zones frontalières au Rwanda, de même que parmi les Casques bleus”.

L’armée rwandaise est déjà intervenue officiellement à trois reprises dans des conflits en RDC. En 1996 – la RDC s’appelle encore le Zaïre – elle organise, encadre et accompagne au combat la rébellion de Laurent-Désiré Kabila, qui renverse un an plus tard Mobutu Sese Seko.

En 1998, la rupture de l’alliance avec Kabila provoque la Deuxième Guerre du Congo, conflit régional impliquant plus d’une dizaine de pays africains, dont le Rwanda est un acteur majeur. Le dernier soldat rwandais quitte officiellement la RDC en octobre 2002.

En 2009, l’armée rwandaise participe à une opération conjointe avec les FARDC contre les rebelles hutus rwandais dans l’Est congolais.

Jeudi, des véhicules blindés de l’armée rwandaise ont ostensiblement parcouru Kigali, prenant la route de Gisenyi, en direction de la frontière congolaise. De façon inhabituelle, des images de ces mouvements de troupe ont été diffusées à la télévision nationale et sur les médias.

Aucun déploiement militaire particulier n’a toutefois été constaté vendredi à Gisenyi ou le long de la frontière alentour.

La ville était calme et les boutiques ouvertes. Les deux postes-frontière reliant Gisenyi et Goma sont restés ouverts depuis la reprise des combats et les commerçants notamment continuaient de traverser vendredi dans les deux sens.

Malgré ses coups de menton, la marge de manoeuvre de Kigali semble aujourd’hui très limitée, notamment en raison de la présence importante de l’ONU au côté des FARDC dans les combats face au M23.

“Maintenant les Casques-Bleus sont très impliqués. Il y a donc un risque de confrontation entre les Casques-Bleus et le Rwanda, ce qui serait catastrophique pour ces derniers”, notait vendredi Thierry Vircoulon.

AFP

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