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Dédollarisation : les inquiétudes se multiplient

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Dollars Americains
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-La bataille de la dédollarisation sera sûrement longue et impopulaire, autant pour le public, usager de la monnaie, que pour le gouvernement, initiateur du projet. Si la consolidation de la stabilité du cadre macroéconomique joue en faveur d’un tel projet, des préalables sont tels que le gouvernement devra faire preuve d’un courage politique sans faille pour secouer l’édifice de ceux qui manipulent des masses importantes de devises étrangères. Ils se recrutent dans les milieux du pouvoir et du monde des affaires.

Après avoir clairement affiché sa détermination, le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, tente de donner une forme à son ambitieux programme de dédollarisation de l’économie congolaise. Il y tient tellement qu’il a instruit, aux dernières nouvelles, la Banque centrale du Congo (BCC) de préparer un projet de révision de certaines dispositions du décret-loi n°004/2001 du 31 janvier 2001 relatif du régime des opérations en monnaies nationale et étrangère.

Le sujet a été à l’ordre du jour de la dernière réunion hebdomadaire de la Troïka stratégique. A l’occasion, le gouvernement a levé l’option de « revoir » ce décret-loi. La BCC a reçu la charge d’apporter des amendements à certains articles donnant cours légal aux monnaies étrangères sur le terrain national.

Le gouvernement ne cache plus sa ferme volonté de redonner à la monnaie nationale -le franc congolais- l’occasion de remplir toutes les fonctions monétaires, notamment celles d’unité de compte, d’intermédiaire des échanges et de réserve des valeurs. Toutefois, la route pour y arriver se révèle parsemée d’embûches et d’obstacles de tous ordres.

Il est normal, soutient-on dans les milieux spécialisés, qu’après avoir gagné la bataille de la stabilisation du cadre macroéconomique, le gouvernement mette le cap sur la limitation d’une circulation fiduciaire parallèle des devises étrangères en RDC. C’est tout à fait légitime, argue-t-on dans ces milieux. Mais, aussi salutaire et juste soit-elle, cette mesure est orientée avant tout vers les grands détenteurs de ces différentes devises étrangères. Et non vers le gros de la population constitué de gagne-petit !

Les grands manipulateurs des devises étrangères se recrutent généralement dans les milieux des opérateurs économiques œuvrant dans divers secteurs de la vie nationale, d’une part, et dans la catégorie de ceux qui exercent un mandat public (gouvernement, entreprises du portefeuille), d’autre part. Quand au petit peuple, paupérisé à volonté, se contente de la monnaie nationale.

Si l’on devait limiter aujourd’hui la circulation concomitante du franc congolais avec certaines devises étrangères, particulièrement le dollar américain, le gouvernement devra alors se frotter à ceux qui détiennent des portefeuilles et des comptes bien garnis en monnaies étrangères. Vont-ils accepter d’êtres victimes de cette mesure qui pourrait perturber leurs transactions et, partant, leur quiétude ? La question vaut son pesant d’or.

LES LIMITES EVENTUELLES

Quoique juste à tout point de vue, la mesure de la dédollarisation et tout ce qui s’ensuit implique véritablement du courage de la part du gouvernement. Courage d’abord d’allier (au besoin embrigader) la BCC à sa cause. Et courage, ensuite, de bousculer les intérêts établis dans les milieux économiques et financiers nationaux où sont brassées d’importantes masses des devises étrangères. Lesquels milieux ont des accointances avec des milieux politiques nationaux et internationaux.

Bref, c’est au niveau de son application que l’on testera la capacité du gouvernement à faire passer la pilule de la dédollarisation.

Dans le rang du FMI, dont une mission se trouve à Kinshasa dans le cadre des consultations au titre de l’article IV de ses statuts, l’on relativise concernant la portée d’un tel projet. « La dédollarisation prendra du temps », pense le FMI. Pour garantir le succès d’une telle initiative, le FMI estime que tout réside dans le rétablissement de la confiance. « Rétablir la confiance, c’est le facteur clé de la dédollarisation », soutient ce dernier, rappelant en même temps que ce projet ne saurait aboutir que dans un contexte de développement du secteur financier. Or, dans l’état actuel de la RDC où le secteur financier renait difficilement de ses cendres, il est difficile de prédire des résultats positifs.

Malgré toutes ces pesanteurs, le gouvernement serait décidé de se lancer dans l’arène. Il devra avoir de bonnes raisons d’y croire. Mais aux dernières nouvelles, des sources proches de l’Exécutif central laissent entendre que le gouvernement aurait renoncé à son projet de révision du décret-loi n°004/2001 du 31 janvier 2001.

Si l’information se confirmait, cela expliquerait l’absence d’empressement dans le chef du gouvernement concernant la mise en œuvre de la mesure portant dédollarisation de l’économie congolaise.

(Le Potentiel )
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