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Drogue : de l’iboga pour soigner les héroïnomanes ?


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L'iboga est très répandue au Gabon et en Afrique centrale équatoriale
L’iboga est très répandue au Gabon et en Afrique centrale équatoriale © AFP

Remède miracle aux propriétés anti-addictives ou simple substance hallucinogène ? L’ibogaïne, une molécule provenant de l’écorce de l’iboga, plante très répandue au Gabon, pourrait aider des millions de toxicomanes. Elle reste considérée, aux États-Unis et en France, comme un stupéfiant.

L’héroïne ne connait pas la crise. Et son “succès”, aux États-Unis notamment, ne cesse de croître. Tout comme le danger qu’elle représente. Depuis le début de l’année, 131 kilos d’héroïne ont déjà été saisis à New York, d’une valeur à la revente de 40 à 60 millions de dollars. Contre 80 kilos sur l’ensemble de l’année 2013. “Du jamais vu” depuis que la ville tient des archives à ce sujet, soit vingt-trois ans, d’après Bridget Brennan, procureur chargée des affaires de drogue. Pis, entre 2010 et 2012, le nombre de surdose a grimpé de 84 %.

“J’ai vu des gens qui étaient au bout du rouleau ressembler à nouveau à des êtres humains”

Comment stopper la diffusion d’une drogue populaire devenue bon marché ? Ou même, simplement soigner et sortir ses victimes de cette dépendance. Loin des sevrages longs et douloureux à la buprénorphine, à la méthadone ou autres cocktails médicamenteux, l’iboga, une racine très répandue en Afrique centrale équatoriale, aurait des propriétés anti-addictives. Depuis des siècles ce petit arbuste surnommé “bois sacré” est utilisé pour des rites initiatiques, à l’image du bwiti chez les Mitsogo et les Apindjis au Gabon. L’absorption d’iboga sous forme de poudre, selon des règles très précises entraîne un moment de transe et des visions qui doivent permettre l’intégration au sein de la communauté.

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Aux États-Unis, la découverte de sonpotentiel thérapeutique date seulement de quelques décennies. Dans les années 1960, Howard Lotsof et des amis, tous accros à l’héroïne et à la cocaïne, découvrent et testent l’ibogaïne. L’expérience dure trente-six heures. Une journée et demi qui suffit à les guérir de cette dépendance. Et sans sevrage. Définitivement pour Howard Lotsof, durant quelques mois pour ses compagnons.

Sauvé des griffes de l’héroïne, Howard Lotsof va devenir le héraut de l’ibogaïne jusqu’à sa mort en 2010. Pendant près de trente ans, l’ancien junkie tente de convaincre le monde de la science de se pencher sur les bienfaits de cette molécule extraite de l’écorce de l’iboga aux effets psychostimulants et euphorisants. Deborah Mash, professeure en neurochirurgie à l’université de Miami rejoint sa cause. “J’ai vu des gens qui étaient au bout du rouleau ressembler à nouveau à des êtres humains, sans aucun signe de manque et prêts à changer de vie”, assure-t-elle dans America Tonight.

Après avoir traité 300 patients à l’ibogaïne en 1996 dans son centre de recherche privé aux Caraïbes, elle affirme que le “taux de réussite à court terme du traitement à l’ibogaïne est de 98 %”. Encore une fois, sans sevrage. Mais, Deborah Mash tempère : “Il n’y a jamais eu une étude en double aveugle, ce qui est nécessaire pour définir les taux de réussite réels.” Elle évite d’utiliser le mot “remède”, privilégiant celui d'”interrupteur de la dépendance”. Encore moins celui de “remède miracle” puisque plusieurs échecs ont également été rapportés.
L’autre bienfait de l’ibogaïne intervient sur le cerveau. Elle permettrait de stimuler le métabolisme et d’aider les voies nerveuses, endommagées par la consommation d’héroïne, à se régénérer.

L’ibogaïne, interdite en France et aux États-Unis

Pourtant, l’utilisation et les propriétés de l’ibogaïne sont encore taboues. “L’avis de l’industrie pharmaceutique a été dans l’ensemble critique et a eu une influence importante dans la décision de ne plus financer les essais”, reconnaît Kenneth Alper, professeur de psychiatrie et neurologie à New York, cité par Le Monde. “La plupart des entreprises croient, à tort, qu’elles ne peuvent pas gagner beaucoup d’argent dans le traitement de la toxicomanie”, poursuit Stanley Glick, directeur du centre de recherche en neurologie à l’Université de médecine en Albany.

L’absence de recherches à long terme empêche aujourd’hui d’avancer des chiffres quant au taux de réussite de l’ibogaïne dans la lutte contre les addictions aux opiacés. Bien que ses défenseurs en fassent l’arme numéro un contre l’héroïne. Aux États-Unis, elle est classée comme drogue depuis 1967 mais a été autorisée par l’Institut national sur l’abus des drogues entre 1990 et 1995 pour des essais cliniques. En France, l’iboga et l’ibogaïne sont considérées comme stupéfiants depuis 2007.

Jeune Afrique

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