Pour inaugurer les nouveaux locaux de la Fondation Henri Cartier-Bresson, Agnès Sire, directrice artistique du lieu, ne pouvait imaginer autre chose qu’une exposition de Martine Franck. La photographe, épouse de Henri Cartier-Bresson, a été en effet l’instigatrice et la cheville ouvrière de l’institution, dont elle fut présidente jusqu’à sa mort, en 2012. « Martine Franck s’est épanouie dans ce projet. Elle qui s’est toujours intéressée aux sujets sociaux avait un peu un complexe de fille de riches , explique Agnès Sire. La fondation lui a permis de consacrer sa fortune familiale à un projet qu’elle destinait à la communauté, d’acheter un lieu qui préserve l’ œuvre de Cartier-Bresson, mais aussi celle d’autres photographes. »
Dès le début, les deux femmes ont travailléen tandem : « Elle ne m’a jamais rien imposé, ni refusé » , souligne Agnès Sire. En 2012, les archives de Martine Franck ont rejoint celles d’Henri Cartier-Bresson, mais la photographe, fidèle à sa discrétion habituelle, a refusé que le nom de la fondation change.
Rencontres et engagements
L’exposition et le livre, élaborés avec Martine Franck alors qu’elle se savait malade, se lisent comme un hommage et un portrait en creux d’une artiste au regard doux et à la volonté tenace. Accrochées en constellation sur le mur vert céladon, de façon chronologique, les images en noir et blanc à l’élégance classique racontent aussi bien l’époque dans laquelle Martine Franck a baigné que ses rencontres et ses engagements : les mouvements sociaux des années 1960, les femmes, l’enfance et la vieillesse, les artistes, les îles Britanniques, l’Asie…
En 1970, lorsque Martine Franck épouse Henri Cartier-Bresson, de trente ans son aîné, lui a déjà abandonné la photographie. De son côté, elle a tracé son chemin : après un voyage initiatique en Extrême-Orient avec son amie Ariane Mnouchkine, dont elle suivra l’aventure au Théâtre du Soleil, elle…