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Faudra-t-il négocier la paix avec le M23 en pleine débandade, ou avec ses parrains rwandais et ougandais ?


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museveni-kagame_0-Après plusieurs mois des pourparlers, lesquels ont été entamés le 9 décembre 2012, le gouvernement congolais et les rebelles du M23 n’ont pu signer le 11 novembre 2013 un accord à Kampala. La question de l’intégration des rebelles dans l’armée a longtemps bloqué ces discussions. Le gouvernement congolais ayant tenu à juste titre à signer une simple déclaration de reddition, et non un accord, les négociations ont été reportées sine die. De plus, la rébellion réclamait une amnistie collective tandis que Kinshasa s’est opposé à l’intégration des rebelles accusés de crimes de guerre, ainsi que de crimes contre l’Humanité, et a établi une liste des rebelles exclus de toute intégration. Les précédents accords et déclarations. Dans le passé, des accords entre les belligérants congolais ont été signés en vue de la stabilisation de la région du Kivu. Il en a été de même pour des déclarations conjointes entre Kinshasa et Kigali[1]. L’accord de Goma, signé par 22 groupes armés ainsi que par le gouvernement congolais, était précédé d’un accord du mois de novembre 2007 entre les gouvernements de la République Démocratique du Congo et du Rwanda, connu sous l’appellation de « Communiqué de Nairobi », en vue du règlement de l’épineux problème du Front démocratique de libération du Rwanda (FDLR). D’après l’article III de l’accord de Goma, tous les signataires se sont engagés à respecter à la lettre le droit international humanitaire et les droits de l’Homme, c’est-à-dire à mettre un terme à tout acte de violence et abus à l’encontre des populations civiles[2]. Ces deux accords, auxquels il faudra ajouter les recommandations de la Conférence sur la paix, la sécurité et le développement organisée par le gouvernement congolais au début de l’année 2008, ont servi de base au programme de paix gouvernemental pour l’Est du Congo-Kinshasa, connu sous le nom de « Programme Amani ». Celui-ci n’a malheureusement pas abouti à des améliorations tangibles pour les populations de la région du Kivu et de la province orientale, la communauté internationale et le gouvernement congolais n’ayant pu garantir, à défaut d’une réelle volonté politique, le financement nécessaire afin de matérialiser ce programme de paix.

Le réaménagement de la CEPGL[3]

On doit surtout avoir à l’esprit, au-delà de la signature d’un accord entre Kinshasa et le M23, de l’avenir de la pacification de la région des Grands Lacs, plus précisément de l’entente entre les peuples rwandais, burundais et congolais. Dans la même optique, la problématique de la redynamisation de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) a également été abordée dans le cadre de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et a fait l’objet d’un rapport en octobre 2005. Dans le même ordre d’idées, l’AWEPA[4] a plaidé dans ses travaux – en particulier dans la « Déclaration de Kigali » d’avril 2005 et dans la « Déclaration de Kinshasa » de novembre 2005 – en faveur de la redynamisation de la Communauté économique des pays des Grands Lacs.

Le gouvernement de cohésion nationale ?

La signature d’un accord entre les rebelles du 23 et le gouvernement de Kinshasa ne suffit pas pour mettre définitivement un terme au conflit dans la partie orientale de la République démocratique du Congo. La mise en place d’un gouvernement de cohésion nationale ne permettra pas, non plus, à atteindre à court et moyen terme cet objectif. En effet, à la suite de la neutralisation de la principale rébellion, deux options s’offre à Joseph Kabila. Soit il se contentera d’un remaniement gouvernemental en élargissant sa majorité au détriment de l’opposition, soit il nommera un Premier ministre issu de l’opposition. Dans le premier cas de figure, il s’agira d’un simple partage de pouvoir sans conséquence bénéfique pour le peuple congolais. Dans le second cas, le Premier ne disposant guère de majorité parlementaire, son gouvernement sera complètement à la botte du président de la République. De toute évidence, une simple tactique politicienne confortera davantage l’opposition, encore faudra-t-il qu’elle soit à la hauteur des attentes des populations, aux échéances électorales de 2016.

La résolution de la crise[5]

Que faudra-t-il alors faire pour juguler la crise dans l’Est de la République Démocratique du Congo ? Le gouvernement congolais doit-il signer un accord de paix avec des éléments du M23 en pleine débandade, ou alors avec leurs parrains rwandais et ougandais ?

Concrètement, comme l’a d’ailleurs souligné dans le passé la société civile congolaise, il va falloir pousser publiquement tous les groupes armés à se conformer aux obligations de l’accord de Goma et à indiquer que les abus contre les civils seraient passibles de sanctions. Ensuite, il faudra nommer un conseiller spécial indépendant, de haut niveau, sur les droits humains pour l’Est du Congo-Kinshasa afin de mettre la question des droits fondamentaux, y compris les violences sexuelles et l’enrôlement d’enfants soldats, au cœur des discussions de paix. Enfin, il faudra soutenir des efforts de médiation en finançant des programmes de maintien de la paix et renforcer la protection des populations civiles. Cela obligera des programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration afin d’aider les soldats à trouver des alternatives durables à la violence, ainsi que des programmes relatifs aux causes du conflit en s’axant sur les initiatives de paix, sur la réconciliation et sur la résolution des conflits fonciers. Cela nécessitera également l’implication de la communauté internationale en vue du respect, par les pays des Grands Lacs, des frontières étatiques et de la non-ingérence dans les affaires intérieures de chaque pays.

AngoVox

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