Skip to content

Makolo Digital Tele- LAVDCONGO

La présence de Barack Obama à la tête des Usa ne changera rien de substantiel aux malheurs congolais


Warning: Trying to access array offset on value of type bool in /home/lavdcne1/public_html/wp-content/plugins/sitespeaker-widget/sitespeaker.php on line 13

J.-P. Mbelu

clinton-et-obama

clinton-et-obama

Aux dernières nouvelles, nous apprenons que la Secrétaire d’Etat Américain, Hillary Clinton, sera en visite officielle en RD Congo les 10 et 11 août prochains. Il est fort probable que les journaux de Kinshasa puissent accorder à cette visite plus d’importance qu’elle ne le mérite au point de passer à côté des enjeux essentiels de nos relations géostratégiques et politico-économiques avec les Etats-Unis. En effet, avec les dernières élections américaines, certains de nos compatriotes semblent mettre notre histoire entre parenthèse en croyant qu’avec l’administration de Barack Obama, les Etats-Unis vont voler à notre secours.

Soit dit en passant, qu’est-ce qui poussent certains d’entre nous à croire que notre salut nous viendra de quelque pays occidental que ce soit, et par-dessus le marché des Etats-Unis ? Qu’est-ce que Barack Obama peut changer de substantiel à « la voie américaine » après les administrations Reagan, Clinton et Bush (père et fils) ? Pas grand-chose. Cela d’autant plus que ce n’est pas le Président américain qui décide des lignes maîtresses de la politique américaine.

Et même pas le Congrès ! Ce sont les chefs d’entreprises multinationales et leurs lobbies qui décident et l’Etat s’exécute. Il semble que ces choses si simples ne soient pas les plus partagées dans certains milieux congolais. Il suffit qu’il y ait des élections aux Etats-Unis pour que certains fils et certaines filles de notre peuple puissent rapidement croire que la politique de ce pays pour le nôtre va changer. Or, au jour d’aujourd’hui, des doutes sérieux pèsent sur l’opportunité des élections au pays de Barack Obama. En 2000, G.W. Bush a gagné contre Al Gore après l’interdiction de compter les voix en Floride. Pour L. Canfora, « ce coup d’Etat (c’est ainsi qu’en a parlé Al Gore lui-même à l’un des moments les plus chauds de ce long bras de fer) est inédit dans l’histoire des Etats-Unis. Et, comme il s’agit des patrons de la planète, aucun organe de presse qui compte, dans une Europe stupéfaite, n’a osé proclamer haut et fort la vérité atterrante : une vérité qu’ils auraient hurlée s’il s’était agi d’un autre pays ». L.CANFORA, L’imposture démocratique. Du procès de Socrate à l’élection de G.W.Bush, Paris, Flammarion, 2002, p.33) Mais quel en était l’enjeu ? « Des forces puissantes exigeaient ce président-là et, d’une façon ou d’une autre, devaient l’obtenir. La comédie électorale s’était déroulée tant bien que mal. Le jeu s’était bloqué, mais cela ne devait en aucune façon modifier le résultat attendu ». (Ibidem. Nous soulignons)

Voilà ce que semble ignorer plusieurs de nos compatriotes. Noam Chomsky va même plus loin. En 2000, il y a eu fraude électorale. Pour lui, « il y en a depuis toujours. John F. Kennedy, par exemple, a apparemment été élu grâce à une fraude à Chicago, qui lui a permis de remporter l’Illinois. Mais le vrai problème est beaucoup plus sérieux : il n’y a pas d’élection, en fait. Quand on a deux candidats dont les chefs de leurs partis déguisent les positions, s’ils en ont, pour que la population ne sache pas quels sont les enjeux et soit leurrée par l’image, on obtient notre résultat habituel, une sorte d’égalité statistique ». (N. CHOMSKY, L’ivresse de la force. Entretiens avec David Barsamian, Paris, Fayard, 2008, p. 64) Avant d’applaudir le passage de la Secrétaire d’Etat Américain chez nous, certains de nos compatriotes ne feraient-ils pas mieux de se poser ces deux questions : « L’administration à laquelle appartient cette dame, de qui est-elle la fabrication. De qui Barack Obama est-il « la marque déposée » ? »

Revenons un peu à notre histoire avec ce « grand pays », les U.S.A. « En 1961, les Etats-Unis avaient décidé d’assassiner le leader nationaliste congolais Patrice Lumumba parce qu’ils ne voulaient pas que les Congolais contrôlent eux-mêmes leurs richesses. En 2001, écrit Cynthia McKinney, j’ai découvert que certains pays, dont les Etats-Unis et le Rwanda, ne supportaient plus Laurent-Désiré Kabila depuis qu’il avait pris la décision de se débarrasser des soldats rwandais qui occupaient son pays, en même temps qu’il changeait de partenaires miniers. Le 16 janvier de cette année-là, il était assassiné (…). Depuis sa disparition, les Etats-Unis et certains pays européens continuent de surveiller de près les richesses du Congo et à fermer les yeux sur les massacres à grandes échelle dans ce pays ». (C. ONANA , Ces tueurs tutsi. Au cœur de la tragédie congolaise, Paris, Duboiris, p.8-9) Lesquels massacres sont commis par « les tueurs tutsi » (formés par les militaires US) et leurs alliés.

Relire cette histoire et croire un seul instant que les Etats-Unis peuvent venir au chevet de notre pays, c’est délirer. Ce pays comme beaucoup d’autres pays occidentaux instrumentalisent « les élites politiques » des pays africains en en faisant des vassaux à leur service. Et un point. Le reste n’est que rhétorique pour amuser les esprits faibles et ignorants.

Nous mettons au défi quiconque de nous citer cinq pays que les Etats-Unis ont aidé à se prendre en charge et/ou à se débarrasser des dictateurs les gérant pendant les cinquante dernières années. Les pays qui ont étudié et compris le rêve impérialiste des U.S.A sont en train de couper le cordon ombilical en vivant au sein de l’ALBA (alternative bolivarienne pour les Amériques). Et les U.S.A. leur mènent la vie dure. Le dernier coup d’état perpétré contre le président hondurien ne serait pas étranger au désir du pays de Zelaya (le Honduras) de rejoindre l’ALBA. Pourquoi ? Parce que cela est exclu des trois impératifs géostratégiques des Etats-Unis : « Eviter les collusions entre vassaux et les maintenir dans l’état de dépendance que justifie leur sécurité ; cultiver la docilité des sujets protégés ; empêcher les barbares de former des alliances offensives ». Barack Obama ne pourra rien changer à ces impératifs géostratégiques concoctés par Zbigniew Brzezinski, ex-conseiller de la Sécurité nationale de Jimmy Carter. Tous ceux qui ne s’inclinent pas devant ces impératifs sont et seront qualifiés de terroristes et de populistes (à abattre). Sur ce point, l’Europe n’est pas du tout différente de son maître : les U.S.A. Contrairement aux apparences. Ils souffrent de la pathologie rivalitaire et sont pris en otage pour les entreprises multi et transnationales ne jurant que par le jeu de la concurrence.

Filles et fils de mon peuple, lisez, lisez, vous applaudirez moins les discours et serez disposez à vous battre pour votre liberté. Voici une proposition (et non une imposition) de quelques livres à consulter ou à lire avant d’applaudir à la rhétorique des U.S.A. et de leur diplomatie:

M. COLLON, Les 7 péchés d’Hugo Chavez, Bruxelles, Investig’action, 2009

M. COLLON, Bush le cyclone, Luxembourg, 2005

J. E. STIGLITZ et L.J. BILMES, Une guerre à 3000 milliards de dollars, Paris, Fayard, 2008

N. CHOMSKY, L’ivresse de la force. Entretiens avec David Barsamian, Paris, Fayard, 2007

N.CHOMSKY, Les Etats manqués. Abus de puissance et déficit démocratique, Paris, Fayard, 2006

N. CHOMSKY, La doctrine des bonnes intentions, Paris, Fayard, 2005

N. CHOMSKY, Dominer le monde ou sauver la planète, Paris, Fayard, 2004

E. TODD, Après l’empire. Essai sur la décomposition du système américain,Paris, Gallimard, 2002

P. BARCYETSE, L’enjeu géopolitique des transnationales minières au Congo. Un dossier de vzw sos Rwanda-Burundi asbl

C. ONANA, Ces tueurs tutsi. Au cœur de la tragédie congolaise, Paris, Duboiris, 2009

Filles et fils de notre peuple, « il ne faut pas vous arrêtez de lire, sinon vous allez perdre tout ce que vous avez appris ». Et vous applaudirez à n’importe quoi. Cela d’autant plus que « comprendre, c’est déjà agir ».