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Source:Linternationalmagazine
La violente chasse à l’immigré qui s’est engagée ce samedi en Calabre, une petite ville italienne laisse penser, selon certains observateurs, à “un retour à l’ère Mussolini” dans ce pays membre de l’UE.
Les incidents ont débuté après une manifestation jeudi soir de plusieurs centaines d’ouvriers agricoles immigrés —pour la plupart employés illégalement dans la région— qui protestaient contre l’agression de plusieurs d’entre eux, cibles de tirs de fusil à air comprimé.
Chaque année en effet, la récolte des fruits – oranges et clémentines – attire un afflux de quelque 4.000 immigrés à Rosarno (15.000 habitants). Les syndicat dénonce l’emprise de la mafia, surtout dans le sud du pays, sur ces immigrés massivement employés dans l’agriculture, qui représentent “une main d’oeuvre à bas coût” payée autour de 25 euros par jour. En décembre 2008, deux étrangers avaient été blessés par balles dans cette ville dans des violences de même nature.
Vendredi, après une accalmie dans le courant de la journée, les agressions ont repris dans la soirée et dans la nuit et au cours de plusieurs épisodes séparés, deux étrangers ont été grièvement blessés à coups de barres de fer, cinq ont été volontairement renversés par des voitures, et deux autres, cibles de tirs de fusil de chasse, ont été légèrement blessés aux jambes.
“Qu’ils s’en aillent, il faut qu’ils aient peur”
Une centaine d’habitants armés de bâtons et de barres de fer ont érigé des barricades, notamment près d’un local où se trouvaient de nombreux immigrés. Certains charriaient des bidons d’essence et des massues. D’autres ont décidé d’occuper la mairie de Rosarno “jusqu’à ce que les immigrés soient éloignés”. “Qu’ils s’en aillent, il faut qu’ils aient peur”, a déclaré à la télévision un jeune habitant de la ville, tandis qu’un autre expliquait : “C’est une protestation organisée”. Le président de la République Giorgio Napolitano a lancé dans la soirée un appel à “arrêter sans délai toute violence”.
A 1H00 locale samedi (0H00 gmt), neufs cars transportant environ 250 immigrés ont quitté, sous les applaudissements d’un groupe d’habitants, la zone de la “Rognetta”, une des structures où étaient hébergés les immigrés et d’où était partie la révolte de jeudi soir. Escortés par la police et les carabiniers ils devaient être transférés dans un centre d’accueil d’urgence à Crotone, à environ 170 km de là.
Selon Ansa, ce transfert s’est déroulé sans incident ou résistance de la part des immigrés et les forces de l’ordre sont restées sur place afin d’éviter que des étrangers ne reviennent ou que les habitants de Rosarno ne mettent le feu aux installations. Un autre groupe d’environ 500 immigrés restaient dans une autre structure de Rosarno.
Des lois racistes au cœur de l’Union Européenne
Rappelons qu’en juin 2009, la chambre basse du Parlement italien a adopté un projet de loi anti-immigré inspiré par la Ligue du Nord – parti raciste et xénophobe et principal allié de Silvio Berlusconi. Cette loi punit tout séjour clandestin sur le territoire italien d’une amende allant de 5 000 à 10 000 euros, et fait multiplier la durée de rétention des immigrés illégaux par trois, passant de deux à six mois.
Selon cette loi, tout italien qui loue un appartement à un clandestin est passible d’une peine d’emprisonnement de trois ans. Selon la Cgil, environ 50.000 travailleurs immigrés vivent en Italie dans des logements insalubres similaires à ceux de Rosarno.
Les sondages en Italie montrant que de nombreux italiens associent délinquance et immigration, le texte prévoit la mise en place de milices populaires, gérées par des « associations de citoyens » chargées d’effectuer des rondes, et de signaler les atteintes à l’ordre public.