-Quatre jours après les scrutins pour la présidentielle et les législatives, le dépouillement est maintenant terminé dans 80 pc des circonscriptions. Uhuru Kenyatta, le vice-premier ministre sortant, maintient son avance mais n’aurait toujours pas obtenu 50 pc des suffrages pour éviter un second tour de la présidentielle où il aurait comme adversaire le premier ministre sortant Raïla Odinga.
La Haute cour a débouté des associations de la société civile qui demandaient l’arrêt du dépouillement, arguant que les scrutins avaient été entâchés d’irrégularités.
Les juges se sont déclarés incompétents.
La Commission électorale a expliqué que les retards étaient dûs à des pannes techniques du système informatique.
Peu après 18H00 heures locales (15H00 T.U), plus de 10,3 millions de bulletins, sur 14,3 millions d’inscrits, avaient été dépouillés et donnaient plus de 5,1 millions de voix à M. Kenyatta, fils du premier président du pays, soit près de 650.000 suffrages d’avance sur son adversaire direct, le Premier ministre sortant Raïla Odinga, 68 ans.
Ce score plaçait M. Kenyatta, 51 ans, très légèrement en dessous de la barre des 50% des votants requise pour une victoire au premier tour, avec désormais nettement moins d’un quart des circonscriptions restant à comptabiliser.
Rappelons que Uhuru Kenyatta est inculpé par la Cour pénale internationale (CPI) pour son rôle présumé dans les violences qui avaient éclaté fin 2007 après la proclamation des résultats de la présidentielle.
Arrivé en troisième position, très loin derrière les deux premiers, l’autre vice-Premier ministre sortant Musalia Mudavadi a appelé MM. Kenyatta et Odinga à accepter l’issue du scrutin quelle qu’elle soit.
Accusations de fraudes
Le camp Odinga dénoncent des “résultats trafiqués”, des accusations catégoriquement rejetées par la commission électorale.
M. Odinga avait été battu de justesse en décembre 2007 par le président sortant Mwaï Kibaki, qui a effectué deux mandats et ne se représente pas cette année.
De forts soupçons de fraude avaient jeté ses partisans dans la rue et débouché sur de sanglants affrontements politico-ethniques: plus de 1.000 personnes avaient été tuées et des centaines de milliers d’autres déplacées.
Uhuru Kenyatta, qui soutenait alors Mwai Kibaki, est soupçonné par la CPI d’avoir joué un rôle dans l’organisation de ces massacres, ce qu’il nie.
L’ouverture de son procès à La Haye a été reportée du 11 avril au 9 juillet, en raison “d’importantes questions” soulevées par la défense qui invoque de nouveaux éléments au dossier, selon la CPI.
“Il n’y a absolument aucun lien” entre la date d’ouverture du procès de M. Kenyatta et les élections au Kenya, avait indiqué jeudi à l’AFP Fadi el-Abdallah, porte-parole de la Cour.
M. Kenyatta est la première personnalité politique inculpée par la CPI qui pourrait être élue chef de l’Etat avant l’ouverture de son procès, ce qui créerait une situation politique et juridique inédite.
M. Kenyatta a assuré que, même élu, il assisterait à La Haye à son procès, qui pourrait durer au moins deux ans, en dépit des difficultés à concilier cette obligation avec ses fonctions.
Aucun mandat d’arrêt ne sera émis contre lui tant qu’il collaborera avec la CPI, avait expliqué fin 2012 le procureur, Fatou Bensouda.
BBC