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La République Démocratique du Congo, seule contre tous ! Vivra ou vivra pas ?


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Source: AgoraVox  
La situation, toujours préoccupante, de la République Démocratique du Congo, ne peut laisser aucune conscience des fils et filles de ce pays indifférente. Si d’aucuns ont choisi d’utiliser la voix de la diplomatie, d’autres se sont penchés sur la voie d’analyse et de réflexion pour l’éveil de la conscience collective ; d’autres encore, sur la voie de la prière, du jeune et du recueillement pour qu’avec Dieu vienne la victoire ; d’autres par contre, estiment qu’il faut se faire entendre par le langage des armes ; et enfin d’autres, par ailleurs, attendent la voie des urnes.

La volonté internationale d’aider la République Démocratique du Congo à se tirer des ennuis sociaux et politiques qui tourmentent toute la population se révèle à maints égards bien maigre, moins sincère et de faible consistance. Il suffit de se rappeler et de s’informer sur l’issue d’un périple qui a conduit les chefs de différentes confessions religieuses du Congo-Kinshasa auprès des Gouvernements et des États, tant africains, européens qu’américains pour s’en convaincre. Ce petit tour du monde effectué par une bonne délégation de chefs des Églises de l’ancien Congo-Belge, loin de s’inscrire dans l’agenda d’une simple villégiature, a été un véritable exercice diplomatique d’interpellation et de sensibilisation. Un exercice de dure épreuve qui n’aura accouché vraisemblablement que d’une réponse à un “sale nègre” et à une “présence indésirable”. La récente intervention de Mgr Nicolas DJOMO au Synode tenu sur l’Afrique dans la Cité du Vatican, en sa qualité du Président de la Conférence Épiscopale du Congo démocratique, le démontre à sa manière :
« Nous déplorons le fait que la Communauté internationale ne fasse pas assez pour mettre fin à ces guerres et violences, en s’intéressant suffisamment à leurs véritables causes : le pillage des ressources naturelles. Elle s’est limitée à soigner les conséquences des guerres au lieu de s’attaquer avec détermination et de manière persuasive à leurs causes. Sur la même lancée, nous déplorons le fait que les souffrances et les vies humaines fauchées en RD Congo par ces guerres n’ont pas suscité la même indignation et la même condamnation lorsque cela arrive sous d’autres cieux. Sinon, comment expliquer la résurgence et la virulence des violences que l’on continue de condamner des bouts de lèvres sans envisager des actions efficaces de manière à mettre fin une fois pour toutes aux causes de ces violences. Ne partageons-nous pas la même humanité »1
Il suffit de puiser également au “Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo (S/2009/603)”2 pour se rendre à l’évidence de la nécessité de la prise en charge du Congo Démocratique par ses propres fils et filles. De quoi doit dépendre impérativement le futur du pays et le mieux-être de sa population. En transmettant leur rapport au Président du Conseil de Sécurité, les experts stigmatisent :
« (….) Les FDLR continuent de bénéficier d’un appui résiduel mais important d’officiers supérieurs des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), en particulier d’officiers de la 10e région militaire (Sud-Kivu), (…) elles ont conclu des alliances stratégiques avec d’autres groupes armés aussi bien dans le Nord-Kivu que dans le Sud-Kivu »3.
L’appui que les officiers supérieurs des FARDC accordent aux Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), la conclusion des alliances stratégiques dénichée dans le Nord et le Sud-Kivu entre le Gouvernement et ses ennemis, ne sont-elles pas des pièces à conviction pour soutenir la thèse d’une intrigue préparée au sommet de ceux qui doivent assurer la sécurité des personnes et de leurs biens ? Jusqu’à quand doit-on encore se poser la question de l’origine de la trahison du peuple congolais ? Qu’avons-nous de plus à chercher à croire que le peuple congolais ne soit discrédité par ses propres responsables ? L’aigle n’engendre point la colombe, dit-on. De là à comprendre justement l’inspiration de l’appel lancé en son temps par les Évêques du Congo-Kinshasa, sous le titre « Il est temps de nous réveiller » (Rm 13, 11b)4, alors que dans leur clairvoyance les pasteurs catholiques éditaient déjà et publiaient un Communiqué de presse et un Message bien limpide : « La nation est en danger », « pourquoi avoir peur ? »5.
Treize ans6 de guerre et du silence de décideurs du monde, treize ans de perte en vies humaines, treize ans d’un regard distrait des Églises sœurs aux efforts qu’entreprennent l’Église Catholique du Congo démocratique et les hommes de bonne volonté, treize ans de guerre et d’indifférence de la Communauté Internationale ne peuvent que démontrer l’abandon du Congo-Kinshasa par ceux auprès de qui il pouvait bénéficier d’une assistance d’amitié, de fraternité ou d’humanité. Seul contre tous, j’ai dit. Et de m’interroger : Le Congo démocratique, vivra ou vivra pas ? Croirait-on à un constat de désespoir ou d’illusion ? C’est un coeur brisé et débordé qui balbutie.
J’interroge toujours les signes de temps. Et voilà que le fameux rapport des experts continue à révéler :
« (…) les officiers du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), en particulier le général Bosco Ntaganda, détiennent toujours des armes lourdes acquises pendant leur période de rébellion, alors même qu’ils sont officiellement intégrés dans les FARDC et contrôlent toujours des activités génératrices de revenus et des administrations locales parallèles. Le Groupe présente aussi des preuves documentaires indiquant que le général Ntaganda continue d’agir en tant que commandant en second de l’opération Kimia II ». 
Au Congo démocratique, on croit que le peuple est ignare, naïf, dupe et l’on se complait à sauver les apparences pour lui parler du maintien de la paix, de la sécurité ou de l’autorité rétablie alors qu’on rappelle aux esprits avisés le personnage type de la comédie de l’art : Polichinelle.
En fait, au regard des machinations montées par les autorités du pays et rendues publiques par le groupe d’experts sur le Congo, au regard des appuis des officiers supérieurs dont il est fait mention dans le rapport présenté au Conseil de Sécurité des Nations Unies, serait-on encore tenté de contredire les allégations de trahison et de balkanisation qui respirent au sommet de la gestion de l’État ? À quoi viendrait servir l’intégration d’un groupe armé non étatique7 au sein d’une armée supposée l’être, si on veut maintenir la paix et assurer la sécurité dans toute l’étendue du pays ?
Qu’on se le dise et qu’on ne se trompe donc pas : les bons et vrais amis d’un Congo jaloux de sa souveraineté, Congo fort, libre et indépendant ne se défigurent pas ; ils ne vont pas manger à tous les râteliers, ils ne se servent pas des causes opposées au bien de la nation pour faire du profit. Ils veulent le bien de la nation, la libération totale du pays. Ensemble, avec ces amis bons et vrais du Congo, la République Démocratique, doit son salut, sa libération, sa sécurité et sa paix à la sueur de chacun des fronts de ses fils et filles. C’est pourquoi, à travers une mobilisation massive de tous les congolais, où que nous soyons, le pays, aujourd’hui sinistré, vendu et négligé, nous devons témoigner de notre détermination de nous prendre en charge et de nous libérer par nous-mêmes en lançant le dé pour retrouver les balises d’une démocratie véritable dans la paix et l’unité pluriethnique.
Force est de conclure qu’en République Démocratique du Congo, il ne fait plus aucune illusion sur la paix et la sécurité hypothéquées. Mais loin de nous montrer pessimistes quant à l’avenir du peuple congolais et à la libération de son pays, nous devons nous rendre compte que l’éveil de conscience populaire qui se déploie ça et là, au Congo-Kinshasa et dans la diaspora est entrain de semer du bon grain. Mais faut-il que ce grain soit protégé et trouve du bon fumier.
Autrement dit, les objectifs que l’on peut prêter à l’éveil de conscience populaire dans la situation de crise que le Congo démocratique connaît depuis 13 ans consistent à permettre à chaque congolais d’être auteur et acteur de sa vie et du pays, de permettre une prise de conscience de ce qui se passe en nous, autour de nous et en dehors de nous et nous inviter à prendre parti. Il donne ainsi les moyens à tous les congolais d’être acteurs de transformations sociales et politiques. En cela, il insuffle de l’espoir, en montrant que le Congo actuel peut changer et vivre mieux.
Claude OKONDJO par Claude OKONDJO 

1Mgr Nicolas DJOMO, Président de la Conférence Episcopale du Congo-Kinshasa (CENCO, en sigle), Nous déplorons le fait que les souffrances et les vies humaines fauchées en RDCongo n’ont pas suscité la même indignation et la même condamnation lorsque cela arrive sous d’autres cieux, Message au deuxième Synode sur l’Afrique, Rome 2009, publié intégralement sur le blog de l’Abbé Claude OKONDJO à l’adresse suivante : http://anjaashiwatshumbe.over-blog.org/
2 Source : http://www.un.org/Docs/sc/ (United Nations Security Council, Site du Conseil de Sécurité des Nations Unies). Lettre datée du 23 novembre 2009, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1533 (2004) concernant la République démocratique du Congo. Ce rapport complet de 294 pages, traduit de l’anglais, est disponible à l’adresse http://www2.reliefweb.int/rw/RWFiles2009.nsf/FilesByRWDocUnidFilename/AZHU-7YM4C8-rapport_complet.pdf/$File/rapport_complet.pdf
3 Tiré du rapport complet sur la RDC signé conjointement par Dinesh Mahtani, Raymond Debelle, Mouctar Kokouma Diallo, Christian B. Dietrich, Claudio Gramizzi, Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo (S/2009/603), rapport complet, p. 3.
4 Conférence Episcopale Nationale du Congo, Il est temps de nous réveiller (Rm 13, 11b). Appel à la vigilance pour sauvegarder la souveraineté nationale et bâtir notre destinée, Ed. du Secrétariat Général de la CENCO, Kinshasa 2008. Ce Message ne constitue qu’un signal fort et clairvoyant pour stimuler la vigilance du peuple congolais afin de l’inviter à prendre en mains la sauvegarde de la souveraineté nationale. Ensemble nous pouvons bâtir la destinée du congolais.
5 Idem, aux adresses électroniques http://www.cenco.cd/presidencenco/nationDanger.htm et http://www.cenco.cd/presidencenco/messageJuin2005.htm
6 La République Démocratique du Congo est le théâtre d’une guerre délibérément négligée et qui aura coûté, depuis 1996 jusqu’à ce jour, la désolation et la vie à des millions des personnes humaines. Une guerre qui voit surtout le Rwanda et l’Ouganda soutenir différents groupes armés en action au Congo.
7 Cfr Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo…, rapport complet, p. 3 : “Le rapport contient une analyse sur l’intégration des groupes armés non étatiques dans les FARDC dans le cadre du processus d’intégration accélérée entamé en janvier 2009 ainsi qu’avant et pendant les opérations militaires conjointes des FARDC et des Forces de défense rwandaises (FDR), Umoja Wetu et Kimia II”. Il s’agit bien entendu du groupe armé non étatique, CNDP, qui vient de s’infiltrer dans le Gouvernement à partir de l’Est du Congo-Kinshasa.