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Source: JP Mbelu
« Alors qu’ils me frappaient avec des bâtons et des fouets, les soldats n’arrêtaient pas de crier : « On va vous écraser ! On va vous écraser ! » Puis ils ont menacé de me tuer, moi et les autres opposants à Kabila. » Tel était le témoignage d’un militant politique détenu et torturé à Kinshasa en mars 2007 par des soldats de la Garde Républicaine du Président Kabila. Ce témoignage a été recueilli par l’ONG Human Rights Watch. Et elle a publié, en 2008, un rapport intitulé « on va vous écraser ». Ce rapport a été un condensé des investigations menées après les élections de 2006. « D’après de nombreux officiers militaires et du renseignement et d’autres personnes de l’entourage de Kabila qui ont été interrogés par Human Rights Watch, Kabila a donné le ton et la direction de la répression. En donnant ses ordres, il a parlé « d’écraser » ou de « neutraliser » les « ennemis de la démocratie », les « terroristes » et les « sauvages », impliquant qu’il était acceptable d’utiliser une force illégale contre eux. Il est possible que du fait du manque de compétences dans les services de l’armée et des forces de l’ordre, les tentatives de Kabila pour monopoliser le pouvoir aient été parfois désorganisées, mais son intention de se débarrasser de ceux qui étaient considérés comme des opposants était claire. » La mascarade électorale de 2006 a aidé « Joseph Kabila » et son clan à accéder davantage à l’usage illégale de la force pour écraser « les terroristes » et « les sauvages ». Contrairement aux compatriotes amnésiques, « Joseph » et son clan n’ont pas renoncé à cette option. A l’Est, la coalition CNDP-APR sème la mort pendant que les forces onusiennes se déclarent incapables de protéger tous les civiles. Les journalistes et les activistes de droit de l’homme sont « écrasés » en toute impunité. Floribert Chebeya, Fidèle Bazana, Armand Tungulu ont fait les frais de cet usage illégal de la force.
Un policier de roulage (ou deux) serait écrasé par les gardes du frère de « Joseph Kabila ». Selon la radio Okapi captée ce mercredi 20 octobre à Kinshasa, « les gardes du corps de Zoé Kabila n’auraient pas apprécié le fait que l’agent de roulage ait changé la direction de priorité au même moment où leur cortège amorçait le passage, indiquent ces témoins. »
Les commentaires sur les suites de ce « écrasement » divergent. Pour certains témoins, ce policier et un autre auraient été abattus à bout portant. Pour d’autres, il est dans un état critique. (Il ne parle pas). Mais nous ne sommes pas là en face d’un acte isolé. Il s’inscrit dans l’option historique des « Kabila ».
Que va-t-il se passer après cet usage ivre de la force ? Dans l’immédiat, rien. Les « Kabila » nourrissaient une obsession : vivre comme les Mobutu et connaître la même longévité.
D’où leur recours à une arme dangereuse : la culture de l’amnésie historique entretenue par leurs courtisans. Pour eux, « l’histoire, c’est du passé, c’est vieillot, c’est ennuyeux. Qui s’intéresse à ça, disent-ils ? » (N. CHOMSKY, L’ivresse de la force. Entretien avec David Barsamian, Paris, Fayard, 2007, p.65) Pris dans la folie que provoque l’ivresse de la force, ils ont perdu de vue que « ceux qui reçoivent les coups de matraquent (et les balles) se souviennent du passé, parce qu’ils savent que leur histoire est importante et voient qu’elle est en train de se répéter. » (Ibidem, p.65)
Il y a des limites que la peur provoquée par l’ivresse de la force ne franchit pas. Mobutu et les siens l’ont appris à leurs dépens.
Il est vrai que dans ce contexte, compter sur une justice gérée par un Procureur de la République aux ordres du « raïs » ne sert à rien. Le niveau d’ensauvagement atteint par « le cheval de Troie » du Rwanda et des forces impérialistes chez nous a atteint des dimensions inimaginables. Notre pays est devenu davantage une Etat-manqué. C’est-à-dire un simulacre d’Etat qui ne peut pas ou qui ne veut pas protéger ses citoyens de la violence, voire de la mort. Un simulacre d’Etat dont le dehors démocratique cache un dedans irrespectueux et des règles constitutionnelles nationales et celles du droit humanitaire international. Un simulacre d’Etat qui utilise la violence comme arme politique au service du capitalisme du désastre.
Quand les « vuvuzélateurs » de ce simulacre d’Etat poussent des cris souverainistes, ils dénient la réalité quotidienne faite de tutelle (de l’ONU), des viols, des massacres, des assassinats gratuits, de vente et d’occupation de nos terres par les forces de la mort, etc.
Faut-il désespérer de ce pays si longtemps meurtri ? Non. Les usagers ivres de la force, aux dires de certains acteurs-créateurs d’un autre Congo, jouent leurs dernières cartes. Ce jeu peut encore prendre quelque temps. Mais il touche à sa fin. Il y a des signaux historiques qui ne trompent pas…
De toutes les façons, le Congo est tombée dans une voyoucratie qui ne dit pas son nom. Rompre avec ce système géré par un « conglomérat d’aventuriers » au passé criminel est défi incontournable.
J.-P. Mbelu