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Par La Croix
-L’Église catholique essaie d’instaurer un dialogue entre les leaders politiques, dont le chef de l’État réélu Joseph Kabila et l’opposant Étienne Tshisekedi, autoproclamé « président »
La République démocratique du Congo est malade. Selon la conférence épiscopale nationale congolaise (Cenco), elle souffre d’un « malaise social et politique » né de la présidentielle et des législatives contestées du 28 novembre. Le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa a appelé, dimanche, les jeunes de la RDC à l’unité, à « éviter la violence et à préserver l’intégrité du pays ».
Pour lui, cette unité est nécessaire pour résoudre « la crise » que traverse actuellement la RDC. « Notre pays connaît une crise que nous nous devons tous de résoudre, a-t-il déclaré. Aidez le pays à se réconcilier avec lui-même. Restez vigilants et barrez la route à toute initiative de violence. »
Officiellement, le chef de l’État Joseph Kabila a été réélu et la majorité présidentielle qui le soutient a remporté environ 340 députés sur les 500 sièges de l’Assemblée nationale. Mais l’opposant Étienne Tshisekedi s’est autoproclamé « président élu », a déclaré les législatives « nulles », et les élus de son parti risquent l’exclusion s’ils exercent leur mandat.
Irrégularités constatées lors des élections
« Tout semble paralysé et ce malaise créait une frustration tant dans la population qu’auprès des acteurs politiques de la majorité et de l’opposition », résume le P. Léonard Santedi, porte-parole de la Cenco.
Une délégation d’évêques a donc rencontré en mars Joseph Kabila et des leaders de l’opposition, dont Étienne Tshisekedi, dans l’espoir d’instaurer le dialogue inclusif que l’Église catholique avait prôné en janvier, craignant que « les tensions intérieures plus ou moins maîtrisées à court terme » n’éclatent en « une crise grave et difficile à dénouer ».
Cette démarche vise aussi à casser des préjugés. « Certains pensent que l’Église combat le pouvoir, le président, qu’elle est pour l’opposition, rappelle le P. Santedi. Les évêques voulaient préciser que leur mission est de servir le bien-être du peuple congolais et surtout de combattre les antivaleurs – comme la tricherie, les mensonges – au nom de l’amour de la vérité. » Une référence aux irrégularités constatées lors des élections, et relevées par des missions d’observation étrangères et nationales, dont celle de l’Église catholique, qui avait déployé 30 000 personnes.
« Faire en sorte que l’idée du dialogue germe »
La médiation de l’Église peut-elle porter des fruits ? L’observateur politique Hubert Kabungulu estime que Joseph Kabila n’y a « aucun intérêt », même s’il s’est prononcé pour « l’ouverture » lors de ses vœux du nouvel an. « Il n’a rien à gagner, il a pratiquement tout pour le moment. À moins qu’il subisse de fortes pressions, particulièrement internationales, je crains que ce dialogue ne puisse pas se faire, ou alors qu’il traîne en longueur.
Quant à Tshisekedi, il demande que Kabila puisse méconnaître sa victoire, ce qui n’est pas possible. Malheureusement, il est dans des positions extrêmes qui ne favorisent pas le dialogue. »
Du côté de l’Église, on reste prudent mais on garde « bon espoir ». « Tous les acteurs ont bien apprécié la démarche, confie le P. Santedi. Les contacts continuent dans les coulisses, les uns et les autres essaient de faire des propositions. La rencontre avec les leaders de l’opposition a permis de faire en sorte que l’idée du dialogue germe entre eux pour qu’ils voient comment faire entendre leur voix pour l’intérêt de la nation. »
Habibou Bangré, à Kinshasa