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Massacre de migrants en Gambie: le seul survivant connu est venu réclamer justice

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Par
RFI

Publié le 28-10-2018
Modifié le 28-10-2018 à 03:56

Martin Kyere, un Ghanéen de 38 ans, est le seul survivant connu d’un massacre de migrants commis par les escadrons de la mort du dictateur Yahya Jammeh en Gambie en juillet 2005. Pour la première fois, ce 27 octobre, Martin Kyere est revenu en Gambie. Soutenu par un collectif d’ONG, il veut partager son histoire, dans l’espoir, un jour, d’obtenir justice.

L’émotion est très forte lorsque Martin Kyere revoit pour la première fois la femme d’une victime gambienne avec qui il était détenu. Le regard dans le vide, il est plongé dans ses souvenirs. « Je ne peux pas dire que je sois très heureux d’être ici, déclare-t-il. Pour venir, je suis repassé par Barra. C’est la deuxième fois que je fais cette route. C’est un moment douloureux ».

Arrêté sur la rive nord de la Gambie en juillet 2005, le groupe de 56 migrants dont fait partie Martin Kyere est emprisonné dans la capitale Banjul, soupçonné de vouloir renverser le régime. Une semaine plus tard, les « Junglers », les escadrons de la mort du dictateur Yahya Jammeh, les emmènent en pleine nuit vers le village de Kanilaï. Ils réalisent alors ce qui les attend.

« Tout le monde pleurait et demandait de l’aide, raconte-t-il. J’ai réussi à détacher mes mains, et j’ai sauté du pick-up, dans la forêt. Puis j’ai entendu des cris qui venaient du pick-up : “Oh Dieu sauve-nous !”, puis des coups de feu [il mime les coups de feu]. Ils les ont tués puis sont rentrés à Banjul ».

Bataille judiciaire

Après avoir frôlé la mort, Martin Kyere consacre désormais sa vie à demander justice. Pour cela, il est soutenu par plusieurs ONG qui veulent voir Yahya Jammeh un jour devant les tribunaux.

« Sachant que Yahya Jammeh est en Guinée équatoriale, et que les autorités gambiennes considèrent qu’elles ne sont pas prêtes, notre tactique est de voir si le Ghana ne serait pas intéressé pour enquêter et peut-être poursuivre Yahya Jammeh », explique Reed Brody, conseiller juridique pour l’ONG Human Rights Watch. Ce premier procès n’empêcherait pas plus tard la Gambie de juger à son tour son ancien président.

►A (re)lire : Massacre des migrants : l’affaire qui poursuit Yahya Jammeh

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