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Par
RFI
Publié le 17-11-2018
Modifié le 17-11-2018 à 23:43
Un duel entre deux ex-présidents : c’est l’affiche du second tour de la présidentielle malgache. Andry Rajoelina (39,19%) et Marc Ravalomanana (35,29%) se sont qualifiés selon les résultats provisoires , car non encore officiellement proclamés par la HCC, la Haute cour constitutionnelle. Le 2nd tour est prévu pour le 19 décembre.
Les résultats sont à la mesure des tendances de ces derniers jours. Samedi soir, à 18h30, la Céni a donc donné très officiellement les résultats du scrutin. Andry Rajoelina, l’ex président de la Transition, arrive en tête avec 39,19% des suffrages. Suivi par son ennemi de toujours, l’ex-président Marc Ravalomanana avec 35,29% des voix.
Le président sortant Hery Rajaonarimampianina obtient un score de 8,84% qui le place en troisième position. Le pasteur Mailhol, fondateur de la secte Apocalyse sur la Grande Ile, arrive en 4e position avec 1,27% des suffrages. Les 32 autres candidats ramassent donc les miettes, comme Didier Ratsiraka avec un petit 0,45%. Le taux de participation s’élève à 54,2%. Quant au nombre de bulletins blancs ou nuls, il dépasse lui les 7%.
Ces résultats interviennent sur fond de contestation de la part d’un grand nombre de candidats. Les trois candidats arrivés en tête ont tous ces derniers jours mis en doute la fiabilité des résultats partiels et la manière peu transparente avec laquelle opérait la Céni. Samedi matin, un collectif d’une vingtaine de candidats, composé entre autres de Hery Rajaonarimampianina, a même déposé une requête devant la HCC demandant l’annulation du scrutin pour vice de procédure dans l’élection ayant entraîné des fraudes.
Les clans des deux qualifiés ont d’ores et déjà réagi : « Nous nous engageons sans problème dans le deuxième tour et avec espoir », a déclaré à l’issue de la cérémonie d’annonce des résultats, le directeur de campagne de Marc Ravalomanana. Il confirme toutefois de grosses différences de résultats entre ceux de la Céni et les leurs. Mais dit-il, « nous ne déstabiliserons pas l’institution dans la proclamation de ses résultats provisoires. » Quant à savoir si son équipe déposera un recours en disqualification contre le candidat adverse : « Laissez-nous le secret de notre stratégie d’approche pour le 2nd tour, sans dévoiler immédiatement ce que nous ferons ou ne ferons pas ».
Côté Andry Rajoelina, la réaction s’est faite par un tweet sur le compte du candidat: « La population malagasy a montré sa soif de démocratie. Félicitations à tous ceux qui ont voté. J’appelle maintenant à un large rassemblement pour sauver Madagascar. Néanmoins, je soutiens la vraie démocratie et je regrette que le traitement des résultats par la #CENI n’ait pas été transparent. Cela ne nous empêchera pas de gagner, avec vous tous, et rendre sa fierté au peuple malagasy. »
Hery Rajaonarimampianina et d’autres candidats réclament l’annulation du scrutin
« Utilisation d’urnes non transparentes facilitant le bourrage d’urnes », « stylos à bille remplacés par des marqueurs dans les isoloirs », « bulletins cochés retrouvés dans des poubelles autour des bureaux de vote », autant d’anomalies que le président sortant et éliminé du 2nd tour, Hery Rajaonarimampianina pointe du doigt. Avec une coalition d’une vingtaine d’autres candidats, il a déposé samedi matin, à quelques heures de l’annonce des résultats provisoires, une requête devant la Haute cour constitutionnelle. Tous réclament l’annulation du scrutin du 7 novembre. La HCC devra se prononcer et trancher, d’ici le 26 novembre prochain.
« Un peu partout dans le pays, nous avons constaté beaucoup d’irrégularités, d’anomalies, quant aux dernières préparations de ce scrutin. C’est vraiment une source potentielle de fraudes ! Et c’est à cause de cela que l’on risque de remettre en question la crédibilité même des opérations électorales » justifie le président sortant interrogé par RFI.
Quand on lui demande s’il a déposé une requête en annulation au vu de résultats qui ne lui sont pas favorables, Hery Rajaonarimampianina dément : « On peut être déçu si on est convaincu qu’il n’y avait pas eu d’irrégularités. Mais je suis convaincu, j’ai vu, j’ai des preuves que les irrégularités sont nombreuses. Il y a eu un détournement du vote des citoyens et je me sens interpellé en tant que dirigeant sortant de ce pays. »
Sur la question d’une éventuelle alliance de son camp avec Marc Ravalomanana, le président sortant botte en touche : « Votre question arrive trop tôt. Il faut d’abord attendre les résultats définitifs. Donc attendons de voir. »