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Source: AFP
– La défense de a dénoncé lundi une enquête “partiale” et “bâclée”, au premier jour du procès de l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) devant la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye.
“Une enquête partiale, une enquête bâclée, et qui en définitive n’apporte absolument pas aux juges ce qu’ils sont en droit d’attendre, c’est-à-dire des preuves au-delà de tout doute raisonnable”, a regretté Me Nkwebe Liriss, prononçant la déclaration liminaire de la défense.
L’opposant congolais est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, à savoir des viols, pillages et meurtres, commis en 2002 et 2003 par sa milice du Mouvement de libération du Congo (MLC) en Centrafrique, où elle soutenait les troupes du président Ange-Félix Patassé, victime d’une tentative de coup d’Etat du général François Bozizé.
Le procès, prévu pour durer des mois, devait se poursuivre mardi après-midi avec l’audition du premier des quarante témoins de l’accusation, un “chef de quartier” centrafricain.
“Jean-Pierre Bemba a sciemment permis aux 1.500 hommes qu’il commandait de commettre des centaines de viols, des centaines de pillages”, avait affirmé à l’ouverture de l’audience lundi après-midi le procureur de la CPI, l’Argentin Luis Moreno-Ocampo.
Selon le procureur, M. Bemba, qui plaide non coupable, était “le commandant militaire avec l’autorité effective et le contrôle des troupes qui ont commis les crimes”, ce que conteste la défense.
“La responsabilité hiérarchique incombait au commandement suprême de l’armée centrafricaine”, a assuré Me Liriss, regrettant que “la chaîne de commandement centrafricaine” ne soit pas appelée à témoigner au procès.
Le procureur “a préféré se focaliser sur des témoins de seconde zone pour accabler M. Bemba qui se trouvait à plus de 2.000 km des lieux de combat”, a soutenu l’avocat.
L’accusé, vêtu d’un costume marine et d’une cravate bleu ciel, fortement corpulent, est resté impassible pendant la lecture des charges. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.
Carte de la République Centrafricaine © AFP |
Cinq mois durant, jusqu’en mars 2003, les troupes du MLC ont, selon l’accusation, violé et pillé, tuant ceux qui leur opposaient une résistance.
“Les viols, souvent collectifs, ont été perpétrés sur des femmes, des filles, des enfants, des personnes âgées, même des hommes –ce qu’on ne connaissait pas jusqu’à alors– en public”, a déclaré l’un des deux avocats centrafricains représentants les victimes, Me Marie-Edith Douzima-Lawson.
“Le viol a été utilisé comme véritable arme de guerre dans le but de punir en quelque sorte la population civile soupçonnée de complicité avec les rebelles centrafricains”, a-t-elle souligné.
La CPI a autorisé la participation de 759 victimes au procès et les juges doivent encore se prononcer sur 653 demandes.
Jean-Pierre Bemba, qui avait fui la RDC en 2007, avait été arrêté le 24 mai 2008 à Bruxelles en vertu d’un mandat d’arrêt de la CPI, saisie en 2004 par François Bozizé, au pouvoir en Centrafrique depuis 2003.
En détention provisoire depuis son arrestation, M. Bemba n’a pas été reconnu indigent par la CPI. Ses avoirs et ses biens ont été gelés à la demande de la Cour qui avance l’argent nécessaire à sa défense, 30.150 euros par mois.
Le procès de M. Bemba est le troisième procès de la CPI, entrée en fonction en 2002. Les deux premiers procès, en cours, sont ceux de trois chefs de milice de RDC.