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–Retour remarqué du gouverneur du Katanga ce mardi dans sa province, après trois mois d’absence. Plusieurs milliers de personnes ont accueilli Moïse Katumbi dans une mise en scène millimétrée pour celui que l’on présente comme un possible rival du président Joseph Kabila.
Les rumeurs le disaient malade, victime d’une tentative d’empoisonnement et en soins intensifs à Londres depuis trois mois, mais le gouverneur du Katanga est apparu rayonnant à sa descente d’avion dans son fief de Lubumbashi, ce mardi. Dans une mise scène soigneusement préparée, Moïse Katumbi a été accueilli par une foule imposante avant de prendre la parole, place de la Poste, au centre de la capitale minière. Les bains de foule sont une habitude pour l’homme d’affaires Katumbi, également à la tête du club de football de la ville, le Tout Puissant Mazembe. Mais aujourd’hui ce retour « quasi présidentiel » résonne étrangement dans un pays agité par le débat sur la modification constitutionnelle et le possible maintient au pouvoir du président Joseph Kabila après 2016.
Allusion à la révolution burkinabè
Les signaux étaient nombreux pour ceux qui voulaient décrypter un message politique dans ce retour très préparé et très médiatique de Moïse Katumbi à Lubumbashi. Dès la descente de l’avion, le gouverneur, tout sourire, était accueilli par le président de l’Assemblée provinciale du Katanga, Gabriel Kyungu, lui aussi très opposé à tout changement constitutionnel. Car, si le patron du Tout Puissant Mazembe, a toujours été un soutien sans faille du président Joseph Kabila, en 2006 et en 2011, Moïse Katumbi avait fait fuiter sa désapprobation de toute réforme constitutionnelle permettant à Joseph Kabila et briguer un troisième mandat. Dans son discours, place Moïse Tshombe, Katumbi a d’abord demandé une minute de recueillement pour toutes les victimes en RDC, avant d’appeler les Congolais des provinces à « s’aimer les uns les autres ». Autre message plein de sous-entendus, Moïse Katumbi a fait allusion au « courage du peuple burkinabé qui a mené à bon port la révolution ». La chute de Blaise Compaoré, fin octobre, avait été très observée en République démocratique du Congo (RDC). A Ouagadougou, le président burkinabé a été renversé après avoir voulu modifier la Constitution pour pouvoir rester dans son fauteuil… comme projette peut-être de le faire Joseph Kabila, selon l’opposition congolaise.
Un sérieux rival à Kabila ?
Dans cette période d’incertitude politique, le nom de Moïse Katumbi revient sur toutes les lèvres, comme un possible prétendant à la succession de Joseph Kabila. L’homme possède de nombreux atouts : jeune, riche, populaire, président du plus important club de foot congolais, Moïse Katumbi vient aussi de la riche province minière du Katanga, véritable« coffre fort » du Congo et forte pourvoyeuse de voix lors des élections. Autant d’avantages, qui font de Moïse, un rival sérieux du président Kabila. Pourtant, Katumbi a toujours soutenu Joseph Kabila sans jamais être déloyal. Le rapprochement entre les deux hommes s’était opéré grâce à l’intermédiaire de Katumba Mwankwe, l’éminence grise de Kabila, Katangais lui aussi et aujourd’hui décédé. Avec le temps, les liens se sont distendus entre les deux hommes et la volonté de changer la Constitution, exprimée par le camp présidentiel, a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Katumbi n’est pas un politique, mis il a pris goût à sa fonction de gouverneur du Katanga. Cet après-midi, dans son discours, il a d’ailleurs promis le retour de l’électricité aux Katangais venus l’applaudir à Lubumbashi. Derrière le patron du club de football, le politique n’est désormais plus très loin et certains rêvent pour lui d’un destin national.
Christophe RIGAUD – Afrikarabia