St. Augustin Kinienzi
Les femmes politiques regroupées au sein de la Ligue des femmes congolaises pour les élections (LIFCE) se prononcent pour la tenue en priorité des élections locales et municipales. Par crainte de retomber dans les travers des élections de 2006. C’est la substance de leur déclaration faite lors de la matinée politique organisée, le jeudi 27 mai dans la salle de conférences Notre-Dame de Fatima. Thème : « Pour la bonne gouvernance à la base, les femmes congolaises exigent la tenue des élections municipales, urbaines et locales d’abord ».
Les femmes politiques de la LIFCE se disent opposées à la feuille de route mise en place par le Comité de pilotage du processus électoral réuni à Matadi le 14 avril 2010. Laquelle feuille de route renverse le processus électoral en commençant l’élection présidentielle (1er tour) couplée des législatives nationales et le second qui s’accompagnera des législatives provinciales ; pour enfin boucler le cycle électoral par les locales, urbaines et municipales. Cette façon d’organiser les élections risque de nous ramener vers les ratés des élections de 2006, disent-elles.
C’est autour des questions que les femmes politiques regroupées au sein de la LIFCE de la sénatrice Eve Bazaiba ont voulu obtenir des éclaircissements de la Commission électorale indépendante, de l’Exécutif et du Législatif.
Dans son mot de bienvenue, la coordonnatrice de la LIFCE a indiqué : « La matinée politique vise à donner l’information sur la poursuite du processus électoral, surtout que depuis plus d’un mois la Commission électorale indépendante, le gouvernement et les partenaires ont mis sur pied une feuille de route pour l’organisation des élections présidentielle, législatives et provinciales ainsi que les locales, urbaines et municipales ».
En vue d’éclairer la lanterne des femmes congolaises, l’abbé Apollinaire Malumalu, président de la CEI, a fait savoir d’entrée de jeu que « c’est le manque de culture du cycle électoral qui fait que tout le monde s’agite à l’approche des échéances électorales. Les élections ne sont pas un événement, mais bien un processus », a-t-il rappelé.
La CEI a mis en place, avec l’aide des partenaires, un Projet d’appui au cycle électoral (PACE), mais qui ne peut fonctionner de manière optimale que si des préalables sont réunis. Notamment la planification stratégique, la phase préélectorale couplée des activités transversales (sensibilisation des populations, formation, découpage électoral ).
Et l’absence d’une base juridique nécessaire à la gestion d’une élection urbaine et locale et faute d’un budget à sa disposition, la CEI s’est retrouvée dans l’impossibilité d’organiser ces scrutins. Pourquoi avoir renversé le processus électoral ? L’abbé Malumalu soutient que c’est par respect aux prescrits de la Constitution qui stipule, en son article 73, que « Le scrutin pour l’élection présidentielle est convoqué par la Commission nationale des élections, quatre-vingt-dix jours avant l’expiration du mandat du président en exercice ».
419 MILLIONS USD D’ENGAGEMENT DU GOUVERNEMENT
Entre-temps, l’abbé Malumalu a annoncé qu’aucune élection ne sera négligée. D’ailleurs, a-t-il rassuré, le montage financier pour le cycle électoral 2007-2013 a été bouclé. Avec à la clé une souscription de l’ordre de 419 millions USD du gouvernement, qui a déjà passé une commande de 9.500 kits électoraux. La communauté internationale s’est engagée pour 283 millions USD et 80 millions autres d’appui logistique.
Le sénateur Jacques Djoli a dressé l’état des lieux de l’arsenal juridique. Vice-président de la commission sénatoriale Paix et sécurité, il a fait savoir qu’il y a nécessité de réunir un consensus autour de la matière électorale. Car, a-t-il expliqué, la plupart des conflits qui naissent en Afrique tournent autour des élections (conflits préélectoraux, électoraux ou postélectoraux). Pour lui, l’élection est une action d’aération et d’oxygénation du processus. Et en renversant le processus, le prof Jacques Djoli est d’avis que la CEI est en train de renforcer la présidentialisation du processus électoral en RDC. Avec tous les risques de ramener le Congo vers les années sombres de la consolidation du pouvoir.
Quant au prof. Jean-Louis Esambo, directeur de cabinet du vice-Premier et ministre de l’Intérieur, il a félicité et encouragé la LIFCE. De son avis, le travail qu’elle abat sur le terrain est de loin supérieur à celui que mènent les partis politiques. Depuis que la feuille de route de la CEI a été rendue publique, aucun parti politique n’a réagi. C’est dire que les femmes congolaises sont en avance et ont compris l’importance des élections. Raison pour laquelle, Mme Godelive Meta Mudiayi, cadre du PPRD, a sollicité du ministère de l’Intérieur l’appui moral et politique en faveur de la LIFCE.