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Par J.-P. Mbelu
Que du temps et des vies gaspillées ! Que du temps, des vies et des énergies gaspillées avant que le camp au pouvoir depuis 1997 ne rejoigne, tant soit peu, officiellement, les esprits avertis et visionnaires ! S’inscrivant dans une même approche des causes de la guerre d’agression menée contre notre pays que Mgr Christophe Munzihirwa, Mgr Kataliko disait ceci dans son Message de Noël 1999 aux Fidèles de Bukavu : « Des pouvoirs étrangers, avec la collaboration de certains de nos frères congolais organisent des guerres avec les ressources de notre pays. Ces ressources, qui devraient être utilisées pour notre développement, pour l’éducation de nos enfants, pour guérir nos maladies, bref pour que nous puissions vivre d’une façon plus humaine, servent à nous tuer. Plus encore, notre pays et nous-mêmes, nous sommes devenus objet d’exploitation. » Et Mgr Kataliko ajoutait : « Tout ce qui a valeur est pillé, saccagé et amené à l’étranger ou simplement détruit. » Pour lui, l’artisan de ce pillage et de cette destruction était « une petite élite venue d’on ne sait où » aujourd’hui indentifiable.
Bien longtemps après avoir tué certains de ces esprits avertis, après qualifié presque tous les rapports nationaux ou internationaux traitant de cette question du lien entre les guerres organisées contre nous et le pillage de nos ressources de fantaisistes ou d’exagérés, après avoir organisés inutilement des dialogues, des débats et des concertations, des remaniements des gouvernements, après avoir tourné longtemps autour du pot, le gouvernement de Kinshasa et « ses amis » viennent d’accepter timidement que « l’exploitation illégal des minerais est à la base de beaucoup de crimes dans la région des Grands-Lacs. » (Lire l’article intitulé Grands Lacs : Comment couper le lien entre les recettes des minerais et les conflits armés ? sur le site de la Radio Okapi)
Du 30 septembre au 02 octobre 2009, il y a eu, selon la Radio Okapi, une Conférence Internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) prenant en compte cette question. Tout en félicitant ce pas positif effectué par les 11 pays membres de la CIRGL, excepté l’Angola et le Soudan, nous constatons que les conclusions auxquelles ils sont parvenus sont à moitié satisfaisantes.
Ils ont proposé « l’uniformisation des lois nationales afin de sortir une politique commune visant à décourager le trafic illégal des matières premières. » Ils ont aussi envisagé « l’élaboration d’un plan de certification des produits miniers comme le coltan, la cassitérite, le wolfram et l’or. » Ils ont enfin recommandé « l’installation d’un système d’alerte centralisé pour signaler toute fraude sur les produits miniers. » Une commission se chargera de la mise en pratique de toutes ces propositions.
Curieusement, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs ne dit rien sur les crimes passés et les conséquences de la guerre d’agression entretenus au nom du pillage des ressources naturelles. Elle n’établit pas les responsabilités de « la petite élite » dont le modus operandi se moque depuis les années 90 des structures officielles. Cette CIRGL semble être, à nos yeux, une conférence de trop, passant à côté de la responsabilité de Paul Kagame, de ses supplétifs et de ses mentors internationaux opérant dans la région des Grands Lacs. Disons que cette conférence tenue à Gisenyi nous semble être le lieu de « leur blanchiment ». Pour cause. « Le régime Kagamé est basé sur des structures de pouvoir qui fonctionnent parfois en parallèle, et qui court-circuitent parfois, le gouvernement formel, et dans lequel l’armée joue un rôle (…). Le régime Kagame a mis en place, un réseau régional complexe de transactions économiques illégales, de fraude aux sanctions de l’ONU, d’armement de milices et d’entreprises financières criminelles qui a considérablement appauvri la région. » (Lire Prof. YASH PAL GHAI, Ce qu’on ne vous dit pas sur le Rwanda sur www.saverwanda.org)
Edicter des règles formelles et créer des Commissions est insuffisant dans une région où les criminels et leurs pratiques sont connus et abondamment documentés. Pour dire les choses simplement, le début de la paix dans la région des Grands Lacs sera l’œuvre d’une justice nationale et internationale rendue à l’encontre les actes criminels du FPR et de ses soutiens transnationaux. En effet, écrit le Professeur Yash Pal Ghai, « le FPR a fait usage d’une violence extrême, tant au niveau national qu’international. Il a massacré plusieurs centaines de milliers de Hutus, de citoyens et autres, et est responsable de la mort de plus encore à travers le déplacement, la malnutrition et la faim. Il a refusé à des centaines de milliers d’enfants l’opportunité de l’éducation, et privé à plusieurs millions de personnes d’une vie familiale et communautaire. » Qui dit FPR et ses massacres dit aussi la participation toutes ses émanations (l’AFDL (et le PPRD), le RCD et le CNDP) à ces œuvres de la mort.
Pour la région des Grands Lacs, de « petites commissions de blanchiment des criminels » ne pourront pas remplacer un Tribunal Pénal National et/ou International pour le Congo. Il n’est pas exclu que l’entrée de certains « Verts » dont l’ex-juge d’instruction Française, Eva Joli, au Parlement Européen incite le lobby congolais à Bruxelles à provoquer un débat parlementaire sur cette question, eu égard à ses conséquences néfastes du point de vue humain et environnemental. Cela d’autant plus que la question de l’exploitation illégale des ressources naturelles des pays du Sud par les multinationales l’intéresse au plus haut point. Donc, il y a là une piste à approfondir quelle que pourrait en être l’issue.
De toutes les façons, croire que « le réseau régional complexe » que Paul Kagame a mis sur pied dans la région des Grands Lacs contribuera à sa mise hors d’état d’agir est une illusion.