Par Faustin Kuediasala (Le Potentiel)
–Le Franc congolais se porte très mal sur le marché des changes. En parallèle, il se négocie déjà entre 935 et 940 le dollar américain. Une situation, si elle perdure, risque de compromettre la réussite du programme conclu en décembre 2009 avec le FMI. Pour attaquer les taureaux par les cornes, la Banque centrale du Congo a reçu, le week-end dernier de la troïka politique, le feu vert d’intervenir sur le marché des changes par la vente des devises.
Fortes turbulences sur le marché des changes à la suite, de l’avis du ministre des Finances, d’une « demande excessive de Franc congolais à fin 2010 ». Sans en préciser les raisons, la conséquence de ce relâchement n’a pas tardé : la monnaie est en chute libre par rapport au dollar américain.
Pour parer au plus pressé, le ministre des Finances, Matata Ponyo Mapon, a pris l’initiative de battre le rappel des troupes. Réunion spéciale le samedi 8 janvier 2010 de la troïka politique du gouvernement, ce groupe informel composé des ministères des Finances, du Budget et de la Banque centrale du Congo ainsi que des délégués de la primature et de la présidence. Matata Ponyo Mapon. Principal sujet de la rencontre : préparer une riposte pour freiner la surchauffe sur le marché des changes.
Ainsi, à côté de l’argentier national, l’on a noté la présence de Jean-Baptiste Ntahwa, ministre du Budget, et de Jean-Claude Masangu Mulongo, gouverneur de la Banque centrale du Congo.
Après plus d’une heure de concertation, la ligne d’attaque a été révélée à la presse. Dès ce lundi, la Banque centrale du Congo va intervenir sur le marché des changes par la vente des devises, a annoncé le ministre des Finances.
Mais, bien avant l’annonce, Matata Ponyo a décrit le contexte dans lequel le gouvernement a été amené à lever cette option. En effet, entre le taux de change sur le marché interbancaire et le marché parallèle, il y a une nette déconnection qui « ne doit pas perdurer », a indiqué, d’entrée de jeu, le ministre Matata. Alors que le dollar américain se change sur le marché interbancaire à 912 Fc, sur le marché parallèle la parité entre les deux monnaies se négocie dans la fourchette de 935 à 940 Fc.
Un décalage qui ne s’explique pas, a noté le ministre des Finances. Mais, sa plus grande criante a été l’impact négatif que cette situation risque d’avoir sur la stabilité du cadre macro-économique. D’où, l’option levée par la troïka politique, c’est-à-dire une intervention directe sur le marché pour corriger le déséquilibre entre l’offre et la demande des devises.
LA BCC PRETE A DEGAINER
Avec ses réserves internationales évaluées aujourd’hui à près de 1,3 milliards Usd, équivalent à hui semaines d’importations, la Banque centrale du Congo a été appelée au secours.
Présent à la rencontre, son gouverneur, Jean-Claude Masangu, s’est voulu rassurant.
Après une analyse minutieuse de la situation au niveau du marché des changes, la demande des devises a été estimée à une dizaine de millions de dollars américains. La réponse de la Banque centrale du Congo n’a pas tardé. Les moyens pour ramener l’équilibre sont là, a affirmé son gouvernement. « La Banque centrale a suffisamment des munitions pour intervenir ». Et, elle le fera dès ce lundi, par la vente de plus de 10 millions Usd.
Toujours est-il qu’à terme, la Banque centrale du Congo, tout comme la troïka dans son ensemble, s’est fixé l’ambition de s’attaquer aux racines de la dollarisation pour une bonne régulation de la monnaie nationale. Jean-Claude Masangu pense que les moyens pour y parvenir passent notamment par la modernisation du système national de paiement avec l’introduction d’autres modes de paiements tels que la carte de crédit, le portefeuille l’électronique. Mais, à moyen terme, la seule issue de secours reste l’élargissement de l’éventail fiduciaire national par l’injection des coupures à valeur faciale élevée.
Le ministre des Finances, qui est également intervenu sur ce sujet, a fait savoir que les discussions sont très avancées au niveau du gouvernement. Ce ne serait donc qu’une question de l’heure. « Le point de départ, c’est la stabilité de la monnaie », car il faut avant tout rassurer le consommateur pour qu’il ne rejette pas ces coupures. Ce qui pourrait, prédit-il, troubler davantage la stabilité du cadre macro-économique, gage de la réussite du programme conclu en décembre 2009 avec le Fonds monétaire international.
Par Faustin Kuediasala